Demain les rêves de Thierry Cazals et Daria Petrilli

Quand une enfant redonne des couleurs au monde des adultes… Un album poétique touchant !

Demain les rêves

Album pour la jeunesse dès 8 ans

 Demain les rêves

de Thierry Cazals

et Daria Petrilli

Éditions Motus, septembre 2015, illustrations de Daria Petrilli,

40 pages- 14 euros

***
Thèmes: crise économique, rêves, avenir, poésie
***

 

Présentation de l’éditeur: “La crise, la crise, la crise: tout le monde n’avait que ce mot à la bouche. Une à une, les usines fermaient. Les vitrines des magasins se fanaient. Le cœur des gens s’endormait sous la poussière. Même les arbres des squares n’avaient plus la force de fabriquer de nouvelles feuilles.”

 

C’est la beauté éthérée de l’illustration de couverture qui a attiré mon regard: il y a un côté éphémère et magique dans ces pistils de pissenlit qui s’envolent au gré du vent.

“Demain les rêves” est un album vraiment superbe et très atypique. Lorsque l’on tourne ses pages, un voyage onirique nous attend. Rien que le prénom de la jeune héroïne, Agathe, donne le ton: en effet, les vertus de cette pierre en lithothérapie sont la chance et l’ancrage. Ainsi, la petite fille va essayer par tous les moyens d’empêcher cette “crise” de détruire le seul proche qu’il lui reste.

En ouvrant l’album Demain les rêves, on retrouve sur la double page ces fameux pissenlits semant leurs graines au vent. J’ai beaucoup aimé ce rappel, on sent que les auteurs ont élaboré leur ouvrage avec beaucoup de soin. Cette image est très poétique, de même que l’envol de papillons colorés sur la page suivante.

Au début de cette très belle fable contemporaine, Agathe vit dans un monde gris et terne, assujetti par la crise. Dans ce triste décor, notre jeune héroïne assiste impuissante à la mort lente de la joie et de la fantaisie. L’illustrateur met bien en évidence ce côté sombre grâce aux contrastes des tons gris des bâtiments et rouges des feuilles d’automne. Les thèmes évoqués dans “Demain les rêves” sont plutôt durs: le licenciement, le chômage, la pauvreté, la famine et la dépression (je pense à l’illustration montrant l’oncle Jean entouré de corbeaux).

Baleine pour CED.pmd

Afin d’aider son oncle, Agathe va élaborer un plan. Avec l’aide d’un petit garçon rencontré aux hasards de ses errances, la jeune fille va soutenir oncle Jean dans toutes ses entreprises. À eux trois, ils vont imaginer les métiers les plus fantaisistes que pourrait exercer l’oncle Jean.

À partir de ce moment, les coloris des illustrations sont plus gais. Les couleurs chaudes s’invitent au fil des pages et les pensées s’emplissent de papillons multicolores et de vélos volants…

Baleine pour CED.pmd

Cette oeuvre véhicule un très beau message: “Il suffit parfois d’un mot pour sauver un cœur de la noyade”.

Baleine pour CED.pmd

Tout en poésie et en finesse, Demain les rêves est un album coup de cœur qui plaira à un large public.

 

~Melissande~

 

+ Un album aux magnifiques illustrations présenté par Nathalie: Le souffleur de rêves de Bernard Villiot et Thibault Prugne

+ Une autre lecture poétique et décalée présentée  par Hérisson: Le plus joli des rêves de Nathalie Brisac

Les roches rouges d’Olivier Adam

Les roches rouges est un roman pour adolescents prenant qui apporte son lot d’émotions aux lecteurs.

les roches rougesRoman pour adolescents

Les roches rouges

d’Olivier Adam

Collection R, juin 2020
Robert Laffont, 240 pages
9782221247143, 17,90€
disponible en epub
gratuit

Thèmes : violences conjugales, amour, fuite, deuil, famille, culpabilité, violence

 

– Faut qu’on se tire d’ici.
– Et on ira où ?
– Je sais pas. T’inquiète. On trouvera.
– Et s’il revient ?
– Eh ben il reviendra.
– S’il s’en prend à tes parents ?
– C’est pas après eux qu’il en a.

Qu’est-ce que Leila fout avec moi ?
J’ai tout juste dix-huit ans….

Olivier Adam s’est fait une place en littérature adulte depuis quelques années et j’avais lu comme beaucoup Je vais bien ne t’en fais pas, qui avait su me toucher. J’avais d’ailleurs trouvé que ce roman avait sa place en littérature pour adolescents, et pas seulement pour les adultes. Les roches rouges est dans la même veine : publié en collection pour grands adolescents, il plaira sans nul doute aussi aux adultes qui aiment la plume d’Olivier Adam, sa façon de rendre les personnages si vivants, si attachants.

Dans ce récit les héros sont malmenés mais c’est avant tout l’amour qui ressort. Si les thèmes sont extrêmement durs (violence conjugale, famille déchirée, deuil d’un enfant, culpabilité, inceste, violence, suicide…) c’est étrangement un roman qui a aussi une grande part de douceur.

D’un côté Antoine, 18 ans, qui vit toujours chez ses parents et traîne sa culpabilité, qui nous raconte les événements;
de l’autre Leila, à peine plus âgée, mère, qui écrit dans le carnet offert par Antoine ce qu’elle ressent, son histoire, leur histoire.

Deux voix qui alternent et qui apprennent à se découvrir, nous dévoilant peu à peu leurs histoires personnelles. C’est tellement touchant, on s’attache, on se doute mais l’on continue à lire, la gorge nouée, les yeux embués, la rage au ventre aussi… Si je pense que les adolescents seront touchés par cette histoire d’amour atypique, pleine de maturité, je pense que les mères auront forcément comme moi les larmes aux yeux…

Un récit qui m’a particulièrement touché, qui s’adresse à de grands ados, mais qui plaira très largement tant ses personnages sont cruellement vivants !pour moi car il a su me sortir d’une panne de lecture post accouchement/confinement par sa douceur mêlée de tant de violence.

 

+ La tête sous l’eau d’Olivier Adam est aussi un très beau roman pour adolescents (je n’ai pas fait de billet ici…)

+ Si vous avez aimé ce titre, vous aimerez peut être Autour de Jupiter, où violence et enfance se mêlent aussi.

+ Encore de la violence, en écho à l’actualité avec The Hate U Give, où le racisme envers les afro américain se révèle…

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Aucune terre n’est la sienne – étapes indiennes 3

terreChassés d’un pays qui était le leur…
Nouvelle

Aucune terre n’est la sienne

Prajwal Parajuly

Éditions Jentayu (2016)

*****

La nouvelle “Aucune terre n’est la sienne” a été traduite et publiée en 2016 aux Éditions Jentayu dans le numéro 4 de sa revue et dont le titre était “Cartes et Territoires “, un numéro “consacré à la géographie, au voyage physique ou spirituel et aux frontières culturelles, mémorielles et sensorielles dans les littératures contemporaines d’Asie.”

*****

Anamika vit avec son père malade et ses filles dans un camp de réfugiés à Khudunabari au Népal. Comme plus de 100 000 réfugiés d’origine népalaise expulsés du jour au lendemain de leur maison ou de leur terre au Bhoutan. Mais contrairement à la plupart d’entre eux, Anamika n’a aucune nostalgie. Son pays ne veut pas d’elle ? Elle vivra ailleurs.

Quand elle demande à ses filles ce qu’elles ont étudié à l’école ce jour-là, elles répondent qu’on leur a parlé de ce qui se passe quand on s’installe dans un pays étranger.

Extrait :

« Encore cette histoire d’Amérique ? On l’entend depuis le jour où on est arrivés ici. À ton âge, tu crois encore tout ce qu’on te dit, Diki ?
— Mais il paraît que c’est vrai cette fois, répondit sa fille. L’Amérique va accueillir certains d’entre nous.
— En admettant que ce soit vrai, comment vont-ils choisir qui partira ou pas ? demanda Anamika avec un geste dédaigneux. Et qu’arrivera-t-il à ceux qui resteront ?
— On nous a dit en classe que l’Amérique prendrait ceux qui sont en forme, pas très vieux et qui parlent anglais, répondit Diki.”

*****

Une très belle nouvelle (même si pas très gaie vu le sujet) que j’ai découverte grâce à la présentation de Pativore qui a si bien su me donner envie que je suis allée la lire juste après avoir lu son billet !

Nouvelle que vous pouvez découvrir dans son intégralité dans le numéro 4 de la revue Jentayu.

Courte biographie de l’auteur, qui vient de sortir un roman “Fuir et revenir” que la lecture de cette nouvelle m’a donné envie de lire.

https://products-images.di-static.com/image/prajwal-parajuly-fuir-et-revenir/9782490155231-475x500-1.webp

*****

Voici ma 3ème participation aux étapes indiennes chez Hilde.

http://www.lelivroblog.fr/media/00/01/3463383214.jpg

Mes autres lectures pour ces étapes indiennes :

  1. BD : India Dreams (T1) de Maryse et Jean-François Charles
  2. Roman : La tresse de Laetitia Colombani

La vision de Bacchus – Roman graphique ♥

visionQuand la peinture et la BD se rencontrent…

Roman graphique

La Vision de Bacchus

Jean Dytar

Delcourt (2014)

*****

Cette histoire commence à Venise, en 1510. Le peintre Giorgio de Castelfranco se meurt de la peste. Il puise dans ses dernières forces pour finir un tableau. Tableau qu’il voudrait “vivant” à l’image de celui qu’il a vu enfant. Une vision à l’origine de son envie d’être peintre. La suite est un long flash-back qui nous ramène en 1475, avant la naissance de Giorgio, avec l’arrivée à Venise d’Antonello de Messine.

*****

J’ai découvert Jean Dytar avec le magnifique Florida qui m’a donné envie de lire ce qu’il avait fait d’autre. Lors du Salon du livre jeunesse à Paris, j’ai donc acheté cet album, que j’ai adoré !

Je l’ai déjà lu deux fois depuis que je l’ai acheté il y a quelques mois et il fait partie de ces BD que je garde parce que je suis sûre d’avoir envie de les relire.

Même si je n’y connais pas grand-chose, j’adore la peinture et l’Histoire.

Ce roman graphique parle de peintres de la Renaissance Italienne (qui ont réellement existé). De leurs vies, de leurs conditions de travail, de leurs techniques, de leurs rivalités ou encore de leurs innovations. Il y a aussi une histoire d’amour (de désir ? ) liée à la quête de la perfection dans l’art et un mystérieux tableau…

Parfois dans les bd, je préfère l’illustration à l’histoire, ou l’inverse. Là, je suis comblée, j’aime autant les deux !

Mon seul regret ? Le format. J’aurai aimé que cet album soit plus grand, pour pouvoir m’immerger encore davantage dans ces magnifiques cases…

De nombreuses “copies” de tableaux de la Renaissance sont intégrés à cette histoire. A la fin du livre, une table des œuvres reproduites permet de retrouver leurs auteurs (pour les novices comme moi, c’est bien pratique !).

Un coup de cœur ♥
dont je n’arrive pas à parler comme je voudrais,
mais que je vous recommande chaudement !

*****

La Vision de Bacchus a reçu les prix suivants :

  • Ouest-France/Quai des Bulles 2014
  • Château de Cheverny de la bande dessinée historique 2014
  • Tours d’Ivoire 2014
  • Ellipse(s) 2015

 

*****

Sur le site de l’éditeur, plein de bonus sur ce roman graphique ainsi que sur le site de l’auteur Jean Dytar

Cette semaine, nous sommes chez Moka, Au milieu des livres

Une interview de l’auteur