Uglies de Scott Westerfeld

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Roman de science fiction (adolescent)

Uglies

 de Scott Westerfeld

traduit par Guillaume Fournier

Pocket Jeunesse, mai 2007
978-2-266-15924-1, 13,50€
432 pages

Thèmes : Adolescence, Beauté, Science Fiction (anticipation, dystopie), Ecologie

Présentation de l’éditeur : 

Tally aura bientôt 16 ans.
Comme toutes les filles de son âge, elle s’apprête à subir l’opération chirurgicale de passage pour quitter le monde des Uglies et intégrer la caste des Pretties. Dans ce futur paradis promis par les Autorités, Tally n’aura plus qu’une préoccupation, s’amuser… Mais la veille de son anniversaire, Tally se fait une nouvelle amie qui l’entraîne dans le monde des rebelles. Là-bas, elle découvre que la beauté parfaite et le bonheur absolu cachent plus qu’un secret d’État : une  manipulation.
Que va-t-elle choisir? Devenir rebelle et rester laide à vie, ou succomber à la perfection?

 

  Ce roman a remporté de nombreux prix littéraire, dont le Grand Prix de l’imaginaire

 

Avis :

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J’ai lu ce livre en 2007, à sa sortie, avec beaucoup de plaisir. Je l’avais d’ailleurs acheté pour mes collégiens, sans faire mouche. Depuis j’ai changé de collège, et je n’ai pas retenté l’expérience. Pourtant le hasard des vacances m’a fait me replonger dans ce premier tome (pour mieux apprécier la suite) et je finis sur le même sentiment qu’alors : wahou ! J’adore. Et du coup je suis tentée une fois de plus le conseiller à mes élèves !

Pourquoi j’ai aimé, c’est un peu plus dur à expliquer, puisque c’est un ensemble. J’aime ces histoires d’anticipation qui nous font réfléchir sur le maintenant et le après. J’aime les aventures d’adolescentes entre courage et inquiétude, force et résignation, amitié et amour. Et puis j’aime l’écriture de Scott Westerfeld dont j’ai lu d’autres livres. Un ensemble simple quand je l’écris, pourtant c’est la complexité de ses éléments imbriqués qui font de ce livre un véritable coup de coeur, un de ces livres que je ne me lasse pas de recommander.

Tally c’est une adolescente dans un monde complètement différent, mais qui pourtant peu renvoyer les adolescents actuels à leur propre image personnelle, à leur propre choix. Sensibilité, grand air, secret d’Etat… la vie! Quelques siècles après notre maintenant, nous sommes devenus les Rouillés, et notre mode de vie n’existe plus!

Dans ce premier tome d’une trilogie qui compte 5 livres (je vous expliquerai au fur et à mesure des tomes) Tally est face à ses choix d’avenir, seule souvent, mais pourtant très entourée. Sous forme de voyage initiatique elle va prendre conscience de ce qu’elle est, et de ce qu’elle veut. Romance passagère, décision grave, révélation terrifiante, ce premier tome met en place les personnages de façon splendide, et nous permet de nous attacher peu à peu à chacun d’eux. L’histoire à la fin de ce tome reste en suspend… difficile donc de s’arrêter là.

Un film “Uglies” est prévu en 2011 au USA… je reste sceptique mais enthousiaste !

  Extraits :

” La nature n’avait pas besoin d’une opération pour être belle. Elle l’était, tout simplement !”

 “Shay la fit s’asseoir à une table, se tourna vers une étagère et en sortit une poignée d’ouvrages sous emballage plastifié qu’elle déploya devant Tally.

– Des livres sur papier ? Et alors ?
– Pas des livres. On appelle ça des ‘magazines’, expliqua Shay.
Elle en ouvrit un et pointa le doigt. Les pages étrangement brillantes étaient couvertes de photos.

De gens.

Moches.

Tally écarquilla les yeux tandis que Shay tournait les pages, pointant le doigt et gloussant.
Elle n’avait jamais vu autant de visages si différents. Des bouches, des yeux, des nez de toutes les formes possibles, et sur des gens de tous âges. Et les corps! Certains ridiculement gras, d’autres horriblement musclés, ou bien d’une maigreur troublante; presque tous présentaient d’importants défauts de proportions. Mais au lieu d’avoir honte de leurs difformités, ces gens riaient, s’embrassaient, prenaient la pose, comme si toutes ces photos avaient été prises lors d’une gigantesque réception.

– Qui sont ces monstres?
– Ce ne sont pas des monstres, répondit Shay. Le plus dingue, c’est que ce sont des gens célèbres.
– Célèbres pour quoi? Pour leur laideur?
– Non. Ce sont des sportifs, des acteurs, des artistes. Les hommes aux cheveux filandreux sont des musiciens, je crois. Les plus moches sont des hommes politiques, et quelqu’un m’a dit que les gras-doubles sont principalement des comiques.
– Alors, c’est à ça que ressemblaient les gens avant le premier Pretty? Comment arrivaient-ils à se regarder les uns les autres?”

 

Et comme le jeudi c’est citation avec Chifonette,  voici ma participation :

” Tout est plus glamour quand vous le faites sur votre lit. Même peler des pommes de terre.”  Andy Warhol

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Moche

Roman pour adolescents

Moche

de Rachel Hausfater-Douïeb

Flammarion, Collection Tribal

C’est l’histoire de Mirabelle, adolescente calme et sérieuse, qui a un énorme problème : elle est moche… Ce roman très court (80 pages) s’étale sur un peu plus de 2 ans. Elle commence par l’adoption d’un chat, moche lui aussi, et une rédaction de français; et se termine par la re-rédaction du devoir de français, et la rencontre d’un garçon. Entre temps Miralaide comme on la surnomme va devenir Mirabelle…

Sans céder à la facilité (pas de traitement miracle ni de magie dans les changements qui interviennent) Rachel Hausfater nous présente ici un thème ultra classique, celui de l’adolescente mal dans sa peau. L’écriture est légère, aérienne presque, les réflexions de l’adolescente ne sont, au final, jamais ni noires ni suicidaires, ce sont juste ces petits tracas de tous les jours : boutons, poids, appareil dentaire, lunettes… Les problèmes sont traités les uns après les autres, sans précipitation, avec l’aide de son entourage, parents, soeur et amie.

Extraits :
“Quand je me regarde dans la galce (rarement) j’ai envie de pleurer. Car j’ai ce qu’on appelle un physique ingrat. Ingrat et… très gras. Je suis grosse et essaie de noyer mes formes sous des habits diformes”

“Maintenant Mirabelle voit. Elle voit bien. Elle voit tout. Tous ses boutons. Et elle a envoe de fermer les yeux.”

“Des boutons, on peut les faire disparaitre. Mais un nez? Impossible! Et surtout pas le nez de Mirabelle… Tant qu’il vivotait dans l’ombre de ses lunettes, il paraissait minimisé […] Il trône maintenant fièrement au beau milieu de son visage, arrogant,  ominateur, omniprésent, et on ne voit plus que lui. Il est trop grand, il est bossu, elle est foutue!”

J’ai pour ma part trouvé l’histoire un petit peu trop simple et classique, mais je pense que c’est là que se trouve toute la force de ce livre, qui ne se sent pas obligé de baratiner sur des sentiments adolescents que n’ont quand même pas la majorité des adolescents (bien qu’on puisse parfois se le demander à la lecture de beaucoup de romans ado).

En tout cas ce livre a séduit les élèves de 6ème (filles) à qui j’en ai fait la lecture. Je l’avais choisi exprès parce que l’une d’elles vient juste d’avoir un appareil dentaire et ne l’aime pas beaucoup… J’ai fait mouche, et j’ai même réussi à la faire sourire, dévoilant enfin toutes ses dents barbelées, que je n’avais plus vu depuis quelques semaines…

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