Ronde des Albums #20 A quoi tu joues / Tessa / Tiarive

Après quelques temps sans trop d’albums et sans articles pour la ronde des albums, avec mes comparses Noukette et Liyah, je m’y remet plus sérieusement, même si déjà je ne suis pas en avance puisque nous sommes samedi après midi…

Des albums sans liens, parce que j’en lis un peu moins en ce moment, suite à un petit changement à la médiathèque, et donc moins de “sacs” complets d’albums à lire!

A quoi tu joues ?

Un très bel album sur les préjugés garçons filles
(avec deux petites réserves)

Une image d’enfant jouant et derrière le rabas, un adulte du sexe opposé qui en a fait son métier; avec les réflexions que l’on entend dans les cours de récréation “les garçons ça fait pas de la danse,ça serait trop ridicule”… De très belles photographies, qui mettent bien en situation. J’ai beaucoup aimé, avec deux points négatifs à citer quand même :
– Selon monsieur… c’est bien moins convainquant coté fille que côté garçon, notamment avec la militaire
– Après discussion dans notre comité de lecture nous avons trouvé que la dernière situation était déplacée dans ce livre, édité par Amnesty.

Marie Sabine Roger et Anne Sol. Sarbacane et Amnesty International, 2009

Le grand voyage de Tessie

 

Un grand album avec une très belle et élégante couverture !

Et à l’intérieur ? C’est tout aussi beau! Tessie jeune couturière décide de créer un moyen de transport unique, mi ballon mi robe,  une robe montgolfière ! Tessie est en plus accompagnée par son chat Sophocle, que je trouve craquant!

Beaucoup d’orange, de belles illustrations, et des rencontres, plein de rencontres… En effet Tessie va croiser de nombreux animaux, qui tous ont besoin de son aide!

A chaque fois qu’elle aide, elle se sépare d’un petit bout de robe… mais continue d’aider les animaux… pourtant elle en a besoin pour voler… !

Un album sur l’entraide, le voyage, la couture, j’ai aimé l’idée et les illustrations, même si l’écriture m’a moins convaincue.

Alessandra Fusi. Anna Chanel, 2010

Malheureusement cette maison d’édition a fermé (bien que je ne trouve pas l’info sur leur site) je vous conseille donc d’acheter cet album s’il vous tente avant qu’il disparaisse des librairies (quid de la possibilité de commande actuellement ?)

Tiarive d’Elsa Denoel

Voici un album découvert par l’intermédiaire de la librairie Croquelinotes de Saint Etienne, car ce livre édité à compte d’auteur ne se trouve pas partout, et pas sur Internet!

Dans cet album souple se cache une histoire un peu niaise mais sympathique, celle d’une enfant qui veut faire toute seule… tiarive est un mot d’enfant, une façon de se nommer, de s’identifier à cette phrase d’adultes “tu y arrives?”.

On notera quelques défauts du à l’autoédition, comme un ombrage derrière le texte assez désagréable, mais qui s’explique par le rappel des magnifiques illustrations : des photos d’ombres.

Une bonne idée qu’il convient de saluer malgré les petits points négatifs!

(je n’ai pas de photo de la couverture, pas pensé que je ne la trouverais pas :/ – Indisponible sur Internet donc, mais trouvable sur St Etienne et les alentours, même en médiathèque. – Si vous souhaitez ce livre je dois pouvoir encore le trouver à ma librairie!)

Chez Noukette vous trouverez :
(pas encore en ligne)
mais vous avez peut être manqué son article sur les albums d’Edouard Manceau!

et Chez Liyah :
Zarafa dans tous ses formats!

 

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Clarence Flûte et le secret de Sybille de Sandrine Bonini

Clarence Flûte

et le secret de Sybille

de Sandrine Bonini

Petit roman jeunesse illustré

Autrement, 2011
9782746715165, 12€

Clarence, éminent scientifique de 8 ans passés, est le roi des expérimentations farfelues.
Si certaines se révèlent parfois peu fructueuses, il ne désespère pas de faire un jour une découverte de la plus haute importance, et de démontrer son talent à la classe entière. Ce matin, c’est le grand jour. Clarence est sur le point d’achever son très élaboré “Système solaire n° 2”, moyen infaillible et révolutionnaire de comprendre les individus même les plus secrets, tels Sybille Espelette, sa jolie camarade de classe.
Mais pour achever son prodigieux plan, il doit d’abord lui dérober un objet très personnel… L’expérience sera-t-elle un succès ? Clarence se couvrira-t-il de gloire ? Et surtout, parviendra-t-il enfin à adresser la parole à Sybille ? Vous le saurez en lisant ce premier volume des mésaventures scientifiques de Clarence Flûte !

Clarence est un petit scientifique en herbe de 8 ans. J’aime beaucoup les science c’est donc avec beaucoup d’envie que j’ai commencé ce court roman illustré. Et cela commence vraiment bien. Clarence est drôle, attachant et il fait des expériences hors du commun. Comme son Système solaire pour comprendre les relations entre les hommes, notamment les membres de sa famille, ses amis… et Sybille qui est dans sa classe.

Malheureusement cette partie avec Sybille, si elle commence très sympathiquement, devient vite très étrange, sans rapport ou presque avec le côté scientifique de Clarence. Il s’agit alors d’un béguin d’enfant et Clarence, bien que touchant dans son rôle d’amoureux timide m’a beaucoup moins plu.

Pourtant l’ensemble a su me plaire, avec des très jolis passages et d’autres vraiment trop enfantins mais je pense que ce petit roman saura touché les enfants, qui rencontrent ce type de problématique (l’amour mais aussi les expériences). La lecture est plaisante, accompagnée d’illustrations qui jouent avec le texte, des croquis parfois, et un très joli objet livre.

Au final un avis plutôt positif, avec quelques réserves concernant le manque d’expérience scientifique dans certains passages, puisque c’était pour moi l’originalité du livre.

 

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L’autre moitié de moi même d’Anne Laure Bondoux

moitié

L’autre moitié de moi même

d’Anne Laure Bondoux

roman autobiographique

Bayard, novembre 2011

9782227483248, 13,90€

 

“Jusqu’ici, j’aimais écrire des romans.
J’aimais inventer des intrigues, explorer des contrées lointaines, donner vie à des personnages perdus qui cherchaient un sens à leur existence. Aujourd’hui, c’est moi qui suis perdue, et c’est moi qui pars en voyage…” Un soir d’octobre 2010, Anne-Laure Bondoux croit avoir renversé un enfant en voiture. Or cet incident étrange survient après la révélation d’un secret de famille, une séparation, l’apparition de quelques fantômes et une longue panne d’écriture.
Soudain, elle qui pensait savoir qui elle était et où elle allait n’a plus aucune certitude. Elle se remet alors à écrire. Non pas un roman pour la jeunesse comme à son habitude, mais son histoire, la seule qu’elle puisse vraiment raconter aujourd’hui. Peut-être n’est-elle pas si différente de la nôtre…

Loin des romans jeunesses auxquels Anne Laure Bondoux nous a habitué, c’est ici dans un récit autobiographique qu’elle nous livre une partie de son histoire, de ce qui fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Un retour sur l’enfance, l’amour, l’écriture. Une révolte et un apaisement. Le récit d’une femme presque sans histoire et du gouffre dans lequel elle a plongé.

Des mots jetés qui m’ont tout d’abord désarçonnés. Cette manie qu’ont les auteurs d’écrire sur eux me laisse perplexe, ne me plait guère même. Emmanuel Carrère et son D’autres vies que la mienne, que j’ai abandonné est pourtant cité ici en exemple. J’ai tout de suite pensé aussi au touchant Voile Noir d’Annie Dupeyré qui lui a su me toucher il y a déjà quelques années. De nombreuses références sont apportés au fil du récit et c’est plutôt plaisant. Cela m’a d’ailleurs donné envie de découvrir le travail d’une photographe qui porte le même prénom que moi…

C’est donc avec un sentiment très mitigé que j’ai commencé ma lecture. Curieuse pourtant, d’une curiosité presque malsaine, de découvrir un peu de la vie d’une auteure que je suis depuis le destin de Linus Hoppe en 2001…

Au fil des pages j’ai tour à tour été agacée (par les répétions notamment), touchée, surprise, curieuse encore. J’ai aimé surtout croiser des bribes de romans passés ou à venir (ou non d’ailleurs…) et j’espère un jour lire une histoire au coeur d’un champ d’ananas.

Au final un récit autobiographique que j’ai beaucoup aimé lire, mais aurait-ce été le cas si je n’avais pas connu ses ouvrages. L’avis enthousiaste de Lena me fait dire que oui…

Enfin j’ai été passablement agacée par un passage, et je veux finir là dessus. Pas pour le reprocher à l’auteure, juste pour ouvrir le dialogue.

“Est-ce ma part créative qui vit encore dans la bulle dorée de l’enfance ? Peut être… Car si je suis devenue écrivain pour la jeunesse ce n’est pas sans doute pas un hasard. […] Je sais que mon écriture n’a pas atteint sa pleine maturité. Tant mieux ! Il me reste une belle marge de progression !” [p. 138]

Qu’en pensez-vous ? Pour ma part je trouve que cela sonne comme une dévaluation de la littérature jeunesse. Alors je souhaite à Anne Laure Bondoux de continuer à écrire…. et surtout pour la jeunesse!

La réponse d’Anne Laure Bondoux elle même (en commentaire, ajoutée ici pour plus de lisibilité car cela me semble important!) : “Chères lectrices blogueuses, Je viens de lire vos échanges au sujet du passage cité par Hérisson, et je me permets de participer à mon tour, en tant qu’auteur de ces lignes, pour les éclairer autrement. Ce passage est une articulation importante du livre, il me paraît difficile de le sortir du contexte général. Dans ce récit, je tente de mettre en lumière mes zones d’ombres, de montrer ce qui me bloque et me limite sur le plan personnel et comment cela se traduit dans mon expression artistique, en l’occurrence par une panne totale d’écriture. Si certain(e)s ont pu y voir un jugement de valeur sur la littérature jeunesse en général, ce n’est pas mon propos. Je parle de ce qui n’a pas grandi en moi et qui demande à s’épanouir. Je dis que mon écriture n’a pas atteint sa maturité : il s’agit d’une sensation personnelle, d’une aspiration à déployer ce qui ne l’est pas encore, pas d’un reniement de mon travail antérieur. Pour moi, surmonter le blocage suppose de m’affranchir d’un cadre, de lois que je me suis dictée à moi-même. “Quitter l’enfance” ne veut pas dire la dédaigner ou la dénigrer, mais oser lâcher certaines habitudes rassurantes pour affronter ce qui me fait peur. Il s’agit d’explorer l’inconnu, et pour l’instant, j’ignore comment cela se traduira. Vos réactions au quart de tour montrent (et je ne le sais que trop bien!) combien la littérature jeunesse est mal jugée, comme tout ce qui touche à l’enfance en général. J’y suis sensible tout autant que vous.”

 

Merci à Liyah qui m’a prêté ce livre, et pour qui je l’ai fait dédicacer à Montreuil, l’occasion de rencontrer l’auteur… mais aussi Mirontaine et une gentille bibliothécaire, dans la file ;)

+ le site de l’auteure

La vidéo de présentation du livre :

Interview Anne-Laure Bondoux : L’autre moitié de… par Bayard_Editions

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L’étang aux libellules d’Eva Ibbotson

L’étang aux libellules

d’Eva Ibbotson

roman historique adolescent

Albin Michel (Wiz), 2011
978-2-226-20937-5, 17€
456 pages

 

 

L’étang aux libellules était hors du temps, à l’abri de la guerre : protégé, intime, magnifique…
Le roi de Berganie vient d’être assassiné pour s’être opposé à Hitler. Un groupe d’enfants va venir en aide au jeune prince héritier désormais menacé. A leur tête, une fougueuse jeune fille, Tally, éprise de liberté et “résistante” sans le savoir.

 

Quel magnifique roman! Un brin historique sans l’être totalement, poétique et dynamique… une véritable réussite. Sauf que voilà, je l’ai lu il y a déjà un moment… et je n’ai pas eu le temps de faire l’article. Alors voilà aujourd’hui que je me met à écrire, je me souviens clairement que ce roman est un coup de coeur, je me suis laissée complètement porté par l’histoire… mais pour les détails et vous dire vraiment pourquoi, cela va être plus dur. Je déteste cela, car j’ai vraiment envie de vous donner envie de lire ce livre qui a su me toucher… et ses plus faciles avec des arguments. Bon essayons quand même.

Tally est une jeune fille fougueuse, terriblement attachante. D’une famille étrange mais tendre, elle se voit contrainte de partir en pensionnat… pour y poursuivre ses études mais aussi parce que les rumeurs de la guerre atteignent Londres. Un pensionnat bien étrange, mais tellement charmant. Pas de luxe mais la nature et des cours qui la mettent en valeur. Pas de professeurs stricts mais des artistes ou des scientifiques passionnés. Et Mattéo. Professeur intriguant et mystérieux.

Malgré la guerre qui s’approche, une réunion de jeunes européens musiciens est organisée en Berganie, petit royaume du coeur de l’Europe. Alors Tally, éprise de liberté, qui rève de paix, convainc son école de participer. Un long périple, de nombreuses aventures et péripétie, de nouveaux personnages, des rois, des princes, et toujours de magnifiques paysages, du courage, de l’amitié…

Un fameux mélange avec un brin de Fifi Brindacier, un soupçon de Journal d’un princesse, de l’histoire et un grand bol de liberté et de résistance. Un roman décalé qui ne présente pas la guerre comme on a l’habitude de la lire, mais qui offre un regard emprunt de poésie sur cette période difficile. Si on croise bien quelques allemands nous sommes loin des bombes et de la situation française. Trop décalé et inventé peut être pour les puristes de l’histoire, mais moi j’ai vraiment apprécié cette histoire, cet univers poétique, et ces personnages! J’ai même été surprise, par toujours, mais quand même, j’aime les surprises!

En conclusion je ne sais pas si j’aurai su vous inciter à lire ce livre, pourtant il le mérite, sans que je sache l’expliquer. Juste comme ça d’ailleurs, sans explication. Pour le plaisir.

tea2 Première lecture dans le cadre du mois anglais,
organisé par Lou, Cryssilda et Titine (jusqu’au 15 janvier)