Le ruban rouge de Lucy Adlington

Le ruban rouge est le récit poignant et lumineux d’une jeune fille à Auschwitz Birkenau, dans l’univers décalé de la soie.

le ruban rougeRoman historique pour adolescents dès 13 ans

Le ruban rouge

de Lucy Adlington

traduit par Catherine Nabokov

PKJ, 2018
326 pages
9782266278751, 16,90€

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Thèmes : couture, camp de concentration, seconde guerre mondiale, Auschwitz

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Le roman Le ruban rouge s’ouvre sur Ella qui court pour arriver la première pour le poste de couturière qui vient de se libérer dans la Maison de la couture. Elle lutte alors pour obtenir la place… En quelques pages on comprend qu’Ella et les autres ne sont pas simplement en train d’essayer de travailler. Elles essayent de survivre, à Birchwood (le petit bois de bouleau), plus connu sous le nom allemand de Birkenau. Auschwitz Birkenau, le camp de travail et d’extermination le plus tristement célèbre de la Seconde Guerre Mondiale.

Un univers de femmes, traitées pire que des animaux, qui luttent pour survivre. Ella est forte, travailleuse, douée de ses mains. Ella va coudre et apprendre comment fonctionne le camp. Souvent de la manière la plus dure qui soit, mais aussi à travers ses rencontres, Marta la chef de l’atelier, mais prisonnière comme elle, Carla, la Garde à qui elle coud de jolie robe ou encore Lily, la rêveuse Lily, toujours plongée dans ses histoires fantastiques. Et souvent Ella se demandera “Que ferait Marta ?”, ou “Que ferait Lily ?”; pour essayer de prendre la meilleure décision qui soit. Pour sa survie, mais aussi pour garder espoir, et rester elle-même.

L’horreur et l’espoir

Les horreurs s’enchaînent, les morts un peu aussi, souvent en toile de fond, comme si Ella vivait dans une bulle un peu protégée, loin des cheminées qu’elle ne peut pourtant pas ignorer… Et c’est sans doute la plus grande puissance de ce roman : l’espoir ! L’espoir à toutes les pages, même dans la souffrance, même dans les pires situations. Cet espoir qui permet à Ella de tenir au milieu de l’horreur. Le contraste entre ce milieu de la mode, les beaux tissus, les robes de soirées et les conditions de vie dans le camp, les baraquements, les cheminées… c’est fort. Très fort.

“C’est bel et bien un trésor d’ogre, récolté par des ogres modernes, des hommes d’affaires en costumes et uniformes. Au lieu d’un château ou d’un donjon de fées, ils ont construit une usine. Une usine qui transforme les individus en fantômes et leurs biens en profit. Pas moi. Ça ne peut pas m’arriver à moi ! Même si je n’ai plus mon cartable et mon joli pull en laine je suis toujours Ella. Pas question que je sois transformée en fantôme de fumée.”

Le Ruban Rouge est un récit, avec des personnages imaginaires, qui prend le parti de l’espoir, sans cacher l’horreur des camps. Avec Ella on va entendre cette souffrance, mais on va garder l’espoir. Le lecteur est entraîné dans cette lutte pour la survie, dans les année 44-45, avec l’espoir de la libération qui grandit mais ne semble jamais arriver assez vite.

De par la réalité qu’il dénonce, Le ruban rouge est bouleversant. Et pourtant l’espoir qu’il porte, celui de l’amitié, par ce beau lien du ruban rouge, permet d’en faire un roman lumineux. Parce qu’Ella est une adolescente forte et fragile à la fois, parce que les personnages secondaires sont puissants, tant dans leur amitié que dans leur haine. En questionnant le lecteur sur les valeurs de l’être humain, ce roman permet aussi de se dire qu’on ne sait pas comment on réagirait dans cette situation. Ni à la place d’Ella, ni à celle de Marta ou Carla. Difficile de comprendre, de ne pas voir l’horreur, et pourtant cette situation a existé, il y a eu des Ella, des Lily, mais aussi des Marta et des Carla.

Un détail intéressant permet de voir qu’il est facile de donner des étiquettes aux gens, moins facile de savoir ce qu’ils cachent vraiment : Ella prend l’habitude de donner des noms d’animaux aux gens qu’elle rencontre, ce qui permet de voir un peu mieux leur nature profonde, mais parfois le surnom se révèle trompeur, car la première impression n’est pas toujours la bonne.

Si la fin est belle, peut-être un peu trop, elle permet de garder cette notion d’espoir qui transcende le roman, de la sublimer, et d’en faire un espoir plus grand, celui que ce genre de situation ne puisse pas exister à nouveau. Un sentiment renforcé par le tour de passe passe de Lucy Addington : ne jamais donner le nom allemand, ne jamais donner de nom de religion. Comme si tout pouvait être transposé ailleurs, en un autre temps.

Le ruban rouge est un roman bouleversant mais lumineux, qui permet de faire vivre l’horreur des camps à travers la soie et l’espoir.

+ D’autres romans sur la seconde guerre mondiale :

Grand Prix des Lectrices ELLE 2019

Lectrices

Le Grand Prix des Lectrices, c’est fini pour cette année !

50ème Grand Prix des Lectrices ELLE

Pour ce 50ème Grand Prix, les 3 prix (4 en fait !!) ont été remis en présence des auteurs lundi dernier, le 3 juin, au théâtre de l’Odéon (absolument magnifique !) à Paris, au cours d’une belle cérémonie présentée par la très sympathique Olivia de Lamberterie.

Et j’avoue avoir été très heureuse, car j’ai aimé les 4 livres récompensés ! Même si seulement deux faisaient partie de mon palmarès (voir tout en bas)

Et comme c’était le 50ème anniversaire de ce Grand Prix, nous avons eu la chance d’avoir plein de belles surprises ! Une interview d’Amélie Nothomb (qui est très drôle), une autre de Jacqueline Duhême (illustratrice pour Prévert, Eluard…) qui nous a bien fait rire avec ses souvenirs, une très belle lecture faite par Thibault de Montalembert (Lambeaux de Charles Juliet), un mini-concert (3 chansons) de Vincent Delerme

C’était vraiment une belle journée ! Qui s’est poursuivie par notre rencontre avec les auteurs et s’est achevée par un cocktail dinatoire avec tout plein de gens connus… Au passage, j’ai mangé du caviar pour la première fois de ma vie !

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Les livres choisis par les lectrices

(2 romans sont arrivés ex aequo)

ROMAN : Le chant des revenants de Jesmyn Ward (l’autrice n’a pas pu se déplacer mais nous a envoyé un très joli message de remerciements).

ROMAN : La vraie vie d’Adeline Dieudonné

POLAR : Né d’aucune femme de Franck Bouysse

DOCUMENT : L’empreinte d’Alexandria Marzano-Lesnevich

revenants  Vraie  né  empreinte

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Pour voir tous les livres lus dans le cadre de ce grand Prix, c’est par ici (normalement c’est 28 livres, mais cette année nous avons été gâtées, nous en avons eu un de plus !)

Les romans (10)Asymétrie –  Un gentleman à MoscouLe Mars ClubLa vraie vieAstaMa dévotionUn maison parmi les arbresLe chant des revenantsMaîtres et esclavesVigile.

Les polars (10) : La disparition d’Adèle BedeauSur le toit de l’enferRivière tremblantePrésumée disparueDura LexRituelsSirènesLes âmes engloutiesAnatomie d’un scandaleNé d’aucune femme.

Les documents (9) : Tu t’appelais Maria SchneiderGood Morning, Mr President !Ici, les femmes ne rêvent pasLa loi de la merLes inséparablesSuzanneMadame, vous allez m’émouvoirPirate n°7L’empreinte.

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Mes favoris / mes coups de cœur

(Notés en débutant ce billet, soit le 19/03/19, soit bien avant la remise du Grand Prix)

Roman : Le chant des revenants de Jesmyn Ward

Polar : Né d’aucune femme de Franck Bouysse (même si pour moi ce n’est pas vraiment un polar !)

Document : La loi de la mer de Davide Enia (pour le thème)

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Et pour comprendre comment ça fonctionne ou vous inscrire (pour l’année prochaine !) c’est par ici.

Et voici l’article paru dans ELLE hier, avec plein de photos !

Pirate n°7 – Prix des Lectrices ELLE (25)

Pirate

Pirate n°7

Elise Arfi

Éditions Anne Carrière (2018)

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Présentation de l’éditeur : Un soir, au Palais, Elise Arfi, jeune avocate commise d’office, voit arriver sept Somaliens hagards et menottés. Ils sont accusés de piraterie, du meurtre d’un navigateur français et de la prise d’otage de sa femme. Le sort attribue à [avocate la défense de Fahran, le pirate n° 7. La gravité des faits est indiscutable. Mais tout, dans cet acte de justice, prend une tournure dérangeante. Bien que mineur, Fahran est jugé comme un adulte.

 

Il ne comprend pas un mot de français et ne peut pas se faire aux règles et aux codes de la prison. Bientôt, au déracinement culturel et affectif s’ajoutent de graves maltraitances qui font sombrer l’adolescent dans la folie. Jusqu’au procès aux assises, quatre ans plus tard, l’avocate s’efforce de garder Fahran en vie. L’objectif tourne à l’obsession, l’obligeant à affronter les autorités en charge du dossier.

Défendre le pirate n° 7 va changer la vision de son métier, la conduisant à interroger sa vocation.

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Le pire, dans cette histoire, c’est qu’on ne peut même pas en vouloir à ce pirate n°7, Fahran. Pourquoi ? Mais parce que, pauvre parmi les pauvres, il n’a pas le choix, s’il n’aide pas les autres, il est condamné. Fait prisonnier avec les autres pirates et amené en France, totalement déraciné, ne comprenant pas la langue, jugé non pas comme un être humain mais comme un vulgaire numéro puisqu’il n’a pas de papiers et jugé comme un adulte alors qu’il n’a que 16 ans

Comment ne pas le prendre en pitié ?

 

S’imaginer à sa place, perdu dans un endroit où on ne comprend rien, ni la langue, ni les codes, c’est abominable. Comment ne pas s’interroger, au fil des pages, sur la façon dont on traite les prisonniers ? Ils ont été jugés coupable, ok. Privé de leur liberté le temps de leur condamnation, ok. Mais faut-il pour autant les traiter de cette façon là ? Quand on entend parfois certaines personnes dirent que les prisonniers sont en vacances aux frais de l’état parce qu’ils ont la tv dans leur cellule, on a envie de leur dire de lire ce livre, pour comprendre, un peu, comment ça se passe…

Un témoignage véritablement poignant et que j’ai trouvé bouleversant.

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Extrait : C’est l’avocate qui parle : “J’ai regardé Fahran, hagard, bourré de médicaments, comme d’habitude. Indifférent à chacune de mes paroles. Le désignant comme la poupée de chiffon qu’il était devenu, somnolant au fond du box, j’ai pris la cour à témoin d’un système pénal qui fabrique des fous. Au moment de son interpellation, Fahran était un adolescent de 16 ans, décrit par tous les témoins comme gai, gentil, affectueux, travaillant dur pour aider sa famille. Il n’avait ni trouble du comportement, ni trouble psychiatrique. A 20 ans, on jugeait un pantin détruit par les psychotropes, un automate bouffi, craintif, incapable de soutenir son attention plus de quelques minutes.”

ELLE

25ème lecture / 28

Bilan Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018

Pour la deuxième année, durée réduite pour le  Challenge 1% de la rentrée littéraire, c’est donc déjà l’heure du bilan ! Alors qu’avons nous lu de la rentrée littéraire 2018 ?

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

Grosse baisse de participations cette année (mais pas de lectures, j’en suis sûre), principalement car j’ai été peu présente pour animer le challenge, et que beaucoup ont oublié de donner leurs liens ! Il y a tout de même eu plein de belles discussions sur le groupe facebook… et puis on a quand même lu 497 livres :)

Les réussites :

Bravo aux participants suivants qui ont rempli au moins le 1% requis, certains comme chaque année ayant explosé les scores. Le record de cette année est attribué à Joëlle avec un peu plus de 10%

1% Géraldine, Florence, Bidib, Argali, Danny, Itzamna, Je lis je raconte, Blamblinou, Sylire, Sophie Hérisson

2% Charlie Yannick, Ramettes, Natiora, Stemilou et bazart
3% L’Irrégulière
4% Nathavh
5% Noukette et Nathalie
6% Léa Touch BookBlandine (Vivrelivre) et Eimelle !

10% Joëlle

Ils ont participé mais n’ont pas atteint les 1% :
Iluze, Achille49, L’or rouge, Folavoine, Histoire de Papier et de Mots, Valouµ

Ils n’ont pas participé finalement (ou pas donnés leurs liens) :
Alice, Asfree18, Bénédicte Junger, Benoit, catherine airaud, cathulu, Delage, Erinael, Henri-Charles Dahlem, Jelisjoli, Jeneen, Joanna, Joce Forest, Kiona, marie, PatiVore, Sandra, Zia

Les titres les plus lus

12 lectures (et 6 coups de coeur)
La vraie vie d’Adeline Dieudonné
La vraie vie, Adeline DIEUDONNE

9 lectures :
Simple de Julie Estève

7 lectures (et 5 coups de coeur)
Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal

 

6 lectures :
Fais de moi la colère de Vincent Villeminot

 

5 lectures : 
Trancher d’Amélie Cordonnier
Sujet inconnu de Loulou Robert
Les prénoms épicène d’Amélie Nothomb
Frère d’âme de David Diop
Einstein, le sexe et moi
Tu t’appelais Maria Schneider de Vanessa Schneider

4 lectures : 
Trois fois la fin du monde de Sophie Divry
Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives
Sergent papa de Marc Citti
Quand dieu boxait en amateur de Guy Boley (avec 4 coups de coeur en 4 lectures!)
Pêche d’Emma Galss
Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu
Le prince à la petite tasse d’Emily de Turckeim
L’écart d’Amy Liptrot
Héléna de Jérémy Fel
Concours pour le paradis de Clélia Renucci
Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie

 

Toutes les lectures de la rentrée littéraire 2018

Retrouvez dans des documents spécifiques :
Les lectures de tous les participants,
les lectures par titre,
les lectures par auteur,
juste les titres adultes,
juste les romans jeunesses,
les BD / manga et albums,
et juste les coups de coeur !

 

Un très beau bilan je trouve, avec des lectures beaucoup plus variées cette année, des coups de coeur, des titres peu connus…

  Rendez-vous début août pour le challenge 1% Rentrée littéraire 2019… ici et/ou ailleurs, on verra bien !