La disparition d’Adèle Bedeau – Lectrices ELLE (4)

disparition

La disparition d’Adèle Bedeau

Graeme Macrae Burnet

Sonatine (2018)

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Rentrée littéraire – Sortie prévue le 30/08/2018
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Manfred Bauman avait une vie tranquille et bien réglée. Après qu’il ait raté son baccalauréat, son grand-père le fit embaucher dans une banque. Et depuis, il y travaillait toujours. Il mangeait tous les midis dans le même restaurant, « La cloche », qui avait autrefois appartenu à ses parents, où il buvait également quelques verres tous les soirs. Ses costumes étaient tous identiques, taillés par le même tailleur depuis des années. Et même pour la gaudriole, il avait ses habitudes…

Dans le fameux restaurant qui lui tenait lieu de cantine, travaillait une jeune et jolie serveuse, Adèle, que Manfred avait plaisir à observer, voire parfois à épier… Mais un jour, la jeune serveuse ne se présenta pas à son travail. Et deux jours après, Manfred recevait la visite de l’inspecteur Gorski, de la police de Saint-Louis. Et là, on ne sait trop pourquoi, Manfred raconta un mensonge… Il devint alors le principal suspect de l’enquête. Commence alors une quête pour la vérité. Mais laquelle ?

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La préface m’a un peu surprise, presque déstabilisée. Mais je n’en dis pas plus, je vous laisse la surprise !

C’est un polar que j’ai lu d’une traite. Il se déroule pourtant dans une petite ville française sans intérêt particulier avec des personnages assez banals, si ce n’est Manfred. Manfred qui n’est pas franchement sympathique, même si on ne peut s’empêcher de le plaindre un peu. Après avoir perdu ses parents, il a vécu avec ses grands-parents qui ne lui ont pas apporté beaucoup d’affection. Il est renfermé et a du mal dans ses relations avec les autres.

Même l’inspecteur n’a rien d’extraordinaire. C’est un homme qui essaie de faire son métier de son mieux. Il a commencé sa carrière il y a 20 ans avec un meurtre (résolu pour tous mais lui n’est pas satisfait) et maintenant il se retrouve avec une disparition inexpliquée qui pourrait bien être un meurtre également…

Il y a une ambiance particulière dans ce polar. Une ambiance un peu triste, un peu vieillotte, mais qui fait une partie du charme de ce roman. Et puis… Et puis il y a deux rebondissements franchement inattendus et qui changent tout.

Un polar à l’ancienne, une vraie/fausse préface qui met le doute, des personnages ambigus, une histoire plus complexe qu’il n’y paraît, mais une vraie réussite !!

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Extrait (page 20) :

« Manfred Baumann avait trente-six ans. Il portait ce soir-là, comme tous les soirs, une chemise blanche, un costume noir et une cravate qu’il avait légèrement desserrée. Ses cheveux bruns étaient coupés court, avec la raie sur le côté. Il était plutôt bel homme, mais ses yeux papillotaient sans cesse, comme s’il cherchait à éviter les regards. Aussi les gens se sentaient-ils souvent mal à l’aise en sa compagnie, ce qui ne faisait que renforcer sa propre gêne. Une fois par mois, le mercredi après-midi, quand la banque où il travaillait était fermée, Manfred allait se faire couper les cheveux par Lemerre. Systématiquement, ce dernier lui demandait ce qu’il souhaitait, et Manfred répondait toujours : « comme d’habitude ».

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ELLE

4ème lecture / 28

C’est ma 4ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

Des éditions Sonatine, nous vous avons également présenté : L’empreinte

Rosa T1 : Le pari – BD ado / adulte

Rosa

ROSA
T1 : Le pari

François Dermaut

D’après un texte de Bernard Ollivier

Glénat (2015)

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Les débuts n’ont pas été faciles pour Rosa et son mari Mathieu. Elle était beaucoup plus jeune que lui lors de leur mariage (elle n’avait que 16 ans et était totalement ignorante des “devoirs” d’une femme envers son mari, qui avait, lui, 41 ans), mais elle avait du caractère et ne s’est pas laissée faire lorsqu’il a voulu lui taper dessus… Et ils ont fini par bien s’entendre. Malheureusement, il a attrapé la tuberculose et ne pouvait plus travailler. Rosa a donc monté un petit commerce, un bar dans lequel les hommes du village viennent boire un coup, discuter et jouer aux cartes le soir après leur dure journée de labeur.

Dans ce café, un soir, des esprits un peu échauffés sort une étrange idée, un pari ! Lequel de ces messieurs est donc le plus viril ? De fil en aiguille et pour de multiples raisons, une dizaine d’hommes du village va se retrouver inscrite à ce concours de virilité…

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Au départ, l’auteur présente “l’histoire de l’histoire”… Une histoire inventée à l’origine par Bernard Ollivier avec qui il a travaillé. Une histoire qui a mis beaucoup de temps à aboutir, pour différentes raisons que je laisse François Dermaut vous raconter (dans la préface).

J’ai tout aimé dans cette magnifique bd !

Les illustrations bien sûr, les personnages ont des “gueules” superbes. Mais l’histoire également, qui ne manque ni de charme, ni de rebondissements, ni d’humour !! Et le personnage de Rosa est vraiment intéressant. Les hommes participants au concours se sont tous inscrits pour des motifs différents et pas tous pour l’argent, loin s’en faut.

J’attends avec impatience la sortie du 2ème et dernier tome qui s’intitulera “Les hommes”. N’ayant vu nulle part la date de sortie du tome 2, je me suis permise d’écrire à l’auteur qui m’a très gentiment répondu : ce sera fin février 2019 ! Encore quelques mois à patienter… J’ai hâte !

N’ayez pas une hésitation, lisez-là !

Rosa

Pour voir d’autres planches, c’est par ici.

François Dermaut est, entre autre, le dessinateur de la superbe série historique Les Chemins de Malefosse“. Voir cette petite biographie chez Glénat.

La bd de la semaine reprend bientôt du service !

Le Mars Club – Lectrices ELLE (3)

Mars

Prix Médicis étranger 2018

Le Mars Club

Rachel Kushner

La cosmopolite
Stock (2018)
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Rentrée littéraire – Sortie prévue le 16/08/2018
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Romy Leslie Hall, une ex strip-teaseuse de 29 ans originaire de San Francisco, nous raconte son quotidien. Elle doit purger deux peines de prison à perpétuité consécutives (+6 ans !) parce qu’elle a tué un homme. Un homme qui la poursuivait, la harcelait et qu’elle avait -en vain- essayé de fuir. Et elle nous raconte aussi son passé, son enfance, dans le San Francisco des années 80. On suit la longue chaîne des petits évènements qui ont fini par aboutir au moment présent…

Du coup, son fils, Jackson, âgé de 5 ans lors de son arrestation, est élevé par sa mère. Une mère acariâtre qui fut glaciale pour elle, mais qui montre de l’affection à Jackson.

Jusqu’au jour où Romy reçoit une terrible nouvelle…

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Une lecture passionnante, addictive, mais terrible. On découvre le monde sans pitié des prisons américaines (je ne suis pas sûre que les prisons françaises soient plus humaines cela dit…) et celui de la vie de pauvres gens à San Francisco dans les années 80.

Un portrait sans concessions des travers du système judiciaire des États-Unis à cette époque-là (est-il plus « juste » maintenant ?).

Le Mars Club est un beau roman, humain et plein de réflexions sur l’être humain, la justice, l’amour, la vie… Pas franchement un « Feel Good Book », mais un roman intéressant, prenant, et un personnage attachant, Romy, pour lequel on ressent de l’empathie et qu’on aurait vraiment envie d’aider !

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Extrait page 24 :

« Ce que j’ai fini par comprendre, à propos de San Francisco, c’est que j’étais immergée dans une beauté qu’il m’était interdit de voir. Pourtant, je ne suis jamais parvenue à partir de cette ville, du moins pas avant que mon client régulier, Kurt Kennedy, ne m’y oblige, mais la malédiction de la ville m’a poursuivie. (…)

Je n’ai pas l’intention de vivre longtemps. Ni brièvement non plus, d’ailleurs. Je n’ai aucun projet. Le problème, c’est qu’on continue d’exister, qu’on en ait l’intention ou pas, jusqu’à ce qu’on cesse d’exister, et alors, les projets ne riment plus à rien. Mais ne pas avoir de projets ne signifie pas que je n’ai pas de regrets.

Si seulement je n’avais pas travaillé au Mars Club. Si seulement je n’avais pas rencontré Kennedy le Pervers. Si seulement Kennedy le Pervers n’avait pas décidé de me traquer.

Mais il a décidé de le faire et il s’y est appliqué, implacablement. Si rien de tout cela n’était arrivé, je ne serais pas dans ce bus, en route vers une vie dans un trou en béton. »

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Bio de Rachel Kushner par l’éditeur :

Rachel Kushner est l’auteure des Lance-flammes (Stock, 2015), finaliste du National Book Award et du Folio Prize, et l’un des meilleurs livres de 2013 selon le New York Times. Son premier roman Télex de Cuba (Cherche-Midi, 2012) a été également finaliste du National Book Award. Ses livres ont été traduits dans dix-sept langues. Elle vit à Los Angeles.

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ELLE

3 ème lecture / 28

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C’est ma 3ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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Et si l’amour c’était aimer ? BD Humour

aimer

Et si l’amour c’était aimer ?

Fabcaro
Éd. 6 pieds sous terre (2017)
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Sandrine et Henri vivent heureux dans une belle villa. Mais un soir, Sandrine appelle “Speed Macédoine” pour faire plaisir à Henri et quand elle ouvre, elle a un coup de foudre pour le livreur aux yeux de braise…

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L’illustration de couverture et le titre annoncent déjà la couleur : on est ici dans un pastiche des romans photos à l’eau de rose que l’on trouvait dans les magazines à une certaine époque. Certaines cases m’ont vraiment fait hurler de rire, tellement c’est inattendu car les dialogues sont souvent totalement décalés !

Entre les personnages par exemple :

Sandrine a commandé de la macédoine. Le livreur arrive, elle ouvre la porte.

Tout à coup, Sandrine sentit tous ses sens s’enflammer tel un incendie se propageant dans la forêt de son corps… Le regard de cet homme, noir comme une nuit sans lune, la magnétisait tel un aimant dont elle ne pouvait se détacher…

Il dit : –Vous avez la carte de fidélité ?

Elle répond en le regardant droit dans les yeux : –La fidélité, est-ce si important au fond ?

Et il répond : –Bah quand même, au bout de dix macédoines vous en avez une gratuite…

Il est certain que cela ne plaira pas à tout le monde, c’est un humour absurde (dans la lignée de certains auteurs de Fluide Glacial par exemple).

Moi je lirai d’autres bd de Fabcaro, ça m’a trop fait rire !!

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Du même auteur, j’ai lu également “Zaï Zaï Zaï Zaï” un road movie totalement déjanté qui m’a bien fait rire aussi !

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Cette bd me donne en plus l’occasion de découvrir un éditeur que je ne connaissais pas.

Biographie et bibliographie de l’auteur sur le site de l’éditeur

D’autres que moi en ont parlé : Fanny,  MokaJérômeMo’Khadie,  Sabine,  Noukette et Mylène

est en congé pour la période estivale !

Mais je continuerai à vous présenter mes lectures de BD tous les mercredis.