Le Singe de Hartlepool – Lupano & Moreau

Bande dessinée adulte

 Le Singe de Hartlepool

W. Lupano et J. Moreau

Delcourt (Mirages), 2012

9782756028125

 

A la première lecture de cette bande dessinée j’étais vraiment sceptique. J’ai même hésité à abandonner. Et puis peu à peu je me suis laissée prendre dans cette histoire loufoque. J’ai lu la fin. La conclusion. Et j’ai tout relu une deuxième fois.

Le Singe de Hartlepool entreprend de raconter une légende bien connue en Angleterre, celle d’un singe pendu en 1814. Mais tout commence sur un bateau français. Un capitaine napoléonien terriblement anti anglais dirige un bateau français, au large des côtes de l’Angleterre  Son animal de compagnie, un singe qu’il a déguisé en soldat français est le seul à le faire encore rire. Amer, plein de désillusion et menteur, un personnage détestable qui va jusqu’à jeter à l’eau un mousse qui a eu le malheur de chanter une chanson en anglais.

Quand son navire fait naufrage, seul le singe, accroché au mât parvient à s’en sortir et dérive jusqu’à la plage de Hartlepool. Là il va être pris pour un soldat français, et traité comme tel.

Toute la bande dessinée repose sur la bêtise humaine, qui n’a de cesse d’étonner tant elle est partout. Racisme anti-noir, anti-anglais, anti-français, anti étranger en général, les personnages de cette BD sont arrogants, ne prennent pas le temps de réfléchir et c’est en cela qu’ils sont un magnifique exemple de ce que l’homme peut faire.

Le simulacre de procès est très édifiant avec notamment un argument terrible pour prouver qu’il s’agit bien d’un soldat français : “On lui a donné des escargots, il les a mangé.”

Les illustrations sont belles, à l’instar de la magnifique couverture, pourtant dans l’action les dessins sont moins soignés, notamment les expressions des personnages. Le découpage par contre et les scènes plus posées m’ont totalement séduite.

La conclusion est à la fois belle et terrible et elle propose un clin d’œil intéressant à l’histoire.

Une bande dessinée à découvrir comme un miroir de la bêtise humaine poussée à son paroxysme .. c’est d’autant plus troublant que les légendes ne naissent rarement de rien…

+ Lu dans le cadre de la BD fait son festival – avec Priceminister  et dans le cadre des Mercredi BD de Mango
+ Les avis de Mo’, JérômeNoukette et Lasardine.