Tuer le père d’Amélie Nothomb

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Tuer le père

d’Amélie Nothomb

roman adulte, rentrée littéraire 2011

Albin Michel, août 2011
9782226229755 , 16€
150 pages

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Présentation de l’éditeur :
” Allez savoir ce qui se passe dans la tête d’un joueur.”

 

Mon avis :

Je n’ai toujours pas lu les premiers Nothomb, ceux dont on me dit tant de bien. Je me suis contentée de ceux sortis ces dernières années, que j’ai plutôt bien aimé, mais sans comprendre tout de même l’engouement qu’ils suscitent. J’ai donc lu le dernier quand même, histoire de savoir… et j’ai été agréablement surprise. En plein RAT c’est tout à fait ce dont j’avais besoin.

Une intrigue intéressante, un discours imbriqué mettant en scène Amélie Nothomb un peu superflu, maus une histoire qui a su me porter, me faire avancer.

Joe, adolescent mis à la porte par sa mère est un magicien très doué.
Norman, magicien réputé.
Christina, sa femme, fire dancer.
Trois personnages qui vont tisser des liens étranges, autour de la magie et de la triche… une famille ?

J’ai aimé le caractère des personnages, leur mal de vivre, leur joie, leur façon de se défoncer au Burning Man, une fois par an. Et la patience de Joe. Surtout sa patience. Impossible pour moi de m’attacher à lui pourtant. Du départ il paraît froid, et c’est Norman qui a retenu mon attention. Il tente de prendre la place du père, se sent père, se dit père. Le père de Tuer le père ?

Un roman à découvrir pour sa logique implacable, ses surprises, ses personnages atypiques et son ambiance!

http://www.priceminister.com/blog/wp-content/uploads/2011/08/rentree_litteraire.png Merci à Priceminister pour son opération rentrée littéraire, et à mes filleuls :)

La petite de Michèle Halberstadt

La Petite

de Michèle Halberstadt

roman adulte

Éditions Albin Michel, août 2011
9782226229717, 12€90
150 pages

“J’ai 12 ans et ce soir je serai morte.
Méfiez-vous des enfants sages.”
Elle n’a pourtant vécu qu’une enfance ordinaire, celle des années 1960 où l’on gardait pour soi secrets et blessures : se sentir terne et insignifiante, et surtout bête et laide. Mais il faut se méfier des enfants sages, ils portent parfois en eux des océans de désespoir… “

Mon avis :
Ce roman s’ouvre sur une tentative de suicide, celle de La Petite, 11 ans. Et alors qu’on se demande si elle a réussi, on fait un retour en arrière pour comprendre ce qui a amené cette enfant sage et silencieux à cet acte là. Trop sage, trop silencieuse, presque transparente parfois. Son parcours nous fait froid dans le dos, parce qu’elle n’est pas maltraitée, pas méchante… et que nous n’aurions peut être rien vu nous non plus sans ce début.

Un roman simple pourtant, par ses mots, un roman qui avance tout doucement, inexorablement. Peu de pages, peu de mots, mais j’y ai retrouvé ce que j’avais aimé dans Un écart de conduite. La légèreté des mots, la puissance du thème. Cette petite m’a un peu rappelé Paloma de l’élégance du Hérisson, en moins démonstrative de culture, mais avec une maturité particulière. Je me suis attachée facilement à cette petite, j’ai été émue, touchée, et je me suis dit que c’était vraiment trop jeune pour vouloir mourir.
Son regard sur les adultes est acéré. Au regard de ce qu’elle vit, ces adultes sont à coté de la plaque, totalement, tout au long du roman, et pourtant ils agissent tellement normalement. Du professeur convoque les parents parce qu’elle rêve tant en classe qu’il la croit déficiente au psychologue qui ne sait pas dire les bons mots, les adultes font pâle figure.  C’est troublant de se dire que l’on passe peut être à coté d’un tel mal-être…

Un roman difficile mais pas pesant, une belle façon de traiter ce thème. Une fois de plus Michèle Halberstadt a su me séduire!

 

+ L’avis de MrsFigg

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2011 – Les participants et les titres

Le Challenge 1% de la rentrée littéraire est un défi consistant à lire 1% des livres parus en France pour la rentrée littéraire, soit du 15 août au 15 octobre 2011, c’est à dire 7 livres. Comme dans le cadre de ce challenge le but est de partager nos lectures, les titres de littérature jeunesse et de BD seront pris en compte!

Fin du challenge le 31 juillet 2012

Toutes les règles et plus d’explication sur le premier article du Challenge, qui a clairement fait son temps, avec plus de 650 commentaires il est devenu trop long…

Cet article étant de nouveau surchargé, voici le nouveau http://delivrer-des-livres.fr/?p=4930

Pour poursuivre la discussion, le groupe facebook de la rentrée littéraire !

Le récap par titre, c’est fait par Nina, et c’est ici !

+ Des partenariats ouverts uniquement aux participants du challenge! (rubrique partenariats)

La Onzième Heure d’Isabelle Pestre

La Onzième Heure

d’Isabelle Pestre

Premier Roman – Adulte – Rentrée Littéraire

Belfond, 2011
9782714450012, 17€

Présentation de l’éditeur :
Comme chaque année Lisbeth, 11 ans, passe ses vacances au bord de l’océan, en Charente- Maritime. Enfant lourde et pensive, elle ennuie Alice, sa mère, et ne suscite qu’indifférence chez son père. Livrée à elle même, Lisbeth rencontre un jour Misha, un immigré albanais. Le jeune homme puise du réconfort dans l’affection que lui porte Lisbeth. Et l’enfant est heureuse qu’on s’intéresse à elle.

Mon avis :

Il ne m’aura pas fallu plus de trois pages pour m’attacher à Lisbeth, pourtant je ressors de ce roman plutôt troublée.

Une famille où le dialogue est absent, des tranches de vie, une enfant pas vraiment désirée, un peu délaissée. En vacances au bord de la mer, livrée à elle même, elle vagabonde sur la plage, et rencontre  Misha. Cet émigré à l’histoire trouble lui adresse la parole, la regarde, et cela suffit pour elle.

Lisbeth est un personnage terriblement attachant, qui rend ce roman touchant. Les héros mal-aimé me plaisent toujours, ils ont cette façon de voir le monde tellement troublante, et tellement d’espoir en eux. C’est avant tout pour ne pas déranger que Lisbeth, qui a seulement 11 ans, se rend à la plage. C’est aussi pour ne pas déranger qu’elle ne se fait pas d’ami. Mais avec Misha c’est différent. Lui aussi est seul. Rejeté. Montré du doigt par la société. Alors ensemble ils vont refaire le monde, doucement. Pourtant un jour le monde extérieur les rattrape…

Ce sont les non-dits qui font de ce roman une véritable réussite. L’écriture est maitrisée, elle est belle, et surtout elle ne nous laisse imaginer notre version des rencontres. Entre celle que l’on lit du côté de Lisbeth et les certitudes des adultes. Avec tout le mystère que cela engendre. Avec aussi des secrets du passé qui ressurgissent. La peur des autres, de l’étranger. Dans l’enfance, puis à l’âge adulte. Car nous allons suivre Lisbeth, à coup de grande ellipse, pour découvrir ce qu’elle est devenue, et ce que cette histoire a laissé en elle.

J’ai tout aimé dans ce roman, les personnages, les lieux, l’histoire mais surtout la mélancolie qui se dégage de beaucoup des situations. Parmi les personnages une vieille dame m’a particulièrement touchée, avec son comportement décalé, son abandon à elle aussi… ça sonne juste, tout simplement.

La force principale de ce roman c’est sa façon de nous faire réfléchir et douter, à tel point qu’on ne peut pas vraiment en vouloir aux personnages qui séparent Lisbeth de Misha. Parce que nous ne savons pas ce qu’il en est, parce qu’on se demande, parce qu’elle n’a que 11ans. Je pense que non, on pense que non ? Et pourtant la peur de l’étranger fait que les adultes se rendent finalement compte de l’existence de Lisbeth… Je ne peux pas vous en dire plus, j’en ai déjà dit beaucoup… mais je pense que c’est dans nos esprits que s’écrit cette histoire, chacun à sa façon.

Et voilà. Sauf qu’en fait non, au lieu de s’arrêter là, sur ces questions en suspens, l’auteure décide de continuer. De faire un saut dans le temps, et de nous livre Lisbeth à l’âge adulte, de nouveau confrontée à la peur de l’étranger. Ces trente dernières pages ne m’ont pas plu. Du tout. Parce qu’elles ne m’ont pas laissé dans la nostalgie, qu’elles ont coupé mes pensées. Tant pis.

Le titre La Onzième Heure semble comme ça sans rapport, mais il est expliqué dans le livre, et rappelé ici par l’auteure elle-même dans une interview (ici) :

“La parabole des ouvriers de la onzième heure est transmise par Matthieu ; c’est la dernière des paraboles avant que Jésus ne rentre à Jérusalem pour y être condamné et exécuté. Elle raconte comment un maître de maison, dès le matin, embauche des ouvriers pour une journée de travail dans sa vigne. Au cours de la journée, à trois reprises, il offre du travail et un « juste salaire » aux hommes qui attendent. Et, à la onzième heure, l’avant-dernière heure, donc, il sort à nouveau, questionne ceux qui sont là et leur propose d’entrer dans la vigne pour y travailler à leur tour. Au soir, le maître ordonne à son intendant de payer tous les ouvriers, en commençant par les derniers. À chacun est donné, même aux ouvriers de la onzième heure, le salaire d’une journée complète. « Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers derniers. »
Dans mon livre, je m’arrête en deçà : la vie de Lisbeth pourrait correspondre à l’attente de ces ouvriers au chômage, à ce vide qu’ils traversent, aux questions qu’ils se posent et que chacun, me semble-t-il, peut se poser. Qu’attendons-nous, sinon un événement qui nous permette d’exister et de nous révéler ce que mystérieusement nous sommes ? “

Pour finir une remarque idiote, quel est l’intérêt d’ajouter un bandeau  papier sur les livres (ici avec le nom de l’auteur). Quand ils ont eu un prix littéraire, je comprends, pour accentuer le nom d’un auteur connu, pourquoi pas. Mais quand il s’agit d’un premier roman ? Alors bien sûr on est content de connaître la tête de cette auteure -Isabelle Pestre- mais la photo se trouve déjà sur la 4ème de couverture. Grande interrogation donc, que je vous transmet… Prêtez-vous attention à ces bandeaux de couleur ? Vous incitent-ils à acheter le livre ? Dans le cas présent d’un premier roman, ne trouvez-vous pas cela plutôt trompeur ? J’aurais préféré pour ma part un bandeau 1er roman, voir pas de beandeau du tout, la couverture (que je trouve d’ailleurs très belle) se suffisant à elle-même.

Un roman que j’ai beaucoup aimé, et que je vous conseille, malgré cet écueil des dernières pages…

Merci à Abeline des Chroniques de la rentrée littéraire et aux éditions Belfond pour cet ouvrage, lu début juillet!