Né d’aucune femme – Prix des Lectrices ELLE (28)

né

Né d’aucune femme ♥
Franck Bouysse

La Manufacture de livres (2019)

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Présentation de l’éditeur :

” Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose.”
Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.

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Wow. Quelle claque ! Un roman que j’ai eu du mal à lâcher une fois commencé. Pourtant, j’ai eu besoin, à plusieurs reprises, de faire des pauses. De reprendre mon souffle, mes esprits. Une histoire, des mots qui m’ont emportés, tout simplement.

L’histoire, c’est celle de Rose. Une jeune fille “vendue” par son père pour quelques pièces. Et qui se retrouve sous la coupe d’un homme et de sa mère, obligée de leur obéir en tout. On se met à transpirer, à imaginer le pire…

Il y a plusieurs voix dans ce roman. Celle de Rose bien sûr, mais aussi celles de son père, de sa mère, du curé ou encore celle d’Edmond. Toutes sont emplies d’émotions, la tristesse, la colère, le remords…

Magnifique ! ♥

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Une chose est sûre, c’était mon premier “Franck Bouysse“, ça ne sera pas le dernier !

Extrait :

“Je venais d’avoir quatorze ans. Je vivais à la ferme, avec mon père, ma mère et mes trois sœurs. Les Landes, que ça s’appelait. D’ailleurs, ça doit bien toujours s’appeler pareil, étant donné que les endroits changent pas facilement de nom, même quand les gens s’en vont. On était quatre filles, nées à un an d’écart. J’étais l’aînée. Les filles valent pas grand-chose pour des paysans, en tous cas, pas ce que des parents attendent pour faire marcher une ferme, vu qu’il faut des bras et entre les jambes de quoi donner son nom au temps qui passe, et moi et mes sœurs, on a jamais rien eu de ce genre entre nos jambes. Si j’ai pas entendu mille fois mon père dire que les filles c’est la ruine d’une maison, je l’ai pas entendu une seule.”

 

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Le site de l’éditeur

ELLE

28ème lecture / 28 +1

Vigile – Prix des Lectrices ELLE (27)

Vigile

Comment imaginer le quotidien sans l’être aimé ?

VIGILE
Hyam Zaytoun

Le Tripode (2019)

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Présentation de l’éditeur : Un bruit étrange, comme un vrombissement, réveille une jeune femme dans la nuit. Elle pense que son compagnon la taquine. La fatigue, l’inquiétude, elle a tellement besoin de dormir… il se moque sans doute de ses ronflements. Mais le silence revenu dans la chambre l’inquiète. Lorsqu’elle allume la lampe, elle découvre que l’homme qu’elle aime est en arrêt cardiaque.
Avec une intensité rare, Hyam Zaytoun confie son expérience d’une nuit traumatique et des quelques jours consécutifs où son compagnon, placé en coma artificiel, se retrouve dans l’antichambre de la mort.

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Vigile : Qui se rapporte à l’état de veille, qui survient à l’état de veille

On sent bien l’angoisse ressentie par cette femme à l’idée de perdre son compagnon, son amant, son confident, le père de ses enfants. Et il n’est pas encore parti pourtant, mais le manque est déjà là, cruel.

Un court récit, 125 pages à peine, qui raconte l’un de ces moments dans une vie où l’on a l’impression que le temps s’est arrêté. Où plus rien ne compte, plus rien n’a d’importance que cette vie en suspens, presque entre parenthèses. Rien ne compte plus que les visites à l’hôpital et cette attente qui n’en finit pas : va t-il se réveiller ?

Un témoignage dans lequel on est un spectateur impuissant (mais pas un voyeur) de la détresse et de la douleur d’une personne qui sent partir l’être aimé.

A la peur de la perte s’ajoute l’angoisse du lendemain, du quotidien à assurer, seule avec deux enfants. Et la narratrice de s’interroger : Est-elle, sera t-elle une bonne mère ?

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Et ça n’a rien à voir avec l’histoire, mais je trouve la couverture absolument magnifique !

Lire les premières pages sur le site de l’éditeur (en bas de page)

ELLE

27ème lecture / 28 +1

(Ordre de lecture, pas de présentation)

Du même éditeur : De pierre et d’os

Maîtres et esclaves – Prix des Lectrices ELLE (24)

Maîtres

MAÎTRES ET ESCLAVES

Paul Greveillac

Coll. Blanche
Gallimard (2018)

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Présentation de l’éditeur : Kewei naît en 1950 dans une famille de paysans chinois, au pied de l’Himalaya. Au marché de Ya’an, sur les sentes ombragées du Sichuan, aux champs et même à l’école, Kewei, en dépit des suppliques de sa mère, dessine du matin au soir. La collectivisation des terres bat son plein et la famine décime bientôt le village.
Repéré par un garde rouge, Kewei échappe au travail agricole et à la rééducation permanente. Sa vie bascule. Il part étudier aux Beaux-Arts de Pékin, laissant derrière lui sa mère, sa toute jeune épouse, leur fils et un village dont les traditions ancestrales sont en train de disparaître sous les coups de boutoir de la Révolution.
Dans la grande ville, Kewei côtoie les maîtres de la nouvelle Chine. Il obtient la carte du Parti. Devenu peintre du régime, il connaît une ascension sans limite. Mais l’Histoire va bientôt le rattraper.

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N’ayant pas vraiment l’habitude de lire de la littérature chinoise ou qui se passe en Chine, les noms chinois m’ont un peu gênés au départ… C’est bête, mais je perdais le fil et devait revenir en arrière dans l’histoire pour m’y retrouver.

Au final

Un roman que j’ai trouvé intéressant, mais un peu touffu, un peu trop lourd par moments et que j’aurai sans doute mieux apprécié si j’avais eu plus de connaissances sur la Chine de cette époque là, sur laquelle, je l’avoue, je ne connais pas grand-chose…

La première partie, qui raconte l’enfance de Kewei, est celle qui m’a le plus plu (soit les 150 premières pages). Ensuite j’avoue mettre un peu ennuyée au milieu des intrigues du parti, des histoires politiques… L’auteur saute parfois du coq à l’âne et j’ai vraiment eu du mal à lire ce roman jusqu’au bout !

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Extrait (p. 25) : La jeune femme sourit. Embarrassée par l’enfant à son sein, elle tourna brièvement le dos au chef du Parti. De ses baguettes, elle fouilla la carcasse de la carpe. Puis, triomphante, tenant entre ses doigts une arête énorme, elle fit face à  Jiang Jinsheng tout sourire.

-Ah ah ! Bravo ! Ce petit Kewei vous apportera décidément beaucoup de bonheur !

C’était, selon une vieille légende, l’épée que la déesse Nuwa avait fait tomber dans le fleuve Qingyi alors qu’elle étayait le ciel effondré. Signe distinctif, elle permettait d’assurer que la carpe était bien d’ici.”

Une interview de l’auteur, qui parle beaucoup plus simplement qu’il n’écrit !

ELLE

24ème lecture / 28

Le bruissement du papier et des désirs – Roman

bruissement

Avis aux nostalgiques de “Anne… La maison aux pignons verts” !

Romance historique et familiale

Le bruissement du papier et des désirs
Sarah McCoy

Michel Lafon (2019)

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1837. Canada. Île-du-Prince-Édouard. La famille Cuthbert mène une vie paisible et campagnarde dans sa maison aux pignons verts. Le fils, Matthew, 21 ans, s’occupe des champs et des bêtes avec le père, Hugh. La fille, Marilla, n’a que 13 ans, mais elle a quitté provisoirement l’école pour aider sa mère à la maison. En effet, celle-ci est enceinte de 8 mois et doit rester couchée le plus possible, ayant fait, par le passé, de nombreuses fausses couches. Ce jour-là, Marilla est un peu nerveuse, car ils attendent la venue de la sœur de sa mère, sa tante Izzy, qu’elle n’a pas vu depuis l’âge de quatre ans et dont elle n’a absolument aucun souvenir…

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Si vous avez lu le roman “Anne… la maison aux pignons verts“, le résumé ci-dessus a dû vous rappeler quelque chose. Dans “la maison aux pignons verts“, Matthew et Marilla, se sentant vieillir, décident d’adopter un petit orphelin pour les aider à la ferme.

Dans ce roman-ci, sorte de “prequel”, on retrouve ces mêmes personnages, Matthew et Marilla, mais ils sont beaucoup plus jeunes.

Je ne suis pas une spécialiste d’Anne, la maison… Mais en lisant cette histoire, j’ai retrouvé ce côté “nature” et désuet qui m’avait beaucoup plu dans l’histoire d’Anne. Et cela m’a de nouveau donné envie d’aller là-bas ! Bon, il y a aussi des moments où j’ai eu bien envie de mettre quelques claques à Marilla… Preuve que j’étais totalement immergée dans cette histoire qui m’a beaucoup plu !

Par contre, pourquoi ce titre “Le bruissement du papier et des désirs” qui ne veut rien dire ? Il aurait été plus judicieux de traduire simplement le titre anglais “Marilla of Green Gables”…

A mon avis, Sophie ne saurait tarder à nous donner le sien, et, elle, c’est une connaisseuse !!

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Extrait :

“Pourtant, certains jours, Marilla n’avait pas envie de coudre à côté de sa mère, ni de suivre son frère dans leur jardin à la lisière du pâturage. Certains jours, aussi immoral que cela pût être, Marilla voulait profiter de la journée comme il lui plaisait. Quand elle parvenait à se libérer, elle courait dans les bois de sapins baumiers avec ses magazines et suivait le ruisseau vers l’endroit où il se jetait dans une petite mare séparée en deux par un érable qui poussait en plein milieu. Elle s’asseyait sur son île avec l’eau qui clapotait autour d’elle et lisait jusqu’à ce que le soleil commence à filtrer à travers les arbres.”

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Du même auteur, j’ai lu (présentés sur un autre blog à l’époque) :

Le souffle des feuilles et des promesses (2017)

Un parfum d’encre et de liberté (2016)

Et mon préféré : Un goût de cannelle et d’espoir (2014)

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Ce roman participe à deux challenges (les deux chez Enna !!) L’African-American History Month et le Petit Bac catégorie “Lecture”