Et je danse, aussi – Roman épistolaire

danseRoman

Et je danse, aussi

J-C Mourlevat & A-L Bondoux

Fleuve éditions (2015)

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Pierre-Marie, romancier à succès (prix Goncourt tout de même !) mais en panne d’inspiration suite aux aléas de la vie, reçoit un jour un paquet. Cette grosse enveloppe, envoyée par une femme, Adeline Parmelan (grande, grosse et brune selon sa propre présentation), il ne veut tout d’abord pas l’ouvrir (il pense que c’est un manuscrit pour lequel on lui demande son avis).

Il envoie donc un mail à Adeline Parmelan pour lui demander son adresse postale et pouvoir ainsi lui renvoyer son enveloppe. Et c’est ainsi que commence cette histoire… De mails en mails, Pierre-Marie et Adeline vont apprendre à se connaître, se faire rire, s’intriguer et une grande complicité va naître de ces échanges épistolaires.

Difficile d’en raconter plus sans dévoiler l’histoire, ce qui serait dommage, nos deux « emailistes » (ça se dit, ça ?) s’en chargeront beaucoup mieux que moi !

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Ma première réflexion en fermant ce livre, a été : « Ils n’ont pas le droit !! » Je pensais aux auteurs bien sûr et pas le droit de quoi ? De finir cette histoire de cette façon… En fait, je me suis beaucoup attachée à ces personnages, à tel point que je n’avais vraiment pas envie de les quitter.

C’est bien simple, j’ai adoré cette histoire !

Les personnages sont très attachants, ils ont de l’humour, se charment l’un l’autre et finissent par nous charmer aussi.

Je pense que les deux auteurs se sont beaucoup amusés en écrivant ce texte. On le sent et on s’amuse aussi.

Je les connaissais en tant qu’auteurs pour la jeunesse (mes préférés d’Anne-Laure Bondoux ? « Pépites » et « le temps des miracles » à lire d’urgence si ce n’est pas encore fait ! Et de Jean-Claude Mourlevat, « le combat d’hiver » et « la rivière à l’envers » sont magnifiques)

N’ayant malheureusement par leur talent pour écrire, j’espère quand même vous avoir donné envie de lire ce très beau roman. Chapitres courts (puisque ce sont des mails) donc rythmé, drôle et facile à lire, cette lecture vous changera les idées le temps de quelques heures. Bonne lecture !

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D’Anne-Laure Bondoux, nous vous avons présenté : Tant que nous sommes vivants, L’autre moitié de moi-même (autobiographie)

Et de Jean-Claude Mourlevat : Le combat d’hiver, La balafre, Le jeune loup qui n’avait pas de nom (dernier album présenté)

D’autres idées de romans plus ou moins légers pour l’été par ici.

Tant que nous sommes vivants

tant que nous sommes vivantsRoman Ado
Prix La voix des Blogueurs 2015

Tant que nous sommes vivants

Anne-Laure Bondoux

Gallimard Jeunesse, 2014
9782070653799, 15€

Une jeune ouvrière, seule.
Un jeune ouvrier, artiste, seul. 
Bo et Hama, deux destins dans une ville sombre, deux solitudes faites pour se rencontrer. 

Tant que nous sommes vivants est un roman d’amour, mais c’est aussi un récit de guerre. Une tragédie teintée d’espoir, émaillée de fantastique. C’est une histoire dont il est impossible de parler, un récit à la frontière entre rêve et réalité.

Une histoire qui prend son temps, en plusieurs actes, et qui nous offre une vraie fresque romanesque à la Zola. Amour, art, catastrophe, handicap, famille, errance, voyage, guerre, aventure…. Tant de thème pour une seule volonté, un seul but : VIVRE.

Tant que nous sommes vivants est un roman magnifiquement mené, qui surprend et ne laisse pas indifférent. S’il m’est très, trop, difficile de vous parler de l’histoire tant elle est riche de petites choses magnifiques, je ne peux que vous conseiller de lire ce roman, ce conte, ce poème…

+ Ce livre a reçu le Prix la Voix des Blogueurs 2015, au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Retrouvez toutes les informations et actualités du prix sur la page facebook.

Ce Prix, géré par Tom, de la Voix du Livre, est un collectif de blogueur, dont je fais partie. Chaque année, chacun d’entre nous propose un coup de coeur aux autres, place ensuite à la lecture, puis en septembre – octobre, nous débattons, vivement et passionnément, afin de choisir LE livre qui sera notre préféré de l’année. La littérature pour adolescent est généralement privilégiée, et la sélection offre un beau panel de qualité, qui rejoint régulièrement de grandes sélections, tout en permettant aussi de mettre en lumière des livres moins connus. En suivant la page facebook vous découvrirez les membres du groupe, et en fin d’été la sélection 2016, que nous sommes en train de lire !

+ Challenges Petit Bac & YA#5

Romans légers pour l’été

Sélection de romans légers, pour l’été (ou pas…)

Je viens de voir dans LivresHebdo que l’Académie Goncourt propose ses conseils de lecture pour l’été : voir ici.

Et, avec la très grande modestie qui me caractérise (si c’est vrai !!) je me suis dit : “Pourquoi je ne proposerais pas ma sélection de romans frais, légers et drôles pour l’été ?” Hein, pourquoi ?

Pour en finir avec la liste concurrente (celle de l’Académie Goncourt, faudrait suivre un peu quand même…) je n’en ai lu aucun (bon, ils sont tous sortis en 2015, c’est quand même assez récent !) mais il y en a un que j’ai très envie de lire, c’est celui de Tatiana de Rosnay “Manderley for ever”.

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Bon, j’arrête le blabla, voici donc les livres frais, légers et/ou drôles que j’ai lu cette année :

Les aventures de Cluny Brown de Margery Sharp (Belfond – coll. Vintage)

Avril enchanté d’Elizabeth Von Arnim (éditions 10/18)

Et je danse aussi d’Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat (Fleuve Noir)

Ne dites pas à ma mère que je suis voyante, elle me croit libraire à Vancouver d’Eileen Cook (J’ai Lu)

Patience de John Coates (Belfond – coll. Vintage)

Le bois du rossignol de Stella Gibbons (Points)

ClunyBrownAvrilEnchantéEtJeDanseAussi  NeDitesPasAMaMere - copie 9782714456489 BoisRossignol

 

 

 

Et d’autres, il y a un peu plus longtemps :

– La reine des lectrices d’Alan Bennett (Denoël)

– Prisonniers du paradis d’Arto Paasilinna (Gallimard)

– Les filles d’Hallows Farm d’Angela Huth (Gallimard)

 ReineDesLectrices prisonniers du paradis FillesHallowsFarm

 

 

 

 

Et pour ceux qui aiment l’humour franchement décalé, il y a :LeGangDesMégèresInapprivoisées

– Le gang des mégères inapprivoisées : Ou comment kidnapper un mari quand on a rien pour plaire de Tom Sharpe (Belfond)

Voilà, j’espère que vous trouverez votre bonheur dans cette petite sélection d’été… SignatureNat

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

L’autre moitié de moi même d’Anne Laure Bondoux

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L’autre moitié de moi même

d’Anne Laure Bondoux

roman autobiographique

Bayard, novembre 2011

9782227483248, 13,90€

 

“Jusqu’ici, j’aimais écrire des romans.
J’aimais inventer des intrigues, explorer des contrées lointaines, donner vie à des personnages perdus qui cherchaient un sens à leur existence. Aujourd’hui, c’est moi qui suis perdue, et c’est moi qui pars en voyage…” Un soir d’octobre 2010, Anne-Laure Bondoux croit avoir renversé un enfant en voiture. Or cet incident étrange survient après la révélation d’un secret de famille, une séparation, l’apparition de quelques fantômes et une longue panne d’écriture.
Soudain, elle qui pensait savoir qui elle était et où elle allait n’a plus aucune certitude. Elle se remet alors à écrire. Non pas un roman pour la jeunesse comme à son habitude, mais son histoire, la seule qu’elle puisse vraiment raconter aujourd’hui. Peut-être n’est-elle pas si différente de la nôtre…

Loin des romans jeunesses auxquels Anne Laure Bondoux nous a habitué, c’est ici dans un récit autobiographique qu’elle nous livre une partie de son histoire, de ce qui fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Un retour sur l’enfance, l’amour, l’écriture. Une révolte et un apaisement. Le récit d’une femme presque sans histoire et du gouffre dans lequel elle a plongé.

Des mots jetés qui m’ont tout d’abord désarçonnés. Cette manie qu’ont les auteurs d’écrire sur eux me laisse perplexe, ne me plait guère même. Emmanuel Carrère et son D’autres vies que la mienne, que j’ai abandonné est pourtant cité ici en exemple. J’ai tout de suite pensé aussi au touchant Voile Noir d’Annie Dupeyré qui lui a su me toucher il y a déjà quelques années. De nombreuses références sont apportés au fil du récit et c’est plutôt plaisant. Cela m’a d’ailleurs donné envie de découvrir le travail d’une photographe qui porte le même prénom que moi…

C’est donc avec un sentiment très mitigé que j’ai commencé ma lecture. Curieuse pourtant, d’une curiosité presque malsaine, de découvrir un peu de la vie d’une auteure que je suis depuis le destin de Linus Hoppe en 2001…

Au fil des pages j’ai tour à tour été agacée (par les répétions notamment), touchée, surprise, curieuse encore. J’ai aimé surtout croiser des bribes de romans passés ou à venir (ou non d’ailleurs…) et j’espère un jour lire une histoire au coeur d’un champ d’ananas.

Au final un récit autobiographique que j’ai beaucoup aimé lire, mais aurait-ce été le cas si je n’avais pas connu ses ouvrages. L’avis enthousiaste de Lena me fait dire que oui…

Enfin j’ai été passablement agacée par un passage, et je veux finir là dessus. Pas pour le reprocher à l’auteure, juste pour ouvrir le dialogue.

“Est-ce ma part créative qui vit encore dans la bulle dorée de l’enfance ? Peut être… Car si je suis devenue écrivain pour la jeunesse ce n’est pas sans doute pas un hasard. […] Je sais que mon écriture n’a pas atteint sa pleine maturité. Tant mieux ! Il me reste une belle marge de progression !” [p. 138]

Qu’en pensez-vous ? Pour ma part je trouve que cela sonne comme une dévaluation de la littérature jeunesse. Alors je souhaite à Anne Laure Bondoux de continuer à écrire…. et surtout pour la jeunesse!

La réponse d’Anne Laure Bondoux elle même (en commentaire, ajoutée ici pour plus de lisibilité car cela me semble important!) : “Chères lectrices blogueuses, Je viens de lire vos échanges au sujet du passage cité par Hérisson, et je me permets de participer à mon tour, en tant qu’auteur de ces lignes, pour les éclairer autrement. Ce passage est une articulation importante du livre, il me paraît difficile de le sortir du contexte général. Dans ce récit, je tente de mettre en lumière mes zones d’ombres, de montrer ce qui me bloque et me limite sur le plan personnel et comment cela se traduit dans mon expression artistique, en l’occurrence par une panne totale d’écriture. Si certain(e)s ont pu y voir un jugement de valeur sur la littérature jeunesse en général, ce n’est pas mon propos. Je parle de ce qui n’a pas grandi en moi et qui demande à s’épanouir. Je dis que mon écriture n’a pas atteint sa maturité : il s’agit d’une sensation personnelle, d’une aspiration à déployer ce qui ne l’est pas encore, pas d’un reniement de mon travail antérieur. Pour moi, surmonter le blocage suppose de m’affranchir d’un cadre, de lois que je me suis dictée à moi-même. “Quitter l’enfance” ne veut pas dire la dédaigner ou la dénigrer, mais oser lâcher certaines habitudes rassurantes pour affronter ce qui me fait peur. Il s’agit d’explorer l’inconnu, et pour l’instant, j’ignore comment cela se traduira. Vos réactions au quart de tour montrent (et je ne le sais que trop bien!) combien la littérature jeunesse est mal jugée, comme tout ce qui touche à l’enfance en général. J’y suis sensible tout autant que vous.”

 

Merci à Liyah qui m’a prêté ce livre, et pour qui je l’ai fait dédicacer à Montreuil, l’occasion de rencontrer l’auteur… mais aussi Mirontaine et une gentille bibliothécaire, dans la file ;)

+ le site de l’auteure

La vidéo de présentation du livre :

Interview Anne-Laure Bondoux : L’autre moitié de… par Bayard_Editions