Moi et la mer de Weddell d’Arnaud Tiercelin

Roman pour adolescents

Moi et la mer de Weddell

d’Arnaud Tiercelin

Rouergue, janvier 2012
DoAdo, 112 pages
9782812603044, 12,40€

Thèmes : Mer, Antarctique, Adolescence, Relation entre frères, amour, amitié
Marius sort avec Daphné, la plus belle fille du collège. Il est entouré de Malek et d’Arthur, ses amis indéboulonnables. Son grand frère est une future rock star interplanétaire. Ses parents sont normalement ennuyeux. Son grand-père est presque un héros de la dernière guerre. Il a même Vanille, son vieux teckel aux dents pourries. Tout va pour le mieux.
Mais pourquoi étouffe-t-il ?

Ce roman nous entraine dans le quotidien d’un adolescent, Marius, qui rêve de voir la mer de Weddell (Antarctique). Cette volonté le coupe du monde réel peu à peu car il n’apprécie rien tant que son rêve.

Un récit torturé mais surtout une belle tranche de vie d’un adolescent finalement bien normal, avec ses proches et leurs défauts. Sa mère en colère depuis qu’elle a arrêté de fumer, son père qui se fait materner, son frère qui abandonne la guitare pour des études prestigieuses, son grand-père qui radote, ses amis, sa petite amie… Une fresque qu’il décrit sous nos yeux avec son regard amer.

Ses rapports avec sa petite amie Daphné et son grand frère rythme ce roman qui repose sur les interractions entre les personnages bien que Marius se sente souvent seul.

“Mon frère s’est tiré à Bordeaux pour réaliser son grand rêve. Entrer dans une école de management et tenter de devenir un crack de la bourse. Son ancien grand rêve consistait à révolutionner le rock en jouant de la guitare avec la langue. Un jour, on ne sait pourquoi, ce rêve a disparu. J’imagine qu’il a eu peur de s’écorcher les dents avec les cordes. Ou alors un de ses potes lui a parlé de Jimmy Hendrix. Il a donc choisi la seconde option : moins facile pour draguer les filles, je sais, mais tellement plus convaincant pour louer une baraque sur la Côte d’Azur.”

Son frère parti à Bordeaux est le déclencheur de toute sa rébellion semble-t-il, une excuse qu’il prend pour être un gentil rebelle… C’est un peu du déjà vu mais Marius a un petit quelque chose en plus, dans sa façon de voir la vie et les autres…

L’auteur utilise une écriture qui joue avec les mots, en nous offrant une vision très précise du narrateur Marius. Selon son étant d’esprit il peut se répéter à coup de phrases courtes cherchant mille façons de nous montrer son désarroi ou bien nous faire rêver avec poésie.

Cette quête initiatique permet de tirer de belles leçons et une certaine philosophie de la vie. Un très beau roman, assez contemplatif finalement, peut être pas du goût de tous les adolescents, mais touchant.

 + +Challenge YA#2 30/60 !

+ Les avis d’Hélène et Fantasia et celui de Théo, fasciné

+ Pour découvrir la Mer de Weddell, je vous conseille cette bande annonce du livre, par l’auteur :


Moi et la Mer de Weddell – Arnaud Tiercelin par arnaudtiercelin

Des impatientes de Sylvain Pattieu {RL 2012}

Rentrée Littéraire 2012 – Roman adulte

Des impatientes

de Sylvain Pattieu

Le Rouergue, 22 aout 2012
La brune
9782812603884, 19,50€

 

Les “impatientes”, ce sont elles deux, Alima Sissoko et Bintou Masinka, lycéennes de Seine-Saint-Denis, africaines par leur origine. Même couleur de peau mais si différentes dans leurs aspirations. L’une élève de première S, qui mise tout sur l’école, et rêve d’intégrer la préparation pour le concours Sciences Po. L’autre, grande gueule et formes exubérantes, abonnée aux sanctions et aux soirées en boîtes de nuit.

“Fleurs de banlieue”, les appellent leur jeune professeur d’histoire, Kévin Roullier, qui n’a pas peur du cliché, lui-même archétype de ces jeunes profs venus de région pour un premier poste en ZEP, abonné à meetic pour lutter contre la solitude… Mais comment se jouer des clichés sur ces banlieues qui alimentent tous les fantasmes pour mieux les dépasser ? C’est le pari de Sylvain Pattieu, dans son premier roman, en s’enfonçant dans le concret du quotidien de ses personnages.

J’ai été attirée par ce roman car il se déroule dans un lycée, du moins au début. Deux grandes adolescentes que tout oppose sont les héroïnes de ce roman, nos impatientes. 

D’entrée la voix de l’auteur se fait multiple, selon les narrateurs. Quatre voix ressortent principalement. Celle du narrateur extérieur, que je rapproche de celle de l’auteur et qui nous décrit le milieu avec de nombreuses accumulations. Etrangement c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé dans ce roman, cette voix qui nous parle d’un établissement scolaire, des jeunes qui le fréquentent, de la banlieue parisienne… A cette voix s’ajoute celles qui font le récit. Alima Sissoko et Bintou Masinka principalement, par leur narration alternée nous font découvrir leur vie, leurs blessures… chacune à leur manière. Il y a le ton posé d’Alima, bonne élève, pleine de projet, et celui secoué de Bintou. C’est malheureusement là que j’ai trouvé que l’auteur en faisait trop, dans le ton de cette fille pleine de rage. Sylvain Pattieu s’est senti obligé d’écrire comme parle beaucoup d’adolescents, et transposé à l’écrit c’est à la fois dérangeant à lire et parfois difficile à comprendre. On peut argué que je ne suis pas de ces quartiers d’immigrés dont il parle, mais deux questions se posent alors : à qui s’adresse ce livre ? et pourquoi mon homme qui connait bien ces quartiers à éclater de rire quand je lui ai lu un passage ? J’avoue cependant que c’est quelque chose auquel je suis sensible dans les romans et je n’apprécie guère ce passage du vulgaire à l’écrit… d’autres apprécieront peut être comme une marque d’authenticité… La dernière voix est en fait double, celle de deux hommes, spectateurs de ce qui se joue entre ces deux impatientes, un peu responsable aussi, qui se cache derrière leur passé et leur peur pour s’excuser. Sans compter aussi sur tous les ajouts, les carnets scolaires, les rêves, comme autant d’indice et de témoins.

L’histoire est très bien menée et prenante dans la première partie du roman. Nous avons un point de départ, une situation finale rapidement exposé, et tout le reste nous sert à imaginer d’abord, puis à combler les manques de l’histoire. C’est habile car cela donne vraiment envie d’avancer, de découvrir ce qui a bien pu renverser ainsi la situation…
La deuxième partie m’a beaucoup moins touché, sans doute aussi parce qu’elle quitte le milieu scolaire pour celui du travail (hôtesse de caisse). Les personnages m’ont semblé plus lointain, moins tangible… et moins intéressant malgré leur quête.

Un roman en demi teinte selon moi avec des passages qui m’ont beaucoup plu et d’autres qui me donnaient envie de refermer le livre.

+ Un premier roman

+ Des avis plus positifs sur Babelio

+ 3/7 Challenge Rentrée Littéraire 2012

+ Concernant les partenariats ils ne commenceront que la semaine prochaine, le temps de mettre en place quelques petites choses encore…

LC Je préfère qu’ils me croient mort

Je préfère qu’ils me croient mort

d’Ahmed Kalouaz

roman pour adolescent

Le Rouergue, février 2011
DoAdo Monde
9782812601958, 9,70€

Thèmes : Afrique, Foot, Club, Adolescence, Pauvreté, SDF

Chaque année, des centaines d’adolescents quittent l’Afrique pour l’Europe, avec l’espoir de devenir footballeurs professionnels.
Ils tombent parfois entre les mains de recruteurs véreux, qui leur font miroiter les grands clubs, l’Inter Milan, Chelsea, Marseille… avant de les abandonner. Voici, raconté par Ahmed Kalouaz, le destin bouleversant de l’un d’entre eux, Kounandi, qui s’envole un matin d’avril de Bamako pour Paris, des rêves de gloire plein la tète…

Le parcours terrible d’un jeune malien en France.
Quand un recruteur propose de faire de lui un champion de football, tout le monde au village se cotise pour aider sa famille à payer les 2000€ qu’il demande pour le trajet. Arrivé à Paris Kounandi déchante rapidement, pourtant il continue d’y croire et parcoure la France pour trouver un club.

Une histoire sans faux semblants, avec des personnages ignobles et d’autres avec le coeur sur la main ou qui aide, au moins pour quelques jours. Difficile de savoir à l’avance si l’on peut faire confiance à quelqu’un encore plus quand on est déraciné et qu’on doit dormir dans la rue pour s’en sortir.

Une histoire poignante mais racontée sans chercher à nous faire pleurer. Juste un destin parmi tant d’autres, un fléau bien réel et une honte… je préfère qu’ils me croient mort.

Un univers masculin, du foot, mais un livre pour tous les adolescents,
accompagnés de chiffres documentaires terribles.

 

Une lecture croisée autour du Foot avec Liyah,
qui nous présente elle des livres de premières lectures.

 

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

RDL Ces livres dont je n’ai pas parlé #2

Une deuxième Ronde des livres pour vous parler encore et encore de romans lus mais dont je n’ai pas pris le temps de vous parler sur le moment… Pour cette deuxième édition Somaja se joint à moi, vous êtes tous les bienvenues, il suffit de me le signaler.

Au galop sur les vagues d’Ahmed Kalouaz

Julie emmènage en Bretagne, avec ses parents. Son voisin, un retraité sympathique lui permet de monter Bilto, son cheval. Quand ce vieil homme se casse la jambe, Julie décide de s’occuper de Bilto.
Une belle histoire de vie, qui plaira aux fans de chevaux. Malgré quelques rebondissements et de beaux paysages, j’ai trouvé l’ensemble un peu facile au premier regard, avec des situations invraisemblables… Pourtant c’est un roman qui aborde beaucoup de choses, de la relation enfant / personne âgée à la maltraitance des animaux, et c’est une belle façon de faire.

Un petit roman pour adolescente plutôt, avec une belle place laissée aux chevaux.

Kalouaz, Ahmed – Au galop sur les vagues.- Le Rouergue (DacODac), avril 2010. 9782812601194, 8,50€

 

Eugénia et la bouche de la vérité (tome1) d’Emmanuelle Caron

Malgré une couverture qui ne me plait pas du tout, j’ai été lu ce roman, et j’en ressort avec un sentiment assez mitigée. Il y a beaucoup de bonnes choses, ce mélange de Science Fiction et de mythologie, des personnages très variés, et une histoire qui se tient… Pourtant j’ai trouvé l’ensemble trop vite traité, avec un manque de descriptions, de temps pour poser l’histoire et les personnages, on passe d’une chose à l’autre, dans un monde mi-réel mi-onirique qui m’a un peu perdu… Même le personnage principal n’est pas attachant… C’est dommage car il y a de réellement bonnes idées, mais cela ne m’a pas suffit à apprécier cette histoire, qui est en plus un tome 1. Le tome 2 le crépuscule des fées sort fin octobre, et la couverture est déjà tellement plus belle que j’hésite à le lire…

Caron, Emmanuelle – Eugénia et la bouche de la vérité.- Ecole des Loisirs, 2011, 9,50€

 

Marike et la forêt hantée de Peter Van Gestel

Un roman qui se déroule au Moyen Age ! Marike est une petite fille qui a été élevée dans la forêt. Alors qu’elle en sort pour la première fois elle nous permet de découvrir avec ses yeux naïfs une ville du Moyen Age, ses habitants et les thématiques avoisinantes comme la peste noire, le diable…  La galerie de personnages haute en couleur est intéressante, bien décrite et l’on a envie d’aider Marike dans ses quêtes.

J’ai particulièrement apprécié l’importance qu’elle accorde à l’odeur des choses, une belle description qui change un peu, pour un roman simple et qui pourtant n’attire pas forcément les élèves… (la couverture est en partie responsable, même si personnellement je l’aime bien!)

Van Gestel, Peter – Marike et la forêt hantée. Gallimard (Folio junior), 2011, 6,70€

 

Somaja nous présente :

+ Et comme Au galop sur les vagues est court (les autres ne sont pas très long d’ailleurs), je me joins à George pour Un jeudi Un livre.

+ 3 de plus dans le Challenge de Mélo Audrey et Hélène : Littérature jeunesse


Prochain rendez vous le 20 octobre, dans deux semaines!