La Onzième Heure d’Isabelle Pestre

La Onzième Heure

d’Isabelle Pestre

Premier Roman – Adulte – Rentrée Littéraire

Belfond, 2011
9782714450012, 17€

Présentation de l’éditeur :
Comme chaque année Lisbeth, 11 ans, passe ses vacances au bord de l’océan, en Charente- Maritime. Enfant lourde et pensive, elle ennuie Alice, sa mère, et ne suscite qu’indifférence chez son père. Livrée à elle même, Lisbeth rencontre un jour Misha, un immigré albanais. Le jeune homme puise du réconfort dans l’affection que lui porte Lisbeth. Et l’enfant est heureuse qu’on s’intéresse à elle.

Mon avis :

Il ne m’aura pas fallu plus de trois pages pour m’attacher à Lisbeth, pourtant je ressors de ce roman plutôt troublée.

Une famille où le dialogue est absent, des tranches de vie, une enfant pas vraiment désirée, un peu délaissée. En vacances au bord de la mer, livrée à elle même, elle vagabonde sur la plage, et rencontre  Misha. Cet émigré à l’histoire trouble lui adresse la parole, la regarde, et cela suffit pour elle.

Lisbeth est un personnage terriblement attachant, qui rend ce roman touchant. Les héros mal-aimé me plaisent toujours, ils ont cette façon de voir le monde tellement troublante, et tellement d’espoir en eux. C’est avant tout pour ne pas déranger que Lisbeth, qui a seulement 11 ans, se rend à la plage. C’est aussi pour ne pas déranger qu’elle ne se fait pas d’ami. Mais avec Misha c’est différent. Lui aussi est seul. Rejeté. Montré du doigt par la société. Alors ensemble ils vont refaire le monde, doucement. Pourtant un jour le monde extérieur les rattrape…

Ce sont les non-dits qui font de ce roman une véritable réussite. L’écriture est maitrisée, elle est belle, et surtout elle ne nous laisse imaginer notre version des rencontres. Entre celle que l’on lit du côté de Lisbeth et les certitudes des adultes. Avec tout le mystère que cela engendre. Avec aussi des secrets du passé qui ressurgissent. La peur des autres, de l’étranger. Dans l’enfance, puis à l’âge adulte. Car nous allons suivre Lisbeth, à coup de grande ellipse, pour découvrir ce qu’elle est devenue, et ce que cette histoire a laissé en elle.

J’ai tout aimé dans ce roman, les personnages, les lieux, l’histoire mais surtout la mélancolie qui se dégage de beaucoup des situations. Parmi les personnages une vieille dame m’a particulièrement touchée, avec son comportement décalé, son abandon à elle aussi… ça sonne juste, tout simplement.

La force principale de ce roman c’est sa façon de nous faire réfléchir et douter, à tel point qu’on ne peut pas vraiment en vouloir aux personnages qui séparent Lisbeth de Misha. Parce que nous ne savons pas ce qu’il en est, parce qu’on se demande, parce qu’elle n’a que 11ans. Je pense que non, on pense que non ? Et pourtant la peur de l’étranger fait que les adultes se rendent finalement compte de l’existence de Lisbeth… Je ne peux pas vous en dire plus, j’en ai déjà dit beaucoup… mais je pense que c’est dans nos esprits que s’écrit cette histoire, chacun à sa façon.

Et voilà. Sauf qu’en fait non, au lieu de s’arrêter là, sur ces questions en suspens, l’auteure décide de continuer. De faire un saut dans le temps, et de nous livre Lisbeth à l’âge adulte, de nouveau confrontée à la peur de l’étranger. Ces trente dernières pages ne m’ont pas plu. Du tout. Parce qu’elles ne m’ont pas laissé dans la nostalgie, qu’elles ont coupé mes pensées. Tant pis.

Le titre La Onzième Heure semble comme ça sans rapport, mais il est expliqué dans le livre, et rappelé ici par l’auteure elle-même dans une interview (ici) :

“La parabole des ouvriers de la onzième heure est transmise par Matthieu ; c’est la dernière des paraboles avant que Jésus ne rentre à Jérusalem pour y être condamné et exécuté. Elle raconte comment un maître de maison, dès le matin, embauche des ouvriers pour une journée de travail dans sa vigne. Au cours de la journée, à trois reprises, il offre du travail et un « juste salaire » aux hommes qui attendent. Et, à la onzième heure, l’avant-dernière heure, donc, il sort à nouveau, questionne ceux qui sont là et leur propose d’entrer dans la vigne pour y travailler à leur tour. Au soir, le maître ordonne à son intendant de payer tous les ouvriers, en commençant par les derniers. À chacun est donné, même aux ouvriers de la onzième heure, le salaire d’une journée complète. « Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers derniers. »
Dans mon livre, je m’arrête en deçà : la vie de Lisbeth pourrait correspondre à l’attente de ces ouvriers au chômage, à ce vide qu’ils traversent, aux questions qu’ils se posent et que chacun, me semble-t-il, peut se poser. Qu’attendons-nous, sinon un événement qui nous permette d’exister et de nous révéler ce que mystérieusement nous sommes ? “

Pour finir une remarque idiote, quel est l’intérêt d’ajouter un bandeau  papier sur les livres (ici avec le nom de l’auteur). Quand ils ont eu un prix littéraire, je comprends, pour accentuer le nom d’un auteur connu, pourquoi pas. Mais quand il s’agit d’un premier roman ? Alors bien sûr on est content de connaître la tête de cette auteure -Isabelle Pestre- mais la photo se trouve déjà sur la 4ème de couverture. Grande interrogation donc, que je vous transmet… Prêtez-vous attention à ces bandeaux de couleur ? Vous incitent-ils à acheter le livre ? Dans le cas présent d’un premier roman, ne trouvez-vous pas cela plutôt trompeur ? J’aurais préféré pour ma part un bandeau 1er roman, voir pas de beandeau du tout, la couverture (que je trouve d’ailleurs très belle) se suffisant à elle-même.

Un roman que j’ai beaucoup aimé, et que je vous conseille, malgré cet écueil des dernières pages…

Merci à Abeline des Chroniques de la rentrée littéraire et aux éditions Belfond pour cet ouvrage, lu début juillet!

Partenariat #6 Le cherche midi COMPLET

*** Pour toutes les informations, règles, conditions…. merci de lire cet article ***

Je vous propose  aujourd’hui un partenariat avec les éditions Cherche Midi. 2 livres aujourd’hui, avec 2 exemplaires chacun!

COMPLET

* Le jardin de Bertina Henrichs *

Rencontre de deux solitudes, de deux histoires… singulières

Plouerbec, sur la côte morbihannaise. Là, Marthe Simonet, la soixantaine, vit une existence paisible, allée des Pommiers. Elle est veuve depuis quelques années. Sa vie est presque devenue trop tranquille.
Près de chez elle, dans un cabanon, un certain Hans vient s’installer seul. Les rumeurs vont bon train sur le compte de cet inconnu  d’origine allemande.
Bientôt, ces deux personnages que tout sépare à l’origine, vont faire connaissance, par le biais d’un prospectus glissé inopinément dans les boîtes aux lettres du petit lotissement. Un prospectus qui va faire l’effet d’une bombe et troubler la quiétude de cette si belle allée.

Le Jardin est l’histoire d’une opportune catastrophe.
L’auteur :
Bertina Henrichs est l’auteur de La Joueuse d’échecs (Liana Levi, Livre de Poche, prix des lectrices de Elle, 52 000 ex. vendus toutes éditions confondues), livre adapté au cinéma avec Sandrine Bonnaire. Avec son compagnon, Philippe Vauvillé, elle a publié un polar au cherche midi, Le Narcisse (2010).
264 pages – Paru le 25 août.

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* Comment rèvent les morts de Lydia Millet *


Traduit de l’anglais (États-Unis) par Barbara Schmidt

Depuis son plus jeune âge, Thomas vénère le dieu Dollar, les mécanismes implacables et la beauté glaciale de la société capitaliste. Agent immobilier sans scrupules, il n’a d’autres horizons que l’enrichissement et l’accumulation. Jusqu’au jour où quelques événements successifs, une histoire d’amour avortée, un bouleversement familial, la mort d’un coyote vont provoquer chez lui une crise spirituelle sans précédent. Peu à peu, il se met à nourrir une étrange obsession pour les zoos, les espèces en captivité, celles en voie de disparition.

Au cœur de ce roman, une réflexion sur le gain et la perte, ce qui vit et ce qui meurt dans une société toujours plus folle et inconsciente, que Lydia Millet capture et explicite avec une force inédite. Avec cette traversée des apparences, qui nous mène d’un monde artificiel, balisé, lumineux, illusoire, vers un monde réel à l’agonie, l’auteur aborde des sujets cruciaux, terriblement contemporains, comme la protection nécessaire de l’environnement, sans jamais tomber cependant dans un didactisme pesant et démonstratif. Laissant à la forme romanesque toute sa complexité et sa puissance d’évocation, portée par un style magistral, elle nous livre ainsi un ouvrage indispensable.

L’auteur :
Lydia Millet est née le 5 décembre 1968 à Boston, d’un père égyptologue et d’une mère libraire. Elle est sans conteste l’une des voix les plus marquantes de la nouvelle fiction américaine, un écrivain à la fois engagé et d’une sensibilité peu commune aux différentes formes du roman.Après Ô cœur pur et radiant, Comment rêvent les morts est son deuxième roman publié en Lot 49.

Collection Lot 49 – 298 pages. Sortie prévue le 6 octobre.

« Un cocktail d’histoire et d’imagination à la fois complexe et réjouissant. Une réussite majeure ! »
Washington Post

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Vous souhaitez lire et chroniquer un de ces ouvrages sur votre blog ? Vous avez bien lu d’abord cet article ?

COMPLET

Sandrine et Jeneen recevront Le jardin, Choco et Aline Comment rêvent les morts.

Merci, et à bientôt pour un autre partenariat !

Recap 3 du Challenge 1% Rentrée Littéraire!

Sauf qu’il n’est pas ici, mais chez Nina, ma co-organisatrice en chef trop patiente et passionnée.

Alors qu’elle a déjà dépassé les 3%, elle a pris le temps de nous faire un superbe récapitulatif par titre des livres lus par les participants!!

Ça se trouve ici, et c’est impressionnant… et bien pratique!

LE Recap par titre!

 

Niveau partenariat, 2 nouveaux livres demain matin, 7h30 :)

Famille modèle d’Eric Puchner

Famille modèle

d’Eric Puchner

Roman adulte – Rentrée Littéraire

Albin Michel, 2011
9782226229786, 24€

Présentation de l’éditeur :
Deux jours après que sa voiture – une Chrysler LeBaron avec sièges en cuir et options haut de gamme – eut disparu de l’allée du garage, Warren Ziller longeait discrètement les demeures cossues de ses voisins, s’appliquant à boiter au même rythme que son chien.
Sur le ton de la tragi-comédie, Eric Puchner raconte la chute de la famille Ziller, et plus particulièrement de son chef, Warren, qui a délaissé le bonheur paisible du Wisconsin pour la Californie du rêve américain. Mais rien ne se passe comme prévu et Warren ne peut avouer aux siens qu’il a investi toutes leurs économies dans un projet immobilier qui vient de tourner au désastre…

Mon avis :
J’avais lu quelques avis positifs, mais je ne m’étais pas du tout penché sur la taille de ce livre. C’est quand je l’ai reçu que j’ai vu quel pavé m’attendait. Plutôt que de le poser dans l’étagère à PAL je l’ai commencé directement… et finalement les pages sont passées assez vite. Assez non pas parce que le livre est “assez” bien, mais parce que lire un tel pavé la semaine de la rentrée, quand on s’endort au bout de 2 pages, n’était pas la meilleure idée… ni le plus rapide.

L’histoire heureusement est prenante et facile à suivre. Warren, chef de famille fait un mauvais placement professionnel et ruine sa famille. Pourtant il n’arrive pas à le dire à sa femme Camille, et à ses trois enfants.

Avec une alternance de point de vue, on va suivre cette famille pendant près de 3 ans… de l’insouciance des fêtes d’adolsecents aux remords si forts qu’ils conduisent à des situations terribles. Avec une galerie de personnage riche et vivante, cette famille stéréotypée américaine se prend dans un engrenage dont il est difficile de s’échapper.

Une lecture prenante qui invite aussi à réfléchir, tant sur la société que sur notre rapport aux autres. Malgré des situations délicates, terribles même, j’aime la note de vie et d’espoir qui est présente continuellement en filigrane, par forcément dans les mots des personnages mais dans leurs silences.

Un retour sur le rêve américain qui se fait sous une plume aiguisée, qui joue de l’humour, pour nous offrir un roman à la fois touchant et saisissant.

+ Un coup de coeur pour Clara