Entre toi et moi – Stephen Emond

Roman pour grands adolescents

Entre toi et moi

de Stephen Emond

traduit par Valérie Le Plouhinec

Albin Michel, janvier 2013
Wiz, 368 pages
9782226245892, 16,50€

 

 

          Entre toi et moi est un roman qui prend le temps. Le temps de nous présenter les personnages et leurs histoires. Le temps de nous faire vivre leurs journées, entremêlées de leurs souvenirs. Pourtant ce roman dure le temps des vacances de noël.

         Comme à chaque noël Lucy, 17 ans, vient passer les vacances chez son père. L’occasion de retrouver Evan, son ami d’enfance. Une occasion qu’Evan attend avec beaucoup d’impatience. Lucy aussi. Pourtant cette année c’est une “nouvelle Lucy” qui arrive pour les vacances. Une Lucy au look gothique qui ne sourit plus. Ne parle plus. Leur amitié en est fragilisée, prête à se briser.

         En plongeant dans leur pensées, celles d’Evan d’abord puis celles de Lucy, nous allons découvrir ce qui se cache derrière ces changements. Et voir peu à peu leur amitié changer. En bien, en mal. Parce qu’on est pas sérieux quand on a 17 ans. Mais qu’on peut aimer quand même. Le passage de l’enfance à l’âge adulte. Des premières décisions. Des déceptions. De l’amour.

          L’apparente lenteur de ce récit m’a d’abord dérangée. Le roman me tombait des mains, la fatigue aidant, tous les soirs. Et puis peu à peu on s’attache aux personnages malgré une narration externe. On avance avec eux, et la deuxième partie, en laissant la parole à Lucy dynamise le récit. On commence enfin à mieux comprendre, appréhender les changements. La romance adolescente que l’on apercevait évolue vers un roman intimiste sur la vie.

         C’est une nuit qui décidera de leur avenir, de leur vie, et les fera grandir. Tout le récit tend vers cette nuit, apothéose attendue et pourtant loin de ce que l’on aurait pu imaginer, pour une fin plaisante par la réalité qu’elle présente.

         Ce récit est aussi un hommage à l’art, à la bande dessinée, avec ce thème qui lie les deux protagonistes. Lucy écrit, Evan dessine, et à eux deux ils construisent une bande dessinée que l’on découvre au fur et à mesure du récit. Un petit côté roman graphique qui rend ce roman plus léger qu’il ne l’est réellement.

         Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la série Dawson’s Creek. Ce n’est pas la même chose pourtant mais cette amitié qui lie et sépare deux adolescents puis jeunes adultes est toute aussi forte… Et puis je me suis sentie dans mon élément avec cette neige qui parsème le roman. Cet univers blanc et froid qui pourtant convient parfaitement à cette histoire d’amitié. Qui ajoute la distance nécessaire.

         Un roman touchant qu’il faut prendre le temps de déguster sans brusquer le rythme du récit, et qui fait réfléchir… Une amitié comme on rêve tous d’avoir et qui pourtant n’est pas forcément immuable. La phrase de couverture “Un garçon et une fille peuvent-ils être amis ?” est assez déstabilisante et trompeuse finalement, car là n’est pas vraiment le sujet…

+ L’avis illustré de Fantasia et le coup de coeur de Nathan

+ une très belle couverture, bleue pour le challenge de Liyah!

+ Challenge YA#2

Quand j’étais déesse d’Irène Cohen Janca

Quand j’étais déesse

d’Irène Cohen Janca

Roman jeunesse, adolescents

Rouergue, janvier 2011
Dacodac
9782812601934, 7€

Thèmes : Déesse, Népal, Kumari, Famille, Amitié

“A quatre ans Rashmila est si belle qu’elle est élue déesse vivante du Népal. Un jour, elle est chassée brutalement du palais et renvoyée chez ses parents, des petits artisans. Rashmila, pourquoi n’es-tu plus la Kumari royale ? Quel est ton secret ?”

Mon avis :
J’ai lu ce roman plusieurs fois. Et plusieurs fois à haute voix. J’ai donc un regard assez particulier sur ce livre, et je connais aussi la réaction des élèves de 6ème face à cette histoire.
A ma première lecture je l’ai trouvé vraiment facile, et manquant cruellement de profondeur, voire parfois d’explication. J’aurais voulu plus d’informations sur le Népal, sur les Kumari, la vie quotidienne, les fêtes. Il y a certaines choses, il y a même une légende, mais cela semble un peu survolée. Par ailleurs les personnages sont assez peu détaillés, surtout les personnages secondaires. L’ensemble cependant est sympathique.

Sauf que voilà, mes élèves ne ressentent pas du tout ces manques! Ils apprécient cette histoire pour ce qu’elle est, sans trop se poser de question. Quelques rires à cause des nom des personnages ou des lieux, mais ils accrochent bien et attendent vraiment la fin avec impatience !

Alors c’est certainement un roman adapté à son public, qui fonctionne bien, et qui donne quand même des bases sur le Népal qui pourront donner au plus curieux l’envie de faire des recherches (comme moi!)

Quelques infos du coup sur les Kumari :
Ce sont des jeunes filles hindouistes, qui répondent à une série de critères physiques. Elles deviennent Kumari vers l’âge de 3 – 4 ans, et le reste jusqu’à leurs premières règles – c’est ce point qui me pose problème dans le livre, car il n’est pas évoqué, et cela parait bizarre vu l’âge supposé de la jeune fille… –

Ces jeunes filles bénéficient aussi, depuis peu, d’une éducation, mais les autres règles demeurent : elles sont vénérées, ne doivent pas poser le pied au sol, ne montrent pas leurs émotions…

Un article de libération sur la Kumari actuelle.

Attention l’article de Wikipedia sur le sujet me semble donner par mal de fausses informations… à vérifier par un spécialiste donc!

Photo : nepal-trek.com

 

Trois baisers de Maïté Bernard

Trois baisers

de Maïté Bernard

Roman pour adolescents (dès 11 – 12 ans)

Syros (Tempo+), 2010
EAN 9782748509243, 5,95€
272 pages

Thèmes :  Allemagne, Amitié, Amour, Berlin, Famille, Homosexualité, Pédophilie, Prison,

Marie-Liesse vient de passer le bac (avec quelques années d’avance), et avec sa classe (son groupe scolaire de musique du moins) elle part passer quelques jours en Allemagne. Découverte de Berlin, Musique, et vie dans une famille allemande sont au programme.

Et effectivement nous allons découvrir Berlin avec elle, et j’ai vraiment apprécié cela dans le livre, cette façon de faire passer dans un roman moderne et une découverte moderne de Berlin toute l’histoire de cette ville qui garde les traces d’un mur terrifiant.

Pourtant ce roman n’est pas historique non plus, et c’est avant tout la vie, et les relations qui sont décryptées ici. A travers 3 baisers, bien différents les uns des autres. A travers trois relations, voulues ou non…

Ce sont des thèmes durs qui sont abordés sous l’étrange sentiment de légerté de ce roman pour adolescents. Des thèmes qui touchent les adolescents bien sûr, et qu’on croise en littérature jeunesse, mais j’ai aimé le traitement qui peut paraître étrange, mais qui est cohérent avec la vie et l’évolution du personnage. Ces thèmes ? Prison, Homosexualité, Pédophilie, Séparation… mais contre balancés par la famille, l’amour, l’amitié…

Un ensemble étonnant, qui fonctionne bien. Et malgré ces thèmes et l’âge de l’héroïne, le livre peut sans soucis être lu par des 6ème-5ème, grâce à une écriture simple et agréable.

http://www.rue-des-livres.com/images/livres/200908/9782748508604.jpgA noter que ce roman est la suite de Un cactus à Versailles, mais qu’il n’est pas du tout nécessaire d’avoir lu cette première histoire. On retrouve seulement les même protagonistes, ce qui doit apporter de la profondeur à l’histoire :)
Les avis de Leiloona et Karine:) sur Un cactus à Versailles que je n’ai pas lu pour ma part.

Samien : le voyage vers l’outremonde de Colin Thibert

Samien

Le voyage vers l’outremonde

de Colin Thibert

roman fantastique pour adolescent

Editions Thierry Magnier

http://medias.letudiant.fr/documents/concours/ETM-logo.jpg

9782844208880, 432p.,  15,80€

Parution le 02/02/2011

Thèmes : Adolescence, amitié, amour, aventure, liberté, voyage, esclavage, Heroic Fantasy


Présentation de l’éditeur :

Dans ce monde-là, huit lunes scintillent la nuit à tour de rôle. Samien, petit paysan des Kraspills est maltraité par son maître, il fuit. Sous son bonnet rouge, niche Yonka l’araignée, ils communiquent par télépathie. Autoritaire, elle a de grandes ambitions pour Samien, tout d’abord partir vers Iskhion, capitale du monde du Sarancol, lieu de résidence du Sarchonte. Là, ils feront fortune et ensuite ils fileront vers l’Outremonde, au-delà des huit lunes. La route est longue, semée d’embûches, de traquenards, de brigands et de cohortes de pèlerins qui se dirigent pour célébrer le Walche.
Mais aussi d’animaux étranges : prapators, chenilles géantes… Kidnappé, asservi, en fuite, emprisonné, évadé, mousse sur des bateaux intersidéraux, Samien court d’aventure en aventure. Il découvre bien des mondes, les trafics humains, la traite des femmes indigos le révolte, et aussi bien sûr il découvre l’amour, l’amitié, la trahison… Inutile de prétendre réussir à résumer un roman aussi touffu qui évoque par son humour permanent le monde de Terry Pratchett.
Belle quête initiatique, matinée de considérations politiques (les opprimeurs et les opprimés existent partout, même dans l’Outremonde), ces considérations ajoutent un supplément d’âme à ce roman de fantasy dans la droite ligne de classiques du genre.

Mon avis :

400 pages qui passent comme de rien, pour un roman captivant!

Samien est un jeune garçon, pas aidé par la vie, qui fuit à travers les montagnes d’un monde bien différent du notre. Première rencontre, premier ami, Yonka, une araignée qui malgré son aspect d’arachnides dont je me serais bien passée est rapidement devenue mon personnage favoris. Plus que Samien, car beaucoup plus intelligente selon moi, fine, et elle permet des situations cocasses qui m’ont fait sourire! L’aventure est le maître mot de ce roman dynamique qui ne s’arrête pas une seconde.

Tout au long de ce roman les situations d’aventures se succèdent, à un rythme impressionnant. Trop pour que je le raconte, mais juste assez pour que ce roman soit lu très vite, sans pause ou presque, pour connaître enfin le dénouement du livre. J’ai apprécié que l’auteur ne fasse pas traîner en 4 ou 5 tomes son histoire, mais enchaîne les évènements et les situations de tout type. Sauf que du coup on ressort du livre avec quelques questions sur ce monde,
ces mondes même, l’Outremonde et tout ce qu’il y autour ! Samien découvre le monde, mais pas vraiment en profondeur et j’aurais tellement en savoir un peu plus, m’imaginer un peu mieux chaque détails de l’histoire.

Un passage, trop court, nous parle de l’esclavage sexuel de tout un peuple, un peuple totalement fantastique et qui m’intéresse beaucoup mais qu’on ne fait que survoler!

Bref vous allez croire que je ne sais pas ce que je veux, je râle toujours que les séries mettent trop longtemps à démarrer, qu’on aurait pu faire l’économie d’un tome pour rentrer dans l’intrigue, et là c’est tout le contraire, il m’aurait fallu 2 tomes, voire plus, pour avoir le temps de vraiment me plonger dans ce monde, pour en connaître tous les détails, tous les secrets…

Un très bon roman initiatique, fantastique à souhait, avec des personnages originaux, mené tambour
battant!

Je vous parlerai à l’occasion du recueil de nouvelles du même auteur : Le bâtard de l’espace, plus science fiction

pure.