La Séquestrée

séquestrée“Classique” américain

Nouvelle

La Séquestrée

The Yellow Wallpaper

Charlotte Perkins Gilman

Traduction et postface de Diane de Margerie

Phébus libretto (2002/vo 1890)

*****

Un homme, John, médecin, loue une grande demeure au style colonial pour plusieurs mois. Il souhaite en effet mettre sa femme au “repos complet”. Elle vient d’accoucher et n’est guère capable de s’occuper de son bébé. Il décide donc qu’elle ne doit “rien” faire. Elle, aimerait avoir un travail intéressant, qui la stimulerait intellectuellement, mais son mari, appuyé par son frère, également médecin, refuse. En cachette, cette femme couche quelques mots sur le papier, note ses pensées. Elle est peu à peu obnubilée par le papier peint jaune de la chambre, une ancienne salle de jeu.

Elle en dit : “Je n’ai jamais vu un papier plus laid de ma vie. Son motif est vulgaire et voyant – une véritable injure à tout sens artistique. Il est suffisamment monotone pour brouiller la vue, mais assez précis pour constamment provoquer une curiosité irritée. (…) La couleur en est repoussante, presque révoltante – un jaune sale qui fermente, étrangement fané par la lumière tournante du coucher de soleil. Une couleur d’un orangé assourdi par endroits – et d’une teinte sulfureuse et maladive à d’autres.”

*****

Cette nouvelle fait à peine 40 pages. Mais cela suffit pour une très forte “montée en tension” ! On y comprend bien, hélas, le rôle de la femme à cette époque, et surtout, ce qu’on attend d’elle. Il fallait “rentrer dans le moule” de gré ou de force. Parfois au prix de sa santé mentale…

La postface de Diane de Margerie “Charlotte Perkins Gilman : écrire ou ramper” est plus longue que la nouvelle. Mais je vous conseille vivement de la lire aussi, car cela permet (pour moi en tous cas !) une meilleur compréhension. Ainsi qu’une comparaison entre la vie de Charlotte et sa nouvelle.

*****

Une nouvelle que j’ai découvert grâce à Karine de Mon coin lecture que je remercie !

Une nouvelle qui participe au challenge “2024 sera classique aussi !

2024

Le château de l’ours

châteauThriller
Adulte

LE CHÂTEAU DE L’OURS

Alexis Lecaye

Publishroom factory (2023)

*****

Cette nuit là, l’ours se réveilla en entendant un cri. Un cri d’animal blessé. Il se dit qu’il n’arriverait pas à se rendormir avant de savoir ce qui se passait… Dans la cour du château contre laquelle était appuyé sa petite maison, une voiture était garée. Dans la lumière de ses phares, quatre personnes. Une femme, qui titubait entre trois hommes qui la poussaient chacun à leur tour en lui arrachant ses vêtements. Au moment où la jeune femme allait se faire violer, l’ours intervint.

*****

Si le nom de Lecaye ne m’était pas inconnu, c’est plus par les illustrations d’Olga Lecaye (née Solotareff). Une famille d’auteurs illustrateurs, puisque le frère d’Alexis Lecaye n’est autre que Grégoire Solotareff (U, Loulou) et leur sœur, Nadja (très connue pour “Chien bleu”). D’Alexis Lecaye, je n’ai lu qu’un roman jeunesse “La bergère qui mangeait ses moutons“.

Pour en revenir à ce roman, l’ours est un personnage plutôt mystérieux. La femme qui a failli se faire violer, Nadejda, est la fille d’un patron de la mafia en Croatie. Son père est mort et elle a hérité de sa fortune, acquise grâce au trafic d’armes et de drogues. Elle a un projet, faire le bien avec cette fortune mal acquise. Mais les anciens alliés de son père ne l’entendent pas de cette oreille.

C’est un roman qui se lit très facilement. Et qui est addictif, je l’ai lu en deux jours ! C’est à la fois un roman d’aventure, d’action devrais-je dire, et une sorte de conte… J’ai beaucoup aimé la partie qui se déroule dans le passé !

Un bon divertissement et une lecture agréable.
*****

Publishroom factory est une maison d’auto édition

Le petit plus du jour : il existe bien un “château de l’ours” en France ;)

Chéri de Colette

ChériCHÉRI

Colette

Le Livre de Poche (2017/1920)

*****

Une Lecture Commune avec Isabelle et Jojo

*****

Fred Peloux, un jeune homme d’une vingtaine d’année et surnommé “Chéri” est l’amant d’une femme de 50 ans, Léa de Lonval. Celle-ci est une amie de sa mère, une courtisane ou demi-mondaine, une femme “entretenue”. Lui est un jeune homme fantasque et capricieux.

Leur liaison dure depuis 6 ans. Mais la mère de Fred, Mme Peloux, a décidé qu’il fallait qu’il se marie et lui présente Edmée, une jeune fille de 18 ans, tout juste sortie de l’internat. Comment Léa va-t-elle prendre la nouvelle ?

*****

Lu dans le cadre du challenge “2024 sera classique aussi”. Voici quelques années que je me dis qu’il faut que je découvre Colette. C’est chose faite.

Les 30 premières pages m’ont agacée. Ce personnage de Léa ne me plaisait guère et celui de Chéri encore moins. Et puis… Et puis je me suis laissée emporter par l’écriture de Colette et par cette histoire d’amour entre un jeune homme et une femme mûre.

Les passages les plus drôles sont ceux qui voient s’affronter Charlotte Peloux, la mère de Chéri et Léa de Lonval, sa maîtresse. Elles sont assez ignobles, surtout Charlotte !

De la jeune femme de Chéri, Edmée, on ne saura pas grand-chose, si ce n’est qu’elle n’a jamais été heureuse.

La relation entre Léa et Chéri est étrange, et à vrai dire, un peu dérangeante. Léa est une sorte de nounou pour Chéri, tout en étant sa maîtresse.

Même s’il y a des passages amusants, ce n’est pas un roman très drôle. Léa sent venir la fin de son activité de “courtisane” avec la vieillesse qui approche et le mariage de Chéri. Et même s’ils sont tous à l’abri financièrement (ce sont des rentiers), ils ne sont pas heureux pour autant.

Ce court roman (185 pages) m’a tellement plu que je vais acheter la suite “La fin de Chéri”. Je lirai d’autres romans de Colette, c’est sûr !

*****

Biographie sur le site des amis de Colette

C’est ma 1ère participation pour cette année

au challenge 2024 sera classique aussi !

2024

Merci à Mezzgarth pour le logo

Méduse – Rentrée littéraire 2023

méduseRentrée littéraire sept. 2023
Roman

Méduse

Martine Desjardins

L’Atalante (2023)

*****

Éditeur : On la surnomme Méduse depuis si longtemps qu’elle en a oublié son véritable prénom. Elle marche tête baissée, le visage caché derrière ses cheveux, pour épargner aux autres la vue de ses Difformités. Elle-même n’a jamais osé se regarder dans un miroir.
Placée dans un institut pour jeunes filles à la merci d’adultes peu scrupuleux, Méduse n’a de cesse d’accéder à la bibliothèque des lieux, seul moyen pour elle de s’ouvrir à la connaissance du monde. À force de ruse et de prise de conscience des pouvoirs de ses globes oculaires, qu’elle se garde longtemps de dévoiler, elle nous entraîne dans sa croisade contre l’oppression et la honte du corps.

*****

Wow ! C’est incroyable comme certaines écritures peuvent nous happer. Ne nous laissant quasiment pas le choix de continuer ou non notre lecture. Méduse m’a fait cet effet là. Je l’ai ouvert “pour voir” et je ne l’ai lâché qu’au bout de 34 pages. Dès que j’ai eu le temps, je l’ai repris et l’ai dévoré jusqu’à la page 120. Bon en fait, je l’ai terminé le jour même !!

Je pense que le meilleur moyen de vous convaincre est de vous faire lire un extrait…

Je ne suis pas sûre d’avoir “tout” compris, d’avoir saisi tous les sous-entendus, toutes les références, notamment relatives au mythe de Méduse. Mais, quoi qu’il en soit, j’ai adoré cette histoire et l’écriture de Martine Desjardins, que je ne connaissais pas.

Voici l’extrait, c’est le début du 2ème chapitre, à la page 11.

*****

Je crois avoir toujours su que j’avais des Monstruosités à la place des yeux. Mais j’en ai pris pleinement conscience le soir où ma mère a plaqué une main sur mes paupières avant de se pencher sur mon lit pour me border. Dès lors, j’ai cessé de me débattre quand elle me coiffait le matin. La tâche était ardue, parce que mes cheveux ondulés étaient épais, rebelles et enchevêtrés de nœuds, d’une texture écailleuse qui irritait les doigts et résistait aux ciseaux. Tant bien que mal, ma mère rabattait ma frange vers l’avant, de façon à dissimuler complètement mon visage, et elle en profitait pour me faire cette mise en garde affectueuse :

– Si jamais tu montres tes yeux, je devrai te coudre les paupières.

Un roman qui participe

Au tour du monde en 80 livres chez Bidib (Québec)

https://delivrerdeslivres.fr/tag/le-tour-du-monde-en-80-livres/