Roman pour adolescents
La fille quelques heures avant l’impact
Hubert Ben Kemoun
Flammarion jeunesse, 2016
9782081373822, 13€
Impact, fracas, colère, feu… Titre, couverture, premier chapitre, rien ne laisse de doute, c’est le chaos. Un chaos que l’on va sentir venir, peu à peu, au fil du déroulement de la journée qui précède tout cela.
Annabelle, Fatou, Thierry, Fabien, Moktar, des adolescents, et Isabelle, leur professeur. La journée s’ouvre sur cette dernière, professeur de français, qui tente de gérer son cours tout gérant les pics que se lancent deux élèves de troisième.
Violence, c’est vraiment la violence et la colère qui transpirent de chaque page de ce roman. Racisme, Trahison, Colère. Attentat.
L’ouverture du roman, pleine de suspense, permet de garder le lecteur en haleine. Plusieurs passages, en italique, contribuent à renforcer cet effet catastrophe. Le reste du temps, les protagonistes alternent à la narration, nous permettant de voir les différents points de vue. De sentir la tension monter…
Les premiers chapitres sont durs, à l’image d’une grande partie du roman, choquants parfois. Cette professeur un brin paumée, trop prise par sa propre histoire, et ces adolescents tellement violents, tellement en colère. Leurs mots sont durs, presque plus que dans la réalité de ce que l’on croise en collège. Cependant ce sentiment de trop, d’accumulation dramatique, est souvent présent à l’esprit du lecteur adulte.
Les personnages sont le point fort de ce roman, avec leurs caractères entiers. Ils sont dérangeants, vrais, ils sonnent justes. Un peu à coté de la plaque, trop émotifs, trop volontaires, trop manipulables. Ils sont dans les extrêmes, des personnages justes mais qu’on ne croisent pas tous les jours, des spécimens, même, pour certains. Fabien, fils du maire, raciste par héritage, est un exemple frappant.
Et le point d’orgue, le concert, la salle de spectacle, l’attentat. Un écho douloureux aux événements de novembre 2015, mais pas un récit d’après, qui raconte. Dans sa postface, l’auteur nous explique avoir terminé ce livre en janvier 2015. Il est donc teinté d’attentats, pas de ceux que l’on a en tête. La fille quelques heures avant l’impact ne cherche pas à raconter les événements français, mais plus à comprendre certaines des dérives actuelles, du racisme, de la rage.
Un roman incisif, qui touche à des non-dits, et qui n’hésite pas à mettre ses héros en danger. De la littérature jeunesse, oui, mais de la littérature noire aussi. Une façon intéressante de montrer aux adolescents les conséquences des petites habitudes qu’ils trouvent souvent drôle au collège (mais pas avant la 4ème, ou pour lecteurs avertis…) !
Bonjour,
J’ai rencontré l’auteur dans un salon du livre, il y a 10 jours. Il m’a dit que c’était les mêmes personnages que pour son roman “la fille seule dans le vestiaire des garçons” que j’ai beaucoup aimé. Sans être une suite, les personnages du roman précédent étaient déjà plein de violence. Et je ne l’aurais pas conseillé avant la 4e.
Je n’ai pas acheté ce livre, mais un album pour mes filles (qui peut peut-être se retrouver dans un collège), mais il faut que je le lise…
Je n’ai pas lu la fille seule… mais je l’ai commandé !
Plus ça va plus je me dis qu’il faut que je le lise celui là…
je l’ai lu récemment, et si j’en garde un bon souvenir, au final je me rends compte qu’il ne m’en reste en fait pas grand chose…
Il y a des livres qui marquent sur le moment, mais c’est vrai que celui ci ne restera peut être pas non plus dans le temps…