Le chien – Rentrée Littéraire 2021

chienRentrée Littéraire 2021
Premier Roman

Le chien

Akiz

Flammarion (2021)

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Résumé éditeur : Le Chien est un prodige culinaire comme le monde de la gastronomie n’en a jamais vu. Lorsqu’il accède à l’Olympe des cuisines étoilées en entrant dans le restaurant de luxe El Cion, il prépare un cocktail hautement explosif qui menace tous les pouvoirs en place. Avec une énergie brute, une férocité jubilatoire et une sensibilité exacerbée, Akiz raconte l’histoire d’un génie inoubliable qui catalyse la mégalomanie et les ambitions démesurées de notre époque.

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Quand on lit la 4ème de couverture et le résumé ci-dessous, on pense forcement au livre “Le parfum” de Patrick Süskind (à lire si ce n’est pas encore fait !). Mais là où le roman de Süskind se penchait sur l’odorat et le monde des parfums, Akiz nous emmène dans le monde des cuisines, des grands restaurants et du goût.

Ce homme que tout le monde appelle le chien, ne connaît rien à la cuisine ni à la restauration. Mais il a du génie pour mélanger des saveurs et donner un goût totalement nouveau à un plat. J’ai bien aimé cette histoire, même si j’avoue ne pas avoir vraiment compris la/les fin(s).

En lisant ce roman, on sent les aliments cuire, mijoter, griller, étuver, frire ou flamber. Les arômes qui se dégagent de la cuisson arrivent à nos narines curieuses et frémissantes. On salive à l’idée de ce fameux sel de l’Himalaya qui a “le goût de neige qui fond sur la langue comme le souffle des Dieux”. De la cuisine, on nous livrera tous les secrets bons ou mauvais. L’urgence du service, la place de chacun, les règles à respecter. Un seul ne les respectera pas : le chien.

J’ai bien aimé cette écriture à la première personne du singulier, nerveuse et très imagée.

Un roman qui m’a donné faim !

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Extrait : « On l’appelait le Chien. On racontait qu’il avait passé toute son enfance enfermé, dans un puits naturel obscur, quelque part au Kosovo. Pendant des années, son seul lien avec le monde extérieur avait été la nourriture. Ses papilles ont dû peu à peu se développer dans cet isolement, comme le sens du toucher chez un aveugle, au bout d’un moment il pouvait lire dans la nourriture comme d’autres dans un journal. »

Lire les premières pages (site de l’éditeur)

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De cette Rentrée Littéraire, j’ai lu et apprécié 2 autres premiers romans

Mon mari

Blizzard

Achetez de préférence vos livres chez les libraires indépendants !

Blizzard – Rentrée Littéraire 2021

BlizzardRentrée Littéraire
Premier Roman

Blizzard

Marie Vingtras

Éditions de l’Olivier (2021)

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Le blizzard est là. Et il est accompagné d’une belle tempête de neige. Quand Benedict se réveille, il s’aperçoit que Bess et l’enfant ne sont plus là. Ils sont sortis en plein blizzard. Que s’est-il passé dans la tête de Bess ? Même une fille comme elle sait qu’on ne sort pas par ce temps là. Benedict part chercher Cole et ils s’en vont tous les deux dans le froid et la neige pour essayer de les retrouver.

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On suit d’abord Bess, égarée dans le blizzard. Elle a lâché la main de l’enfant et l’a perdu. Puis on entend la voix de Benedict, qui, se réveillant, s’aperçoit que Bess et l’enfant sont sortis dans la tempête de neige. Et c’est au tour de Cole de nous parler, Cole, que Benedict est allé chercher en renfort. Nous faisons ensuite la connaissance de Freeman, qui semble ne pas trop savoir ce qu’il fait là. Et qui n’aime ni la neige, ni l’humidité, ni le froid.

Tour à tour, ces personnages nous livrent une partie de l’histoire. Chacun est là pour une raison différente. Il y a un absent aussi, qui prend beaucoup de place. Je n’en dirai pas plus.

Un roman à l’écriture fluide et agréable que j’ai beaucoup aimé !

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Extrait

Bess : Je l’ai perdu. J’ai lâché sa main pour refaire mes lacets et je l’ai perdu. Je sentais mon pied flotter dans ma chaussure, je n’allais pas tarder à déchausser et ce n’était pas le moment de tomber. Saleté de lacets. J’aurais pourtant juré que j’avais fait un double nœud avant de sortir. Si Benedict était là, il me dirait que je ne suis pas suffisamment attentive, il me signifierait encore que je ne fais pas les choses comme il faut, à sa manière. Il n’y a qu’une seule manière de faire, à l’entendre. C’est drôle. Des manières de faire, il y en a autant que d’individus sur terre, mais ça doit le rassurer de penser qu’il sait.

Peu importe, j’ai lâché sa main combien de temps ? Une minute ? Peut-être deux ? Quand je me suis relevée, il n’était plus là. J’ai tendu les bras autour de moi pour essayer de le toucher, je l’ai appelé, j’ai crié autant que j’ai pu, mais seul le souffle du vent m’a répondu. J’avais déjà de la neige plein la bouche et la tête qui tournait. Je l’ai perdu et je ne pourrai jamais rentrer. Il ne comprendrait pas, il n’a pas toutes les cartes en main pour savoir ce qui se joue.

S’il avait posé les bonnes questions, si j’avais donné les vraies réponses, jamais il ne me l’aurait confié. Il a préféré se taire, entretenir l’illusion, prétendre que j’étais capable de faire ce qu’il me demandait. Au lieu de cela, dans cette terre de désolation qui suinte le malheur, je vais ajouter à sa peine, apporter ma touche personnelle au tableau. Il faut croire que c’est plus fort que moi.

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De cette Rentrée Littéraire de septembre, j’ai lu également : Mon mari ♥

Achetez de préférence vos livres chez les libraires indépendants !

Mon mari – Rentrée Littéraire 2021 ♥

mariRentrée Littéraire
Premier Roman

MON MARI ♥

Maud Ventura

Éd. L’iconoclaste (2021)

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Une femme, dont on ne saura jamais le nom, nous parle de sa vie. Ou plutôt non. Elle nous parle de son mari, et de la façon dont elle vit leur relation au quotidien. Elle est amoureuse de lui comme au premier jour. Passionnément. Ne cesse jamais de vouloir le contenter.

Et vit quotidiennement dans la peur de le perdre. Elle pense à lui toute la journée. Voudrait lui envoyer des messages plusieurs fois par jour. Faire l’amour avec lui tous les soirs. Elle sait, tout le monde lui dit, quelle chance elle a de vivre avec cet homme-là. Ils sont mariés depuis 15 ans, ils ont deux enfants, une belle maison, des amis…

Et pourtant, cela ne lui suffit pas. Elle voudrait être sûre qu’il ne la quittera pas, qu’il n’y a personne d’autre, que son mari l’aime toujours. Alors elle l’épie, l’observe, note ses “manquements”. Elle l’espionne et note tout dans ses petits carnets. Elle lui tend des pièges, dans lesquels bien sûr, il ne tombe jamais.

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C’est excellent !

On suit au fil des jours de la semaine le quotidien de cette amoureuse passionnée et intransigeante. Ses incertitudes, ses manies, ses joies et ses souffrances. L’inquiétude augmente au fil des pages. Jusqu’où est-elle capable d’aller ? Est-elle complètement, dangereusement folle ? Le malaise grandit, on s’interroge, on est soucieux pour le mari.

Et quand on arrive au dernier chapitre… Qu’est-ce que j’ai ri !!!

Une lecture que je vous recommande chaudement, un coup de cœur pour moi.

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Chez le même éditeur, nous vous avons présenté La vraie vie d’Adeline Dieudonné

Une autre histoire de couple amusante : Mari et femme de Régis de Sà Moreira aux éd. Au Diable Vauvert

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Le ruban rouge de Lucy Adlington

Le ruban rouge est le récit poignant et lumineux d’une jeune fille à Auschwitz Birkenau, dans l’univers décalé de la soie.

le ruban rougeRoman historique pour adolescents dès 13 ans

Le ruban rouge

de Lucy Adlington

traduit par Catherine Nabokov

PKJ, 2018
326 pages
9782266278751, 16,90€

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Thèmes : couture, camp de concentration, seconde guerre mondiale, Auschwitz

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Le roman Le ruban rouge s’ouvre sur Ella qui court pour arriver la première pour le poste de couturière qui vient de se libérer dans la Maison de la couture. Elle lutte alors pour obtenir la place… En quelques pages on comprend qu’Ella et les autres ne sont pas simplement en train d’essayer de travailler. Elles essayent de survivre, à Birchwood (le petit bois de bouleau), plus connu sous le nom allemand de Birkenau. Auschwitz Birkenau, le camp de travail et d’extermination le plus tristement célèbre de la Seconde Guerre Mondiale.

Un univers de femmes, traitées pire que des animaux, qui luttent pour survivre. Ella est forte, travailleuse, douée de ses mains. Ella va coudre et apprendre comment fonctionne le camp. Souvent de la manière la plus dure qui soit, mais aussi à travers ses rencontres, Marta la chef de l’atelier, mais prisonnière comme elle, Carla, la Garde à qui elle coud de jolie robe ou encore Lily, la rêveuse Lily, toujours plongée dans ses histoires fantastiques. Et souvent Ella se demandera “Que ferait Marta ?”, ou “Que ferait Lily ?”; pour essayer de prendre la meilleure décision qui soit. Pour sa survie, mais aussi pour garder espoir, et rester elle-même.

L’horreur et l’espoir

Les horreurs s’enchaînent, les morts un peu aussi, souvent en toile de fond, comme si Ella vivait dans une bulle un peu protégée, loin des cheminées qu’elle ne peut pourtant pas ignorer… Et c’est sans doute la plus grande puissance de ce roman : l’espoir ! L’espoir à toutes les pages, même dans la souffrance, même dans les pires situations. Cet espoir qui permet à Ella de tenir au milieu de l’horreur. Le contraste entre ce milieu de la mode, les beaux tissus, les robes de soirées et les conditions de vie dans le camp, les baraquements, les cheminées… c’est fort. Très fort.

“C’est bel et bien un trésor d’ogre, récolté par des ogres modernes, des hommes d’affaires en costumes et uniformes. Au lieu d’un château ou d’un donjon de fées, ils ont construit une usine. Une usine qui transforme les individus en fantômes et leurs biens en profit. Pas moi. Ça ne peut pas m’arriver à moi ! Même si je n’ai plus mon cartable et mon joli pull en laine je suis toujours Ella. Pas question que je sois transformée en fantôme de fumée.”

Le Ruban Rouge est un récit, avec des personnages imaginaires, qui prend le parti de l’espoir, sans cacher l’horreur des camps. Avec Ella on va entendre cette souffrance, mais on va garder l’espoir. Le lecteur est entraîné dans cette lutte pour la survie, dans les année 44-45, avec l’espoir de la libération qui grandit mais ne semble jamais arriver assez vite.

De par la réalité qu’il dénonce, Le ruban rouge est bouleversant. Et pourtant l’espoir qu’il porte, celui de l’amitié, par ce beau lien du ruban rouge, permet d’en faire un roman lumineux. Parce qu’Ella est une adolescente forte et fragile à la fois, parce que les personnages secondaires sont puissants, tant dans leur amitié que dans leur haine. En questionnant le lecteur sur les valeurs de l’être humain, ce roman permet aussi de se dire qu’on ne sait pas comment on réagirait dans cette situation. Ni à la place d’Ella, ni à celle de Marta ou Carla. Difficile de comprendre, de ne pas voir l’horreur, et pourtant cette situation a existé, il y a eu des Ella, des Lily, mais aussi des Marta et des Carla.

Un détail intéressant permet de voir qu’il est facile de donner des étiquettes aux gens, moins facile de savoir ce qu’ils cachent vraiment : Ella prend l’habitude de donner des noms d’animaux aux gens qu’elle rencontre, ce qui permet de voir un peu mieux leur nature profonde, mais parfois le surnom se révèle trompeur, car la première impression n’est pas toujours la bonne.

Si la fin est belle, peut-être un peu trop, elle permet de garder cette notion d’espoir qui transcende le roman, de la sublimer, et d’en faire un espoir plus grand, celui que ce genre de situation ne puisse pas exister à nouveau. Un sentiment renforcé par le tour de passe passe de Lucy Addington : ne jamais donner le nom allemand, ne jamais donner de nom de religion. Comme si tout pouvait être transposé ailleurs, en un autre temps.

Le ruban rouge est un roman bouleversant mais lumineux, qui permet de faire vivre l’horreur des camps à travers la soie et l’espoir.

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