ÁSTA -Roman islandais – Lectrices ELLE (11)

AstaQue reste t-il d’une vie ?
Roman adulte – Rentrée Littéraire

ÁSTA
Jón Kalman Stefánsson

Grasset (2018)

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Présentation de l’éditeur :

Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un prénom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remémore toute son existence  : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette promesse de bonheur.

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Pour entrer dans ce roman, ASTA, pour en goûter toute la saveur, il faut d’abord accepter de se perdre. Se perdre dans les époques, les personnages, les histoires, parce que la narration est tout sauf linéaire, c’est plutôt une sorte de puzzle et il y a fort peu d’indications de temps et/ou de lieux.

Je dois bien avouer que si je n’avais pas été “obligée” de le lire pour le Grand Prix des Lectrices, j’aurai probablement arrêté avant la page 50, tellement cette lecture s’avérait laborieuse. Et pourtant, après une centaine de pages, j’ai fini par prendre plaisir à ce roman dont l’écriture a un côté envoutant, parfois poétique et parfois plus “crue”.

Mais si vous n’aimez que les “pages turner” passez votre chemin, ce livre n’est pas pour vous !

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Dernier petit bémol : je n’ai pas du tout compris l’illustration de couverture… Une échelle censée mener vers l’au-delà ? C’est trompeur, on a l’impression d’un roman fantastique, ce qu’Asta n’est absolument pas…

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Pour lire une dizaine de pages, c’est par ici sur le site de l’éditeur.

Il fait partie de la sélection du Prix du Meilleur livre étranger 2018.

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ELLE

11ème lecture / 28

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C’est ma 12ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

Rivière tremblante – Lectrices ELLE (10)

Rivière

Un roman sombre, très sombre…

RIVIÈRE TREMBLANTE

Andrée A. Michaud

Rivages/noir (2018)

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On suit deux histoires en parallèle :

En 1979, celle de Marnie, 11 ans, dont le meilleur copain, le presque frère, Michaël Saint-Pierre, 12 ans, a mystérieusement disparu par un après midi d’orage.

Puis, en 2009,  on est confronté à la terrible douleur de Bill, auteur de livres pour enfants, dont la petite fille, Billie, 8 ans et 9 mois, a également disparu sans laisser de traces…

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On m’a présenté ce roman comme un roman policier. Certes, il y a des disparitions et des enquêtes sur ces disparitions. Mais alors que dans un polar on suivrait le détective, le policier, l’enquêteur ou à l’inverse le meurtrier ou le responsable de la dite disparition, ici nous sommes avec les proches des victimes.

Et c’est surtout d’eux dont il est question. De leur incommensurable tristesse bien sûr (l’une a perdu son meilleur ami, l’autre sa petite fille) mais aussi de leur incompréhension, de leurs doutes, de leurs déchirements, leur envie d’en finir, leur culpabilité même…

Et la question suprême : peut-on faire son deuil quand on ne sait pas ce qui s’est passé ? Quand il n’y a pas de corps à enterrer, de cercueil sur lequel pleurer ? Comment continuer à vivre dans ces conditions ?

Ce n’est pas un polar “page-turner” avec moults retournements de situations. Ceux qui, lisant ce roman, s’attendront à un suspense d’enfer, risquent d’être déçus.

Cela s’apparente beaucoup plus à un roman psychologique. Mais “Rivière tremblante” est tout de même un roman noir, très noir dont j’ai beaucoup aimé l’écriture ! Et qui m’a bien donné envie de lire les autres romans de cette auteure, dont “Bondrée” dont j’avais entendu beaucoup de bien !

Extrait :

“Accroupie près de la pierre tombale d’une inconnue faisant face au couchant pour l’éternité, j’ai demandé à mon père de me venir en aide, j’ai prié la mère que je n’avais pas connue, morte trop jeune, broyée en plein soleil, j’ai imploré le ciel de m’envoyer un signe, et c’est à ce moment là que le cri a retenti, un cri d’effroi pouvant aussi bien venir du creux de la terre que des profondeurs de ma mémoire. Michael, ai-je murmuré d’une voix enrouée par la pluie et le froid, c’est toi Michael ?”

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ELLE

10ème lecture / 28

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C’est ma 11ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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La vraie vie – Lectrices ELLE (9)

VraieUn roman “coup de poing” de la Rentrée Littéraire…

LA VRAIE VIE
Adeline Dieudonné

L’iconoclaste (2018)
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Présentation de l’éditeur

Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs.

Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.

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Elle a 10 ans. Et dans sa vie, il y a… Un père ultra violent, une mère éteinte et un petit frère de 3 ans son cadet qu’elle protège autant qu’elle peut et qu’elle adore. Il y a aussi cette chambre pleine de cadavres, trophées de chasse du père, avec cette hyène qui lui fait si peur.

Le jour de l’accident, son petit frère arrête de rire. Cela va enclencher chez elle une sorte de moteur intérieur, une motivation sans faille que rien ne va pouvoir arrêter.

Je l’ai lu en un après-midi. Et au soleil, heureusement. La violence est partout dans ce roman. Violence physique, conjugale, psychologique, amoureuse même… Je n’en dis pas plus, si ce n’est que c’est un roman bourré d’énergie, terriblement addictif, qu’on ne lâche plus une fois commencé.

On en prend plein la tête !! Plus qu’une lecture « coup de cœur », c’est une lecture « coup de poing »…

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Extrait : C’était un homme immense, avec des épaules larges, une carrure d’équarrisseur. Des mains de géant. Des mains qui auraient pu décapiter un poussin comme on décapsule une bouteille de coca. En dehors de la chasse, mon père avait deux passions dans la vie : la télé et le whisky. Et quand il n’était pas en train de chercher des animaux à tuer aux quatre coins de la planète, il branchait la télé sur des enceintes qui avaient coûté le prix d’une petite voiture, une bouteille de Glenfiddich à la main. Il faisait celui qui parlait à ma mère, mais, en réalité, on aurait pu la remplacer par un ficus, il n’aurait pas vu la différence.

Ma mère, elle avait peur de mon père.

 

Prix du Roman FNAC 2018

Prix Première Plume 2018

La vraie vie faisait également partie de la première sélection du Goncourt et il est dans la 2ème sélection du Renaudot.

ELLE

9ème lecture / 28

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Je l’ai également lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire Rakuten

#lavraievie #AdelineDieudonne #MRL18 #Rakuten

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C’est ma 10 ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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EDIT mai 2019 :

L’avis de Sophie Hérisson :

La vraie vie est un vrai beau roman comme le dit Nathalie, avec une force étrange, dérangeante parfois, mais prenante ! J’ai beaucoup aimé ce roman qui se rapproche beaucoup des codes du roman jeunesse finalement, avec son héroïne adolescente narratrice, et une violence terrible mais dans la retenue en même temps… C’est fort, c’est beau et c’est effrayant à la fois. J’ai beaucoup le personnage principal, ainsi que la façon dont sont survolés ceux qui gravitent autour d’elle !

Ici les femmes ne rêvent pas – Lectrices ELLE (8)

femmes

Une histoire terrible et bouleversante dans l’Arabie Saoudite des années 2000…

Ici les femmes ne rêvent pas
Récit d’une évasion

Rana Ahmad

Globe (2018)

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Quand elle était petite, Rana habitait avec ses parents et ses frères et sœurs à Riyad en Arabie Saoudite.
Et elle était parfaitement heureuse. Puis elle a grandi. Et comme c’était une fille, son pays l’a privée d’une grande partie de sa liberté. Elle nous raconte dans cet ouvrage comment et pourquoi elle a pris la décision de tout quitter, son mari, sa famille, ses amies, son pays…

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Pour l’occidentale que je suis, européenne, et élevée de surcroit par des parents athées, la lecture de ce livre a été une vraie “révélation” !

Bien sûr, j’ai déjà croisé des femmes voilées ou portant la burka dans la rue. Bien sûr j’ai entendu parler de ces histoires dans les banlieues où les garçons surveillent leurs sœurs, leurs mères, allant parfois jusqu’à les frapper…

Mais je ne m’étais jamais rendue compte à quel point la loi islamique, la charia, faisait d’un pays comme l’Arabie Saoudite une prison à ciel ouvert pour les femmes… Un endroit où aucune liberté n’existe pour elles.

Tout ce que cette jeune femme raconte est récent, puisque ce dont elle parle s’est passé dans les années 2015/2016.

Page 136, j’ai été frappée par une de ses réflexions :

“Je sais aujourd’hui que dans d’autres pays on apprend la théorie de l’évolution aux enfants, qu’elle y est devenue une évidence et que ces connaissances sont librement accessibles. Pour une personne qui a grandi là-bas, il doit être difficile de comprendre quelle sensation on éprouve quand on voit la lumière après tant d’années d’obscurité.”

Si, à l’époque de Darwin (voir sa bio en bd), il n’est pas étonnant que ses théories aient été controversées, j’ai été scotchée de voir qu’il y avait encore des gens pour remettre en cause sa fameuse théorie de l’évolution au XXI ème siècle !

La 2ème partie du livre parle de la dure vie de migrant.

Comment ils se font voler par certains passeurs et comment leurs vies sont mises en danger. Comment ils sont traités ensuite par les différents pays traversés…

Puis, quand ils sont enfin arrivés dans un pays susceptible de les accueillir (ici l’Allemagne), le temps passé à attendre d’avoir des papiers pour avoir le droit de mener, enfin, une vie normale.

Une chose est sûre : je ne suis pas près d’aller en Arabie Saoudite ! J’étais bien assez agacée, en Italie, d’être obligée de couvrir mes cheveux et mes épaules pour visiter les églises… Une lecture “coup de poing” !

Les femmes saoudiennes n’iront pas en enfer, il y a longtemps qu’elles y viventHamza Kashgari, poète saoudien. (p.283)

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ELLE

8ème lecture / 28

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C’est ma 9 ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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