Roman dystopique pour adolescent
La mafia du chocolat
Gabrielle Zevin
Traduit par Cécile Chartre
Albin Michel, 2012
Wiz, 390 pages
9782226242709, 16€
Thèmes : chocolat, énergie, environnement, mafia, prison, déficience mentale, relation enfant/grand-parent, relation frère/soeur, dystopie, lycée.
La fille chérie du défunt parrain du chocolat n’a que faire de son héritage. Pour elle, la vie doit être une routine absolue. Aller au lycée, prendre soin de son frère adoré et de sa grand-mère mourante. Et surtout, éviter Gable, parfait loser et ex-petit ami. Oui, tout allait bien jusqu’à ce que cet imbécile de Gable soit empoisonné par le chocolat issu de la fabrique illégale des Balanchine. Que la police la croie coupable, passe encore.
Qu’elle se retrouve à la une des journaux télévisés, inévitable. Qu’on la harcèle au lycée en la traitant de criminelle, d’accord. Mais voir revenir dans sa vie sa famille mafieuse au complet est le pire des châtiments. Anya se demande si elle ne va pas devoir renoncer aux cours et sortir son revolver, histoire de mettre de l’ordre dans les affaires…
Bien que ce roman soit encore une dystopie, pas de Hunger Games ici (cf. Glow) ! Le monde n’est pas si différent du notre, mais le chocolat (tout comme le café) est devenu illégal, car c’est une drogue (et ça c’est vrai… d’ailleurs rien que d’en parler je mange un carreau de chocolat en écrivant cet article!). Pour le reste il y a forcément des changements écologiques, avec une grande absence de verdure et de fruits, mais les gens vivent toujours à peu près pareil et notre héroïne va au lycée.
Histoire de lycéenne donc, histoire d’amour aussi comme la couverture l’annonce. Mais avant tout histoire de vie, car cette jeune fille, notre narratrice, n’a pas une vie facile et gère beaucoup de chose. Orpheline elle s’occupe de son frère et sa soeur, dans un contexte familial très compliqué, celui d’un réseau mafieux de chocolat.
L’univers est très complet, très bien décrit et on imagine tout à fait ce monde si proche du notre. Les personnages sont une des forces de ce roman, ni bons ni mauvais généralement, juste des hommes avec leur passé, leurs erreurs, leur caractère. J’ai apprécié que cette mafia ne soit pas à la fois complètement dénigrée ou louée, juste bien expliquée, avec ses bons et ses mauvais côté. Si les personnages sont tous très intéressants l’entourage d’Anya est particulièrement touchant. Sa grand-mère allitée à la mémoire qui flanche, son grand frère un peu limité, sa petite soeur si exubérante et bien sûr ses amis. Une galerie riche mais que l’on appréhende sans soucis.
Une écriture qui m’a d’abord suprise car je la trouve assez éloignée de Je ne sais plus pourquoi je t’aime, mais ici aussi les affres de l’amour et de l’adolescence sont explorés, sont même bien explorés. L’écriture est forte, directe, sans faux semblants souvent, sans pour autant que les sentiments et reflexions soient laissés de coté. C’est percutant et l’on a bien du mal à reposer ce livre car l’intrigue est vive, bien menée, alternant révélation, action et sentiment. J’ai particulièrement aimé les petites interventions de la narratrice à notre égard, car elle joue alors avec nos attentes en nous parlant directement.
Si ce tome se suffit à lui même, la fin étant semi close, une suite existera. Je la lirai, cela ne fait aucun doute, car Anya a su me marquer, je ne compte pas la laisser en cours de route!
Une dystopie magistrale plus axée sur les personnages que la science-fiction, qui se dévore comme une tablette de chocolat!
+ Les avis de Bouma, Fantasia, Clarabel,
+ Le site de l’auteur Gabrielle Zevin
+ Le tome 2 de Birthright, Because It Is My Blood vient de sortir aux USA.
+ Challenge Jeunesse et Ya#2.
Idée cadeau de noël ou autre pour adolescente