Mississippi – Roman

MississippiMississippi

Hillary Jordan

Traduit de l’américain par Michèle Albaret-Maatsch

Belfond (2010/vo 2008)

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Éditeur : Lorsqu’elle découvre la ferme que son mari Henry vient d’acquérir, Laura McAllan comprend qu’elle n’y sera jamais heureuse. Pourtant, en épouse et mère dévouée, elle s’efforce d’élever leurs deux fillettes, sous l’œil haineux de son beau-père, membre du Ku Klux Klan.

Alors que les McAllan luttent pour tirer profit d’une terre peu fertile, deux soldats rentrent du front : Jamie, le jeune frère d’Henry, aussi séduisant et sensible que son aîné est taciturne et renfermé. Et soudain, Laura se sent renaître… Ronsel Jackson, le fils des métayers, un descendant d’esclaves qui, pendant quatre ans, s’est permis de croire qu’il était un homme. Mais le Sud va se charger de lui rappeler qu’il n’est qu’un nègre…

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Laura était une vieille fille, une vierge de 31 ans, vivant chez ses parents et enseignant l’anglais dans une école privée. Au printemps 1939, son chemin croise celui d’Henry McAllan, de 10 ans son aîné et sa vie va en être profondément bouleversée. D’une vie de citadine, elle va se retrouver dans une ferme boueuse, sans eau ni électricité…

Ce roman choral m’a beaucoup plu. Il se passe à un moment charnière pour la ségrégation raciale : de jeunes hommes noirs se sont retrouvés à faire la guerre en Europe et ont été traités par les civils européens comme d’autres “humains” tout simplement. Sauf que de retour dans les états du sud des États-Unis, la ségrégation, le racisme et la bêtise étaient toujours là…

Si le sort de Laura est dur (et à travers elle, le sort des femmes à cette époque), c’est celui de Ronsel Jackson qui est le plus terrible, le plus poignant, le plus émouvant. La scène de l’épicerie, où Ronsel se trouve face à un groupe de vieux racistes, m’a retourné l’estomac. Sans parler d’une des scènes finales, épouvantable. La haine et le racisme sont des poisons terribles…

Un roman facile à lire
mais dont certains passages retournent un peu les tripes tout de même…

Il m’a beaucoup plu.

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Un roman qui participe au challenge d’Enna

Au tour du monde en 80 livres chez Bidib (USA)

https://delivrerdeslivres.fr/tag/le-tour-du-monde-en-80-livres/

Ainsi qu’au Challenge American Year

chez The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires

Un film a été tiré de ce roman : Mudbound

D’autres livres “adulte” qui parlent de ségrégation et présentés ici :

Dans la peau d’un noir – J. H. Griffin

Griffin
Sud des États-Unis, 1959
Roman autobiographique

Dans la peau d’un Noir

John Howard Griffin

Traduit de Marguerite de Gramont

Gallimard (1962)

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John Howard Griffin est un journaliste et écrivain américain blanc. Se demandant comment il pourrait ressentir ce que ressent un homme noir, comment il pourrait comprendre sa condition, il décide de devenir noir. Avec l’aide d’un dermatologue, il prend des gélules habituellement prescrites pour une maladie de peau appelée vitiligo et passe sous des rayons ultraviolets. En quelques jours, sa peau fonce, il devient noir.

Et là, il se retrouve confronté à des problèmes qu’il n’imaginait même pas… Il devient presque invisible aux yeux des “blancs”, il est regardé avec mépris, souffre bien évidemment du racisme. Mais il y a aussi les soucis du quotidien. Boire un verre d’eau, trouver à manger, un endroit pour aller aux toilettes, dans les états du sud des États-Unis à cette époque là, c’est une terrible galère…

Il décrit la peur aussi, une peur permanente d’être agressé. Quand il fait du stop par exemple ou quand il ne sait pas où dormir.

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Franchement, c’est un livre qui m’a plus terrifié qu’un Stephen King (et pourtant !)

C’est un ouvrage que l’on devrait étudier à l’école si ce n’est pas le cas. Il démontre parfaitement comment la bêtise et l’ignorance peuvent pourrir la vie de milliers de gens. Leur donner une mauvaise image d’eux-mêmes, les empêcher d’étudier, de se déplacer, de vivre normalement !

Suite à son enquête, ce journaliste a dû se résoudre à déménager avec sa famille (et ses parents ont également vendu leur maison pour aller ailleurs) à cause des menaces qui pesaient sur eux. Et à cause des regards réprobateurs ou menaçants d’anciens voisins ou amis…

Je suis encore sous le choc de cette lecture, terminée ce matin. J’ai pourtant lu d’autres livres sur la ségrégation. Mais celui-ci est un peu différent. Il montre le quotidien des Noirs en 1959 (la ségrégation sera abolie en 1964) dans certains états du sud.

Je commençais à avoir soif et demandait à Sterling où je pourrais trouver à boire. “Va falloir être prévoyant maintenant, dit-il. Vous ne pouvez plus agir comme lorsque vous étiez un homme blanc. Vous ne pouvez pas entrer n’importe où et demander à boire ou utiliser les lavabos. Il y a un café pour Noirs au Marché Français à deux rues d’ici. On vous y servira à boire. Le cabinet le plus près c’est celui d’où vous venez. Mais attendez, j’ai de l’eau.” Il alla derrière son échoppe chercher une grande boite de conserve munie d’un fil de fer en guise d’anse. Un peu de cendre flottait sur l’eau. Je soulevai le seau et bus.

Une lecture que je vous recommande vivement !

Et regardez la vidéo ci-dessous (elle ne dure que quelques minutes)

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D’autres romans adultes qui parlent de ségrégation : Nina Simone, Mélodie de la lutteLes braves gens du Tennessee

Plus quelques romans jeunesse sur le même thème

Un roman qui participe à trois challenges

L’African-American History Month chez Enna

Le tour du monde en 80 livres chez Bidib

monde

Et pour 2023 sera classique, challenge qui se déroule sur ce blog et chez Blandine

2023

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Voyage à Birmingham de Christopher Paul Curtis

Un texte qui donne à réfléchir…

Roman pour la jeunesse à partir de 11 ans

Voyage à Birmingham  Voyage à Birmingham

de Christopher Paul Curtis

Editions Ecole des loisirs,

coll. Medium Poche, 2021

(éd. originale parue en 1977)

6,90 euros

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Thèmes: Etats-Unis, 20ème siècle, histoire, Martin Luther King, racisme

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Présentation de l’éditeur: ” La vie quotidienne de la famille Watson, dans l’état du Michigan au début des années 60, est celle d”une famille noire des plus normales (…)  Mais Byron, le fils aîné, est en train de mal tourner. Alors, pour lui apprendre à vivre tant qu’il en est encore temps, les parents décident de l’emmener en pension chez sa grand-mère du Sud (…) C’est l’été 1963. Il fait chaud. Dans 15 jours, le 15 septembre, Martin Luther King prononcera son immortel discours: “J’ai fait un rêve…”

 

D’après la quatrième de couverture de Voyage à Birmingham, on se doute un peu de la tournure des événements. Le quotidien de la famille Watson va en effet être troublé par un contexte politique et historique devenu célèbre. Il y est question, entre autres, de la lutte pour les droits civiques des Noirs Américains à l’été 1963. Mais pas que.

Voici donc les Watson en route pour le sud des Etats-Unis. La psychologie des personnages est très bien construite. Christopher Paul Curtis nous conte les relations (souvent difficiles) qu’entretiennent les différents membres de la famille. J’ai été surprise de découvrir à quel point Byron, l’aîné, est cruel et calculateur. Je n’ai vraiment pas apprécié ce personnage. Au fil du récit, on assistera à plusieurs de ses méfaits, il sera même parfois puni très sévèrement.

J’avoue que l’histoire de Voyage à Birmingham n’est pas du tout celle à laquelle je m’attendais. Les événements en lien avec le discours de Martin Luther King arrivent tardivement et je n’ai pas trouvé les personnages très sympathiques. Néanmoins, Christopher Paul Curtis écrit très bien. Il saisi à merveille les différents aspects de l’être humain.

Voyage à Birmingham est un roman qui pourrait intéresser nombreux adolescents et leurs parents. C’est une lecture qui fait réfléchir.

 

~Melissande~

 

+ Un album traitant de la ségrégation aux USA: Ruby tête haute d’Irène Cohen-Janca et Marc Daniau, présenté par Nathalie

+  Nathalie nous présente deux romans-documentaires sur Martin Luther King: Martin Luther King expliqué aux enfants

+ Sophie a présenté The Hate U give / Nathalie aussi !

 

Nina Simone, mélodie de la lutte ♥

NinaNina Simone, mélodie de la lutte

Jeune, douée et noire : l’origine d’une légende

Sophie Adriansen

Coll. Les indomptées

Éd. Charleston (2022)

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Lecture Commune avec Blandine

Enna l’a lu avant nous !

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Mary Kate est mariée et elle a des enfants. Pour compléter les revenus rapportés au foyer par son mari, elle fait le ménage chez une femme, Mrs Miller. Mary Kate a une fille, Eunice, qui adore la musique et joue du piano. Elle en joue tellement bien que Mrs Miller décide de payer à Eunice des leçons de piano pendant un an.

Dit comme ça, ça paraît banal. Sauf que nous sommes aux États-Unis, en Caroline du Nord, dans les années 40. Que Mrs Miller est blanche et que Mary Kate, sa femme de ménage, est noire. Eunice, grâce à son talent, et à cette femme, va donc avoir la chance de prendre des cours de piano auprès d’un bon professeur. Alors même qu’elle doit manger son sandwich au fromage à l’extérieur du drugstore parce que les Noirs n’ont pas le droit de s’asseoir à l’intérieur…

Eunice, vous l’aurez compris, c’est Nina Simone. Une merveilleuse musicienne (et chanteuse !) qui deviendra la femme engagée que l’on connaît.

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Même si j’aime les chansons de Nina Simone depuis très longtemps, je connaissais très peu sa vie.

Dans cette biographie (partielle) qui se lit comme un roman, j’ai appris beaucoup de choses et j’ai été franchement désolée pour elle. Car, comme c’est le cas pour beaucoup d’autres personnes d’ailleurs, sa vie aurait sans doute été très différente avec une autre couleur de peau.

Et ça, c’est juste terrible ! Car comme dit Maxime Le Forestier “Être né quelque part, pour celui qui est né – C’est toujours un hasard”.

Nina Simone, j’ai eu la chance de la voir en concert à Paris à la fin des années 80. Cadeau de rupture de mon petit ami de l’époque (Salut Thierry !) Je me souviens avoir été assez déçue en la voyant arriver. Elle était très en retard, sa robe était tâchée et elle avait l’air malade. Mais quand elle s’est mise au piano, tout le monde s’est tu.

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Extrait : Quand, noirs ou blancs, les individus se rencontrent vraiment, ils peuvent mesurer leur valeur. C’est ce qui s’est passé à la chapelle, un dimanche de cette étrange année 1939, lorsque Mrs Miller est venue écouter Eunice jouer du piano. Elle l’a écoutée véritablement. Pour cela, le mieux est de fermer les yeux. On se rend compte alors que la musique n’a pas de couleur. Elle peut venir de l’âme, elle peut venir du cœur, peu importe, les organes sont identiques chez tous les êtres humains.

L’autrice nous explique en quelques pages à la fin pourquoi elle a choisi d’écrire sur Nina Simone.

Un ouvrage facile d’accès et très agréable à lire, avec des repères sur la société de l’époque.

Ça m’a beaucoup plu !

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De Sophie Adriansen déjà présenté sur ce blog : La remplaçante (BD sur la maternité), J’ai passé l’âge de la colo, Je vous emmène au bout de la ligne (témoignage) et Quart de frère – Quart de sœur

Le  site de Sophie AdriansenSon blog – Sa page Facebook – Son Instagram

La chanson qui me hérisse les poils à chaque fois que je l’entends : Strange fruit