la mécanique du coeur

mecanique du coeurLa mécanique du coeur

de Mathias Malzieu

Flammarion, 2007

Présentation de l’éditeur
“Édimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde.  Lorsque Jack naît, son coeur gelé se brise immédiatement.  La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve.  Depuis lors, il doit prendre soin d’en remonter chaque matin le mécanisme.  Mais gare aux passions!  Le regard de braise d’une petite chanteuse andalouse va mettre le coeur de Jack à rude épreuve.”

Jack est un jeune homme fragile à tout égard, physiquement d’abord à cause de ce coeur mécanique, mais pas uniquement, car il vit seul, dans un milieu ultra protégé, avec cette sage femme qui bien vite remplace sa mère. Et dans cette maison en haut de la colline, à part quelques visites d’amis réguliers, et âgés, il n’y a pas grand chose… C’est pour cela que cette sortie en ville et cette rencontre avec la petite chanteuse va le bouleverser à jamais… Pour elle il ira à l’école, traversera les montagnes, et il apprendra aussi à se connaitre…
Un conte magnifique, sur le premier amour, celui qui dure toujours, emprunt de poésie à la Burton!

Je n’avais pas lu le précédent livre de Mathias Malzieu, mais une collègue me l’avait chaudement recommandé… Du coup quand je l’ai vu en poche, je me suis empressée de l’acheter!

Finalement plus d’un mois après l’avoir lu, ce livre me laisse perplexe… J’aime beaucoup ce conte, l’histoire qu’il raconte, les personnages aussi… mais j’ai un peu de mal avec l’écriture, trop de métaphores parfois je crois… un sentiment général…
Je vais tout de même chercher son précédent livre, il parait même qu’il est mieux!

Extrait :
“Imperceptiblement, je me laisse tomber amoureux. Perceptiblement, aussi. A l’intérieur de mon horloge, c’est le jour le plus chaud du monde.”
“Je descends un bocal entier de larmes en dévalant ce chemin que je connais si bien. Ca allège mon sac, mais pas mon coeur. Je dévore les crêpes pour éponger, mon ventre se dilate au point de me donner des allures de femme enceinte.
Sur l’autre versant de l’ancien volcan, je vois passer les policiers. Joe et sa mère sont avec eux. je tremble de peur et d’euphorie mêlées.
Un fiacre nous attend en bas d’Arthur’s Seat. Il se détache de la lumière des réverbères comme un morceau de nuit. Anna, Luna et Arthur s’installent en vitesse à l’intérieur. Le cocher, moustachu jusqu’aux sourcils, harangue ses chevaux avec sa voix de gravats. La joue collée contre la vitre, je regarde Edimbourg se disloquer dans la brume.”

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

La petite fille de Monsieur Linh

La petite fille de Monsieur Linh

de Philippe Claudel

Livre de Poche 2007

 

Comme il est dur de parler d’un livre comme celui ci, aussi condensé, aussi poétique, aussi tragique…

L’histoire (attention spoiler!)
Un bateau, un vieil homme, et la terre qui s’éloigne, la patrie en guerre que l’on quite, l’exil qu’on espère temporaire. Un exil forcé, renforcé par le deuil. Perte de tout ce qui rattaché encore le vieil homme à son pays, à sa terre… Tout sauf ELLE… ce bébé qu’il tient dans les bras, sa petite fille, orpheline. C’est pour elle qu’il quitte son pays, pour elle qu’il va vers ce pays froid, inconnu, sans odeur, sans saveur… Un pays dont il ne connait rien, même pas la langue, un pays où il ne connait personne…
Les jours passent, le vieil homme attend, enfermé… Et puis il sort enfin, pour ELLE, pour qu’elle s’aère… Il découvre un monde où tout va trop vite, où personne ne prend la peine de le regarder, où il n’existe pas…
Pourtant un jour, sur un banc, un homme lui parle, lui raconte sa vie, dans cette langue qu’il ne comprend pas… C’est le début d’une amitié timide, discrète, et pourtant si parfaite, puisqu’elle n’a pas besoin des mots…
Je ne peux pas vous raconter la suite, et surtout pas la fin, eus égard à ceux qui ne l’ont pas encore lu (et qui ne vont pas tarder de le faire!)

Extraits  (pas autant que je le voudrais, mais j’ai eu le malheur de parler du livre en salle des profs… et il est déjà reservé jusqu’à la
fin de l’année!)

“Enfin, un jour de novembre, le bateau parvient à sa destination, mais le vieil homme ne veut pas en descendre. Quitter le bateau, c’est quitter vraiment ce qui le rattache encore à sa terre. Deux femmes alors le mènent avec des gestes doux vers le quai, comme s’il était malade. Il fait très froid. Le ciel est couvert. Monsieur Linh respire l’odeur du pays nouveau. Il ne sent rien. Il n’y a aucune odeur. C’est un pays sans odeur. Il serre l’enfant plus encore contre lui, chante la chanson à son oreille. En vérité, c’est aussi pour lui-même qu’il la chante, pour entendre sa propre voix et la musique de sa langue. “

“La tête de Monsieur Linh est grosse de trop de fatigues, de souffrances, de désillusions. Elle est lourde de trop de défaites et de trop de départs. Qu’est-ce donc que la vie humaine sinon un collier de blessures que l’on passe autour de son cou? A quoi sert d’aller ainsi dans les jours, les mois, les années, toujours plus faible, toujours meurtri? Pourquoi faut-il que les lendemains soient toujours plus amers que les jours passés qui le sont déjà trop?”

Mon avis :
Il est bien dur de vous cacher à quel point j’ai aimé ce livre… c’est un véritable coup de coeur. Ce roman très court m’a à la fois surprise, ravie, choquée, bouleversée… En seulement quelques pages j’ai découvert la plume de Claudel, que je me promets de lire depuis longtemps mais qui reste indubitablement au fond de ma PAL [il faut que je vous explique aussi, la littérature adulte passe toujours au deuxième plan, après la littérature jeunesse, plus rapide à lire, et dont j’ai “besoin” pour mon travail… fin de la parenthère, sinon on ne viendra jamais au bout de cet article!] Et voilà j’aime tout, l’écriture, les personnages et leur caractère, l’histoire et son dénouement, le contexte spatio temporel assez flou pour ne pas tomber dans le roman historicosocial…

Il est court, mais emplie de poésie, de tendresse,  qui contraste avec la violence du monde extérieur (réel et fictif d’ailleurs!)

Et puis il y a cette fin, poignante, dont on a des milliers d’indices, mais que je n’avais pas imaginé une seconde… Une fin tragique mais magique… 

Les naufragés de l’ile Tromelin

Roman adulte

Les naufragés de l’ile Tromelin

d’Irene Frain

Michel Lafon

Une minuscule bloc de corail dans perdu dans l’océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C’est là qu’échouent en 1761 les rescapés du naufrage de l’Utile, un navire français qui transportait une cargaison cladestine d’esclaves.

Voilà donc la situation de départ… enfin de départ c’est vite dit, parce qu’Irene Frain commence par nous présenter cette ile incroyable, cette ile qui est restée cachée des années, refusant de se montrer aux navigateurs qui la  cherchent pourtant… De rapports en témoignages, de lettres en interprétations on suit les aventures de cette ile, plus encore que des protagonistes parfois… Jusqu’à s’y perdre un peu au début, à se demander quand l’histoire va  commencer… Et puis ensuite ces naufragés, les blancs et les noirs, obligés de vivre ensemble, de s’aider…. une histoire humaine fabuleuse, avec une fin qui n’étonne pas, une fin digne de cette époque là…

L’histoire est racontée au plus près de la vérité (c’est une histoire vraie!), ce qui amène un départ assez lent… Mais ensuite les personnages prennent toute leur grandeur, leur intensité…
certains passages propre aux “Noirs” m’ont particulièrement touchés, l’histoire du conteur tout particulièrement… Au final ces passages sont trop peu nombreux, et c’est ce qui me fera dire que cette lecture ne m’a pas emportée aussi loin que je l’espérais… Un style qui s’éloigne trop du roman, et qui pourtant n’en fait pas un bon documentaire…

De magnifiques photos (entre autre ) > Voir le site du livre Les naufragés de l’ile Tromelin

Ce livre m’a été offert, j’ai lu beaucoup de critiques sur ces pratiques, j’avoue les comprendre, mais je trouve que c’est une opportunité pour des bloggeurs de découvrir de nouveaux livres… Ce n’est pas parce qu’on aime lire qu’on a une bibliothèque débordante… j’achète très peu de livres, et préfère les emprunter en bibliothèque… alors voilà un petit espace sur mon blog, dans une critique complétement réaliste, ça ne me semble pas grand chose tout de même…