LA PETITE FILLE ET LE POSTMAN

postmanLA PETITE FILLE ET LE POSTMAN

Bertrand Galic (scénario)

Roger Vidal (dessin et couleur)

Christina G. (assistante couleur)

Vents d’Ouest

Glénat (2023)

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Éditeur : San Francisco, 1906. Jenny vient de perdre sa maman sous les décombres du monstrueux tremblement de terre et se retrouve donc seule avec son beau-père, au milieu de la cité dévastée. L’homme, complètement désemparé, profite alors d’une faille dans le règlement des postes pour éloigner la fillette. Aussi hallucinant que cela puisse paraître, il va pourtant bel et bien l’expédier tel un colis, légalement, à l’autre bout du pays… Et c’est Enyeto, un facteur amérindien à l’allure imposante, qui va être chargé de l’accompagner jusqu’à sa destination finale : Chicago, Illinois ! Ainsi débute un long périple, un road-movie équestre et ferroviaire mettant en scène deux êtres que tout oppose a priori.

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Le postman n’a pas le choix, il doit prendre la petite fille et l’emmener jusqu’à la maison de ses grands-parents. Le père a payé pour l’envoi et le colis ne dépasse pas le poids. Pendant ce long trajet, le postman et la fillette vont lier connaissance et se mettre à s’apprécier…

C’est une bd que j’ai voulu lire dès que j’ai vu cette couverture flamboyante. Et cette histoire franchement ! Quand on voit à la fin, dans une double page documentaire, que ça s’inspire d’une histoire vraie… On croit rêver !! Et pourtant…

J’ai bien aimé les dessins, les personnages sont expressifs et les couleurs lumineuses. La mise en page est variée avec des vignettes de tailles très différentes. C’est plutôt “vivant” !

Bref, j’ai beaucoup aimé cet album !

Mon seul (petit, tout petit) bémol, c’est la fin, ouverte (alors qu’il y a bel et bien écrit “FIN” !) J’aurai bien aimé une suite en fait…

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Voir un extrait (site éditeur)

Cette semaine, nous sommes dans la bibliothèque de Noukette

Le secret de Miss Greene

GreeneLe secret de Miss Greene

Nicolas Antona & Nina Jacqmin

Le Lombard (2025)

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Éditeur : Jusqu’en 1967, aux États-Unis, toute personne ayant une ascendance africaine, même lointaine, était considérée comme noire, avec toutes les conséquences que cela pouvait avoir. C’est pourquoi, à l’orée du 20e siècle, Belle Greener devint Belle Greene da Costa et, cachant ses racines africaines, gravit les échelons de la haute société new-yorkaise. Mais peut-on conserver un tel secret une vie durant, même si cette dernière vous donne l’occasion de fleurir dans la lumière des blancs les plus puissants d’Amérique… ?

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L’histoire est étonnante, je ne connaissais pas du tout cette règle de “l’unique goutte de sang“. (Règle abolie en 1967 seulement !!)

Une personne dont un ancêtre, même très lointain, était noir, devait se déclarer comme homme ou femme de couleur… La “bonne” société américaine ayant très peur de la “noirceur” invisible des métis aux cheveux lisses et au teint clair. Évidemment, pour ces métis qui se déclaraient “colorés” la vie était différente de celle qu’ils auraient eu en étant “blancs”. Ce qui amenait certaines personnes à faire un acte dangereux : le “passing”. Se déclarer blanc. Le risque ? Être dénoncé avec lynchage public, prison et même la mort ! Et bien sûr, pas question d’avoir d’enfants, le risque que les “gènes noirs” ressortent étant bien trop grand…

Années 1900 : Belle, sa mère et ses frères et sœurs font un pacte. Étant “clairs” de peau, ils vont tenter de se faire passer pour blancs. Ce qui implique de grands sacrifices : Refaire sa vie ailleurs, là où on ne connait personne, quitter ses amis, ne pas avoir d’enfants… Mais la ségrégation est trop pesante. Ils veulent vivre une vie “normale” !

Dotée d’un nouveau nom, Belle Da Costa Greene, amoureuse des livres, commence par travailler à l’accueil d’une bibliothèque. Puis elle va travailler à l’université de Princeton. Avant qu’on lui propose un poste encore plus prestigieux : Diriger la bibliothèque Morgan à New York !

Le Secret de Miss Greene : un portrait faisant écho aux luttes actuelles

A la fin de la bande dessinée, un dossier historique de 4 pages permet de comprendre comment on a su que Belle Greene avait caché ses origines “noires”… Très intéressant !

Un bel album qui m’a permis de découvrir une femme intéressante et passionnée, ainsi qu’une règle que je ne connaissais pas. J’ai beaucoup aimé les dessins ronds et doux, les personnages expressifs, la mise en page ainsi que les couleurs variées.

Une lecture très plaisante !
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Feuilleter les premières pages (site éditeur)

De ces deux auteurs, nous vous avions présenté le très beau : “La tristesse de l’éléphant

Cette semaine nous sommes chez Moka, Au milieu des livres

Et cette BD participe également au Challenge d’Enna, l’African-Americain History Month

Mes mauvaises filles – Bulles d’amour

mauvaisesMes mauvaises filles

Zelba

Futuropolis (2021)

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Résumé éditeur : En 2006, deux sœurs aident leur mère à mourir. À sa demande, elles donnent la mort à celle qui leur a donné la vie. Zelba évoque le moment, à la fois intime et universel, de la perte d’un être cher. Il aura fallu 13 ans à Zelba pour raconter cette histoire, croiser ses souvenirs avec ceux de sa sœur, changer certains noms et romancer en partie.

Elle aborde de front l’euthanasie, ou la mort assistée, sujet qui suscite des débats contradictoires en Europe. Forte de son expérience, elle milite pour que chaque personne puisse choisir, le moment venu, de mourir comme elle l’entend.

À quel moment les soins palliatifs se transforment en acharnement thérapeutique ? Combien de temps peut-on décemment prolonger l’agonie ? Peut-on décider de mourir ? L’euthanasie, ou la mort assistée, est une question délicate à laquelle les pays d’Europe répondent de manière très différente. C’est en tout cas un sujet sensible qui parle à tout le monde.

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S’il est question de mort dans cette bande dessinée, il y est aussi beaucoup question d’amour. De l’amour d’une mère pour ses filles, de l’amour des filles pour leur mère. Mais aussi de l’amour entre les deux sœurs. D’amour, de confiance et de respect.

C’est une BD pleine d’émotion, il y est assez peu questions des souffrances de la mère (même si elles sont évoquées à plusieurs reprises). J’ai, bien évidemment, pleuré avec ces deux sœurs. Pleuré à cause de ce geste qu’elles savaient devoir faire, pour soulager leur mère, mais qu’elles étaient incapables de faire… Et qui leur jetterai la pierre ? On s’imagine dans la même situation et c’est horrible…

C’est une décision terrible à prendre, un geste quasi impossible à faire. Chacun a une vision des choses différentes en fonction de son éducation ou de sa religion. Moi je suis pour que les gens puissent décider de leur mort.

Et, tout comme Zelba, j’ai été soulagée d’apprendre le décès de Vincent Lambert, ce jeune homme resté 11 ans allongé sur un lit d’hôpital. Même si je comprends qu’en tant que parents on n’arrive pas à prendre cette décision, je trouvais cela tellement cruel pour lui ! Est-ce que c’est une vie ??

Une BD qui m’a beaucoup touchée et que je vous recommande !

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Une autre BD de Zelba (beaucoup plus drôle !) : Le grand incident

Le blog de Zelba (inactif depuis 2023 mais vous pouvez quand même aller voir ses dessins)

Son compte FB et son Insta

Une courte biographie sur le site de l’éditeur

Un avis un peu différend sur le sujet, celui de l’homme étoilé dans “A la vie !

Cette semaine, nous sommes chez Fanny

Traquée, la cavale d’Angela Davis

Traquée

Histoire d’une femme traquée pour ses idées

TRAQUÉE :

la cavale d’Angela Davis

Fabien Grolleau & Nicolas Pitz

Coll. Karma

Glénat (2020)

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Résumé éditeur :

Son crime : se battre pour la liberté. États-Unis, mai 1970. Voilà plusieurs semaines que le FBI suit la trace d’Angela Davis, recherchée pour avoir organisé une prise d’otage dans un tribunal. Son véritable crime : être militante communiste et membre active des Black Panthers. Il faut dire que les injustices subies par le peuple noir, Angela les a bien connues. Originaire de Birmingham, elle a grandi dans l’Alabama des années 1960, où la ségrégation sévissait encore et où le KKK œuvrait avec la bénédiction du pouvoir en place. Angela a vécu la violence, les meurtres, les émeutes… Elle a fait partie de celles et ceux qui ont décidé de se lever et de ne plus accepter. Aujourd’hui, elle est traquée pour ça. Elle ne sait pas encore qu’elle va devenir une légende, l’icône d’un peuple tout entier.

En retraçant la cavale d’Angela Davis, les auteurs mettent en lumière une figure majeure du Black Power qui s’est illustrée par ses actes. Ils nous replongent avec force dans une Amérique tourmentée par un combat, malheureusement toujours d’actualité, celui de la mise en place égalitaire des droits civiques.

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Si j’ai bien aimé le propos de cette bd, j’aurai préféré quelque chose de plus chronologique. Il y a beaucoup d’aller-retours et cela m’a un peu perturbée. Pour quelqu’un qui connaît déjà son histoire, ce ne doit pas être très gênant. Mais, si je connaissais la femme, je ne connaissais pas spécialement sa vie.

Ce bémol mis à part, c’est une bd à priori bien documentée et que j’ai trouvé intéressante. En plus d’Angela Davis (que je croyais morte, shame on me, elle a 84 ans et est bien vivante)  on croise bien sûr les Black Panthers, mouvement auquel elle a adhéré un temps, ou encore Martin Luther King.

Dans les années 70, Angela Davis a tout pour énerver les dirigeants blancs de cette Amérique. C’est une femme, elle est noire, activiste et surtout, surtout COMMUNISTE !!! Ce qui en fait l’ennemi public numéro 1… Hoover (directeur du FBI), aidé par Reagan (alors sénateur de Californie) et soutenus par Nixon (président) vont tout faire pour se débarrasser d’elle, y compris la faire accuser d’un crime qu’elle n’a pas commis.

Les méthodes du FBI à l’époque (dirigé par un certain Edgar Hoover) sont purement et simplement révoltantes. Mais j’avoue que je ne connais pas leurs méthodes actuelles…

Je n’ai pas parlé du dessin : il a un côté volontairement “vintage” qui ne m’a pas déplu. Par contre je n’ai pas franchement aimé les couleurs, souvent trop sombres.

A lire si vous êtes intéressés par les femmes fortes et intelligentes, l’histoire des USA ou la lutte pour les droits des afro-américains (ou les trois !)

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Voir quelques planches (site éditeur)

Sa bio sur le site Fondation pour la mémoire de l’esclavage

Radio France propose 4 podcasts d’une heure sur Angela Davis

Une autre BD présentée sur ce blog qui parle aussi de ségrégation et des Blacks Panthers : Liberty

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Cet album participe à la BD de la semaine, chez Blandine du blog Vivrelivre

ainsi qu’à l’African American History Month chez Enna