Chère Maman

chereCHÈRE MAMAN

Les mères aussi peuvent être toxiques

Sophie Adriansen & Melle Caroline

Glénat (2025)

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Éditeur : Mère de 3 enfants, Alix mène une vie plutôt épanouie aux côtés d’un époux aimant et d’amis fidèles. Un jour, au détour d’une conversation, sa mère assène une de ces remarques désobligeantes, dont elle seule a le secret. Mais cette fois, c’est la fille d’Alix qui en est la cible. C’en est trop pour elle. Soudain, toutes les années de souffrances enfouies, les humiliations et les mauvais traitements subis durant l’enfance refont surface. Pourquoi cette femme lui rend-elle la vie impossible ? Les constantes critiques et le manque de considération de la part de cette mère énergivore vont pousser Alix à s’interroger… D’après les spécialistes, 20 % de la population aurait grandi aux côtés d’un parent « toxique ». Commence alors, pour Alix, un long chemin. Sa douloureuse prise de conscience pour briser l’emprise et défaire ses liens va la mettre à rude épreuve. Face à l’adversité et aux désillusions, Alix sent bientôt une boule grossir au fond de sa gorge ; une boule qui l’entrave et qui brûle comme une envie de reprendre le contrôle sur sa vie et de crier tout haut son indépendance…

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WOW !! J’ai refermé cette BD avec l’impression d’avoir pris un coup de poing dans le ventre…

Quand on voit l’autrice qu’est devenue Sophie Adriansen, on se demande où elle a puisé la force. Celle de ne pas se laisser totalement écraser tout d’abord. Puis celle de se rebeller, de se battre. Et enfin, celle de se relever pour vivre pleinement sa vie.

Car les petites phrases assassines de la mère sont tellement cruelles. Mises bout à bout, elles enlèvent toute confiance en soi. Ce dont on a le plus besoin pour grandir et se construire en tant qu’adulte. Dans la vidéo ci-dessous, elle explique qu’elle s’est inspirée de ce qu’elle a vécu, mais que ce n’est pas un portrait à charge contre sa mère. Elle a mis dans ce roman graphique tout ce que pouvait être une mère toxique.

A un moment dans la bd, on nous donne un chiffre. 20%. C’est le pourcentage de personnes élevées avec un parent toxique ! Une personne sur cinq. C’est énorme.

Le dessin de Melle Caroline permet de bien mesurer l’impact des paroles de la mère. Ce manque de confiance en soi que cela crée. Et l’on sent bien les différences : les périodes en famille (mari et enfants) sont colorées, lumineuses. Idem avec les amies. La mère par contre n’a pas de visage, elle est menaçante. Et même lorsqu’elle n’est pas là, sa petite voix mesquine est présente…

A lire !
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Lire les premières pages (site éditeur)

Qu’est-ce qu’un parent toxique ? Un début de réponse par ici

Définition du Larousse : Figuré. Se dit d’une personne ou d’une relation dont l’influence est psychologiquement nocive, pernicieuse : Quitter un conjoint toxique. Sortir d’une amitié toxique.

De Sophie Adriansen déjà présenté sur ce blog :

La remplaçante (BD sur la maternité) / J’ai passé l’âge de la coloJe vous emmène au bout de la ligne (témoignage) / Quart de frère – Quart de sœurNina Simone, mélodie de la lutte ♥ / L’enveloppe à soucis / Outre mères (BD sur le scandale des avortements forcés à la Réunion)

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Cette semaine nous sommes chez Noukette

OUTRE MÈRES

outre

BD ado/adulte

OUTRE MÈRES

Le scandale des avortements forcés à La Réunion

Sophie Adriansen & Anjale (ill.)

Vuibert (2024)

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Éditeur : L’histoire vraie d’un scandale totalement oublié.

Début 1970, à La Réunion, Lucie est victime, comme des milliers d’autres femmes, d’une interruption de grossesse forcée, assortie d’une stérilisation. Sur l’île, les médecins blancs se croient tout permis, avec la complicité de la Sécurité sociale. Lucie prend son courage à deux mains et porte plainte.

Au même moment, dans l’Hexagone, Marie-Anne, élève de terminale, assiste à la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et aux premiers débats sur l’IVG. Elle a elle-même avorté clandestinement quelques mois auparavant.

Leurs destins croisés témoignent des difficultés et des paradoxes extrêmes de la lutte menée par les femmes, en France, pour disposer de leur corps.

Ce roman graphique, féministe et humaniste, revient sur une sombre page de l’histoire du droit des femmes, cinquante ans après la loi Veil sur le droit à l’avortement. Construit comme une enquête et parfaitement documenté, il rappelle à toutes et tous l’importance du devoir de mémoire.

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Comment ne pas être ébahi et outré par cette histoire (vraie !) ?

Ce scandale (avortements et stérilisations !! réalisés à la Réunion dans les années 70) est digne d’un film d’horreur…

Et le pire, c’est de ne jamais en avoir entendu parler… Ok, La Réunion, c’est loin (20h de vol depuis Rennes). Mais c’est un département français ! Comment une histoire aussi terrible a-t-elle pu rester aussi longtemps ignorée ? On pourrait aussi se dire que c’était il y a longtemps… Mais c’était il y a seulement 55 ans.

Plus j’avance en âge et plus je découvre d’horreurs… Il y a les disparus au Chili sous Pinochet (années 70). Les enfants de la Creuse (encore des Réunionnais – années 60/70). Les enfants volés en Espagne sous Franco (années 40 à 80)… Mais Pinochet et Franco, c’était des dictatures !

Ce scandale-ci, et celui des enfants de la Creuse, c’était en France et en démocratie !

Certains de ces faits, je les ai découvert en lisant des romans ou des BD ! La BD, que j’ai toujours appréciée, m’apporte aujourd’hui, en plus du plaisir de lecture, une grande source d’informations.

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Mais je n’ai pas encore parlé des illustrations d’Anjale.

Celles de couleur marron (style photos sépia) concernent les passages qui se déroulent à La Réunion. Et les autres chapitres, concernant les passages parisiens, sont en dégradé de bleu. Cela permet de bien séparer les deux histoires, même si les personnages et les décors sont déjà très  différents.

Le trait d’Anjale est assez rond et plutôt doux. Et ça permet de contrebalancer un peu le côté tragique de l’histoire.

J’ai préféré la partie qui se déroule à la Réunion parce que je ne la connaissais pas. Sur l’IVG et la lutte des femmes pour leurs droits, la loi Veil, j’avais quelques notions.

Une BD à lire, bien évidemment !

L’avis d’Antigone

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Une interview d’Anjale

De Sophie Adriansen déjà présenté sur ce blog :

La remplaçante (BD sur la maternité) / J’ai passé l’âge de la coloJe vous emmène au bout de la ligne (témoignage) / Quart de frère – Quart de sœurNina Simone, mélodie de la lutte / L’enveloppe à soucis

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Le portfolio d’Anjaleson instagramSon blogUne petite bio

L’enveloppe à soucis de Sophie Adriansen et Leïla Brient

Un album tendre pour aider les plus jeunes à s’endormir l’esprit tranquille

Album pour les petits dès 3 ans

L’enveloppe à soucis

de Sophie Adriansen

et Leïla Brient

Ed. Langue au chat, cartonné,
ill. de Leïla Brient, avril 2022,
32 p. -11,95 euros

Thèmes : enfance, famille, soucis, vie quotidienne, sommeil

 

Présentation de l’éditeur: “Glisse les mauvais moments de ta journée dans l’enveloppe à soucis… Tes rêves n’en seront que plus jolis!”

 

Dans L’enveloppe à soucis, l’enfant apprend subtilement à mettre ses ennuis de côté afin de libérer son esprit pour passer une nuit sereine. Cela lui permet donc de mieux gérer ses émotions afin de bénéficier d’un bon sommeil réparateur!

Voilà une manière originale de faire passer un message important aux plus jeunes: à savoir que les soucis font partie du quotidien mais qu’il est possible de les surmonter. Ou en tout cas, de les laisser dans l’enveloppe pour ne pas se laisser envahir.

L’enveloppe à soucis est adapté à un très jeune public: en effet, avec des mots simples, Sophie Adriansen parvient à ses fins tout en douceur et en poésie…

De plus, les illustrations de Leïla Brient douces, tout en courbes colorées apportent une touche lumineuse à cet album sortant de l’ordinaire.

En somme, je vous recommande L’enveloppe à soucis si vous souhaitez aborder cette thématique avec un jeune enfant.

 

~Melissande~

 

+ De cette auteure, Hérisson vous a présenté le roman ado J’ai passé l’âge de la colo

+ Pour en savoir plus sur le travail de Sophie Adriansen c’est par ici

Nina Simone, mélodie de la lutte ♥

NinaNina Simone, mélodie de la lutte

Jeune, douée et noire : l’origine d’une légende

Sophie Adriansen

Coll. Les indomptées

Éd. Charleston (2022)

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Lecture Commune avec Blandine

Enna l’a lu avant nous !

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Mary Kate est mariée et elle a des enfants. Pour compléter les revenus rapportés au foyer par son mari, elle fait le ménage chez une femme, Mrs Miller. Mary Kate a une fille, Eunice, qui adore la musique et joue du piano. Elle en joue tellement bien que Mrs Miller décide de payer à Eunice des leçons de piano pendant un an.

Dit comme ça, ça paraît banal. Sauf que nous sommes aux États-Unis, en Caroline du Nord, dans les années 40. Que Mrs Miller est blanche et que Mary Kate, sa femme de ménage, est noire. Eunice, grâce à son talent, et à cette femme, va donc avoir la chance de prendre des cours de piano auprès d’un bon professeur. Alors même qu’elle doit manger son sandwich au fromage à l’extérieur du drugstore parce que les Noirs n’ont pas le droit de s’asseoir à l’intérieur…

Eunice, vous l’aurez compris, c’est Nina Simone. Une merveilleuse musicienne (et chanteuse !) qui deviendra la femme engagée que l’on connaît.

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Même si j’aime les chansons de Nina Simone depuis très longtemps, je connaissais très peu sa vie.

Dans cette biographie (partielle) qui se lit comme un roman, j’ai appris beaucoup de choses et j’ai été franchement désolée pour elle. Car, comme c’est le cas pour beaucoup d’autres personnes d’ailleurs, sa vie aurait sans doute été très différente avec une autre couleur de peau.

Et ça, c’est juste terrible ! Car comme dit Maxime Le Forestier “Être né quelque part, pour celui qui est né – C’est toujours un hasard”.

Nina Simone, j’ai eu la chance de la voir en concert à Paris à la fin des années 80. Cadeau de rupture de mon petit ami de l’époque (Salut Thierry !) Je me souviens avoir été assez déçue en la voyant arriver. Elle était très en retard, sa robe était tâchée et elle avait l’air malade. Mais quand elle s’est mise au piano, tout le monde s’est tu.

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Extrait : Quand, noirs ou blancs, les individus se rencontrent vraiment, ils peuvent mesurer leur valeur. C’est ce qui s’est passé à la chapelle, un dimanche de cette étrange année 1939, lorsque Mrs Miller est venue écouter Eunice jouer du piano. Elle l’a écoutée véritablement. Pour cela, le mieux est de fermer les yeux. On se rend compte alors que la musique n’a pas de couleur. Elle peut venir de l’âme, elle peut venir du cœur, peu importe, les organes sont identiques chez tous les êtres humains.

L’autrice nous explique en quelques pages à la fin pourquoi elle a choisi d’écrire sur Nina Simone.

Un ouvrage facile d’accès et très agréable à lire, avec des repères sur la société de l’époque.

Ça m’a beaucoup plu !

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De Sophie Adriansen déjà présenté sur ce blog : La remplaçante (BD sur la maternité), J’ai passé l’âge de la colo, Je vous emmène au bout de la ligne (témoignage) et Quart de frère – Quart de sœur

Le  site de Sophie AdriansenSon blog – Sa page Facebook – Son Instagram

La chanson qui me hérisse les poils à chaque fois que je l’entends : Strange fruit