Le gardien du phare – Roman

gardien

Roman

Le gardien du phare

Catherine Hermary-Vieille

Albin Michel (2007)

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Novembre 1897. Sur l’île aux chiens, le prêtre et le médecin discutent.

– “Inutile de s’acharner, elles sont perdues. (…)

– Qui aurait pu penser que ces malheureuses sombreraient ensemble !” Soupire le père Leblanc.

Ces trois malheureuses, ces trois femmes, ce sont Camille, Anne et Mathilde. Elles se sont échouées sur une île sauvage et probablement déserte. Sauf si le phare qu’elles aperçoivent a un gardien.

Camille est aveugle de naissance. Dans cet endroit désolé, elle n’a plus besoin de canne. Pour elle, cet îlot est un refuge.

Anne, c’est l’étrangère qui, en 4 ans, n’a jamais réussi à s’intégrer à la communauté malgré tous ses efforts. Et puis il y a Mathilde. Mathilde, avec son fichu caractère, fait peur. Passant d’un homme à l’autre, semblant ne jamais s’attacher, elle est considérée comme une traînée par les îliens. Toutes trois dissimulent de lourds secrets.

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Un quasi huis-clos réunit ces femmes que l’on apprend à connaître page après page. Aucune n’a eu une existence facile. Toutes ont des choses à “se reprocher” ou le pense.

Même si je me suis assez rapidement doutée du sort qui attendait ces trois femmes, j’ai beaucoup aimé ce roman. C’est dur, âpre et poétique à la fois. Trois beaux portraits de femmes dans un milieu rude et plein de secrets. L’écriture est belle, fluide et rythmée. Et il y a une atmosphère très particulière ! Je l’ai dévoré en moins de 2 jours (parce que j’avais d’autres choses à faire, sinon je l’aurai lu d’une traite !)

Je vous conseille de vous jeter à l’eau sans lire trop d’avis ou de critiques avant, certains dévoilant beaucoup trop de choses !

Une belle découverte.
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Extrait : 2 novembre 1897

– Où avons-nous échoué, Camille, Anne et moi ? L’îlot est singulier et, sans la lumière du phare qui semblait nous guider, nous aurions été toutes trois englouties. Combien d’heures avons-nous dérivé ? Le brouillard est épais et je ne peux me faire une idée précise de ce qui nous entoure : des rocs je présume, du sable, des arbustes rabougris, une lande aride, un chenal où s’engouffre la mer qui nous sépare du phare.

A la vie ! L’homme étoilé

Les soins palliatifs comme on ne les imagine pas !
Bande dessinée Adulte

vie

À la vie !

L’homme étoilé

Calmann Lévy Graphic (2020)

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Dans “A la vie !” Xavier, alias L’homme étoilé, nous raconte son quotidien. Il est infirmier en soins palliatifs dans un hôpital de Metz. On pourrait croire que c’est triste comme travail. Après tout, les gens qui atterrissent dans ce service vont souvent mourir. Mais l’homme étoilé voit les choses d’une autre façon. Il dit que dans “fin de vie”, il y a “vie”. Et qu’il y a encore moyen de passer de bons moments…. Alors il chante du Queen avec Roger, apprend à parler suédois avec Mathilde ou encore prépare une glace pas banale pour Edmond.

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Les soins palliatifs, j’ai connu ça avec le décès de ma belle-mère il y a une quinzaine d’années. Et c’est vrai que le personnel était très à l’écoute. On a pu, par exemple, apporter un repas et le manger tous ensemble à hôpital. Il y avait des endroits pour faire des “pauses” quand l’émotion était trop forte, la fatigue trop présente.

Mais j’avoue que cet homme étoilé donne un tout autre sens à ce service. Et je parie que vous ne penserez plus aux soins palliatifs de la même façon après avoir lu cette bande dessinée. Si tout le monde avait autant d’empathie… Le monde serait plus beau !

C’est plein d’humanité et d’émotions. Parfois triste bien sûr, mais parfois très drôle également ! Et si cela m’a autant touchée je pense, c’est parce qu’en ce moment je travaille avec des personnes âgées (très seules !). Et que j’essaie, à chaque fois que je peux, de les faire rire ou au moins sourire, de leur faire plaisir (parfois avec de très petites choses) ou encore de leur changer les idées.

Lire cette bande dessinée très émouvante vous tirera sans doute quelques larmes (ou alors vous êtes en bois !!) mais les émotions font partie de la vie et ces larmes-là font du bien !

Une très belle découverte !

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L’homme étoilé a également un compte instagram :

Lire quelques pages sur le site de l’éditeur

Une interview de Xavier, alias “L’homme étoilé”, infirmier en soins palliatifs

 

Cette semaine, c’est Stephie qui nous reçoit !

La tresse – étapes indiennes 2 – LC

tresseRoman Ado/Adulte

La tresse

Laetitia Colombani

Grasset & Fasquelle (2017)

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Avec la tresse, nous partageons le quotidien de trois femmes. Trois femmes de pays éloignés et de conditions sociales très différentes.

Il y a d’abord Smita l’indienne. elle vit avec son mari et sa fille dans le village de Badlapur. Ce sont des “Dalits”, des intouchables. Smita ramasse la merde des gens du village à mains nues. Son mari, lui, chasse les rats dans les champs. Il n’est pas payé pour ça, mais peut conserver les rats qu’il attrape pour nourrir sa famille. Smita a un rêve. Elle veut que leur fille, Lalita, aille à l’école pour apprendre à lire et à écrire. Pour échapper à son destin (prendre la suite de sa mère), pour avoir une vie meilleure. Mais en Inde, on ne change pas de statut comme ça.

Giulia travaille dans l’entreprise de son père en Sicile. Ils récupèrent, lavent, peignent, décolorent et teignent des cheveux pour en faire des perruques. Quand elle ne travaille pas, Giulia passe son temps à lire. Une vie simple et heureuse, jusqu’au jour où…

Avec Sarah, nous nous retrouvons à Montréal, Canada. Elle a une vie très organisée, planifiée et chronométrée. Mère de trois enfants, associée d’un prestigieux cabinet d’avocats, elle ne s’arrête jamais. Une machine bien huilée qui va pourtant se gripper…

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C’est un roman polyphonique.

A chaque chapitre, on change de voix, de personnage. C’est un livre qui se lit très vite et très facilement, même si les sujets abordés sont durs. On a envie de savoir la suite et de savoir si/comment/ où ces trois destins vont se croiser… Même si on s’en doute assez rapidement du lien qui “unit” ces 3 femmes. Mais ce n’est pas grave. Ce qui est important, c’est le courage et la ténacité de ces 3 femmes. Leur volonté d’aller de l’avant, leur façon de refuser un “destin” tout tracé pour elles.

Un livre qui parle de la place des femmes dans la société, de la façon dont on considère les personnes malades, du poids des traditions. Mais qui reste un livre léger et porteur d’espoir.

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Une lecture commune avec Hilde, Blandine, Kiona, Mya, n’hésitez pas à aller voir ce qu’elles en pensent !

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Lire le 1er chapitre sur le site de l’éditeur

Ce roman a reçu plusieurs prix : Prix Relay des voyageurs 2017 / Prix Ulysse 2017 / Prix Domitys 2018 / 1er prix littéraire de la FNABEH 2018 / Globe de cristal roman et essai 2018

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Voici ma 2ème participation aux étapes indiennes chez Hilde.

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Tandis que j’agonise – Mois Américain 6

TandisMois américain

Roman de “mœurs rurales”

Tandis que j’agonise
William Faulkner

Gallimard (1934)

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Préface de Valery Larbaud / Postface de Michel Gresset

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La mère, Addie, est couchée. Certains pensent qu’elle est juste un peu fatiguée, qu’elle va se relever. Elle, elle a demandé à son fils aîné, Cash, qui est charpentier, de lui fabriquer son cercueil. Et lui, malgré l’agacement de certains, il a obéit. De loin, il lui montre les planches, une à une, pour avoir son accord. Elle sait qu’elle va mourir et a tout réglé pour ses obsèques.

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Extrait :

«Je lui avais dit de ne pas amener ce cheval, par respect pour sa défunte mère, parce que ça n’a pas bonne façon de le voir caracoler ainsi sur ce sacré cheval de cirque, alors qu’elle voulait que nous soyons tous avec elle dans la charrette, tous ceux de sa chair et de son sang ; mais, nous n’avions pas plus tôt dépassé le chemin de Tull que Darl s’est mis à rire. Assis sur la banquette avec Cash, avec sa mère couchée sous ses pieds, dans son cercueil, il a eu l’effronterie de rire!»

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De manière générale, je n’aime pas trop les préfaces et de toute façon, je ne les lis qu’après avoir lu le livre, car, bien souvent, on vous divulgue des tas de choses sur le roman que j’aurai aimé découvrir moi-même ! Mais là, j’avoue que je remercie Valery Larbaud pour avoir “débroussaillé” l’arbre généalogique… Même si au passage il dévoile des choses, au moins cela m’a permis de continuer ma lecture en comprenant quelque chose ! Sinon, il aurait fallu que je prenne des notes au fur et à mesure pour savoir qui était qui et qui parlait de qui…

Par moments, j’ai eu l’impression de lire une pièce de théâtre. Les attitudes des personnages, leurs déplacements sont indiqués de façon précise comme des indications de jeu théâtral… J’avoue que j’ai vraiment eu du mal à entrer dans cette histoire. Chaque personnage parle à son tour, avec des voix très différentes, certaines assez incompréhensibles par moments. Puis j’ai fini par me laisser entraîner par cette drôle d’histoire avec ses personnages un peu bizarres, un peu loufoques (le père ??) et même si j’ai trouvé le style un peu pénible par moments (un drôle de langage, pas très clair ou pas de ponctuation selon le narrateur) j’ai fini par apprécier cette drôle d’histoire !

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C’est ma 6ème participation au Mois Américain – Voir la liste de mes lectures prévues.

  Ce roman participe également à l’Objectif PAL chez Antigone ainsi qu’au Challenge Cette année je (re)lis des classiques.

américain  Classique