Classique de la littérature indienne
Nouvelles
Kabuliwallah
Rabindranath Tagore
Éditions Zulma (2016)
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Éditeur : Quel inépuisable envoûtement que ces vingt-deux nouvelles, avec pour théâtre le Bengale et Calcutta, ville natale de Tagore, et pour acteurs principaux des enfants de tous âges et toutes conditions qu’une grâce inespérée, un bonheur de papillon sauvent parfois du fatalisme millénaire qui les frappe.
Ainsi dans le Receveur des postes, un poète du dimanche relégué dans un village se pique d’apprendre à lire à Ratan, l’humble fillette qui le sert, jusqu’au jour où, écrasé d’ennui, il retourne à Calcutta, laissant là sa petite adoratrice qui sans doute en mourra de chagrin. Avec le Cahier d’écolier, on découvre une autre petite fille qui, à peine sait-elle écrire, devient « un véritable fléau », traçant partout ses états d’âme poétiques du genre « la pluie crépite, les feuilles palpitent » avec un bout de charbon, sur les murs, le cahier de comptes de son père, les manuscrits d’un frère aîné aux grandes ambitions romanesques jusqu’à ce qu’on lui offre un cahier d’écolier tout neuf. Ou encore Ondine, la délicieuse et dramatique histoire d’une petite fille muette qui, à peine nubile, sera vendue à un futur mari qui l’inspecte sous toutes les coutures sans même songer à entendre sa voix.
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Ces nouvelles ont été écrites entre 1891 et 1895. J’ai beaucoup aimé l’écriture de Rabindranath Tagore. Ce recueil est très bien écrit, les histoires sont finement menées et ça se lit facilement. Par contre, si vous êtes déprimé, ne vous lancez pas dans ce recueil… Ce n’est pas d’une folle gaité !
Je ne vais pas vous détailler une à une les nouvelles. Mais voici un extrait d’une nouvelle, pour vous donner une idée de l’écriture.
Raicharan avait douze ans lorsqu’il vint travailler pour la première fois dans la maison. Il était originaire du district de Jessore. C’était un garçon élancé aux grands yeux, aux cheveux longs et à la peau sombre et lustrée. Il appartenait, comme ses employeurs, à la caste des kayastha. Sa tâche consistait essentiellement à prendre soin de leur fils Anukul, un bébé d’un an.
Avec le temps, ce bébé passa des bras de Raicharan à l’école, de l’école à l’université, et enfin de l’université au tribunal régional où il occupait le poste de munsiff. Raicharan, toutefois, n’avait jamais quitté le service d’Anakul devenu grand.
Mais peu après, il y eut dans la maisonnée, outre le maître, une maîtresse, et Raicharan se vit démis, au profit de cette dernière, de la plupart des charges qu’Anakul Babu lui avait confiées jusque-là…”
Kayastha : Caste de lettrés
Munsiff : Juge subalterne
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Pativore l’a lu aussi.
Une Lecture Commune pour les deux challenges “Les étapes indiennes” chez Hilde
et “2024 sera classique aussi !” (sur ce blog)
Merci Nathalie de m’avoir linkée ! Je me rappelle très bien de ce recueil indien lu pour Le mois des nouvelles (entre autres), c’était super ce Mois des nouvelles en janvier, dommage qu’il n’existe plus. Et je me souviens très bien aussi que le genre est plutôt dramatique voire triste donc tu as raison, mais quand même très intéressant à lire. J’avais déjà lu cet auteur auparavant et, comme je me suis réinscrite au challenge Les étapes indiennes, j’espère le relire encore ! Je te souhaite un bon weekend de Pâques !
Oui, c’est très bien écrit et on apprend plein de choses sur les coutumes, mais ce n’est effectivement pas très gai… Pour les nouvelles, on peut relancer un challenge ? Tu serais partante pour co-animer ?
C’est vrai qu’il ne faut pas compter sur ce recueil pour se remonter le moral ! Certaines destinées sont tellement tristes. J’ai beaucoup aimé l’écriture aussi. A chaque fois, ça me donne envie d’en découvrir davantage. Merci pour cette LC. Je n’avais pas vu que tu avais partagé ton billet en mars aussi.
Oui, je n’avais pas tout à fait terminé, mais comme ce sont des nouvelles et que je ne les ai pas détaillées, ce n’était pas très grave ! L’écriture m’a beaucoup plu également.
Ping :2024 sera classique aussi ! ⋆ Délivrer Des Livres