Le singe de Hartlepool – Bd ado/adulte

HartlepoolLe singe de Hartlepool

Wilfrid Lupano & Jérémie Moreau
Coll. Mirages
Delcourt (2012)

^^^^^

C’est une Lecture Commune avec Blandine du blog Vivrelivre

Une bande dessinée que Sophie vous a déjà présenté sur ce blog, ici-même.

Une nouvelle édition a été lancée en 2014 qui est enrichie d’un cahier historique rédigé par Pierre Serna et illustré par Jérémie Moreau. Il est intitulé Le Singe de Hartlepool ou la fausse vraie histoire des débuts du racisme. Merci Wiki

^^^^^

1814 : Une époque où Français et Anglais ne s’aiment pas beaucoup. Les guerres Napoléoniennes sont toujours en cours. Au début de cette histoire, un bateau français frappé par le foudre coule au large des côtes anglaises. Seuls deux marins vont réchapper de ce naufrage : un jeune mousse, Philip et un singe, mascotte du bateau. Le jeune mousse, élevé par une nurse anglaise, va rapidement s’intégrer à une bande de gamins, tandis que le singe, qui, bien évidemment, ne parle pas, va faire les frais de la bêtise des habitants…

Je vous laisse le plaisir de découvrir à quoi on reconnaît un français…

^^^^^

A la bibliothèque où je travaille, j’ai vu passer de nombreuses fois cette bd. Mais je ne me décidais pas à l’emprunter : je trouvais la couverture triste, quand au dessin, il ne me plaisait pas du tout… A force d’entendre les gens me dirent “vous l’avez lu celle-ci ? Elle est géniale !!” Je me suis dit qu’il fallait tout de même que j’essaie. Et bien m’en a pris, c’est une histoire terrible, mais une bd géniale, effectivement ! Et les visages grimaçants des personnages illustrent très bien le propos : la bêtise humaine.

Une bd qui est à la fois très drôle… et très triste !

^^^^^

Pour écrire cette bande dessinée, Wilfrid Lupano s’est inspiré d’une légende qui court sur une ville du nord de l’Angleterre : Hartlepool  Une légende apparemment encore bien vivace… Je vous laisse découvrir pourquoi à la fin de la bd.

“Le Singe de Hartlepool” a reçu de nombreux prix, dont le prix des libraires 2013 et le Prix Château de Cheverny de la Bande Dessinée Historique 2013

^^^^^

Je n’ai pas trouvé de blog pour Wilfrid Lupano (il en avait un avant, mais il est fermé)

Pour Jérémie Moreau par contre, j’en ai trouvé 3 ! “Chronique contemporaine des pousseurs de pierre“, un site plus récent, et son site actuel ?

Lupano et Moreau participent tous les deux à l’association The Ink Link : une nouvelle approche des projets de développement et d’actions humanitaires grâce à la Bande Dessinée ! 

parenthèse

Cette semaine, nous sommes reçus par Noukette

Découvrez d’autres avis, ceux de : Le petit carré jaune, Jérôme, Yvan, Noukette et Jacques

La grammaire est une chanson douce

Roman pour adolescents

La grammaire est une chanson douce

d’Erik Orsenna (de l’Académie Française)

Ed Stock, 2001

“Tout le monde dit et répète “Je t’aime”. il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver.”

Ce livre est un grand classique des professeurs de français, tout le monde le connait parait il… Mais il faut bien avouer mon ignorance, je viens juste de le découvrir, à croire que j’étais toujours passé à travers les goutes. Bref comme dirais Neph, “Bon, vas-y, dis-nous plutôt de quoi ça parle !”

C’est donc l’histoire de Jeanne et de son grand frère Thomas. Enfin non c’est l’histoire des mots… Disons pour faire simple que c’est l’histoire de Jeanne et Thomas aux pays des mots! Chaque été ils traversent l’Atlantique en bateau pour les vacances d’été… Cependant une tempête les surprends et ils s’échouent sur une île… mais ils sont devenus muets… Des mots voguent dans l’océan…

J’arrête là le résumé de l’histoire, de toute façon tout le monde le connait ce livre (comment ça je me répéte… faut voir aussi qu’on me l’a bien répété…) Toujours est-il que les enfants, pour réapprendre à parler vont devoir apprivoiser les mots, jouer avec eux. jeanne passera des journées entières dans l’usine des mots, à marier verbes, auxilliaires, interjections, sujet, complément, conjonction… Ils vont même rencontrer St Exupéry!

Une très belle histoire fantastique, qui rappelle à la fois la force et le pouvoir des mots, mais aussi leur sensibilité propre. Un bon moyen de revoir les bases des fonctions grammaticales et les temps, sans s’en apercevoir!

J’ai beaucoup aimé ce petit moment de complicité avec les mots
. L’écriture reste légère, malgré des phrases peu habituelles en littérature jeunesse… (la narratrice est une petite fille de 10-11 ans)

“Un insecte avait dû pendant la nuit, s’introduire dans mon oreille et maintenant l’effronté, il me gratouillait le tympan. Il me fallait sévir”

… à relire mon exemple je ne le trouve pas si exceptionnel… c’est un ensemble je crois!

Un autre extrait pour le plaisir :
Les mots dormaient.
Ils s’étaient posés sur les branches des arbres et ne bougeaient plus. Nous marchions doucement sur le sable pour ne pas les réveiller. Bêtement, je tendais l’oreille : j’aurais tant voulu surprendre leurs rêves. J’aimerais tellement savoir ce qui se passe dans la tête des mots. Bien sûr, je n’entendais rien. Rien que le grondement sourd du ressac, là-bas, derrière la colline. Et
un vent léger. Peut-être seulement le souffle de la planète Terre avançant dans la nuit. Nous approchions d’un bâtiment qu’éclairait mal une croix rouge tremblotante.
-Voici l’hôpital, murmura Monsieur Henri.
Je frissonnai.
L’hôpital ? Un hôpital pour les mots ? Je n’arrivais pas à y croire. La honte m’envahit.
Quelque chose me disait que, leurs souffrances nous en étions, nous les humains, responsables. Vous savez, comme ces Indiens d’Amérique morts de maladies apportées par les conquérants européens.
Il n’y a pas d’accueil ni d’infirmiers dans un hôpital de mots ; Les couloirs étaient vides. Seule nous guidaient les lueurs bleues des veilleuses. Malgré nos précautions, nos semelles couinaient sur le sol.
Comme en réponse, un bruit très faible se fit entendre. Par deux fois. Un gémissement très doux. Il passait sous l’une des portes, telle une lettre qu’on glisse discrètement, pour ne pas déranger.
Monsieur Henri me jeta un bref regard et décida d’entrer.
Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue :
Je
t’

aime

Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur
la blancheur des draps. Trois mots reliés chacun par un tuyau de plastique à un bocal plein de liquide.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu’elle nous parlait :
-Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
-Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Il la berça longtemps de tous ces mensonges qu’on raconte aux malades. Sur le front de Je t’aime, il posa un gant de toilette humecté d’eau fraîche.
-C’est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.
« Un peu fatiguée », « un peu dur », Je t’aime ne se plaignait qu’à moitié, elle ajoutait des « un peu » à toutes ses phrases.
-Ne parle plus. Repose-toi, tu nous as tant donné, reprends des forces, nous avons trop besoin de toi.
Et il chantonna à son oreille le plus câlin de ses refrains.
La petite biche est aux abois
Dans le bois se cache le loup

Ouh ouh ouh ouh

Mais le brave chevalier passa

Il prit la biche dans ses bras

La la la la

-Viens Jeanne, maintenant. Elle dort. Nous reviendrons demain.”

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :