La formule préférée du professeur – Yoko Ogawa

Roman adulte (Japon)

La formule préférée du professeur

Titre original : 博士の愛した数式

de Yoko Ogawa

traduit par  Rose-Marie Makino-Fayolle

Actes Sud, 2008
Babel, 244 pages 
9782742772230, 7,70€

Thèmes : Mathématiques, amnésie, japon

Quel éblouissant roman! Il y a dans ces pages tout ce que j’aime! Une découverte enrichissante qui me manque souvent dans les romans adultes et une véritable trame narrative.

Un professeur de mathématiques aménsique qui ne se souvient que de ses 80 dernières minutes, une femme de ménage et son fils, un garçon plein de vie. Voici le trio au coeur de ce roman. Un groupe atypique mais rapidement attachant. Leurs relations sont entravées bien sûre par la mémoire défaillante du professeur, mais c’est ce qui fait toute la trame narrative. Comment construire quelque chose malgré la mémoire si courte du professeur, la condition sociale de la femme de ménage et l’entrain trépidant de son fils bientôt surnommé Root (un jeu de mot mathématique). Comment trouver un terrain d’entente quelque chose d’intemporel pour les réunir. La réponse tient en deux mots : mathématiques et base-ball. Aussi étrange que celà puisse paraître ce sont bien les principaux thèmes du livre et ils y tiennent une place prépondérante.

Le base-ball permet l’évasion, le rapport avec le monde extérieur, mais aussi un lien entre la jeunesse du professeur et celle du jeune garçon. Je ne suis pas fan de ce sport et je n’ai pas été passionnée par ce thème mais il est cohérent avec l’ensemble de l’histoire, apportant une certaine touche de modernité et de suspense.

Les mathématiques enfin.. et bien désolée de vous décevoir mais il sera bien question de nombres, d’opération, d’équation et de théorème… Si vous êtes allergiques, ça sera sans doute difficile de passer outre, mais pour toutes personnes avec un peu d’intérêt scientifique (et j’en ai beaucoup) vous verrez que ce roman est une promenade dans l’univers des nombres, un enchantement scientifique sans rien de compliqué, juste avec une justesse et un appétit passionnant. C’est véritablement cet aspect qui a marqué ma lecture et m’a enchanté.

Enfin l’écriture (la traduction française en l’occurrence vu ma connaissance des langues asiatiques) est elle aussi précise et scientifique mais elle n’oublie pas d’être aussi touchante ! Les pages filent et même les parties mathématiques résonnent d’un brin de poésie, admirable!

Bien sûr, on a beau tourner le dos au monde, on peut sans doute trouver autant de cas que l’on veut pour lesquels les découvertes mathématiques ont fini par être mises en pratique dans la réalité. Les recherche sur les ellipses ont donné les orbites des planètes, la géométrie non euclidienne a produit les formes de l’univers selon Einstein. Les nombres premiers ont même participé à la guerre en servant de base aux codes secrets. C’est laid. Mais ce n’est pas le but des mathématiques. Le but des mathématiques est uniquement de faire apparaître la vérité.

petit++  En 2006, un film a été réalisé par Takashi Koizumi au Japon.

+ Un roman offert par Ismérie, encore merci!

+ Les avis de : Yv, qui n’a pas aimé, Stéphane Lamy, professeur de mathématiques,

+ Si le dernier théorème de Fermat vous intéresse (autant que moi)

 

Le jour où les chiffres ont disparu d’Olivier Dutaillis {RL2012}

Rentrée Littéraire 2012 – roman adulte

 

 Le jour où les chiffres ont disparu

d’Olivier Dutaillis

 

Albin Michel, 23 août 2012
9782226242938, 18€

 

“”Pourquoi ? C’est très bien, le zéro ! Aucun chiffre n’est plus important ! ” Il a fait l’éloge du zéro. Et j’en étais bouleversée. Car derrière les mots,  il y avait cette manière délicate, indirecte, d’affirmer que je valais quelque chose.” Anna, jeune musicienne talentueuse, interrompt brutalement sa carrière, paralysée par le trac. Un psychiatre lui révèle que son manque de confiance en elle vient d’un problème avec les chiffres.

Son diagnostic : mathématopathie aiguë. Anna choisit alors de s’en prendre aux chiffres eux-mêmes, coupables à ses yeux de réduire les individus à des numéros, de façonner un monde déshumanisé. Elle conçoit un grand projet pour combattre leur dictature. Un projet peut-être moins fou qu’on ne pourrait le croire.

 

Un titre et une quatrième de couverture qui parle de chiffres, de mathématiques… ça en rebutera sans doute beaucoup mais c’est ce qui m’a attiré vers ce titre de la rentrée littéraire. Et pourtant si les chiffres ont une grande importance dans le récit, ce sont les humains qui sont mis en avant. Deux notamment : Anna, jeune femme renfermée et fâchée avec les chiffres et un psychiatre, narrateur en grande partie du récit.

Je ne veux pas trop vous en dire sur l’histoire de ce roman car l’auteur m’a surpris, Anna m’a embarquée à sa suite, et je me suis laissée prendre au jeu… et je tiens à ce que vous ayez cette chance vous aussi!

Il faut tout de même savoir que plus qu’un roman sur les mathématiques ce roman traite des hopitaux psychiatriques, de la folie sous toutes formes, celle qui se voit et celle qu’on préfère ne pas voir. Anna sait manipuler son public, ceux qui l’entoure et nous ne sommes nous aussi finalement qu’une pièce dans son projet. Une écriture tortueuse parfois mais limpide pourtant, avec une vraie histoire de premier plan et une vraie réflexion autour de notre monde. C’est troublant et brillant à la fois, et j’ai terminé ce roman le sourire aux lèvres… et des questions plein la tête ! Et si ?

Un roman à découvrir au coeur de cette rentrée littéraire !

+ Extrait :
« On se met à tout compter. À tout calculer ! C’est sournois, visqueux, ça se glisse même pendant le sommeil… Et crac ! Ca y est ! On est atteint ! C’est grave ! Très grave ! C’est ça la dictature des chiffres ! Eh bien, ça a assez duré ! »

+ Une vidéo d’Olivier Dutaillis présentant ce roman.

+ L’auteur :  Le jour où les chiffres ont disparu est le quatrième roman d’Olivier Dutaillis. Également scénariste et auteur de théâtre, il a été primé lors des Molières et a reçu le Grand Prix du Jeune Théâtre de l’Académie française.

+ D’autres livres de la rentrée littéraire :
du même éditeur :
Amélie Nothomb, Barbe Bleue, 23 août 2012
Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES, Les fidélités successives, 23 août 2012
Chloé SCHMITT, Les affreux, 23 août 2012
Véronique OLMI, Nous étions faits pour être heureux, 23 août 2012
Marianne RUBINSTEIN, Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, 23 août 2012
Keren Russel, Swamplandia !,  23 août 2012
Tarun TEJPAL, La vallée des masques,  23 août 2012

Vous trouverez déjà des avis sur ces livres et bien d’autres dans cet article du challenge rentrée littéraire.

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2/7

Mes avis sur des romans de la rentrée littéraire :
La vie de Régis de Sa Moreira

La mathématique : les lieux et les temps CNRS

La mathématique : 1. les lieux et les tempsla_mathematique_tome_1_01.j_1.jpg

Sous la direction de Claudio Bartocci et Piergiorgio Odifreddi

Editeur : CNRS Editions
Date : 10/09/2009
Pages : 845 p.
Prix : 89€
ISBN
978-2-271-06817-0

Documentaire, en 4 volumes.


Thèmes : Mathématique

Présentation de l’éditeur :
“Toute l’histoire des mathématiques, de l’aube de l’humanité au XXIe siècle. Un livre attendu, de référence, qui faisait défaut. Premier volume d’un projet qui en comporte quatre, Les lieux et
les temps nous présente le récit des centres historiques à partir desquels a rayonné la science des nombres, de Babylone à Oxford, en passant par Princeton et Athènes, et des scientifiques qui en ont été les héros, de Pythagore à Bourbaki. Sa réputation d’une science par trop adepte des abstractions a longtemps fait oublier son ancrage bien réel dans l’histoire des civilisations. Ce premier ouvrage vient nous rappeler que l’aventure des mathématiques est aussi celles de lieux géographiques et d’écoles culturelles aux prises avec les grands problèmes de leurs temps.”

Plan du livre :

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifIntroduction : génie individuel ou environnement culturel?

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLes origines

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLes mathématiques classiques et hellénistiques

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifUne école mathématique alexandrine ?

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifMathématiques et culture. Une approche appuyée sur les sources chinoises les plus anciennes
connues

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’inde ancienne et médiévale

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’Amérique précolombienne

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifPanorama des mathématiques arabes

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifMathématiques au XIVe siècle à Oxford et à Paris

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLa renaissance italienne

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifCalcul et invention dans les mathématiques françaises du XVIIe siècle

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’émergence du calcul infinitésimal en Grande Bretagne

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifInfini et mathématisation du mouvement au XVIIe siècle

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifMathématiciens à la Cour et à l’Académie

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLe Japon de l’époque d’Edo

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’Ecole polytechnique, 1794-1914

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifGöttingen et Berlin au XIXe siècle

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifDes Liberal Arts College aux universités de recherches aus Etats Unis ; Harvard, Yale et
Princeton

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’évolution de la recherche universitaire au Etats Unis ; Johns Hopkins, Chicago et
Berkeley

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’Italie de l’Unité à la Première Guerre mondiale

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLa géométrie à Cambridge, 1863-1940

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifSaint Pétersbourg et Moscou, deux capitales

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLa France au XXe siècle : le phénomène Bourbaki

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLe Japon moderne

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifDe la guerre à la guerre froide aux Etats-Unis, les nouveaux hauts-lieux des mathématiques

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifL’Ecole normale supérieure de Pise : un témoignage

http://www.databasteknik.se/webbkursen/relalg-lecture/huge-pi.gifLa géométrie d’Oxford, 1960-1990


Avis :

Un livre entre documentaire et aventure, au coeur des mathématiques. Bien sur ce livre n’est pas un ouvrage de
vulgarisation, il ne faut donc pas chercher là des réponses sur vos exercices de mathématiques, ou les futurs sujet du bac S… Pourtant toute personne à l’esprit un peu scientifique (ou historique) ne devrait pas hésiter à jeter un oeil à ce livre qui regorge de références, et nous permet de vivre les mathématiques de façon à la fois historique et géographique.

Certains passages pourront paraître ardu, mais l’ouvrage brille par sa qualité tant sur le fond que sur la forme.
Cet ouvrage n’est que le tome 1 c’est donc une oeuvre d’envergure qui est en cours. A suivre donc !


Extraits (début de la préface)
“Selon une longue tradition qui prend racine dans la pensée grecque, que Leibniz relance et qui trouve son expression moderne dans la concetption de Bourbaki, la marque distinctive de la mathématique, par rapport à toutes les autres activités intellectuelles, c’est sont caractère profondément unitaire. Dans ce temple de jaspes dures, érigé pierre après pierre sur les fondements des élèments d’Euclide, avec une tenacité millénaire, ni l’incertitude, ni l’imprecision, ni l’ambiguïté n’ont de place. Ses pilliers sont le principe de non contradiction et la méthode aciomatique : à partir de quelques propositions élémentaires, admises comme vraies (les axiomes), en enchaînant les démonstrations pour tisser un filet aux mailles serrées de lemmes, de corollaires et de théorêmes, on parvient à de nouvelles propositions, qui sont nécessairement vraies. Les grandes innovations […] n’annulent pas les connaissances déjà acquises, elles les enrichissent tout au contraire. Le grand édifice de la mathématique […] s’est développé par ajouts architectoniques : les ailes les plus vieilles, bien qu’abandonnées à la poussière de l’érudition, ne seront jamais démolies.”

 

La collection (source : Gilles Paris)

Réunis autour d’un comité scientifique comptant pas moins de quatre médailles Fields (le « prix Nobel » des
mathématiciens), les plus grands spécialistes internationaux nous livrent une collection qui s’impose dès à présent comme l’encyclopédie de référence sur les mathématiques.
Projet de coédition avec Einaudi, la plus prestigieuse maison d’édition scientifique italienne, La Mathématique associe plus d’une centaine de collaborateurs et les plus grandes universités
mondiales. La collection fait revivre, au fil de ses quatre volumes, trente siècles d’histoire mathématique. De l’invention du boulier à la théorie des jeux, du nombre d’or à la résolution du
théorème de Fermat, en passant par les hommes qui en ont été les héros, les auteurs brossent une histoire totale et vivante d’une science aujourd’hui indispensable : sans outils mathématiques,
pas de physique, de biologie, de chimie, d’informatique.


Et tous les auteurs (idem)

Introduction de Michel Blay

Michel Blay est docteur en histoire et philosophie de sciences. Directeur de recherche au CNRS, il a publié,
entre autres le Grand dictionnaire de la philosophie (Larousse-CNRS Editions), Les Clôtures de la modernité (Armand Colin), La Science du mouvement : de Galilée à Lagrange (Belin), Le Dictionnaire
critique de la science classique (Flammarion) et les Principia de Newton (PUF).

 

Le comité scientifique

Sir Michael F. Atiyah, professeur de mathématiques à l’université d’Edimbourg. Médaille Fields 1966.
Alain Connes, professeur de mathématiques au Collège de France. Médaille Fields 1982.
Freeman J. Dyson, professeur de physique théorique à l’Institute for Advanced Studies, Princeton.
Yuri I. Manin, professeur de mathématiques à la Northewestern University, Evanston.
David B. Mumford, professeur de mathématiques à la Brown University, Providence. Médaille Fields 1974.

 

Avec les universités et les centres les plus prestigieux :

CNRS • Collège de France • École normale supérieure • Chicago • Edimbourg • Harvard • Kyoto • Londres • Moscou
• Oxford • Princeton • Turin • Yokkaichi • Brown University • l’Imperial College • le MIT • la Roskilde University du Danemark • etc.

 

Par les meilleurs spécialistes mondiaux

Fabio Acerbi • Marcia Ascher • Michael F. Atiyah • June Barrow-Green • Giorgio Bolondi • Umberto Bottazzini
•Michel Blay • Claudio Bartocci • Karine Chemla • Alain Connes • Serafi na Cuomo • Amy Dahan Dalmedico • Joseph Dauben • Sergej S. Demidov • Jean Dhombres • Ahmed Djebbar • Freeman J. Dyson • Jeremy J. Gray • Ivor Grattan-Guinness • Nigel  Hitchin • Jens Hoyrup • Antoni Malet • Mario Miranda • David B. Mumford • Pier Daniele Napolitani • Piergiorgio Odifreddi • Tsukane Ogawa • Karen Parshall • Jeanne Peiff er • Kim Plofker • Hilary W. Putnam.

Merci à Gilles Paris