QUEENIE La marraine de Harlem

QueenieBD ADO/ADULTE

QUEENIE

LA MARRAINE DE HARLEM

Elizabeth Colomba & Aurélie Levy

Éditions ANNE CARRIÈRE (2021)

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Éditeur : Harlem. 1933. Une femme noire, tirée à quatre épingles, est relâchée de prison. Son nom : Stéphanie St Clair. Signes particuliers : un accent français à couper au couteau et un don pour les chiffres. Née dans la misère à la Martinique, la célèbre Queenie est à la tête de la loterie clandestine de Harlem. Avec l’aide d’une poignée de complices loyaux, elle a patiemment bâti un véritable empire criminel qui règne sur Harlem tout en protégeant ses habitants des exactions des policiers.

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Cette lecture est, semble t-il, née d’une erreur… Chez Bidib-Ma petite Médiathèque (3ème BD présentée) j’avais vu “Harlem” de Mikaël qui raconte aussi la vie de Queenie (alias Stéphanie St Clair). Et comme j’aime beaucoup cet auteur, j’avais réservé cet album à la bibliothèque. Du moins, c’est ce que je croyais !

Bref, non seulement ce n’est pas grave, mais ça m’a permis de découvrir cette BD-ci, qui m’a beaucoup plu. Et ça ne m’empêchera pas de lire l’autre.

Concernant ce roman graphique, je trouve cette couverture façon “art déco” très belle !

Par contre je n’ai pas été totalement conquise par les illustrations, mais ça ne pas empêché d’apprécier l’ensemble. L’histoire est prenante et l’ambiance “Harlem années 30” plutôt bien rendue. Les parties qui se passent dans l’enfance sont faciles à repérer, elles sont en gris et blanc au lieu de noir et blanc.

Queenie est l’histoire d’une femme mais aussi d’une époque et d’une société régie par la pègre et la corruption. Cette femme était une hors la loi, mais aussi une sorte de Robin des bois. Elle dénonçait certains abus, aidait les plus pauvres.

Un personnage intéressant et une lecture qui m’a beaucoup plu !

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Un article de France TV info pour en savoir un peu plus sur le parcours de cette Martiniquaise devenue cheffe de gang.

Queenie

Cette semaine, nous sommes avec Stephie du blog Mille et unes frasques

Pirate n°7 – Prix des Lectrices ELLE (25)

Pirate

Pirate n°7

Elise Arfi

Éditions Anne Carrière (2018)

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Présentation de l’éditeur : Un soir, au Palais, Elise Arfi, jeune avocate commise d’office, voit arriver sept Somaliens hagards et menottés. Ils sont accusés de piraterie, du meurtre d’un navigateur français et de la prise d’otage de sa femme. Le sort attribue à [avocate la défense de Fahran, le pirate n° 7. La gravité des faits est indiscutable. Mais tout, dans cet acte de justice, prend une tournure dérangeante. Bien que mineur, Fahran est jugé comme un adulte.

 

Il ne comprend pas un mot de français et ne peut pas se faire aux règles et aux codes de la prison. Bientôt, au déracinement culturel et affectif s’ajoutent de graves maltraitances qui font sombrer l’adolescent dans la folie. Jusqu’au procès aux assises, quatre ans plus tard, l’avocate s’efforce de garder Fahran en vie. L’objectif tourne à l’obsession, l’obligeant à affronter les autorités en charge du dossier.

Défendre le pirate n° 7 va changer la vision de son métier, la conduisant à interroger sa vocation.

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Le pire, dans cette histoire, c’est qu’on ne peut même pas en vouloir à ce pirate n°7, Fahran. Pourquoi ? Mais parce que, pauvre parmi les pauvres, il n’a pas le choix, s’il n’aide pas les autres, il est condamné. Fait prisonnier avec les autres pirates et amené en France, totalement déraciné, ne comprenant pas la langue, jugé non pas comme un être humain mais comme un vulgaire numéro puisqu’il n’a pas de papiers et jugé comme un adulte alors qu’il n’a que 16 ans

Comment ne pas le prendre en pitié ?

 

S’imaginer à sa place, perdu dans un endroit où on ne comprend rien, ni la langue, ni les codes, c’est abominable. Comment ne pas s’interroger, au fil des pages, sur la façon dont on traite les prisonniers ? Ils ont été jugés coupable, ok. Privé de leur liberté le temps de leur condamnation, ok. Mais faut-il pour autant les traiter de cette façon là ? Quand on entend parfois certaines personnes dirent que les prisonniers sont en vacances aux frais de l’état parce qu’ils ont la tv dans leur cellule, on a envie de leur dire de lire ce livre, pour comprendre, un peu, comment ça se passe…

Un témoignage véritablement poignant et que j’ai trouvé bouleversant.

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Extrait : C’est l’avocate qui parle : “J’ai regardé Fahran, hagard, bourré de médicaments, comme d’habitude. Indifférent à chacune de mes paroles. Le désignant comme la poupée de chiffon qu’il était devenu, somnolant au fond du box, j’ai pris la cour à témoin d’un système pénal qui fabrique des fous. Au moment de son interpellation, Fahran était un adolescent de 16 ans, décrit par tous les témoins comme gai, gentil, affectueux, travaillant dur pour aider sa famille. Il n’avait ni trouble du comportement, ni trouble psychiatrique. A 20 ans, on jugeait un pantin détruit par les psychotropes, un automate bouffi, craintif, incapable de soutenir son attention plus de quelques minutes.”

ELLE

25ème lecture / 28

La fille qui avait bu la lune – Roman ado

fille La fille qui avait bu la lune ♥

Kelly Barnhill

Éd. Anne Carrière (2017)

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Chaque année, dans le Protectorat, a lieu le Jour du Sacrifice. C’est le jour où les Grands Anciens prennent le dernier des nouveaux-nés arrivé pour aller l’offrir à la terrible Sorcière qui vit dans les bois autour du village afin qu’elle les laisse en paix. Antain a 13 ans, il est novice chez les Grands Anciens grâce à son oncle Gherland qui est lui même un des Grands Anciens du Conseil et c’est la première fois qu’il assiste au Jour du Sacrifice. Et ce qu’il va voir va lui faire se poser de nombreuses questions…

Xan, la sorcière qui habite la forêt, fait le voyage chaque année pour récupérer le bébé abandonné, une fille cette fois-ci, même si elle ne comprend vraiment pas pourquoi les mères du Protectorat abandonnent leurs nourrissons dans la forêt au risque qu’ils soient mangé par les bêtes sauvages ! Elle les récupère donc puis va les faire adopter par des familles aimantes de l’autre côté du marais. Mais cette année, à cause de la distraction, de la fatigue de Xan, celle-ci va être contrainte de garder le bébé avec elle.

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C’est presque un conte… Après tout, il y a une sorcière, un monstre des marais (très vieux et poète), un dragon (nain et très bavard) et beaucoup, beaucoup de magie. Les plus jeunes (il est indiqué à partir de 10 ans) le liront ainsi, comme un conte, une belle histoire qui fait peur par moments.

Les plus grands y verront sans doute d’autres choses : le côté cynique des Grands Anciens qui savent pertinemment que ce qu’ils font n’est pas bien, mais qui continuent, pour leur propre confort et tant pis pour la casse. Les plus méchants ne sont pas toujours ceux qu’on croit…

De nombreux thèmes sont abordés dans ce joli roman : autour de la famille (adoption, lien parental biologique ou non), du pouvoir (sous couvert de “protéger” les autres, on sème la crainte), sur la force du chagrin et sur celle de l’amitié ou de l’amour…

Le tout dans un univers très poétique mais également avec des personnages très amusants et très attachants (Dragonnus Minusculus par exemple). A priori c’est un tome unique, et c’est bien dommage, je serais bien restée un peu plus longtemps avec Luna, Antain et les autres…

Je trouve la couverture de ce roman très réussie, on retrouve ce côté poétique et j’espère qu’elle attirera de nombreux lecteurs !

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Il devrait être prochainement adapté au cinéma.

Le site de l’autrice (en anglais)

Celui des éditions Anne Carrière

Une autre histoire de sorcière : Miss Pook et les enfants de la lune