Le récital des anges – Mois Américain 2

récitalLittérature américaine
Roman adulte

Le récital des anges

Tracy Chevalier

La Table Ronde (2002)

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Thème du jour (4 sept) : Ladies first

(auteure américaine, livre féministe, héroïne marquante)

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Dans le récital des anges, nous sommes à Londres en 1901. Kitty Coleman s’ennuie, dans son couple et dans sa vie. Son éducation, ses lectures, ses discussions avec son frère lui ont donné d’autres aspirations que d’être une bonne mère, une bonne épouse ou une femme au foyer exemplaire.

Lors d’une visite au cimetière suite au décès de la Reine Victoria, la famille Coleman rencontre la famille Waterhouse. Les fillettes des deux familles, Maude Coleman et Lavinia Waterhouse deviennent alors les meilleures amies du monde. Elles jouent dans le cimetière, regardent les anges de pierre. Leurs pères vont également se fréquenter car ils jouent ensemble au cricket. Les deux mères par contre, ne parviendront pas à s’affranchir de leurs différences sociales et culturelles.

Au cimetière, Kitty va rencontrer un homme avec qui elle peut parler. S’ensuivra une aventure aux conséquences embarrassantes et une dépression pour Kitty. Elle va s’éveiller de nouveau à la vie en rencontrant une suffragette du nom de Caroline Black.

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Avec ce roman, je suis tout à fait dans le thème du jour !

L’auteure est américano-britannique, une moitié du livre parle des suffragettes et et le moins que l’on puisse dire de l’héroïne (qui est pour moi Maude et non pas sa mère Kitty) est qu’elle est marquante (elle m’a tour à tour amusée, émue, attristée…).

C’est un roman polyphonique, avec une dizaine de personnages qui s’expriment à tour de rôle. Mais on n’est jamais perdu, le nom de chaque personnage étant indiqué au dessus de chaque paragraphe. On entend aussi bien les voix des deux familles, que celles de la femme de ménage, de la cuisinière ou encore de Simon, l’apprenti fossoyeur.

Il y a beaucoup de choses dans ce roman : des secrets de famille, des traditions à respecter, des drames terribles, des gens passionnés que ce soit par l’amour ou la politique, d’autres coincés dans leurs habitudes…

Un roman que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire !

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Pour lire le début de ce roman, c’est ici

De cette autrice, j’ai déjà lu et beaucoup aimé

  • La jeune fille à la perle (1999)
  • La dame à la licorne (2003)
  • La Vierge en bleu (1997), son premier roman, m’avait un peu moins plu.

Dans ma pal, il me reste à lire “Prodigieuses créatures” et “L’innocence”.

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C’était ma 2ème lecture pour ce mois américain organisé par Titine du blog Plaisirs à cultiver  et animé par Mélanie sur Instagram

Logo réalisé par The Cannibal Lecteur

Ce roman participe également à l’Objectif Pal chez Antigone

L’Odyssée d’ Hakim – De la Syrie à la Turquie

HakimDe pépiniériste à migrant
Roman graphique

L’ODYSSÉE D’HAKIM

Fabien Toulmé

Delcourt /Coll. Encrages

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T1 : De la Syrie à la Turquie (2018)
T2 : De la Turquie à la Grèce (2019)
Le 3ème et dernier tome “De la Macédoine à la France” est paru en juin 2020

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En 2016, Fabien Toulmé, s’interroge sur notre “froideur” face aux noyades de migrants essayant de traverser la Méditerranée (3500 morts en 2015 !) alors que l’on réagit beaucoup plus quand un avion s’écrase. Il se dit que pour avoir de l’empathie pour les gens, pour ressentir de la compassion, il faut les rencontrer, connaître leur histoire. Que ce ne soit pas que des chiffres en fin de journal TV. Il a donc rencontré Hakim, un syrien, et lui a demandé comment et pourquoi il était arrivé là, en France.

Après un rapide état des lieux de la situation en Syrie, nous suivons Hakim dans un long retour en arrière…

En fait, Hakim n’a jamais particulièrement souhaité venir en France.

En 2011, il avait 25 ans, était chef d’entreprise et avait une pépinière dans laquelle il adorait travailler. Il gagnait bien sa vie, avait une voiture neuve et venait de s’acheter un appartement. Mais il n’habitera pas longtemps dedans. Des jeunes voulant plus de liberté (et on les comprend !) se mirent à manifester dans les rues. Et parce que l’on avait trouvé un masque (utilisé pour pulvériser les pesticides !) dans sa voiture, Hakim va être arrêté, interrogé et torturé…

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A cause de son sujet, j’ai longtemps hésité avant d’ouvrir ce roman graphique.

Mais les critiques étaient élogieuses et j’avais vraiment beaucoup aimé la première BD de cet auteur.

Alors je me suis plongée dedans ! Et j’ai bien fait. Ce n’est pas une histoire drôle, mais on sourit à de nombreux moments. Fabien Toulmé a un don d’empathie certain et aussi le don de raconter les histoires. Hakim est un jeune homme extrêmement sympathique. Et petit à petit, au fil des pages, on comprend comment on “devient migrant”…

Ce n’est vraiment pas un choix dans le cas d’Hakim, c’est le moins qu’on puisse dire ! Après tout ce qu’ils ont traversé, j’espère pour lui et sa famille qu’ils vont bien maintenant (et j’aimerai qu’il en soit de même pour toutes les personnes qui traversent de telles situations d’ailleurs… Oui, je sais, je suis un bisounours).Hakim

C’est une histoire passionnante ! (même si cette situation est bien évidemment dramatique) et dans laquelle on apprend plein de choses.

J’ai vraiment hâte de lire le tome 3 !

Ajout d’octobre 2020 : J’ai lu le 3ème tome et c’est toujours aussi bien ! Instructif, humain, poignant…

Une BD qui devrait être présente dans tous les CDI de lycées et dans toutes les bibliothèques.

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De cet auteur, nous vous avons déjà présenté le très beau : Ce n’est pas toi que j’attendais

Son blog

Petite bio sur le site de l’éditeur

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C’est bientôt le retour de la BD de la semaine !

Esprit d’hiver – Roman adulte

Roman adulteesprit

Esprit d’hiver ♥

Laura Kasischke

Christian Bourgois (2013)

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C’est le jour de Noël. Eric et Holly ayant veillé longtemps. Ils ont bu pas mal de lait de poule (bien corsés !) et se sont réveillés tard. Très tard. Trop tard pour ouvrir –avant l’arrivée des invités, comme chaque année- les cadeaux entassés sous le sapin. Du coup, leur fille adoptive de 15 ans, Tatiana, est contrariée.

Eric saute dans ses vêtements et file chercher ses parents à l’aéroport. Pendant qu’Holly, elle, essaie de chasser une idée bizarre, tout en préparant le repas de Noël. Cette idée, elle l’a depuis son réveil : « Quelque chose les avait suivis depuis la Sibérie jusque chez eux ». L’ambiance entre Holly et sa fille dégénère petit à petit tout au long de la journée. Holly est contrariée. Ses amies et sa filleule ne viennent pas à cause de la neige qui tombe à gros flocons depuis le matin et Eric et ses parents n’arrivent pas non plus. Une suite de petits incidents émaille cette journée faite de chamailleries entre Tatty et sa mère.

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Laura Kasischke a une façon très particulière de faire monter l’angoisse.

On ne sait pas si on se trouve en présence d’une histoire fantastique, d’un roman d’horreur ou encore d’un récit de la vie quotidienne. On le sait à la fin, je vous rassure.

Une chose est sûre : tout au long de ses romans, on sent que quelque chose ne va pas alors même qu’il ne se passe rien d’extraordinaire.

Ici, on perçoit juste la frustration de la mère (dans le passé elle écrivait des poèmes, elle n’y arrive plus). Son énervement lorsque sa fille ne lui répond pas. Sa tristesse parce que ses amies ne viendront pas passer Noël avec eux (la neige, toujours la neige). Et aussi son regret d’être une femme-robot comme elle dit (opérée des seins et des ovaires).

Toute son histoire familiale, son histoire personnelle, une tonne de souvenirs occupent son esprit tout au long de cette longue, très longue journée de Noël. Elle n’aura pas un instant de répit et nous non plus !

Scotchant !

Une auteure vraiment à part que j’aime beaucoup et que je ne peux que vous conseiller.

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De cette autrice j’ai également lu : La couronne verte, A suspicious River et j’en ai 5 qui attendent dans ma pal ! Voir ces titres sur le site de l’éditeur

Histoires sur les roses, la pluie et le sel de Dzavinka Matiyash

Des nouvelles fascinantes, empreintes de nostalgie et de spiritualité

Recueil de nouvelles pour adultes

Histoires sur les roses, la pluie et le sel

de Dzvinka Matiyash

 

Editions bleu et jaune, mars 2020,

228 pages- 22 euros

 

Thèmes: famille, pauvreté, religion, art, espoir, amour

 

 

Présentation de l’éditeur: “Les Histoires sur les roses, la pluie et le sel sont de véritables miniatures littéraires. Elles relient les dimensions humaine et divine qui s’y rencontrent et s’y expriment avec une simplicité déconcertante et une remarquable poéticité.

Qu’il s’agisse du monde réel ou imaginaire, les miracles sont partout : la Sainte Vierge se déplace à bicyclette, une jeune femme qui ne peut plus marcher parvient à courir avec le vent, un moine bègue et simple d’esprit apprend à lire en latin et en d’autres langues, ou encore des fleurs ne fanent jamais… La joie et la tristesse, le bonheur et la souffrance se côtoient inlassablement. C’est ainsi qu’une harmonie rare et profonde envahit le cœur des êtres humains qui arrivent à trouver la vérité absolue.

Ce livre donne un sens à chaque petite chose de la vie.”

 

 

Traduit de l’ukrainien par Justine Donche-Horetska

 

En premier lieu, je vous invite à vous arrêter quelques instants pour observer la couverture d’Histoires sur les roses, la pluie et le sel. Sur un fond rose pâle se découpe une rose bien singulière, aux teintes bleutées. Quelques gouttes translucides semblables aux larmes terminent cette compositon rafinée et la magie opère…

J’ai véritablement été séduite par ce recueil de nouvelles. Histoires sur les roses, la pluie et le sel n’est pas un ouvrage ordinaire. Divisé en trois parties, chacune d’entre elles se composent de quinze récits à propos (comme le titre l’indique) de roses, de pluie et de sel.

De toutes les histoires contées par Dzvinka Matiyash, ce sont celles évoquant les roses que j’ai préférées. Certains récits relèvent du fantastique intérieur puisque seuls les protagonistes assistent aux miracles.

Idée originale, nous retrouvons au fil des pages certains personnages à travers différents moments de leur vie. Avec beaucoup de poésie, Histoire sur les roses, la pluie et le sel conte le quotidien de personnes ordinaires au destin extraordinaire. Parfois tragique, ce recueil décrit tout simplement la vraie vie. De celle que l’on a en rêve, des moments de joie et et de peine. Une vie pavée de souvenirs qui offre ses cadeaux et les reprend au moment où l’on s’y attend le moins.

La plume de Dzvinka Matiyash peint tout cela avec sensibilité sans jamais tomber dans le mélodramatique. Avec des mots justes et forts, l’auteur parvient à nous toucher. Et l’on referme ce livre à regret. Comme l’on aurait aimé courir plus longtemps en compagnie du vent ou encore célébrer la statue de la vierge un hiver de plus…

 

Une très belle découverte en somme que je vous recommande chaleureusement!

 

~Melissande~

 

+ L’avis de Monsieur Philippe Bonnet sur Les soirées de Paris

+ La présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur