Sauveur & Fils – Saison 1 & 2 ♥

Sauveur & Fils est une saga pleine de vie, avec ses bons et ses mauvais côtés : un laboratoire de l’humanité, avec beaucoup d’amour  !

Sauveur & Fils

Série pour adolescents

Sauveur & Fils

Saison 1 & 2

de Marie-Aude Murail

Ecole des Loisirs, 2016
9782211228336, 328 pages
17€ > 9,99€ en epub pour le tome 1 et 12,99€ pour les suivants

Malgré le cochon d’inde sur la couverture, ce roman s’adresse aux adolescents, et n’est pas si léger qu’il y paraît.

Sauveur Saint-Yves est psychologue. Avec son nom prédestiné, il s’investit pour ses patients, qu’il voudrait tous sauver. C’est ainsi que confortablement assis sur le canapé de son cabinet, ou caché derrière la porte en compagnie de son fils Lazare, on suit le destin de plusieurs patients, dont un grand nombre d’adolescents.

Ella, 12 ans, qui rêve d’être le chevalier Elliot, Cyrille 9 ans, qui fait pipi au lit, Gabin, qui ne va plus en cours, mais aussi Margaux, Blandine, Alice, Elodie, Lucile, Marion, Paul… ainsi que tous les parents, les familles (souvent déchirée ou recomposée) qui accompagnent cette bande – Sans oublier, bien sûr, un hamster.

Sous cette étrange couverture animalière se cache un roman étonnamment prenant. Malgré l’accumulation de problèmes, souvent grave, la présence de Lazare et la bonne humeur de Sauveur rendent ce livre plaisant. Rien de pesant, et pourtant des problèmes, il y en a un paquet.

Marie-Aude Murail, auteur qu’on ne présente plus, signe encore un superbe roman, et même une super série puisque le tome 2 est tout aussi réussi, tandis que le tome 3 est paru en mars.

On s’attache à tous les personnages, sans pour autant s’identifier tant les thématiques sont lourdes, et on les suit en espérant une progression, une évolution pour eux.

On ne sauve pas les gens d’eux-mêmes, Lazare. On peut les aimer, les accompagner, les encourager, les soutenir. Mais chacun se sauve soi-même, s’il le veut, s’il le peut. Tu peux aider les autres, Lazare, mais tu n’es pas tout-puissant.

La vie personnelle de Sauveur est aussi bien présente, avec dans le premier tome le lien avec les Antilles et la mort de la maman de Lazare. Ce tome comprend aussi une bonne part de suspense, et même un peu d’action. Lazare est au centre parce qu’il crée un lien entre les différents protagonistes. Dans le second tome, de nombreux personnages reviennent, et Lazare a moins ce rôle central, ce que j’ai un peu regretté, au début, avant d’y trouver un équilibre finalement plus logique. Ella, Blandine, Gabin… tous sont tellement attachants !

Une galerie de personnages résolument moderne, aux problèmes d’actualité : harcèlement, phobie scolaire, divorce, couple homoparental, schizophrénie, mère possessive… tout y passe sans pour autant ressembler à un catalogue.

Coup de maître, encore, pour Marie-Aude Murail.

Le roman de Marie-Aude Murail a la fraîcheur d’un roman ado et la gravité de notre époque… le tout baigné dans une légèreté où la présence d’un hamster n’est pas anodine.

J’ai une fois de plus plongé dans les mots de Marie-Aude Murail, j’ai habité la maison de la rue des Murlins, à Orléans, et j’ai aimé chaque personnage.

+ D’autres romans de Marie-Aude Murail à découvrir :

   zapland   http://www.decitre.fr/gi/85/9782211048385FS.gif http://www.decitre.fr/gi/96/9782211071796FS.gif http://www.decitre.fr/gi/30/9782211092630FS.gif 

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Ce que j’ai oublié de te dire – Joyce Carol Oates

Roman pour grands adolescents

Ce que j’ai oublié de te dire

Joyce Carol Oates

Albin Michel, 2014
Wiz, 341 pages
9782226252586, 15€

Joyce Carol Oates est une auteur que je ne suis qu’en littérature jeunesse, et chaque fois je me demande si le fait que les personnages soient des adolescents en fait vraiment un roman jeunesse. Ce que j’ai oublié de te dire ne fait pas exception.

Merissa, Nadia, Tink, trois jeunes filles qui rythment ce roman. Merissa et Nadia racontent, chacune leur tour, le lycée, la vie, mais surtout la mort. Celle de Tink, celle qui les comprenait si bien et qui s’est suicidée six mois plus tôt. Tink était une fille étrange qui a changé leur vie. Mais sans elle Merissa ne sait plus vraiment qui elle est, ni si ce qu’elle a toujours voulu l’intéresse toujours. Elle veut exister et la seule solution qu’elle trouve est dans la douleur. Nadia, quant à elle se sent seule et rejetée et c’est dans l’amour pour un de ses professeurs qu’elle se sent vivante.

Dans ce roman à la première personne, avec trois parties et trois narrateurs, la vie est la quête essentielle. Vivre, savoir vivre, réussir à vivre encore, se sentir vivante… Nos personnages ne sont pas des écorchées vives, pas vraiment. Si la vie ne leur fait pas que des cadeaux, sans le suicide de Tink elles auraient continué leur vie sans grand remous.

Tink, personnage central de ce roman, elle et ses secrets, ses non-dits. Elle, fantômatique pour répondre aux interrogations de ses amies encore vivante, souvenir tenace. Elle, qui a su les changer, leur faire voir la vie autrement, pour repartir presque aussi vite. Un personnage que l’on a du mal à saisir pendant tout le roman.

Merissa et Nadia sont deux jeunes filles détestables et attachantes. Ces jeunes filles à qui tout réussi mais qui recherche à exister sont extrêmement fragile, même si leur entourage ne le remarque pas. C’est en nous immissant dans leur pensées les plus intimes que l’on comprend et partage leur douleur.

Ce roman aborde des thèmes variés mais difficiles. Le divorce, l’indifférence parentale, la solitude, l’amour d’un professeur, la maladie, mais encore anorexie, scarification, suicide. Rien n’est épargné à nos adolescentes et pourtant, malheureusement, tout semble si vrai. L’écriture de Joyce Carol Oates nous mène dans ces tréfonds de l’être humain avec brio, toujours à la première personne et sans jamais porter de jugement. Pas vraiment de solution non plus.

Si ce roman est absolument superbe il n’en demeure pas moins un récit extrêmement difficile. S’il peut être salvateur pour certains adolescents en péril, il pourrait aussi en faire couler d’autres tant les personnages semblent plus heureux dans la solution qu’ils trouvent à leur malheur.

Enfin un détail m’a légèrement dérangé, celui du poids des adolescentes en question. Pour une taille d’1m65, un poids de 45 kg semble normal, un poids de 55 kg vraiment énorme. On voit même son ventre ! Bien sûr cela permet de mieux visualiser les difficultés de représentation d’elles-même et des autres qu’ont ces jeunes filles, pour un regard adulte, mais je pense qu’il faut être très prudent avec ce genre de sujet sur nos adolescentes… Un roman à conseiller aux plus grands adolescents, et surtout pas comme “livre médicament”.

+ Challenge YA#3

+ + Challenge Rentrée littéraire d’hiver de Valérie

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