Relire Hopper
Anthologie présentée par Alain Cueff
Éd. de la Réunion des Musées Nationaux (2012)
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7 auteurs pour 7 nouvelles
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J’aime Edward Hopper et la couverture de ce recueil de nouvelles, avec ce morceau de tableau, ne pouvait que m’attirer. Merci à Blandine d’y avoir pensé !
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Ce que j’aime dans les tableaux d’Edward Hopper, c’est l’ambiance. Elle n’est pas toujours très gai, je ressens souvent la solitude, la déprime parfois, des gens qui peuplent ses peintures… Ce sont des instantanés de la vie courante, figés dans le temps, et pourtant j’adorerais aller me promener dans ses tableaux ! J’ai envie de savoir qui sont les personnages, ce qu’ils font, où ils vont… Et je n’ai pas cette “empathie” ou cette curiosité avec tous les tableaux ou tous les peintres.
J’ai dû mal à expliquer pourquoi ça me plait autant. Les couleurs ? Le style ? Non, je crois vraiment que c’est “l’atmosphère” qui se dégage de ses tableaux et sans doute aussi la solitude qu’on perçoit chez les personnages.
Et dans les nouvelles de ce recueil, on retrouve un peu cette même ambiance.
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1) La plus belle chose au monde – Norman Mailer
Un vagabond sans le sou se fait piéger par des joueurs de billard pas très honnêtes.
La “morale” de l’histoire pourrait être : “Il en faut parfois peu pour être heureux…”
2) L’homme soucieux – Grace Paley
Un homme marié s’intéresse d’un peu trop près à sa voisine…
Où comment passer près de la mort peut changer radicalement votre vision de la vie ! J’ai moyennement apprécié cette nouvelle dont le style ne m’a pas convaincue.
3) Le rien qui n’est pas là – Leonard Michaels
Ce n’est pas vraiment une nouvelle. Plutôt un essai sur l’œuvre de Hopper en se basant sur un tableau que l’auteur, de son propre aveu, apprécie beaucoup : New York movie.
J’avoue que je manque cruellement de références pour apprécier ce que dit Mr Leonard Michaels. Il y a toutefois deux choses avec lesquelles je suis d’accord avec lui, pour les avoir moi-même ressenties : ce sentiment de solitude, souvent présent, et la facilité avec laquelle on peut se faire tout un film, s’inventer toute une histoire à partir d’un tableau de Hopper.
4) J’ai créé mon néant – Paul Auster
L’errance d’un jeune homme qui trouve refuge dans Central Park où il survit tant bien que mal au fil des jours et des rencontres.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une nouvelle, mais d’un extrait du roman “Moon Palace” (1989) dans lequel un jeune homme s’interroge, puis se laisse aller, persuadé que c’est son destin.
Un auteur que j’apprécie beaucoup, et un extrait qui m’a donné envie de lire le roman !
5) Crépuscule – James Salter
Nouvelle extraite d’un recueil de nouvelles “American Express” (Prix Faulkner 1989)
«C’était une femme qui avait un certain style de vie. Elle savait donner des dîners, s’occuper des chiens, entrer dans un restaurant. Elle avait sa façon de répondre aux invitations, de s’habiller, d’être elle-même. D’inestimables qualités, pourrait-on dire. C’était une femme qui avait lu, joué au golf, assisté à des mariages, qui avait de belles jambes, qui avait connu des épreuves. C’était une femme dont personne ne voulait plus.»
De cet auteur, j’ai lu “un bonheur parfait”, roman que je n’avais pas vraiment apprécié car trop peu d’émotions y passaient, les personnages étaient des personnages, c’est tout. Dans cette nouvelle, c’est pareil, on suit une femme, le temps d’une journée, mais rien ne passe, on ne ressent aucune empathie pour cette femme. Elle a 46 ans, vit seule depuis que son mari l’a quittée. Une nouvelle dans laquelle, malgré tout, on voit bien la tristesse et la solitude et qui, de ce fait a toute sa place dans ce recueil qui se réfère à certains tableaux de Hopper !
6) Cape Cod Evening – Ann Beatie
Dans cette nouvelle, une femme raconte son histoire et celle de son mari, comment ils ont récupéré le chien qui est sur le tableau et l’histoire de leur voisin, un peintre, Mr Hopper (qui donc a peint le tableau…)
On voit bien ici que l’auteur a “plongé” dans le tableau pour nous en rapporter cette histoire ! Et c’est tout à fait l’effet que me font les tableaux de Mr Hopper : j’ai toujours envie d’aller dedans, voir ce qui se passe sur le côté, derrière, d’aller discuter avec les gens… Je me fais très souvent des “films” avec ses tableaux…
7) L’ombre écarlate – Walter Mosley
Socrate, un vieil homme noir qui vit seul, attrape un gamin, Darryl, qui vient de tuer un coq. Il lui fait plumer le coq puis le cuisine et ils le mangent ensemble. Le vieil homme sent bien que quelque chose ne va pas avec le gamin, aussi il le “cuisine” un peu pour essayer de l’aider… Tout ça sous “le regard” de la femme noire du tableau…
Une drôle d’histoire, pas franchement gaie !!
Au final, ce recueil m’aura permis de découvrir de “nouveaux” auteurs et de me (re)plonger dans l’atmosphère -si particulière !- des tableaux d’Edward Hopper.
Cet ouvrage se termine avec une courte biographie de chaque auteur, ainsi qu’une bibliographie pour chacun.
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Cette lecture participe au challenge “Mai en nouvelles” proposé par le blog “Hop ! Sous la couette”.
Si vous aimez les nouvelles, je vous invite à participer à ce challenge, qui propose, en prime, un concours avec de jolis lots pour les participants.