Muette d’Eric Pessan

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 Toute la rentrée littéraire 2013, 
avis de lecteurs 

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Roman adulte
Rentrée littéraire 2013

Muette

d’Eric Pessan

Albin Michel, août 2013
224 pages

Muette n’est pas un adjectif ici, c’est un nom. Celui de la narratrice. Il ne la qualifie pas d’ailleurs, puisque cette grande adolescente n’est pas muette. Elle est plutôt rendue muette.

Muette est en fuite. Elle fugue. Non loin de chez elle, dans la campagne qu’elle connait bien. Elle s’est préparée, semble réfléchie. En la suivant dans sa fuite nous allons découvrir son quotidien, ses obstacles et ses peurs mais surtout nous allons tisser la toile de son passé, apprendre peu à peu à la connaître et à  comprendre cette fugue.

Une histoire assez banale en apparence que celle de cette jeune femme qui ne se sent pas à sa place, mais c’est beaucoup plus que cela. Coincé entre un père présent mais trop occupé et une mère au contraire omniprésente, Muette n’a pas la place d’exister. Et cette mère omniprésente nous la côtoyons un peu aussi, d’une certaine manière….

La grande force de ce roman, ce qui fait son originalité et son attrait, c’est le jeu de la narration. Eric Pessan pour nous faire ressentir le mal être de Muette et l’omniprésence aliénante de la mère insère dans le récit des réflexions maternelles, en italique. Celles que la mère aurait pu faire / aurait fait / a fait à ce moment là, dans cette situation là. Ces phrases en italique coupent réellement le récit, n’hésitant pas à s’interposer au milieu des phrases, des pensées, des situations. Et pourtant ses phrases s’intègrent aussi souvent comme une continuité des pensées de Muette. La résistance de cette jeune fille contre la vie qu’on lui impose se fait sentir dans son désir profond de s’intégrer dans la nature, de disparaître.

Omniprésence parentale donc qui sonne dans l’absence et impose un rythme très particulier au récit, sans pour autant le rendre bancal. En cassant l’apparente monotonie de cette histoire simple, Eric Pessan touche le lecteur, le surprend avec de magnifiques moments d’émotion mais aussi avec une douce tristesse.

« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »

Rentrée 2013 +Un coup de coeur pour  Jostein

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013

+ D’autres titres de l’auteur : Incident de personne (Albin Michel, 2010)