Les deux vies de Pénélope – BD ♥

viesBande dessinée

Ado/Adulte

Les deux vies de Pénélope

Judith Vanistendael

Le Lombard (2019)

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Pénélope est une femme mariée et la mère d’une jeune fille de treize ans. Mais elle est aussi une chirurgienne, un médecin qui travaille pour une organisation humanitaire. Après un séjour à Alep au cours duquel elle a perdu un patient, un enfant gravement blessé dans un bombardement, elle rentre chez elle. Mais “quelque chose” pour ne pas dire “quelqu’un” l’a suivie. Et elle a un peu de mal à retrouver une vie “normale”… Deux vies très différentes à gérer, deux vies que Pénélope aime, même si ça devient de plus en plus dur.

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Une bd qui parle de sujets d’actualité. Le rôle de la femme, de la mère dans la société. Les choix qu’elle peut faire. Pénélope a un métier qu’elle aime et qui est très important pour elle (pour ceux qu’elle soigne aussi d’ailleurs). Ici les rôles “classiques” sont inversés. C’est le père qui est à la maison, qui s’occupe de leur fille au quotidien et la mère qui est au loin. Et pourquoi pas ?

Être une mère/être une femme ne devrait pas empêcher d’exercer le métier que l’on aime… Pourtant on sent bien que c’est difficile pour elle comme pour son mari et sa fille. En plus, vivre une partie de l’année dans un pays en guerre, rend le quotidien d’un pays en paix tellement futile !

Un roman graphique qui m’a beaucoup plu, tant pour son histoire originale et malheureusement toujours d’actualité que pour les illustrations. L’aquarelle adoucit les passages difficiles du début. Une bd féministe ? Oui mais pas seulement. Une histoire tout simplement humaine. On sent la réflexion sincère.

A lire, sans hésiter !   ♥ ♥ ♥

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Feuilleter les 30 premières pages sur le site de l’éditeur

Les avis de : Chez Madame, Mes pages versicolores, Les lectures de Mylène

Cette semaine nous sommes Au milieu des livres chez Moka

Et cette bd participe également au Challenge Lire 1% de la Rentrée Littéraire

Le Chant des revenants – Prix Lectrices ELLE (23)

revenants

Un roman au charme envoûtant

Le Chant des revenants ♥

Jesmyn Ward

Belfond (2019)

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Présentation de l’éditeur : Jojo n’a que treize ans mais c’est déjà l’homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s’occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla.
De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n’ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Michael, Jojo le connaît peu, d’autant qu’il purge une peine au pénitencier d’État.
Et puis il y a Leonie, sa mère, qui vient d’apprendre que Michael va sortir de prison et qui décide d’embarquer les enfants en voiture pour un voyage plein de dangers, de fantômes mais aussi de promesses…

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Que dire ? Que dire de ce magnifique roman pour vous convaincre de le lire ?

De vous laisser porter, emporter par cette histoire magique et tragique ? Belle et terriblement triste à la fois ?

Les personnages :

Ils sont tous tellement présents, tellement “réels“… Le grand-père, Papy, qui a vécu des choses abominables, pense à des revenants et qui ne revit que grâce à l’amour de sa femme et de celui qu’il donne à ses petits enfants, Jojo et Kayla.

La grand-mère, malade, qui essaie de laisser des provisions d’amour à sa fille et à son petit-fils avant de s’en aller. La mère, Leonie, perdue dans son amour pour Michael et incapable de s’occuper de ses enfants. Jojo, qui veille sur sa petite sœur Kayla, qui la porte tout au long du livre, comme il porte toute l’histoire.

A tour de rôle, Jojo, Leonie et Richie nous racontent leur histoire. Ils racontent les hommes, bons ou méchants, la chaleur et la moiteur du sud, le racisme, la bêtise, les croyances…

Une histoire qui, de toute façon, ne pourra pas vous laisser indifférent !

Un gigantesque coup de cœur pour ce roman envoûtant

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Extrait (p.29) :

“Richie, il s’appelait. Son vrai nom c’était Richard et il avait tout juste 12 ans. Il avait pris trois ans pour avoir volé de quoi manger : de la viande séchée. Ils étaient un paquet à être là pour avoir volé à manger parce que tout le monde était pauvre et crevait de faim, et même si les blancs pouvaient pas nous faire bosser à l’œil ils se débrouillaient pour qu’on ait ni contrat ni salaire.

Richie, c’est le garçon le plus jeune que j’ai vu à Parchman. Y’avait bien deux mille hommes répartis dans plusieurs fermes pénitentiaires sur je sais pas combien d’hectares. Pas loin de trente mille, je dirais. Parchman, c’est un endroit qui fait semblant de pas être une prison, quand t’arrives tu te dis que ça va pas être l’horreur, parce qu’il y a pas de murs. A l’époque, c’était juste une quinzaine de camps fermés par des barbelés. Pas de briques, pas de pierres. Nous, les détenus, on nous appelait les bandits et on bossait sous les ordres des tireurs, des détenus comme nous sauf que le directeur leur avait filé des armes pour qu’ils nous surveillent.”

ELLE

23ème lecture / 28 (+1)

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Un roman qui avait toute sa place au Challenge African American History Month chez Enna – Mais que j’ai lu trop tard !

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Maman – Album à lire et à offrir !

Maman

Un superbe album à offrir à toutes les mamans, les nouvelles comme les autres !
Album dès 3/4 ans

Maman

Hélène Delforge

Quentin Gréban

Mijade (2018)

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Maman n’est pas une histoire, mais un recueil de textes plus ou moins longs, plein d’amour, de poésie et de tendresse, très joliment illustré par Quentin Gréban.

Les mamans sont tour à tour impatientes, émerveillées, nostalgiques, protectrices, inquiètes ou encore guérisseuses… Mais toutes emplies d’amour pour leur nouveau-né, leur tout-petit, leur enfant grandissant.

Des mamans qui sont aussi des femmes, même si elles l’oublient un peu parfois (mais les papas n’oublient pas, eux !). Il y a là toutes sortes de mamans. Des mamans de l’ancien temps à qui on enlevait leurs enfants… Des mamans d’aujourd’hui, qui vivent autrement, dans d’autres pays. Il y a des “grand” mamans aussi.

Chaque maman se retrouvera, je crois, dans une de ces pages, sans doute dans plusieurs. Voici le premier de ces textes :

Il y aura ton premier pas,

Ton premier livre,

Ton premier dessinMaman

Il y aura ta première brasse,

Ta première chanson,

Ta première bougie.

Il y aura ton premier film,

Ton premier “Maman”,

Ton premier “je t’aime”.

Il y aura ta première blague,

Ta première cuillère de miel,

Ta première pâquerette.

Bon.

Tu te réveilles ?

On a un sacré programme !

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Un album à feuilleter, avec ou sans son enfant. Un album pour se rappeler, pour prendre le temps, pour s’émerveiller, pour se faire plaisir !

Un recueil qui m’a beaucoup plu, tant pour la beauté, la poésie et l’amour qui se dégage de chacun des textes d’Hélène Delforge, que pour les magnifiques illustrations de Quentin Gréban.

Je n’ai malheureusement pas trouvé mention d’autres livres d’Hélène Delforge (Mais si !! Il y a le très beau “Amoureux” toujours illustré par Quentin Gréban).

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De cet illustrateur, nous vous avions déjà présenté : Zéphir

Son site par ici

N’hésite pas à aller voir sa page Fb : on peut le voir dessiner/peindre.

challenge albums 2018

Un album qui participe au challenge album 2018

Amours – Roman adulte

Amours Amours

Léonor de Récondo
Sabine Wespieser (2015)
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L’histoire : 1908, quelque part dans le Cher. Victoire est mariée depuis 5 ans à Anselme, notaire de son état. Un mariage arrangé par la famille, mais dans lequel personne ne trouve son compte. Le mari doit aller “soulager ses bas instincts” auprès de la bonne, car sa femme n’apprécie guère ce qu’elle qualifie “d’enchevêtrement immonde”… Ceci, bien évidemment, ne favorise pas l’arrivée d’un descendant, au grand dam de la belle-mère, qui demande même si “tout fonctionne bien”.

Mais cette machine malgré tout bien huilée va déraper : Céleste, la jeune bonne, tombe enceinte et c’est le début d’une toute autre histoire.

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Pourquoi “Amours” au pluriel ? Mais parce qu’il y a toutes sortes d’amours dans ce roman : L’amour d’une mère pour son enfant, l’amour d’une femme pour l’enfant qu’elle adopte, l’amour d’une femme pour son mari, l’amour qui relit deux femmes, l’amour d’un homme pour sa mère…

Une histoire étonnante et belle, à laquelle on ne s’attend guère dans ce contexte (maison bourgeoise) et à cette époque (1908). Un roman qui m’a beaucoup plu et que je vous recommande chaudement ! Une histoire pleine d’amour(s) et de sensualité.

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Amours

Un extrait : Une fois, elle a tenté d’en parler à Huguette dans l’escalier de service. Toute tremblante, elle a bredouillé :  “C’est monsieur de Boisvaillant…” Ses genoux ont commencé à claquer. Huguette a tout de suite compris. Elle lui a dit de se taire, répétant plusieurs fois : “Tais-toi, et ne t’avise pas d’en parler à madame !” Elle a regardé en silence les genoux qui s’entrechoquaient. Puis elle lui a tourné le dos en ajoutant : “Garde la tête haute, c’est tout ce que nous pouvons faire, nous autres ! Garder la tête haute pour faire croire qu’on n’a pas honte.” Céleste a relevé la tête, serré les dents et raidi ses jambes pour que ses genoux arrêtent de claquer si bêtement. Elle a réussi à articuler : “Bien Huguette.”

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C’est le premier roman de cette auteure que je lis, mais j’en lirai d’autres, j’ai beaucoup aimé sa plume, fluide, légère et réaliste à la fois.

Il a reçu le Grand Prix RTL -LIRE ainsi que le Prix des Libraires en 2015

Léonor De Récondo est violoniste avant d’être romancière, sa biographie sur France Culture