IMPACT

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BD polar et écoterrorisme

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Olivier Norek & Frédéric Pontarolo

D’après le roman d’Olivier Norek

Michel Lafon (2025)

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2020. Nigéria. 46° et des tonnes de poussières. Le Commandant Solal a été envoyé par le Ministère des Affaires Étrangères pour récupérer une jeune française qui bosse pour Amnesty International. Et qui demande au Commandant d’emmener les villageois restant après la énième marée noire dans un bidonville. Parce qu’ils y seront mieux ! La suite nous emmène à la rencontre d’un continent de plastique. Beurk. Mais ça,  j’étais au courant. Vous l’aurez compris, cette bd parle d’écologie.

2022 : Diane Meyer, psychocriminologue, est appelé en renfort au siège de la Police Judiciaire. Elle doit faire équipe avec le Capitaine Nathan Modis dans une enquête un peu particulière… En effet, des écoterroristes ont enlevé le PDG de Total et l’ont enfermé dans une prison de verre.

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D’Olivier Norek, je crois n’avoir encore rien lu. Mais cette bd m’a donné envie de lire ses romans. Et ça tombe bien, mon conjoint a eu “les guerriers de l’hiver” à Noël – qui me tente beaucoup – et j’en ai retrouvé un autre dans ma PAL “Surtentions”.

Je ne connaissais pas non plus Frédéric Pontarolo. Et je dois bien avouer que j’ai eu un peu de mal avec son dessin au départ (comme souvent lorsqu’on sort d’un dessin un peu “classique” il me faut le temps de m’y faire !) Mais au final, j’ai bien aimé le dessin, les couleurs et la mise en page.

Alors d’abord, j’aimerai savoir si c’est moi qui suit particulièrement mal informée (et c’est bien possible !) Qui a entendu parler des ces marées noires à répétitions dans le Delta du Niger ? Plus de 4000 7000 visiblement (depuis 1958) ! Une enquête d’Amnesty International ici m’a confirmé que c’était bel et bien réel. Et ça continue si j’en crois cet article d’Africanews de décembre 2024…  2025 : Shell (enfin !) trainé en justice par les habitants du Delta (espérance de vie : 47 ans… En France, c’est 80 ans.)

Ça, se sont seulement les 8 premières pages de cette BD. Mais ce qu’elles m’ont appris m’a choquée.

Une bd qui m’apprend des trucs, me pousse à m’informer et en plus est très bien faite, je dis oui !

Vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Allons voir si Blandine a aimé autant que moi

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La BD de la semaine est chez Moka

URGENCE CLIMATIQUE

UrgenceURGENCE CLIMATIQUE

IL EST ENCORE TEMPS !

Etienne Lécroart et Ivar Ekeland

Casterman (2021)

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Éditeur : Comprendre le dérèglement climatique pour mieux comprendre et agir face à l’urgence !

Février 2020, Étienne Lécroart fait un rêve étrange et effrayant grâce auquel il prend conscience de ses craintes quant au réchauffement climatique : les générations futures sont véritablement en danger ! Il s’en ouvre à son ami Ivar Ekeland, mathématicien, économiste et philosophe qui s’intéresse de près à cette question. En faisant intervenir des spécialistes de diverses disciplines et des acteurs de terrain, ils font le point sur la situation actuelle et montrent que l’avenir reste ouvert : les moyens d’action sont là ; encore faut-il avoir le courage de s’en servir !
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Les bémols : Écrit en 2020 pendant le confinement, cet album semble maintenant presque daté. La bd s’appuie sur les rapports du GIEC de 2014, donc bien meilleurs que ceux du dernier rapport.

De plus, on y entend beaucoup parler du confinement et des espoirs sur le fameux “Monde de demain” avec lequel Mr Macron nous avait fait rêver et qui n’est jamais arrivé !! Ou plutôt si, mais ce n’est pas celui qu’on espérait. C’est encore pire : au lieu de s’occuper de sauver notre planète, l’Europe se réarme pour éviter la guerre…

En 2025, le confinement n’est plus qu’un mauvais souvenir et on n’entend plus guère parler de la covid, sauf 2 fois par an (mais pas plus que de la grippe !).

Et depuis la réélection de Mr Trump, nos préoccupations premières sont très différentes…

Le positif : Un album qui est intéressant pour les explications sur la façon dont on en est arrivé là. Ainsi que sur les possibles moyens à mettre en œuvre pour s’en sortir, même si les chiffres présentés ne sont plus d’actualité.

A la fin, une page entière de références et de liens vers des sites ressources est particulièrement intéressante.

Même si cet album est pertinent, sur le même thème, j’en préfère un autre plus récent et plus complet : HORIZONS CLIMATIQUES (2024)

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Feuilleter quelques pages (site éditeur)

Cette semaine, nous sommes dans la bibliothèque de Noukette

Champs de bataille – L’histoire enfouie du remembrement

BatailleChamps de bataille

L’histoire enfouie du remembrement

Inès Léraud

Pierre Van Hove (ill.)

Mathilda (coloriste)

La Revue Dessinée
Delcourt (2024)
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Éditeur : À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’État fait redessiner les terres agricoles dans la plupart des campagnes françaises. Accessibilité des champs par des machines, regroupement des parcelles et disparition des haies et talus. C’est le “remembrement”. L’objectif est que la paysannerie produise davantage, que le pays atteigne son auto-suffisance alimentaire et que la France devienne une puissance agricole mondiale.

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Naïvement, je pensais que c’était les paysans qui avaient décidé, au fil du temps, d’agrandir leurs parcelles. En lisant cette bande dessinée, je me suis rendue compte que c’était loin d’être le cas. Non seulement on ne leur a pas demandé leur avis, mais on a, pour certains en tous cas, totalement détruit leur vie !!

Ils étaient autonomes et indépendants. Ils produisaient suffisamment pour subvenir à leurs besoins, que ce soit avec les légumes, les animaux ou les vergers. Suite au remembrement, on les a rendu totalement dépendants… Dépendants pour l’achat des semences, des tracteurs, des pesticides… Et dépendants de la Politique Agricole Commune.

Je n’imaginais pas à quel point cette histoire avait été violente !! On a arraché des tas de haies, d’arbres (y compris des arbres fruitiers qui produisaient) On a totalement transformé le paysage et la vie des gens. Champs de bataille, le titre est bien trouvé…

Il y avait une “bonne” raison : c’était à la fin de la seconde guerre mondiale, il fallait que les paysans soient capables de “nourrir la France”. Mais la façon dont ça a été fait … C’est hallucinant et totalement ignoble.

Comme dans la bd “Algues vertes“, les illustrations sont simples et aident à faire passer le propos.

Je vous invite vraiment à lire cette enquête, c’est à la fois édifiant et terrifiant…
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Lire les premières pages (site de l’éditeur)

Après “Algues vertes“, c’est encore une fois une bd très intéressante et bien documentée que nous propose Inès Léraud.

Avec d’autres journalistes, elle a fondé le média d’investigation “Splann !” (en français et en breton)

Interview d’Inès Léraud sur les cicatrices mémorielles liées au remembrement.

Cette semaine nous sommes chez Moka, Au milieu des livres

Le voyage de Shuna – Emonogatari

Récit illustré ou emonogatariShuna

LE VOYAGE DE SHUNA

Hayao Miyazaki

Traduit du japonais par Léopold Dahan

Éditions Sarbacane (2023/vo 1983)

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“Au fond d’une ancienne vallée creusée par un glacier se trouvait un petit royaume oublié de tous. Pourquoi les gens s’étaient-ils installés dans un tel endroit ? Le vent qui soufflait depuis les montagnes chassait le peu d’air ambiant et la chaleur des rayons du soleil n’atteignait jamais la vallée.”

La vie des paysans était triste et misérable. Shuna était le fils du roi, il devait un jour hériter de la couronne. Il rencontra un jour un vieil homme qui lui raconta une histoire de graines qui pourraient éviter la faim à son peuple. Et lui il montra les graines. Mais celles-ci n’avaient pas de cosses, elles étaient mortes. Le vieillard lui dit qu’il trouverait des graines comme celles-ci, mais vivantes en allant loin vers l’Ouest.

Malgré les réticences de son père et des anciens, Shuna décida de faire le voyage pour aller chercher ces graines. Par une nuit de nouvelle lune, il sella son yakkuru et partit.

En route, il fit de drôles de rencontres et affronta de nombreux dangers.

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Attention, le sens de lecture est japonais, on commence par “la fin” par rapport à notre sens de lecture, comme pour les mangas. Mais ici, il y a peu de cases, donc ça ne m’a pas gênée !

L’histoire ressemble à un conte, un voyage initiatique pendant lequel le héros va voir d’autres horizons, rencontrer de nouvelles personnes, voir de nouvelles façons de vivre. Il va apprendre des choses, se battre contre certaines, selon ses croyances, ses valeurs.

Hayao Miyazaki a adapté un conte du Tibet “Le Prince qui fut changé en chien”. Et il l’a merveilleusement illustré à l’aquarelle. Il y a beaucoup de grandes illustrations “pleine page” et on se retrouve dans un univers “magique” à la Miyazaki… Avec un côté assez cinématographique déjà !

La postface du traducteur anglais Alex Dudok De Wit est très intéressante et permet d’en savoir plus sur l’œuvre de Miyazaki.

Une bien jolie lecture à laquelle petits et grands prendront plaisir !

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Sur le site de l’éditeur vous pourrez voir plusieurs illustrations

Cette semaine nous sommes chez Noukette