Ne pas tout dire

roman pour adolescents

Ne pas tout dire

de Shaïne Cassim

Grasset Jeunesse, 2000
Collection Lampe de Poche 

Constance, lycéenne spasmophile, angoissée, peureuse, myope et fille unique de parents divorcés semblent bien mal lotie dans la vie.Heureusement elle va traverser cette dure période qu’est l’adolescence entourée par sa mère (qui se remet difficilement du départ de son père), Noémie (qui oscille entre mensonge et chagrin d’amour car elle aime le même garçon que Constance) et Vladimir Illitchkov, le Pope de son quartier (pas de religion là dedans, ils se retrouvent autour d’un café au bar du coin les nuits d’insomnie…) Peu à peu on va voir Constance se noyer dans cette spasmophilie qui l’handicape… mais on la verra aussi devenir de plus en plus forte, surmonter ses peurs, assumer la nouvelle compagne de son père, aider à la fois sa mère et sa meilleure amie, et tomber amoureuse, avec des hauts, beaucoup, et des bas, encore plus…


 Extraits :
” Tout brillait au-dessus de moi. Trop. Le ciel était très étoilé. Les diamants scintillants semblaient à portée de main. J’ai tendu les doigts mais je n’ai rien attrapé. J’étais heureuse comme j’avais pu l’être parfois en Toscane _ des centièmes de secondes volées à la tristesse. J’ai regardé mes talons noirs, immaculés, ma robe de soie verte. J’en aurais ri. j’avais l’impression d’être déguisé en femme.”
” J’ai eu envie de me lever. J’ai enfilé ma robe de chambre et je suis sortie. […] Quelqu’un m’a heurté et j’ai poussé un cri.
_Excusez moi.
C’était le Pope. Il avait des poches sous les yeux et l’air fatigué.
_ Qu’est ce que vous faites dehors à cette heure-là?
_ Je suis insomniaque, a-t-il soupiré.
J’ai eu envie de rire et je me suis retenue à grand-peine.”

Une écriture intéressante, pleine de petites phrases douces et charmantes, qui accompagnent agréablement cette histoire. On s’attache très vite à Constance, on a envie de l’aider, de lui souffler d’avoir confiance en elle… Bien que ce soit une lycéenne, avec des préoccupations de cet âge (bac, cigarette, alcool et sexe -le tout abordé très pudiquement-) les collégiens peuvent apprécier ce livre.

Selon une de mes élèves : ‘j’ai pas pu le refermer avant d’avoir fini”

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Moche

Roman pour adolescents

Moche

de Rachel Hausfater-Douïeb

Flammarion, Collection Tribal

C’est l’histoire de Mirabelle, adolescente calme et sérieuse, qui a un énorme problème : elle est moche… Ce roman très court (80 pages) s’étale sur un peu plus de 2 ans. Elle commence par l’adoption d’un chat, moche lui aussi, et une rédaction de français; et se termine par la re-rédaction du devoir de français, et la rencontre d’un garçon. Entre temps Miralaide comme on la surnomme va devenir Mirabelle…

Sans céder à la facilité (pas de traitement miracle ni de magie dans les changements qui interviennent) Rachel Hausfater nous présente ici un thème ultra classique, celui de l’adolescente mal dans sa peau. L’écriture est légère, aérienne presque, les réflexions de l’adolescente ne sont, au final, jamais ni noires ni suicidaires, ce sont juste ces petits tracas de tous les jours : boutons, poids, appareil dentaire, lunettes… Les problèmes sont traités les uns après les autres, sans précipitation, avec l’aide de son entourage, parents, soeur et amie.

Extraits :
“Quand je me regarde dans la galce (rarement) j’ai envie de pleurer. Car j’ai ce qu’on appelle un physique ingrat. Ingrat et… très gras. Je suis grosse et essaie de noyer mes formes sous des habits diformes”

“Maintenant Mirabelle voit. Elle voit bien. Elle voit tout. Tous ses boutons. Et elle a envoe de fermer les yeux.”

“Des boutons, on peut les faire disparaitre. Mais un nez? Impossible! Et surtout pas le nez de Mirabelle… Tant qu’il vivotait dans l’ombre de ses lunettes, il paraissait minimisé […] Il trône maintenant fièrement au beau milieu de son visage, arrogant,  ominateur, omniprésent, et on ne voit plus que lui. Il est trop grand, il est bossu, elle est foutue!”

J’ai pour ma part trouvé l’histoire un petit peu trop simple et classique, mais je pense que c’est là que se trouve toute la force de ce livre, qui ne se sent pas obligé de baratiner sur des sentiments adolescents que n’ont quand même pas la majorité des adolescents (bien qu’on puisse parfois se le demander à la lecture de beaucoup de romans ado).

En tout cas ce livre a séduit les élèves de 6ème (filles) à qui j’en ai fait la lecture. Je l’avais choisi exprès parce que l’une d’elles vient juste d’avoir un appareil dentaire et ne l’aime pas beaucoup… J’ai fait mouche, et j’ai même réussi à la faire sourire, dévoilant enfin toutes ses dents barbelées, que je n’avais plus vu depuis quelques semaines…

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Malo de Lange, fils de voleur

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Roman pour adolescents

Malo de Lange, fils de voleur

Marie-Aude Murail
illustré par Yvan Pommaux

Ecole des Loisirs, 2009
Neuf,
276 pages
978-2-211-09633-1, 11€

 

Thèmes : Adolescence, Famille, Paris, Vol.

 

 

Présentation de l’éditeur (et résumé) :
“Du mystère ! Malo de Lange est le fils de personne.
Rien ne permet d’identifier l’enfant recueilli en 1822 par l’abbé Pigrièche à l’orphelinat de Tours. Rien, sauf une marque tatouée sur son épaule, la fleur de lys des bagnards que découvrent, horrifiées, les demoiselles de Lange qui viennent de l’adopter. De l’aventure ! Malo n’a que douze ans, il est à peine éduqué, et déjà le voilà arraché à ses tantes adoptives par un certain Riflard, une brute qui se prétend son père, mais qui le bat et le séquestre. Malo parvient à s’échapper et part sur les routes à la recherche de son vrai père. De l’amour ! Elle s’appelle Léonie de Bonnechose, elle est belle, elle est riche. Malo a décidé que c’était sa fiancée, mais elle n’est pas au courant. Gagnera-t-il son coeur ? Aimera t-elle le fils du voleur ? Un héros partagé entre le bien et le mal !”

Avis :
Un nouveau Marie Aude Murail pour moi, c’est toujours un plaisir. J’ai déjà lu tous ses livres (sauf Miss Charity, réservé à la bibli, mais qui peine visiblement à trouver le chemin dans la neige…) et c’est donc impatiente que je découvre ses nouvelles publications (heureusement très régulières!).

Après Papa et Maman sont dans un bateau (je n’ai toujours pas écrit d’article sur ce livre mais ça viendra…) c’est donc Malo de Lange, fils de voleur le dernier sorti à l’Ecole des Loisirs. Il est sorti chez Neuf (donc pour les 10-13 ans environ) alors que ces derniers étaient parus en Médium (12-16 ans). D’ailleurs je me permets encore une parenthèse car en encodant ses livres sur Bibliomania (Forum Livraddict) j’ai découvert que certains de ces livres, comme Baby-Sitter Blues d’abord paru en Medium était réédité (avec des couvertures affreuses d’ailleurs!) en Neuf. Les lecteurs ont ils changé?

 Bref le livre, donc, est un petit trésor. J’ai trouvé l’histoire vraiment prenante, et j’aime beaucoup l’ambiance du 19ème, avec ces enfants seuls sur la route, à faire des spectacles et travaux pour gagner de quoi manger… Ils parlent argot en plus, ce qui permet une ambiance très drôle. J’aime toujours l’écriture de MA Murail, tout en finesse, simple mais efficace. Envoutant, car sans que le livre soit un véritable coup de coeur, il est très prenant, et c’est avec un grand plaisir qu’on suit les aventures de Malo, ce pauvre jeune homme, pas très respectable, mais attachant… Nous sommes au coeur de l’action, dans un tourbillon…  quelques rebondissements nous tiennent en haleine, une belle fin… Que demander de plus à un petit roman comme celui ci ! En un mot : divertissant! et en deux : à lire :)

 

Extraits :
Pas d’extraits désolé, c’était un office j’ai du rendre le livre vite vite!

Lu aussi par : CuneipageCathuluClarabel, Lucien, Trillian
Lu ici : un autre titre aurait été proposé… je vous laisse lire!