Un paquebot dans les arbres

paquebotUn paquebot dans les arbres

Valentine Goby

Babel

Actes Sud (2016)

*****

Odile et Paulot tiennent un café à la Roche Guyon. Ils ont deux filles, Annie et Mathilde, et un garçon, Jacques. Entre Annie et Mathilde, ils ont perdu un fils, Pierre, alors âgé de 2 mois. Du coup, ils ont mis du temps pour se décider avant d’avoir Mathilde, puis Jacques.
D’Annie, on entendra peu de choses, on l’apercevra de loin en loin, elle vit sa vie, loin du reste de la famille, loin de la maladie et du malheur.
Mathilde est le « garçon manqué » de la famille. Elle court, saute, nage, escalade et n’a peur de rien. A 9 ans, elle se cache sous les tables du bistrot familial pour écouter son père jouer de l’harmonica. Son père, pour qui elle a une admiration sans bornes et un amour immense. Son père, pour qui elle est prête à tout. Cette histoire, c’est d’abord l’histoire de Mathilde. Son courage devant les problèmes qui s’accumulent, sa volonté de garder sa famille soudée, son obstination…

*****

Au début, j’ai eu du mal à accrocher à cause des nombreuses descriptions et juxtapositions. Mais très vite, j’ai oublié le style tellement le personnage est vivant, prenant, intéressant, « vrai ». Mathilde qui veut tout gérer, tout arranger, recoller tous les morceaux de sa vie que la maladie a éparpillé…

La sécurité sociale. Une chose banale de nos jours surtout quand on est salarié. Une chose normale, un droit, les soins gratuits ou presque. Et pourtant. Telle que nous la connaissons, elle n’existe que depuis 1945. Combien de gens, n’ayant pas cette fameuse sécu ne pouvaient se soigner ? Combien de gens aujourd’hui encore, n’ont pas accès aux soins ?

Un roman qui m’a beaucoup plu, beaucoup touché et un personnage que je ne suis pas près d’oublier.

*****

Un extrait : « Elle a garé sa voiture en lisière du bois. Elle a marché sous la pluie vers la façade griffée de branches, ne s’attendant à rien, je veux dire : à aucune image familière, à nulles retrouvailles.
C’est un saccage. Murs aux peintures dégradées du jaune pisse au noir. Béances noires des fenêtres et des portes. Parois défoncées criblées d’impacts. Couloirs jonchés de gravats, de cailloux, d’éclats de verre. Portes arrachées gonflées d’eau, tuyaux tordus, poutres affaissées. Mathilde Blanc parcourt la longueur du bâtiment, deux cent pas somnambules, elle les compte pour marcher droit, entre les canettes et les bouteilles aux tintements de mâts. (…) A un moment elle aperçoit l’escalier enroulé dans la tour. Elle avance, se place sous la spirale sans fin des rampes. Alors surgit de l’enfance la résille de verre qui habillait la tour, son éclat blanc à te fermer les yeux. C’est le premier mirage. Ils naissent un à un de fragments épars qui ouvrent le champ de la mémoire : un carrelage en damier – son père, sa mère, l’Amicale des malades vendent sur une table des bibelots faits main pour nourrir leurs gosses ; »

*****

Un article intéressant sur le paquebot, c’est à dire le sanatorium d’aincourt (avec photos)

De Valentine Goby, présenté sur ce blog : Kinderzimmer

Les gars de la rue Paul – Classique jeunesse

garsUn classique de la littérature jeunesse hongroise
A partir de 11 ans

Les gars de la rue Paul

François (Ferenc) Molnar

éd. Stock (1989 / vo 1906)

*****

Dans cette ville, il y avait deux bandes rivales. La bande de Boka, les gars de la rue Paul et celle de Feri Ats et des frères Pasztor, ceux du jardin des plantes.

Les gars de la rue Paul avaient un trésor : un terrain vague, coincé entre deux immeubles. Avec, à l’arrière de ce territoire, un autre terrain loué par une scierie, plein de tas de bûches formant un labyrinthe. Pour des collégiens, c’était une véritable aire de jeux. Un endroit où jouer aux Peaux-Rouges, avec de belles forteresses en haut des piles de bois.

Chaque bande avait donc son quartier général. Mais ce jour-là, Nemecsek, le seul à être simple soldat dans la bande, vit quelque chose d’affreux. Feri Ats était entré sur leur terrain et avait volé leur drapeau ! Était-ce une déclaration de guerre ? La résistance s’organisa pour défendre le terrain…

*****

En lisant cette histoire de guerre entre deux bandes rivales, j’ai immédiatement pensé à un autre roman lu il y a bien longtemps “La guerre des boutons” (pdf). Mais ce livre-ci, du moins si ma mémoire est bonne, m’a paru beaucoup plus grave, beaucoup plus dur…

Toute l’histoire tourne autour de ce terrain et de ces deux bandes rivales, avec pour principaux personnages Boka, le plus vieux, le chef des gars de la rue Paul et Nemecsek, le plus jeune et le plus exalté.

Une belle histoire dont la fin m’a tiré quelques larmes…

Merci Agnès de me l’avoir conseillé !

*****

Un roman qui participe à plusieurs challenges

Le tour du Monde en 80 livres (Hongrie) proposé par Bidib

monde

Et il était dans ma PAL depuis longtemps !

Il participe donc à l’Objectif PAL chez Antigone (1)

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

L’amour ? Plutôt crever ! Roman JA

creverRoman à partir de 15/16 ans

L’amour ? Plutôt crever !

Sabine Schoder

Traduit de l’allemand par Hélène Boisson

Coll. Encrage

La Joie de Lire (2020)

*****

Résumé éditeur : Viktoria, lycéenne en perdition, vit seule avec un père alcoolique et violent. Le soir de son dix-septième anniversaire, Viki se laisse entraîner à un concert de rock à l’issue duquel, elle se réveille dans le lit d’un inconnu. Jay, le chanteur du groupe, est un lycéen un peu plus âgé qu’elle méprise depuis des années. Beau garçon, frimeur, il collectionne les conquêtes d’un soir. Sans aucun souvenir de la nuit qui vient de s’écouler, elle doit d’abord faire face à cette situation à risque, puis affronter les ragots et l’humiliation à son retour au lycée.

*****

Viktoria est un personnage attachant et complexe. Abandonnée par sa mère, maltraitée par son père, elle préfèrerait crever plutôt que de s’abandonner à des sentiments qui risqueraient de la blesser une fois de plus. Alors sa première réaction, lorsqu’elle se sent attirée par Jay, est de fuir.

J’ai aimé tous les personnages (bon sauf le père de Viki, vraiment imbuvable, si je puis dire). Ils ont tous des fêlures, des problèmes qui les rendent humains. J’ai adoré la copine de Viktoria, Mel, qui est toujours là et toujours positive.

C’est une histoire d’amour compliquée, mais une histoire d’amour tout de même. J’ai bien aimé l’écriture de Sabine Schoder, son humour et la façon dont elle a tourné cette histoire. Impossible d’en dire plus sans dévoiler la fin, ce qui serait dommage. Mais c’est un roman qui m’a fait verser quelques larmes !!

C’est un livre qui parle d’amour, mais aussi de sexe et de drogue (et de rock aussi, oui !) donc plutôt réservé à un public de lycéens.

*****

D’autres romans avec des histoires d’amour compliqués ou des familles monoparentales : Nos étoiles contrairesUn peu plus près des étoiles

Un roman qui fait parti de la collection Encrage

Et qui participe au Challenge d’Antigone Objectif Pal

Le Chenal – Une BD étonnante

chenalBD Ado/Adulte

Le Chenal

Thierry Boulanger

Couleurs : Olivier Romac

Kotoji éditions (2017)

*****

Ce roman graphique est un long monologue dans lequel l’auteur s’adresse au lecteur. Il lui raconte ses souvenirs d’enfance liés à ce chenal de Brouage près duquel habitait ses grands-parents, en Charente Maritime. C’est visiblement un amoureux de la mer, de la nature et des oiseaux. Il nous parle aussi des bateaux et des gens qu’il a connu. Des changements que les années ont apporté.

*****

En voyant la couverture avec ses monstres préhistoriques, je me suis dit que ça devait faire peur, être un peu fantastique et que ça serait très bien pour le challenge Halloween. Pour ça c’est raté, rien à voir !!

Je ne veux pas vous dévoiler la fin de cette histoire. Tout au long de l’album, je me suis demandée ce que ces monstres faisaient là. Il y a bien une raison et l’auteur nous la donne dans un texte à la toute fin du livre. J’ai bien conscience que mon résumé n’est pas à la hauteur… Mais c’est une BD par laquelle il faut se laisser porter, comme on se laisser porter par le courant.

C’est une BD un peu nostalgique, mélancolique… Une BD réservée aux gens qui ont le temps de s’assoir tranquillement pour écouter une histoire. A ceux qui ont le temps de regarder la mer monter dans un chenal.

J’ai beaucoup aimé les très belles illustrations plutôt réalistes de ce roman graphique (120 pages). Et l’objet en lui-même aussi, pour sa couverture solide et la belle qualité du papier (il est très épais, 170 gr), ce n’est pas si courant et c’est bien agréable à feuilleter…

Une belle découverte que je vous recommande !

*

https://www.labandedu9.fr/images/projet/32/large/chenal_34.1_-_copie_.jpg

*****

Le site de l’éditeur

Un projet financé par La bande du 9 (en bas de page de nombreuses illustrations !)

Cette semaine, nous sommes chez Moka