Et les lumières dansaient dans le ciel d’Eric Pessan

Un roman réaliste sensible avec un protagoniste attachant en manque de repères

et les lumières dansaient dans le ciel

Roman initiatique pour la jeunesse dès 11 ans

Et les lumières dansaient dans le ciel

d’Eric Pessan

Ed. L’école des loisirs, coll. Medium+ Poche,
février 2021 (première parution en 2014)- 5,80 euros

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Thèmes: astronomie, divorce, séparation, fugue, solitude, relations parents (mère)

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Présentation de l’éditeur: “C’est la nuit. Elliot n’arrive pas à dormir, alors il s’en va. Il part loin de la ville, en train, pour aller voir les étoiles, et il reviendra avant le matin. Voir les étoiles, c’est ce qu’Elliot aime le plus au monde. Autour de lui, personne ne comprend vraiment cette passion. Avant, il observait le ciel avec son père, qui lui apprenait les constellations et les galaxies. Maintenant que ses parents sont séparés, ce n’est plus possible. Il doit y aller seul, en espérant que sa mère ne se rendra compte de rien.”

Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, dans Et les lumières dansaient dans le ciel, Eric Pessan aborde un sujet douloureux pour de nombreux jeunes: le divorce. En effet, du jour au lendemain, le monde d’Elliot vole en éclats. Son père quitte le domicile conjugal et il se retrouve seul avec une mère qui ne le comprend pas. Alors la nuit, il s’échappe de la demeure familiale où il étouffe. Car c’est en observant les étoiles que son monde s’illumine. Cela lui permet de retrouver un semblant de normalité.

Comme beaucoup d’adolescents, Elliot peine à retrouver ses repères en l’absence d’une figure paternelle. Et les lumières dansaient dans le ciel m’a beaucoup plu. Hormis des thématiques actuelles, c’est surtout la plume d’Eric Persan qui m’a séduite. Ce roman est court certes mais très bien construit.

L’auteur nous invite à contempler la nuit d’un oeil neuf. Ce sera grâce à une rencontre, presque magique, que deux ados à la dérive se raccrocheront à leurs rêves.

Et les lumières dansaient dans le ciel est un roman à découvrir si ce n’est déjà fait!

 

~Melissande~

 

Muette présenté par Hérisson

+ L’avis de Saiwhisper du blog “Les pages qui tournent”

 

Le Diable au corps – Roman

diableL’amour, toujours l’amour ! Thème de février
du challenge 2022 en classiques

Le Diable au corps

Raymond Radiguet

Grasset (1923)

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1917. Marthe a 18 ans. Elle est fiancée à Jacques, parti sur le front. Elle va tomber amoureuse du narrateur, un jeune garçon de 15 ans, manipulateur et séducteur malgré son manque d’expérience.

Mais le jeune garçon est à la fois “apeuré” parce qu’il manque d’expérience (c’est sa “première fois” avec une femme) et perturbé par l’emprise qu’il a sur cette jeune femme. Son comportement devient étrange et capricieux. Il devient possessif et Marthe a parfois du mal à comprendre ce qu’il veut vraiment.

Leur passion va finir par être connue de tous. Le jeune garçon perd ses amis et connaissances. Il se croit amoureux de Marthe, mais l’est-il vraiment ?

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Le Diable au corps est un roman écrit par un jeune homme de 17 ans et inspiré par son expérience personnelle. C’est facile à lire et très bien écrit mais je dois dire que ça ne m’a pas passionné. J’ai retrouvé l’agacement que j’avais eu en lisant “Bonjour tristesse” de Sagan. Des jeunes gens de “bonne famille” égoïstes et tyranniques qui veulent le monde à leurs pieds.

Ce gamin qui se prend pour un homme parce qu’il a une maîtresse n’est pas franchement sympathique. Certains diront que je n’ai rien compris et que c’est fait exprès. Sans doute. Mais j’ai toujours du mal avec les personnages pour lesquels je ne peux avoir ni sympathie ni empathie…

Extrait : « Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je ? Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ? Sans doute, les troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent d’une sorte qu’on n’éprouve jamais à cet âge ; mais comme il n’existe rien d’assez fort pour nous vieillir malgré les apparences, c’est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l’embarras. Je ne suis pas le seul. Et mes camarades garderont de cette époque un souvenir qui n’est pas celui de leurs aînés. Que ceux qui déjà m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. »

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Un roman qui participe à plusieurs challenges

2022 en classiques, l’Objectif PAL, De 14_18 à nous, le petit Bac (cat. gros mot – 1ère ligne)

2022      Ouest

LIBERATION – Roman JA

Libération

A partir de 14/15 ans

LIBERATION

Patrick Ness

Gallimard Jeunesse (2017)

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Deux histoires s’entremêlent. D’un côté une histoire très réaliste, celle d’Adam, jeune homme qui voudrait juste pouvoir aimer qui il veut, sans être jugé, traité de malade ou harcelé. De l’autre, une histoire fantastique, l’esprit d’une jeune fille assassinée en quête de vengeance qui se trouve mêlé à un esprit très ancien, une reine impitoyable…

Tous les deux ont un même besoin de libération.

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Voici un roman qui, c’est certain, ne plaira pas à tout le monde. D’abord par ses mots, parfois assez crus quand on entre dans l’intime. Par sa forme également. Il faut accepter de se laisser (em)porter par l’histoire secondaire, celle de Katherine, la jeune fille assassinée, dont on peut se demander quel est le rapport avec la première histoire, celle d’Adam.

Gallimard indique pour ce livre : à partir de 13 ans. Je pense, sans vouloir jouer les censeurs, qu’il serait plus approprié à partir de 14/15 ans (après tout il s’agit de jeunes qui ont 17 ans dans le roman, il y a des histoires de drogue, d’alcool, de sexe…)

J’ai beaucoup aimé les deux histoires. L’histoire du fantôme de Katherine me permettait de faire des “pauses” dans celle d’Adam, même si elle est terrible aussi, car elle est moins émouvante, moins poignante, on a plus de distance grâce au côté fantastique.

Adam est un personnage complexe. Il est gay, l’assume en général, mais a toujours une petite voix qui sème le doute dans sa tête. Sans compter ses parents très croyants, l’homophobie à l’école ou dans la société… Il voudrait juste aimer qui il veut et comment le lui reprocher ?

Un bon moment de lecture !

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Lire les premières pages (site de l’éditeur)

De Patrick Ness, nous vous avons présenté : Quelques minutes après minuit (le roman) (le film) et Burn

Je vous conseille également sa trilogie “Le chaos en marche” (à partir de 14/15 ans). Pas forcément facile d’accès au départ (le langage est très “torturé” surtout dans le premier tome si je me souviens bien), mais je vous assure que ça vaut le coup de s’accrocher !

Bacha Posh – Roman Important !

BachaComment renoncer à la liberté ?
A partir de 13/14 ans

Bacha Posh

Charlotte Erlih

Actes Sud Junior (2013)

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Sélection des Incorruptibles 2014/2015

Réédité en 2020 chez Gallimard Jeunesse avec une autre couverture

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Depuis 10 ans, Farrukh vit comme un garçon, s’habille comme un garçon et passe, aux yeux de tous, pour un garçon. Pourtant, c’est une fille. C’est une bacha posh : une de ces filles élevées comme des fils dans les familles afghanes qui n’en ont pas. A 5 ans, on lui a coupé les cheveux, retiré sa poupée et on lui a appris à se comporter comme un garçon. Sauf qu’à la puberté, elle doit redevenir une jeune femme. Faire la cuisine, porter la burka, ne plus sortir seule, baisser les yeux face aux hommes. Et dire adieu à ses rêves, ses habitudes, ses amis. Mais quand on a goûté à l’action et à la liberté, comment y renoncer ?

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Quel enfer ! On se demande presque en terminant ce roman s’il ne faut pas penser comme la mère de Farrukh, qui lui dit qu’elle a eu de la chance de vivre comme une bacha posh pendant 10 ans. Mais ce doit être une situation tellement épouvantable le jour où on vous retire toute cette liberté…

Un roman qui permet de découvrir une tradition qui perdure encore aujourd’hui et qui pose aussi question sur l’identité : Comment se construit-elle ? Vient-elle de notre sexe ou de notre éducation (famille, école, société) ?

En tous cas, ce roman ne peut pas laisser indifférent. Et ce n’est hélas pas aujourd’hui, avec le retour des talibans au pouvoir, que les droits des femmes vont s’améliorer en Afghanistan.

Une lecture que je vous recommande !

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D’autres livres qui parlent de privation de liberté pour les jeunes filles : J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelleL’histoire de Malala