Nos vies en l’air

NOS VIES EN L’AIR

Manon Fargetton

Rageot (2019)

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Alors que Mina, debout sur le bord du toit de l’immeuble, observe les voitures en contrebas, une voix la surprend.

“Tu vas sauter ?” Surprise, elle vacille, manque de tomber.

Océan reprend : “Tu vas sauter ?” Mina est agacée, voudrait qu’il s’en aille. Mais Océan est curieux. S’engage alors une drôle de conversation entre les deux ados. Ils décident de s’accorder un sursis. De passer cette nuit ensemble. Pas de “coucher” ensemble. Juste passer cette nuit tous les deux. Et de faire ce qui se présentera à eux, ce qu’ils auront envie. Et de sauter ensemble, le lendemain matin, s’ils ont encore envie de mourir… Car Océan aussi était monté sur ce toit pour en finir.

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Mina et Océan se rencontrent par hasard sur le même toit, avec la même volonté : sauter pour en finir avec cette vie qui ne leur apporte que souffrance. Ils vont s’accorder une nuit de sursis, une nuit de défis. Cette histoire parle de mal être, de harcèlement, de deuil et de suicide… Pourtant c’est un roman plein de vie !!

Une vie dans l’urgence, le jeu, l’inconscience, la prise de risques, comme on peut en avoir une à l’adolescence. Alors n’ayez pas peur des thèmes, même s’ils sont durs. Ce n’est pas un roman pour pleurer, mais pour redécouvrir la pulsion de vie qu’il y a en chacun de nous.

J’ai beaucoup aimé (une fois de plus) l’écriture de Manon Fargetton. Une écriture lumineuse, sensible, dans l’urgence… Ses personnages me touchent à chaque fois !

A la fin du roman, une page donne les coordonnées de plusieurs associations d’entraide et d’écoute, car il faut quand même rappeler que :

Chaque année le suicide est responsable de la mort de plus de 400 adolescents en France, ce qui en fait la 2e cause de mortalité pour cette tranche d’âge. L’adolescence constitue également l’âge de la vie pour lequel les tentatives de suicide sont les plus fréquentes.” Extrait de la plaquette Stratégie Nationale de Prévention du Suicide (2023)

Infos bonus :

  • Ce roman vient d’être adapté en série, elle sort le 25 octobre 2024 sur la plateforme France TV Slash
  • Il ressort avec une nouvelle couverture (avec les acteurs de la série dessus)Festival du livre jeunesse
  • Il sort également en livre audio et c’est Manon qui fait le personnage de Mina !
  • Manon sera présente au Festival du Livre Jeunesse de Carnac (56) le dimanche 20 octobre 2024.
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Si vous voulez en savoir un peu plus : Sa page Facebook – Son compte Instagram

+ Retranscription d’une conversation que j’ai eu le plaisir d’avoir avec elle

Romans de Manon déjà présentés sur ce blog :

Seuls en exil – BD ♥

seulsRoman graphique
A partir de 14/15 ans

SEULS EN EXIL

Menor, Ramon & Kalonji

Éditions Helvetiq (2022)

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Seuls en exil présente trois récits de vie. Trois parcours différents qui se sont rejoints dans un même endroit, à Genève, dans un foyer pour RMNA. RMNA pour Réfugiés Mineurs Non Accompagnés.

On écoute tout d’abord l’histoire de Kocholo. A 6 ans, il quitte l’Afghanistan avec sa tante pour aller vivre en Iran. A 8 ans (?!), il commence à travailler dans l’usine textile qui emploie sa tante. Et à 11 ans il y travaille à temps plein. Sa tante décède lorsqu’il a 15 ans. Il décide alors de partir pour le Canada, mais sa route s’arrêtera à Genève.

La 2ème histoire, c’est celle d’un jeune érythréen de 15 ans, Sebemalet. On ne sait pas vraiment pourquoi il quitte un jour son pays. Il parle juste de “pays hostile”. Un parcours long, difficile et très dangereux va l’amener aussi à Genève. Il y est depuis 5 ans.

Le 3ème récit est celui d’Ehsan. Né en Iran, d’origine afghane, issu d’une ethnie persécutée par les talibans et battu par son père, il a essayé de se suicider à plusieurs reprises. Il a pris le chemin de l’exil pour sauver sa peau.

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KOCHOLO

En cette période de fêtes, je me doute que beaucoup de gens n’auront pas envie de lire ce genre de récit. Pourtant il serait dommage de passer à côté de ce très beau roman graphique.

Chaque histoire est “adaptée” et mise en images par un auteur/illustrateur différent. La 1ère, Kocholo, est racontée de façon très simple et j’ai bien aimé les illustrations. Elles sont un peu “naïves” avec des traits de contour  “gras” et des couleurs douces.

SEBEMALET

Pour Sebemalet, j’ai également beaucoup aimé les illustrations façon “dessin animé”. Elles sont assez rondes, tout en nuances de gris avec parfois un peu de couleur. Des illustrations très douces pour une histoire très triste.

https://helvetiq.com/media/catalog/product/s/e/seulsenexil_detail_fr_web_585x674_02.webp

EHSAN

Pour le 3ème récit, celui d’Ehsan, ce sont des illustrations à l’aquarelle (me semble t-il) Très peu de couleur, du bleu et du beige/brun essentiellement.

Ce qui est triste, c’est qu’après avoir vécu des moments plus que difficiles, on ne leur donne pas une chance de se former, d’apprendre à parler la langue du pays dans lequel ils sont… Et qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas d’argent. Quand il s’agit de renflouer des banques, on en trouve toujours !

J’avoue que je ne sais pas comment on traite ces migrants mineurs en France. Mais je suis choquée qu’un pays comme la Suisse, européen et riche ne s’occupe pas mieux des enfants/ados qui arrivent sur son sol après avoir vécu des horreurs…

Ce que j’aime dans ce style de bd, c’est qu’on ne parle plus “de migrants” en général. Mais bel et bien de personnes. Kocholo, Sebemalet et Ehsan rendent “réelles” ces histoires de migration qu’on voit à la tv…

En bref : des histoires de vie difficiles que les illustrations aux couleurs douces rendent plus “faciles” à lire…
Une très belle BD que je vous recommande ! ♥
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Yrgane Ramon (1988-) est une illustratrice et autrice lyonnaise. Elle a fait ses débuts dans la BD avec la série Cath et son chat. Elle vit à Lyon et travaille pour un studio d’animation.

JP Kalonji (1973-) est un peintre, illustrateur et auteur de BD genevois. Il est notamment l’auteur de 365 Samurais and a few bowls of rice (Éditions Dark Horse).

Fabian Menor (1997-) est un illustrateur, graphiste et auteur de BD genevois. Il est l’auteur de Derborence (présenté ici) paru chez Helvetiq, et de Elise paru chez La Joie de lire.

Pour en savoir plus, c’est sur le site de l’éditeur

Interview d’un des trois auteurs, JP Kalonji

Cet album participe à la BD de la semaine chez Noukette

A l’ombre des murs

ombreConte steampunk
BD Ados/Adultes

A l’ombre des murs

Arnaud Le Roux & Marion Laurent

Futuropolis (2009)

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Dans une ville, à l’ ombre de hauts murs, des gens attendent le passage de la Reine. Nul indication de temps ni de lieu. Obligé de regarder passer le carrosse royal avec ses oncles et tantes, un jeune garçon s’ennuie. Dès qu’il peut, il file rejoindre ses amis. Avant de les retrouver, il rencontre une jeune fille, Jude, qui dit s’être enfuie d’un orphelinat. Tâche -c’est le jeune garçon- lui propose de l’accompagner car ses amis sont débrouillards et pourraient bien l’aider. Tout ce petit monde se réfugie chez un inventeur qui vit au milieu d’un bric-à-brac de machines… Ce qu’ils ignorent, c’est que la jeune fille est recherché par la pègre locale…

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Le scénario est assez léger, il ne se passe pas grand-chose dans cet album qui fait quand même 110 pages. En le refermant, vu le peu d’explications données sur un certain nombre de choses, je me suis dit qu’il s’agissait d’un tome 1. Il semblerait que non.

Malgré tout, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ! Le dessin est mignon (j’ai trouvé que les personnages avaient un peu tous les mêmes têtes, mais on les différencie bien quand même) et j’ai beaucoup aimé cette couleur sépia. C’est surtout l’ambiance médiévale et steampunk qui m’a plu. Et le trait de l’illustratrice, très doux.

On ne peut que se demander ce qui s’est passé dans cette ville ceinte de murs (qu’y a t-il derrière ? On ne le saura pas.) Des machines qui ne fonctionnent plus, une ambiance plutôt médiévale et une société totalitaire, voilà tout ce qu’on aura en guise d’explications.

Les deux auteurs ont fait deux autres BD ensemble, apparemment bien meilleures, toujours chez Futuropolis.

J’irai voir !

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Le site de l’illustratrice

Et cette semaine, LA BD de la semaine est chez Stephie, du blog Mille et une frasques

Roman d’horreur – c’est son titre !!

horreurIls n’auraient jamais dû retourner dans cette maison
A partir de 12 ans

ROMAN D’HORREUR

Arthur Ténor

Scrineo Jeunesse (2013)

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Prix Escapages 2015

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Ce soir là, un vendredi soir, Valentin, Zoéline et Cédric s’étaient retrouvés chez les parents de Valentin pour regarder un film d’ horreur. Le film étant nul, ils discutaient en le regardant d’un œil distrait. Et c’est là que leur vint l’idée saugrenue d’aller visiter de nuit une maison réputée hantée…

Une maison abandonnée rebaptisée “la maison de l’ horreur”. Ainsi nommée parce qu’un père de famille avait assassiné sa femme et leurs deux enfants avant de se donner la mort. Cette visite va leur réserver bien des surprises et pas forcement celles auxquelles ils s’attendaient…

A la fin du roman, quelques films -d’ horreur- ça va de soi, sont présentés avec de délicieux commentaires, tel que : “Pour voir l’Exorciste : Avoir au moins 12 ans, ne pas être atteint de troubles cardiaques, être accompagné d’un ami à agripper dans les moments de panique.”

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C’est très réussi !!

Il y a du suspense, des rebondissements totalement inattendus et j’ai beaucoup aimé la fin, très drôle !

Un roman dont je n’ai fait qu’une bouchée.

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D’Arthur Ténor, nous vous avons présenté :

A mort l’innocentLe roman d’un non-mortBlaise Cyrano le raté magnifique (coup de de Sophie) – Plastique ApocalypseL’académie diplomatique d’Isuldain

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Ce roman participe au #ChallengeHalloween2021

chez Lou et Hilde

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