Moi, Gulwali

Moi, GulwaliGulwali

Réfugié à 12 ans

Gulwali Passarlay & Nadene Ghouri

Hachette Livres (2016)

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L’histoire : Il s’agit d’un témoignage. Celui de Gulwali Passarlay, jeune afghan de 12 ans, que sa mère, qui a peur pour ses enfants, envoie se réfugier en Europe avec son frère. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que les deux frères seront séparés et qu’ils risqueront plusieurs fois leur vie avant d’arriver, au terme d’un dangereux et long voyage, en Grande Bretagne.

Même si le résultat paraît idyllique, – Gulwali a fait des études, il est en dernière année d’études en Sciences Politiques, il est encarté au Parti Travailliste, il fait des conférences (il n’a que 21 ans !)-, il ne faut pas oublier qu’il a vécu un enfer pendant plus d’un an, et, selon ses dires, qu’il en paye encore le prix dans ses cauchemars aujourd’hui.

Comment ne pas avoir le cœur serré en lisant cette phrase (une mère qui parle à ses deux garçons de 12 et 14 ans) : “Aussi mal que les choses tournent, ne revenez jamais“… On se dit qu’il faut être complètement désespéré pour envoyer ainsi ses enfants loin de soi, seuls, si jeunes, sans savoir avec qui ils vont voyager et comment… Leur mère a pourtant fait ce qu’elle croyait être le moins dangereux pour eux à priori.

Un livre que j’ai trouvé très intéressant, car il permet de comprendre certaines choses : Les différences de point de vues dues à l’éducation, la force des traditions dans certains endroits du monde, comment fonctionne le trafic d’immigrants par les passeurs…

Sa foi a beaucoup soutenu Gulwali Passarlay. Si je ne suis pas croyante, j’ai malgré tout foi en l’être humain, en sa capacité “d’être” humain justement. Et pourtant, quand on lit ce livre, on doute…

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D’autres livres présentés sur le blog avec des thèmes plus ou moins similaires :

Et d’autres livres sur ce thème sur d’autres blogs :

Et une vidéo pour voir et entendre Gulwali Passarlay ici

La robe rouge de Nonna

LaRobeRougeDeNonnaLa robe rouge de Nonna

Michel Piquemal & Justine Brax

Albin Michel Jeunesse (2013)

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L’histoire : « Nonna ! Pourquoi tu chantes toujours en italien ? » demande une petite fille à sa grand mère. Nonna lui raconte alors l’histoire de la famille… Enfant, Nonna vivait en Italie. Son père, ouvrier communiste et athée, veut croire en une société plus équitable et chante souvent des chants révolutionnaires. Quand Mussolini arrive au pouvoir, en 1922, la famille devient la cible des chemises noires. Le jour où c’est à Nonna qu’ils s’en prennent, parce qu’elle porte une robe rouge, ses parents décident d’émigrer en France…

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Mon avis : Mes couleurs préférées, ce sont le rouge et ses dérivés et le noir (non pas pour faire une référence à Stendhal, c’est comme ça, c’est tout ! Et oui, je sais que le noir n’est pas vraiment une couleur). Alors cette magnifique couverture avec son fond rouge et cette petite fille aux grands yeux et aux cheveux noirs, ne pouvait que m’attirer…

Et le mot “Nonna”, pour moi, a une signification : c’était la grand-mère maternelle de mon père, elle habitait en Italie et j’ai eu la chance de la connaître. Elle ressemblait un peu à la Nonna du livre, petite, assez forte, toujours souriante, volubile et toujours très gaie.

Bref, vous savez maintenant ce qui m’a attirée vers ce livre : une belle couverture et un mot.

Mais en plus d’un très beau livre (les illustrations sont vraiment magnifiques, j’adore !) j’ai découvert qu’on pouvait expliquer l’Histoire de façon très simple et compréhensible aux enfants. Ce pan de l’Histoire dont on parle ici, c’est la montée du fascisme en Italie dans les années 20 et l’obligation pour certains de quitter leur pays afin de protéger leurs familles, afin de les mettre à l’abri.

Un thème toujours très actuel hélas !

A la fin de l’album, deux pages : à gauche, la chanson (+ sa traduction) Bella Ciao (une chanson populaire devenue un symbole de lutte pour la liberté) et une page documentaire expliquant cette période.

Un très bel album !

Sélection du prix des incorruptibles (cm2/6è) en 2014/2015

L’avis de Liyah et celui de Blandine

Les loups, présents à plusieurs reprises dans les illustrations (et représentant les fascistes je suppose) m’ont rappelé la chanson de Serge Reggiani “Les loups” vous trouverez la chanson ici et les paroles. Cette chanson me donne des frissons chaque fois que je l’entends… Même si, d’après son auteur Albert Vidalie, cette chanson n’a rien à voir avec l’entrée de l’armée allemande dans Paris.

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Challenge Petit Bac 2016 chez Enna, 1ère ligne, catégorie COULEUR

SignatureNat

REFUGES ♥

REFUGES ♥ REFUGES ♥

Annelise Heurtier

Casterman (2015)

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Mila, jeune italienne de 17 ans, arrive pour les vacances sur l’île de Lampedusa avec ses parents dans la maison familiale qui appartenait à la grand-mère. Toute la famille a été durement touchée par un drame, quelques années plus tôt. Chacun luttant contre le mal-être à sa façon. Entrelacées au milieu des chapitres, on entend d’autres voix, des voix venues de la lointaine Érythrée…

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Mon avis à “chaud” :

Je viens de terminer ce roman. J’ai pleuré. Pleuré sur la bêtise des êtres humains capables d’êtres tellement ignobles qu’ils obligent leurs concitoyens à fuir, quel qu’en soit le prix.

Pleuré aussi sur la bêtise d’autres êtres humains capables de faire des lois telle la loi Bossi-Fini (on peut écrire un truc pareil ? Laissez les clandestins se noyer, si vous les sauvez vous serez complices d’immigration clandestine et vous irez en prison ??) Comment peut-on être à ce point égoïste et cruel ?

Depuis longtemps je râle quand j’entends des gens dirent que les clandestins viennent pour toucher les aides sociales ou se refaire faire les dents gratuitement… Vous iriez vous, passer des jours et des nuits sur un rafiot pourri, risquer votre vie, celle de votre femme et de vos enfants, juste pour avoir de belles dents ? (Surtout que les clandestins laissent des fortunes pour payer leur passage…)

Et quand on sait comment on vit avec les aides sociales, moi je me dis surtout que ces pauvres gens ne doivent pas avoir beaucoup d’autres solutions et surtout, surtout, une terrible motivation : celle de sauver leur vie.

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C’était le premier roman d’Annelise Heurtier que je lisais. Ce ne sera certainement pas le dernier ! A lire et à faire lire de toute urgence pour faire reculer la bêtise…

Sur le même thème, l’émigration / l’immigration, j’ai lu il y a quelques années “Le dos au mur” de Christophe Lambert (à partir de 15 ans) que j’avais beaucoup aimé, “Mark Logan” de Claire Paoletti (pour les plus jeunes à partir de 10 ans) une histoire très mignonne, “La robe rouge de Nonna” un très bel album (fascisme + immigration), la très belle BD de Shaun Tan “Là où vont nos pères” bd sans paroles absolument magnifique (ados), le très actuel “Si loin de Kaboul“de N.H. Senzai (11 ans et +) ou encore le très touchant “Le temps des miracles” d’Anne-Laure Bondoux (à partir de 12 ans)…

Deux bibliographies pour compléter : celle de Ricochet et celle de La joie par les livres.

SignatureNat

Là où vont nos pères – Shaun Tan

Bande dessinée Ado-adultes

Là où vont nos pères

de Shaun Tan

Dargaud, 2007 (2014 pour la présente édition)
9782205074000, 14,99
128 pages

On ouvre cette bande dessinée à l’allure de journal en ce demandant un peu où l’on va. La couverture offre en effet un petit coté fantastique avec cet étrange animal, mais les tons sépia nous orientent vers un récit historique…. Cette bande dessinée est sans texte, et c’est donc à chacun de créer sa propre histoire au fil des cases. Et l’histoire qu’on se crée évolue au fur et à mesure de notre lecture !

Un homme, chapeau, valise, journal, quitte sa maison, sa femme, sa fille. Un long voyage l’attend qui lui permet d’arriver dans un pays où tout lui semble absolument étrange et improbable. Il ne connaît ni la langue, ni les animaux, est totalement perdu.

Au fil des pages on commence à comprendre, on réalise qu’il s’agit du parcours d’immigration d’une famille. Ce que l’on prenait pour des éléments fantastiques ne sont finalement là que pour renforcer, de façon universelle, ce sentiment d’inconnu et d’étrangeté que tout étranger ressent en arrivant dans un pays radicalement différent du sien.

Cette bande dessinée est à la fois splendide par ses illustrations et l’univers qu’elle crée, par aussi par le message qu’elle permet de véhiculer. L’absence de texte la rend universelle, l’expérience qu’elle propose est un véritable voyage, une aventure. Un réél coup de coeur pour ce titre, Fauve d’Or à Angouleme en 2008, avec raison !

Un album à découvrir et à mettre dans toutes les mains, notamment en collège pour l’histoire des art par exemple ! Une version complétée d’un artbook existe d’ailleurs pour approfondir le sujet.

BD de la semaine saumon

 

ma BD de la semaine aujourd’hui chez Stephie

Tout le monde en a déjà parlé, mais j’étais passé à coté… retrouvez les avis de Liyah, Mo, Mango...