Idylles, mensonges et compagnie d’Agnès Nierdercorn

Idylles, mensonges et compagnie

d’Agnès Nierdercorn

Roman adolescents / adultes

Calmann-Lévy, avril 2010
9782702140949, 8,90€
270 pages

Thèmes : Paris, Lycée, SMS, famille, diabète

Rentrée des classes au lycée Alexandre-Dumas à Paris.
Le nouveau proviseur est anxieux, et il n’est pas le seul. Bohémond, fraîchement débarqué de sa province, s’apprête à faire la connaissance de ceux qui vont partager son année. Heureusement, Joséphine, la pétillante petite rousse, lui présente sa bande d’amis : Chloé, Mehdi, Agathe et Silia. Entre eux se tissent des relations fortes, spontanées, mais, très vite, maladresses et dissimulations font naître les tensions.
Les adolescents s’interrogent, les parents également. Chacun a sa part de secret, il faudra pourtant que certaines confidences se fassent…

J’ai été très agréablement surprise par ce roman ! Très frais, il nous entraine dans le quotidien d’un groupe de lycéens parisiens, et de leur famille.

Des personnages jeunes dans l’ensemble mais avec déjà cette touche d’adulte qui les rend à la fois un peu trop mature et pourtant très réels. Bohémond, jeune débarqué de la campagne est à la fois le meneur de ce livre et mon personnage préféré. Son regard neuf sur le microcosme du lycée nous permet d’appréhender différemment les personnages qui se croisent dans ce roman.

Histoires de lycée donc, d’amitié, d’amour mais aussi histoires de vie. Ce roman en effet grâce aux nombreux personnages permet d’aborder de nombreux thèmes. Celui des SMS notamment puisque ce livre est lié au Prix Nouveau Talent, gagné en 2010. Ce prix est attribué pour un premier roman par un jury composé d’éditeurs, de journalistes du quotidien Metro et de membres de Bouygues Telecom. Le principe est d’intégrer le langage des SMS et des messageries instantanées à la structure narrative de son récit. Ici c’est donc le cas et c’est très bien fait. L’insertion se fait ici tout naturellement dans le fil du récit en intégrant les discussions via messages dans la narration. La narration étant à points de vue alternés, les SMS ou message ne sont pas toujours reçu et compris de la même façon. Quelques raccourcis de temps en temps, mais ce n’est vraiment pas génant, et l’auteur en joue. Professeur qui s’indigne, nouveau possesseur de portable qui ne comprend pas tout ou cache cache derrière un pseudo et même un brin de facebook… tout y est! Une très belle façon de traiter des méthodes de communication actuelles.

Et puis d’autres thèmes sont abordés, que je ne peux pas tous vous citer pour ne pas vous gâcher quelques surprises, mais vous trouverez des secrets de famille, de l’art, des cours, des fêtes mais aussi le diabète, bien traité. Mon seul point négatif n’en ai d’ailleurs pas vraiment un mais j’ai eu envie de secouer certains personnages, un peu lents ou exaspérants dans leur réaction… mais cela fait partie de l’histoire!

Un roman riche et entrainant qui a su me divertir,
peut être plus pour un public d’ados et jeunes adultes cependant… 

+ L’avis de Malice, Celui de Sophielit

+ Une petite vidéo interview

Otograff (magazine)

  Otograff magazine

Otograff
1 Les ombres

Nathalie Krafft et Patrice d’Arras (directeurs de publication)

Pierre Assouline, Chen Yan, Benoit Duteurtre, Fernanda Eberstadt, Dr Panel, Yann Guégan, Xavier Lacavalerie, Jean-Jacques Sempé, Gilles Trodjman (auteurs)
Ainsi que des internautes, artistes…

Magazine

Leiiel Productions, septembre – octobre – novembre 2011
ISSN en cours
15€ (fdp compris)

Devenez éditeur de votre propre magazine.
Publiez vos textes, dessins ou photos dans une maquette élégante.
Choisissez les contributions que vous préférez.
Chaque numéro est unique au monde !

C’est suite à un contact par mail que j’ai reçu ce magazine Otograff. Il a commencé par se faire attendre car il lui a fallu près de 3 semaines pour attérir dans ma Boite aux Lettres… sans être tamponné par la Poste (…) ! C’est sans doute la preuve que ce magazine est très particulier ! En effet il n’est pas comme les revues actuelles que l’on trouve en kiosque, puisqu’il est personnalisable. Comme le dit si bien l’édito, ce magazine est né du mariage saugrenu entre la carpe et le lapin. Une belle approche de la presse à l’heure de l’Internet, puisque 70% du magazine est une partie fixe, commune à tous les Otograff et que 30% est variable, venant de la plateforme collaborative.

En gros, votre magazine est unique. C’est le votre, celui que vous avez créé autour de vos envies.

Ce premier numéro est clairement prometteur : Une mise à jour claire et agréable, un très beau papier glacé. Des photographies splendides, avec de la place pour les sublimer. Une couverture travaillée, une équipe sympathique et un professionnalisme certain. Un bel objet qu’on a envie de garder. D’autant plus que si Otograff traite de nombreux thèmes, coller à l’actualité instantanément n’est pas une volonté. Cette revue préfère revenir sur les évènements.

Des contenus sur tous les sujets mais avec l’apport à la fois de particuliers et de spécialistes c’est assez inédit… et très intéressant. Des contenus tout de même assez bobo, pas très “grand public” dans ses thèmes et son écriture, qui conviendra à un public d’initié, capable de choisir ses textes… voire d’en proposer!

Au sommaire de ce premier numéro les Ombres. Réelles ou symboliques. Un retour sur les silences du 11 septembre, la part d’ombre de la coupe du monde de rugby, un dessin de Sempé, l’Art de la guerre de Sun Tzu, du cinéma autour de ce thème, musique, un petit tour au Mali, mais aussi des textes, poésies,  extraits, peintures,  choisis par des lecteurs. Et puis tout à la fin une magnifique partie “Portfolio” de 7 artistes peu connus. Une belle façon de laisser de la place à ces artistes, avec quelques lignes mais à peine, plus pour présenter qu’expliquer. J’aime. Tout simplement!

En plus deux autres bons points : un jeu à la fin, et l’absence de publicité (ça fait du bien un magazine aussi épais qui n’est pas rempli par les tribunes commerciales!)

Au final une revue avec un brin de folie et d’innovation, un lien fort avec les lecteurs via la composition personnalisée et la possibilité de participer et une belle conception! C’est bien parti!

+ Le numéro 2 est déjà disponible, c’est ici pour le composer et le commander!

feuilleter le magazine en ligne

+ L’avis de Liyah.

L’autre moitié de moi même d’Anne Laure Bondoux

moitié

L’autre moitié de moi même

d’Anne Laure Bondoux

roman autobiographique

Bayard, novembre 2011

9782227483248, 13,90€

 

“Jusqu’ici, j’aimais écrire des romans.
J’aimais inventer des intrigues, explorer des contrées lointaines, donner vie à des personnages perdus qui cherchaient un sens à leur existence. Aujourd’hui, c’est moi qui suis perdue, et c’est moi qui pars en voyage…” Un soir d’octobre 2010, Anne-Laure Bondoux croit avoir renversé un enfant en voiture. Or cet incident étrange survient après la révélation d’un secret de famille, une séparation, l’apparition de quelques fantômes et une longue panne d’écriture.
Soudain, elle qui pensait savoir qui elle était et où elle allait n’a plus aucune certitude. Elle se remet alors à écrire. Non pas un roman pour la jeunesse comme à son habitude, mais son histoire, la seule qu’elle puisse vraiment raconter aujourd’hui. Peut-être n’est-elle pas si différente de la nôtre…

Loin des romans jeunesses auxquels Anne Laure Bondoux nous a habitué, c’est ici dans un récit autobiographique qu’elle nous livre une partie de son histoire, de ce qui fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Un retour sur l’enfance, l’amour, l’écriture. Une révolte et un apaisement. Le récit d’une femme presque sans histoire et du gouffre dans lequel elle a plongé.

Des mots jetés qui m’ont tout d’abord désarçonnés. Cette manie qu’ont les auteurs d’écrire sur eux me laisse perplexe, ne me plait guère même. Emmanuel Carrère et son D’autres vies que la mienne, que j’ai abandonné est pourtant cité ici en exemple. J’ai tout de suite pensé aussi au touchant Voile Noir d’Annie Dupeyré qui lui a su me toucher il y a déjà quelques années. De nombreuses références sont apportés au fil du récit et c’est plutôt plaisant. Cela m’a d’ailleurs donné envie de découvrir le travail d’une photographe qui porte le même prénom que moi…

C’est donc avec un sentiment très mitigé que j’ai commencé ma lecture. Curieuse pourtant, d’une curiosité presque malsaine, de découvrir un peu de la vie d’une auteure que je suis depuis le destin de Linus Hoppe en 2001…

Au fil des pages j’ai tour à tour été agacée (par les répétions notamment), touchée, surprise, curieuse encore. J’ai aimé surtout croiser des bribes de romans passés ou à venir (ou non d’ailleurs…) et j’espère un jour lire une histoire au coeur d’un champ d’ananas.

Au final un récit autobiographique que j’ai beaucoup aimé lire, mais aurait-ce été le cas si je n’avais pas connu ses ouvrages. L’avis enthousiaste de Lena me fait dire que oui…

Enfin j’ai été passablement agacée par un passage, et je veux finir là dessus. Pas pour le reprocher à l’auteure, juste pour ouvrir le dialogue.

“Est-ce ma part créative qui vit encore dans la bulle dorée de l’enfance ? Peut être… Car si je suis devenue écrivain pour la jeunesse ce n’est pas sans doute pas un hasard. […] Je sais que mon écriture n’a pas atteint sa pleine maturité. Tant mieux ! Il me reste une belle marge de progression !” [p. 138]

Qu’en pensez-vous ? Pour ma part je trouve que cela sonne comme une dévaluation de la littérature jeunesse. Alors je souhaite à Anne Laure Bondoux de continuer à écrire…. et surtout pour la jeunesse!

La réponse d’Anne Laure Bondoux elle même (en commentaire, ajoutée ici pour plus de lisibilité car cela me semble important!) : “Chères lectrices blogueuses, Je viens de lire vos échanges au sujet du passage cité par Hérisson, et je me permets de participer à mon tour, en tant qu’auteur de ces lignes, pour les éclairer autrement. Ce passage est une articulation importante du livre, il me paraît difficile de le sortir du contexte général. Dans ce récit, je tente de mettre en lumière mes zones d’ombres, de montrer ce qui me bloque et me limite sur le plan personnel et comment cela se traduit dans mon expression artistique, en l’occurrence par une panne totale d’écriture. Si certain(e)s ont pu y voir un jugement de valeur sur la littérature jeunesse en général, ce n’est pas mon propos. Je parle de ce qui n’a pas grandi en moi et qui demande à s’épanouir. Je dis que mon écriture n’a pas atteint sa maturité : il s’agit d’une sensation personnelle, d’une aspiration à déployer ce qui ne l’est pas encore, pas d’un reniement de mon travail antérieur. Pour moi, surmonter le blocage suppose de m’affranchir d’un cadre, de lois que je me suis dictée à moi-même. “Quitter l’enfance” ne veut pas dire la dédaigner ou la dénigrer, mais oser lâcher certaines habitudes rassurantes pour affronter ce qui me fait peur. Il s’agit d’explorer l’inconnu, et pour l’instant, j’ignore comment cela se traduira. Vos réactions au quart de tour montrent (et je ne le sais que trop bien!) combien la littérature jeunesse est mal jugée, comme tout ce qui touche à l’enfance en général. J’y suis sensible tout autant que vous.”

 

Merci à Liyah qui m’a prêté ce livre, et pour qui je l’ai fait dédicacer à Montreuil, l’occasion de rencontrer l’auteur… mais aussi Mirontaine et une gentille bibliothécaire, dans la file ;)

+ le site de l’auteure

La vidéo de présentation du livre :

Interview Anne-Laure Bondoux : L’autre moitié de… par Bayard_Editions

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

LC Histoire # Mes années 70

Mes années 70

de Claudine Desmarteau

album jeunesse… et adulte!

Sarbacane, septembre 2011
9782848654669 , 19,50

 

Mon avis :

Pour cette lecture croisée avec Liyah sur le thème de l’histoire, je ne m’aventure pas trop loin, puisque nous allons plonger au cœur des seventy’s ! Une époque colorée et fleurie…

Claudine Desmarteau avait 10 ans en 1973, et elle nous livre avec un regard drôle et nostalgique ses souvenirs de ces années d’un autre millénaire… (au siècle dernier, vous imaginez comme c’est vieux ^^ – Comme dirait les élèves, mais madame ils ont fait l’an 2000… en parlant de mes vieux livres au CDI… s’ils savaient qu’ils sont plutôt des années 30 ou 40 ceux qui sont si vieux que ça…)

Dans ces années là les sous pull nylon grattés, les cagoules aussi… cela dit quelques années plus tard (je suis de 84) elles grattaient toujours. Le papier peint donnait mal au cœur avec ses motifs psychédélique jusqu’au plafond, les fauteuils ressemblaient à des soucoupes volantes et la télé était en noir et blanc!

Ce livre permet de se plonger dans ces années qui ont marqué par leur style très décalé. Un livre que les adultes ayant connus ces années là liront avec plaisir… et sourire, mais aussi un livre pour les enfants, pour découvrir comment on vivait à cette époque lointaine (et oui je suis jeune^^)

Claudine Desmarteau réussi à rendre ce livre aussi intéressant pour les adultes que pour les enfants, et y ajoute une touche d’humour vraiment décapant. A chaque page, dans le dessin ou dans le texte on trouve le petit détail qui nous fait sourire ou franchement rire, et c’est un régal ! Les années 70 c’était aussi une certaine liberté sexuelle qui choquera peut être certains, à éviter donc pour les plus jeunes peut être, mais surtout par les parents qui pourraient être gênés par la nudité. Voilà je préfère prévenir, mais j’ai trouvé cela intéressant aussi à aborder… et vrai!

Parce que parfois il n’y a pas besoin d’aller bien loin dans l’histoire pour trouver des choses intéressantes à raconter…

+ réédition de cet album paru en 2009 chez Panama mais épuisé
+ avec un poster grand format !

 

Liyah nous présente aujourd’hui

dans le cadre de notre Lecture Croisée :

Les mille oiseaux de Sadako

(autour du Japon après la bombe atomique)