La vie sans fards – Maryse Condé {RL2012}

Roman adulte autobiographique – Rentrée Littéraire 2012

La vie sans fards

de Maryse Condé

JC Lattès, août 2012
9782709636858, 19€

 

Trop souvent les autobiographies deviennent des constructions de fantaisie. Il semble que l’être humain soit tellement désireux de se peindre une existence  différente de celle qu’il a vécue, qu’il l’embellit, souvent malgré lui. Il faut donc considérer La Vie sans fards comme une tentative de parler vrai, de rejeter les mythes et les idéalisations flatteuses et faciles. Voici peut-être le plus universel de mes livres.

Il ne s’agit pas seulement d’une Guadeloupéenne tentant de découvrir son identité en Afrique ou de la naissance longue et douloureuse d’une vocation d’écrivain chez un être apparemment peu disposé à le devenir. Il s’agit d’abord et avant tout d’une femme aux prises avec les difficultés de la vie. Elle est confrontée à ce choix capital et toujours actuel: être mère ou exister pour soi seule. Je pense que La Vie sans fards est surtout la réflexion d’un être humain cherchant à se réaliser pleinement.
Mon premier roman s’intitulait En attendant le bonheur, ce livre affirme : il finit toujours par arriver.

 

             Un roman autobiographique intimiste, qui nous entraîne dans la vie de Maryse Condé. Une vie tout en lien avec l’Afrique, de près ou de loin.

Un récit très personnel qui nous donne le sentiment d’être un peu voyeur mais qui nous fait découvrir de nombreux aspects de notre société et de l’Afrique. Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée et Ghana, nous voici sur les traces d’une femme, d’une mère que la vie n’épargne pas. Vivre sa vie, chercher sa liberté mais aussi élever ses enfants en faisant face à la misère, au rejet de sa famille mais aussi aux évènements politiques !

Il est très difficile de donner un avis sur une autobiographie, car comment juger de la vie d’un auteur ! Ici nous avons un témoignage très lucide, un retour sur une vie pour peut être réussir à mieux l’appréhender. J’ai réellement apprécié le ton de cet ouvrage car Maryse Condé semble réellement sincère. On dévore ce livre et on apprend beaucoup au travers de ces pages, sur la vie en général mais aussi sur le parcours tourmenté d’un auteur !

Je ne suis pas fan des autobiographies et pourtant j’en lis régulièrement, toujours avec ce léger malaise, cette impression d’entrer dans les secrets de quelqu’un, de n’être pas tout à fait à ma place… Ici aussi j’ai eu ce sentiment mais je me suis laissée porter par les mots et j’ai finalement apprécié ma lecture!

 

+ D’autres romans de Maryse Condé :
–  Ségou
– La vie scélérate
– Traversée de la mangrove
– Moi, Tituba, sorcière noire de Salem
– Les Belles Ténébreuses
– En attendant la montée des eaux

Victoire, les saveurs et les mots
– Conte cruel
– Hugo le terrible
– Savannah blues

+ Une vidéo de l’auteure en 2010

+ 5/7 Challenge 1% Rentrée Littéraire

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Un week end en famille – François Marchand {RL2012}

Roman adulte – Rentrée Littéraire 2012

Un week end en famille

de François Marchand

Cherche Midi, 23 août 2012
 978-2-7491-2437-7, 13€ 

Faire la connaissance de ses beaux-parents n’est jamais chose facile. Surtout s’ils habitent en Samouse, région que le jeune marié va apprendre à connaître le temps d’un week-end interminable.
Dès le vendredi soir, il lui est évident que cela se passera mal. Mais jusqu’à quel point ? Et l’impulsivité dont il fera preuve est-elle due à son état psychologique déjà bien dégradé ou à la rencontre de plein fouet avec cette diabolique région ?
Son objectif de départ – limiter les dégâts – finira par faire place à une exaltation mystique qui culminera le dimanche, jour du Seigneur.

Un roman désopilant, un jeu de massacre permanent où tous les mauvais sentiments sont mis à l’honneur.

 Quel étrange roman que celui ci! Très court mais complètement déjanté! 

Notre narrateur nous raconte son week end en famille, dans la belle famille bien sûr, et comment tout a mal tourné. Dès le début il faut bien avouer qu’il n’est pas enchanté d’être là, mais la suite du week end est une véritable descente en enfer difficilement imaginable ! Le pire c’est qu’on se laisse prendre dans l’histoire nous aussi, on découvre avec lui cette famille, on sourit à certaines situations de la vie quotidienne dont l’auteur se moque (j’ai adoré le passage sur Ikea!), et on se retrouve au coeur de l’horreur!

Si la critique de la société sous jacente à l’ensemble du livre m’a d’abord paru convainquante, j’avoue que je me suis lassée, je l’ai trouvé trop forte, trop méchante, sans grande réalité finalement. Exacerber les défauts est intéressant mais il faut savoir s’arrêter à temps et je trouve que François Marchand est souvent allé trop loin dans ce récit. Je ne suis pas fan de l’humour noir en général il faut bien l’avouer, et c’est là la spécialité de l’auteur… J’ai pourtant trouvé certains passages terriblement savoureux, avant de me lasser avec l’arrivée du dimanche et d’un mysticisme trop incongru.

Un roman délirant aussi dans le sens où le narrateur est sous médicament, à tel point qu’il devient difficile de différencier ses projections de la réalité. Le lecteur, simple spectateur se retrouve impliqué dans ce délire à tel point qu’il est un peu comme un complice, celui de cet homme un peu fou qui nous embarque dans un week end épique !

+ L’avis de George, L’avis de Géraldine

Des impatientes de Sylvain Pattieu {RL 2012}

Rentrée Littéraire 2012 – Roman adulte

Des impatientes

de Sylvain Pattieu

Le Rouergue, 22 aout 2012
La brune
9782812603884, 19,50€

 

Les “impatientes”, ce sont elles deux, Alima Sissoko et Bintou Masinka, lycéennes de Seine-Saint-Denis, africaines par leur origine. Même couleur de peau mais si différentes dans leurs aspirations. L’une élève de première S, qui mise tout sur l’école, et rêve d’intégrer la préparation pour le concours Sciences Po. L’autre, grande gueule et formes exubérantes, abonnée aux sanctions et aux soirées en boîtes de nuit.

“Fleurs de banlieue”, les appellent leur jeune professeur d’histoire, Kévin Roullier, qui n’a pas peur du cliché, lui-même archétype de ces jeunes profs venus de région pour un premier poste en ZEP, abonné à meetic pour lutter contre la solitude… Mais comment se jouer des clichés sur ces banlieues qui alimentent tous les fantasmes pour mieux les dépasser ? C’est le pari de Sylvain Pattieu, dans son premier roman, en s’enfonçant dans le concret du quotidien de ses personnages.

J’ai été attirée par ce roman car il se déroule dans un lycée, du moins au début. Deux grandes adolescentes que tout oppose sont les héroïnes de ce roman, nos impatientes. 

D’entrée la voix de l’auteur se fait multiple, selon les narrateurs. Quatre voix ressortent principalement. Celle du narrateur extérieur, que je rapproche de celle de l’auteur et qui nous décrit le milieu avec de nombreuses accumulations. Etrangement c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé dans ce roman, cette voix qui nous parle d’un établissement scolaire, des jeunes qui le fréquentent, de la banlieue parisienne… A cette voix s’ajoute celles qui font le récit. Alima Sissoko et Bintou Masinka principalement, par leur narration alternée nous font découvrir leur vie, leurs blessures… chacune à leur manière. Il y a le ton posé d’Alima, bonne élève, pleine de projet, et celui secoué de Bintou. C’est malheureusement là que j’ai trouvé que l’auteur en faisait trop, dans le ton de cette fille pleine de rage. Sylvain Pattieu s’est senti obligé d’écrire comme parle beaucoup d’adolescents, et transposé à l’écrit c’est à la fois dérangeant à lire et parfois difficile à comprendre. On peut argué que je ne suis pas de ces quartiers d’immigrés dont il parle, mais deux questions se posent alors : à qui s’adresse ce livre ? et pourquoi mon homme qui connait bien ces quartiers à éclater de rire quand je lui ai lu un passage ? J’avoue cependant que c’est quelque chose auquel je suis sensible dans les romans et je n’apprécie guère ce passage du vulgaire à l’écrit… d’autres apprécieront peut être comme une marque d’authenticité… La dernière voix est en fait double, celle de deux hommes, spectateurs de ce qui se joue entre ces deux impatientes, un peu responsable aussi, qui se cache derrière leur passé et leur peur pour s’excuser. Sans compter aussi sur tous les ajouts, les carnets scolaires, les rêves, comme autant d’indice et de témoins.

L’histoire est très bien menée et prenante dans la première partie du roman. Nous avons un point de départ, une situation finale rapidement exposé, et tout le reste nous sert à imaginer d’abord, puis à combler les manques de l’histoire. C’est habile car cela donne vraiment envie d’avancer, de découvrir ce qui a bien pu renverser ainsi la situation…
La deuxième partie m’a beaucoup moins touché, sans doute aussi parce qu’elle quitte le milieu scolaire pour celui du travail (hôtesse de caisse). Les personnages m’ont semblé plus lointain, moins tangible… et moins intéressant malgré leur quête.

Un roman en demi teinte selon moi avec des passages qui m’ont beaucoup plu et d’autres qui me donnaient envie de refermer le livre.

+ Un premier roman

+ Des avis plus positifs sur Babelio

+ 3/7 Challenge Rentrée Littéraire 2012

+ Concernant les partenariats ils ne commenceront que la semaine prochaine, le temps de mettre en place quelques petites choses encore…

La vie de Régis de Sa Moreira

Roman adulte – Rentrée Littéraire 2012

La vie

de Régis de Sa Moreira

Au Diable Vauvert, 22 août 2012
9782846264426, 15€

“Je suis sortie sur le parking, il faisait froid, c’était agréable, un homme m’a demandé mon numéro de téléphone, je ne sais pas ce qui m’a pris, je lui ai tout de suite donné… C’était la première fois que j’osais aborder une inconnue et il a fallu que ce soit la bonne. Nous nous sommes mariés deux mois après. Tout ce travail sur ma timidité pour un seul numéro, j’aurais bien voulu en profiter un peu plus, au moins tenter ma chance avec la fille de l’agence de voyages…
Il passait devant l’agence tous les jours, presque toujours à la même heure. Je ne le connaissais pas mais quand il a cessé de passer, je me suis inquiétée. Qu’est-ce que ça veut dire connaître les gens ? Je ne suis même pas sûre de connaître l’homme avec lequel je vis… Encore heureux. Je suis sûr que si elle me connaissait elle partirait en courant. D’autres l’ont fait avant elle… “.

Un principe simple, celui du marabout (Marabout, Bout de ficelle, Selle de… ) est transposé à ce livre, pas vraiment un roman donc, plus un ensemble de phrase, comme des instantanés de la vie. Des vies qui se croisent, et nous qui regardons. Au début on cherche à trouver des personnages qui reviennent, former une histoire… mais c’est une quête veine car comme la vie les mots coulent et les personnages passent. Des histoires qu’on ne fait que pressentir, qu’on imagine, qu’on aimerait tellement continuer parfois.

J’ai lu Le libraire, du même auteur, que j’avais trouvé à la fois intéressant et étrange, ce livre me fait un peu le même effet!

Voici un livre que j’ai commencé par trouver terriblement frustrant. Comme si on ne faisait que lire des incipit de romans sans jamais pouvoir lire la suite. Pourtant au bout d’un moment on se laisse prendre au jeu, on rouvre le livre au hasard, on dévore quelques nouveaux textes… Une incitation à faire plus attention aux gens qui nous entourent finalement, pour créer nous même quelques lignes de plus dans ce texte…

C’est plaisant à parcourir, l’idée est sympathique et j’ai apprécié, mais cela reste tout de même simple et répétitif.

Régis de Sa Moreira met en scène la vie dans ce qu’elle a de plus effrayant finalement : son éphémérité !

 

 + Si vous le souhaitez je peux faire voyager ce livre !

+ Ce roman sort aujourd’hui mais vous pouvez déjà lire de nombreux avis sur la toile :

Cynthia, Gwordia, Shangols, Corboland, La livrophile, …

+ La vidéo de présentation du livre par l’auteur.

+ Challenge Rentrée littéraire 2012 1/7