Le bonheur de A à Z : Une héroïne à part nous présente sa vie

Le le bonheur de A à Zbonheur de A à Z : un roman à l’héroïne très particulière

Roman pour adolescents

Le bonheur de A à Z

de Barry Jonsberg

Flammarion, 2015
Collection Tribal
9782081308640 – 12.50€

Candice Phee a 12 ans et elle adore sa prof de français. Quand celle-ci leur donne comme devoir une rédaction avec 26 paragraphes commençant par les 26 lettres de l’alphabet, Candice s’y attelle sans attendre. Ces 26 lettres, de A à Z, c’est le récit que le lecteur suit au fil des chapitres. Car Candice Phee est bavarde et elle a beaucoup de choses à révéler. Le bonheur, Candice en est loin au début de ce roman, mais ses émotions laissées libres dans ces écrits vont la pousser à aller de l’avant.

Il faut dire que Candice est un peu à part. Ses camarades l’appelle Gogolita, et elle n’aime rien comme les adolescents de son âge. Ni les ordinateurs, ni la télévision, ni la musique. Dans son monde, du haut de ses 12 ans, elle cherche à tout comprendre. Pourquoi on donne des surnoms, ce qui reste de sa soeur Sky dans sa tombe, ou pourquoi oncle Brian et son père ne se parle plus. Alors, au fur et à mesure de son récit, Candice prend conscience que tout le monde autour d’elle est triste, et elle décide d’y remédier. Bien que ce ne soit jamais dit, qu’aucun mot ne soit posé sur ce qui sépare Candice de ses camarades, sa façon de voir le monde et d’interagir avec lui peut faire penser à de l’autisme, mais pas complètement non plus.

L’idée d’un devoir de français, de A à Z, permet de structure le récit en permettant à l’auteur des divagations régulières. Pourtant, ce n’est pas vraiment le récit d’une élève qui est proposé ici, car des dialogues et des lettres y sont incorporées peu à peu. Les lettres de façon expliquées, les dialogues moins. Le ton donné par Candice est lui, par contre, tout à fait convainquant. Cette jeune fille naïve porte un regard différent sur le monde, et cela permet de le découvrir autrement.

A travers son histoire, le lecteur va découvrir sa famille et les drames qui la hantent, et aussi son seul ami Douglas, lui aussi complètement à part. L’optimisme porté par ces deux adolescents est réellement touchant, et invite le lecteur à prendre les choses avec beaucoup plus d’optimisme. Candice est vraiment un personnage unique qui fait sourire par ses idées loufoques et son rapport aux autres.

Le bonheur de A à Z offre un joli regard sur le bonheur, dans un récit qui touche grâce à son héroïne et son point de vue sur le monde. 


+ Encore un roman avec une part au deuil, comme mardi avec Cet été-là, mais dans un ton radicalement différemment.

+ Challenge YA (9)

 

La reine des mots d’Armand Cabasson

La reine des mots

d’Armand Cabasson

Roman adolescent

Flammarion (Tribal), 2011
442 pages, 11€

Thèmes : Adolescence, Divorce, Lecture, Mots, Psychologue scolaire, Psychiatre,

Présentation de l’éditeur :
“Je m’appelle Jenny et, depuis quelques temps, je pars en vrille.
Avant tout allait bien et maintenant tout va mal, tout va de pire en pire, je coule ! J’ai inondé mon lycée (on va dire que c’était presque involontaire), déclenché l’alarme incendie, je sème les catastrophes partout où je passe… Évidemment, mes parents paniquent. Ils se sont mis dans la tête de m’emmener voir un psy ! Me voilà face à ce type. Mais qu’est-ce que je fous là ? Il me dit que je ne suis pas folle (mais j’espère bien !).
Il veut essayer de m’aider. Bon courage…”

Mon avis :
Jenny, c’est elle la reine de mots. Elle est brillante, aime les livres, pourtant au lycée rien ne va plus. Elle commence par l’inonder presque sans le vouloir. A partir de là c’est la descente infernale. Psychologue scolaire, psychiatre, parents. Tout le monde la surveille, essaye de l’aider, pourtant il va lui falloir du temps avant qu’elle n’arrive à surmonter le problème qu’il y a avec ses parents….

J’ai beaucoup aimé l’écriture, le fond de cette histoire. Toute la partie lecture m’a aussi vraiment séduite. Le rapport aux livres est très intéressant, et les conversations avec le psychiatre m’ont beaucoup plu aussi. Pourtant l’histoire en elle même ne m’a pas vraiment intéressée, je suis restée assez extérieure à tout cela. Certaines choses m’ont paru trop grosses je pense et je n’ai donc pas vraiment adhéré. C’est dommage parce qu’il ne manquait pas grand chose pour que ce livre soit un coup de coeur. Vous l’aurez donc compris mon avis est tout de même globalement positif!

Un livre qu’on peut facilement conseiller aux adolescentes :)

Extraits :
“Autrefois quand j’étais petite, un monstre y habitait, une créature rusée, il réussissait toujours à se cacher je nesais où quand mes parents inspectaient les étagères et il revenait aussitôt après leur départ en se riant de leur maladresse, je pense que c’était un Troll, l’un des derniers existants, il faut préciser que même s’il m’effrayait il ne m’a jamais fait mal, maintenant il est parti, cela fait des années qu’il n’est plus là, j’espère qu’il n’est pas mort, peut-être  a-t-il regagné sa forêt natale et court-il désormais la nuit dans les bois, c’est idiot mais, ce soir, je languis de lui, j’aimerais qu’il revienne, juste une fois, comme ça on pourrait discuter ensemble du bon vieux temps.”
“- Mais, ce roman, ce n’est pas vraiment de ton âge…
– Je prends de l’avance pour plus tard.
(Ca c’est ma réponse aimable. Ma véritable réponse est : On persécute déjà les jeunes avec les films d’horreur censurés, alors on ne va pas maintenant inventer les livres interdits aux moins de dix-huit ans ! Et puis l’âge qu’on a, c’est ce qu’on en fait ! Est-ce qu’on empêche les gens de soixante-dix ans de faire du rafting et du saut en parachute ? Mon âge ! Mon âge ! Mais qu’est ce qu’il a mon âge ? A mon âge, on doit se coucher tôt parce qu’il y a lycée le lendemain […] Mais qu’est-ce qu’on a le droit de faire, à mon âge à la fin ? Il faut que je me mette au crochet ou quoi ? Vivement que j’aie quatre-vingts ans, parce qu’alors c’est moi qui embêterai le monde avec son âge ! “
“Ensuite il y aura La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé, La Grossesse de Yôko Ogawa et La vie à deux de Dorothy Parker. Ce programme, ce n’est bien sûr par uniquement pour aujourd’hui, c’est pour les semaines qui viennent. J’adore transporter des livres, même ceux que je ne pourrai pas commencer avant plusieurs jours. Mes parents jurent que c’était un lapin rouge, mais, moi, je crois plutôt que mon doudou était un livre, très probablement Alice au pays des merveilles.”

Moche

Roman pour adolescents

Moche

de Rachel Hausfater-Douïeb

Flammarion, Collection Tribal

C’est l’histoire de Mirabelle, adolescente calme et sérieuse, qui a un énorme problème : elle est moche… Ce roman très court (80 pages) s’étale sur un peu plus de 2 ans. Elle commence par l’adoption d’un chat, moche lui aussi, et une rédaction de français; et se termine par la re-rédaction du devoir de français, et la rencontre d’un garçon. Entre temps Miralaide comme on la surnomme va devenir Mirabelle…

Sans céder à la facilité (pas de traitement miracle ni de magie dans les changements qui interviennent) Rachel Hausfater nous présente ici un thème ultra classique, celui de l’adolescente mal dans sa peau. L’écriture est légère, aérienne presque, les réflexions de l’adolescente ne sont, au final, jamais ni noires ni suicidaires, ce sont juste ces petits tracas de tous les jours : boutons, poids, appareil dentaire, lunettes… Les problèmes sont traités les uns après les autres, sans précipitation, avec l’aide de son entourage, parents, soeur et amie.

Extraits :
“Quand je me regarde dans la galce (rarement) j’ai envie de pleurer. Car j’ai ce qu’on appelle un physique ingrat. Ingrat et… très gras. Je suis grosse et essaie de noyer mes formes sous des habits diformes”

“Maintenant Mirabelle voit. Elle voit bien. Elle voit tout. Tous ses boutons. Et elle a envoe de fermer les yeux.”

“Des boutons, on peut les faire disparaitre. Mais un nez? Impossible! Et surtout pas le nez de Mirabelle… Tant qu’il vivotait dans l’ombre de ses lunettes, il paraissait minimisé […] Il trône maintenant fièrement au beau milieu de son visage, arrogant,  ominateur, omniprésent, et on ne voit plus que lui. Il est trop grand, il est bossu, elle est foutue!”

J’ai pour ma part trouvé l’histoire un petit peu trop simple et classique, mais je pense que c’est là que se trouve toute la force de ce livre, qui ne se sent pas obligé de baratiner sur des sentiments adolescents que n’ont quand même pas la majorité des adolescents (bien qu’on puisse parfois se le demander à la lecture de beaucoup de romans ado).

En tout cas ce livre a séduit les élèves de 6ème (filles) à qui j’en ai fait la lecture. Je l’avais choisi exprès parce que l’une d’elles vient juste d’avoir un appareil dentaire et ne l’aime pas beaucoup… J’ai fait mouche, et j’ai même réussi à la faire sourire, dévoilant enfin toutes ses dents barbelées, que je n’avais plus vu depuis quelques semaines…

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