Champs de bataille – L’histoire enfouie du remembrement

BatailleChamps de bataille

L’histoire enfouie du remembrement

Inès Léraud

Pierre Van Hove (ill.)

Mathilda (coloriste)

La Revue Dessinée
Delcourt (2024)
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Éditeur : À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’État fait redessiner les terres agricoles dans la plupart des campagnes françaises. Accessibilité des champs par des machines, regroupement des parcelles et disparition des haies et talus. C’est le “remembrement”. L’objectif est que la paysannerie produise davantage, que le pays atteigne son auto-suffisance alimentaire et que la France devienne une puissance agricole mondiale.

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Naïvement, je pensais que c’était les paysans qui avaient décidé, au fil du temps, d’agrandir leurs parcelles. En lisant cette bande dessinée, je me suis rendue compte que c’était loin d’être le cas. Non seulement on ne leur a pas demandé leur avis, mais on a, pour certains en tous cas, totalement détruit leur vie !!

Ils étaient autonomes et indépendants. Ils produisaient suffisamment pour subvenir à leurs besoins, que ce soit avec les légumes, les animaux ou les vergers. Suite au remembrement, on les a rendu totalement dépendants… Dépendants pour l’achat des semences, des tracteurs, des pesticides… Et dépendants de la Politique Agricole Commune.

Je n’imaginais pas à quel point cette histoire avait été violente !! On a arraché des tas de haies, d’arbres (y compris des arbres fruitiers qui produisaient) On a totalement transformé le paysage et la vie des gens. Champs de bataille, le titre est bien trouvé…

Il y avait une “bonne” raison : c’était à la fin de la seconde guerre mondiale, il fallait que les paysans soient capables de “nourrir la France”. Mais la façon dont ça a été fait … C’est hallucinant et totalement ignoble.

Comme dans la bd “Algues vertes“, les illustrations sont simples et aident à faire passer le propos.

Je vous invite vraiment à lire cette enquête, c’est à la fois édifiant et terrifiant…
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Lire les premières pages (site de l’éditeur)

Après “Algues vertes“, c’est encore une fois une bd très intéressante et bien documentée que nous propose Inès Léraud.

Avec d’autres journalistes, elle a fondé le média d’investigation “Splann !” (en français et en breton)

Interview d’Inès Léraud sur les cicatrices mémorielles liées au remembrement.

Cette semaine nous sommes chez Moka, Au milieu des livres

Les pieds dans la terre – Album documentaire

piedsAlbum documentaire
A partir de 10 ans

LES PIEDS DANS LA TERRE ♥

Cinq histoires de paysans

Claire Lecoeuvre, Arnaud Tételin (ill.)

Les éditions des éléphants (2022)

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Les pieds dans la terre, comme l’annonce son sous-titre, va nous raconter cinq histoires de paysans. Nous allons faire un voyage dans le temps, du passé (1950) aux années 2020 et on va nous montrer comment la vie de ces familles a changé.

Notre 1ère rencontre nous emmène en Bretagne, avec les vaches de la ferme du Menhir-de-l’abbé en Ille et Vilaine (35). Nous allons ensuite visiter la ferme du Petit-Louvre à Brie-Comte-Robert (77). Notre lecture nous emmène ensuite dans les Pyrénées-Orientales (66) et dans les vignes. Puis, dans le Lot et Garonne (47), c’est la ferme de Grosse-pièce et ses pruniers qui nous accueille. Et pour finir, nous allons faire connaissance avec les habitants (y compris les brebis !) de la ferme du Fardelier, en Savoie (73).

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Les cinq parties sont présentées de la même façon. Dans la première double page, on voit l’endroit tel qu’il était en 1950 sur la page de gauche et tel qu’il était en 2020 sur la page de droite. Les deux pages suivantes présentent les personnes de la famille qui ont travaillé sur l’exploitation.

Et ensuite c’est plus détaillé. Il y a une double page pour les années 1940, la suivante nous amène en 1975, celle d’après en 2000 et enfin la dernière en 2020.

Cette présentation chronologique permet de bien comprendre l’évolution des pratiques. Au départ, les agriculteurs produisent des choses différentes, de façon à être autonome. Puis avec l’arrivée des tracteurs, on va plus vite, mais il faut des champs plus grands ! D’années en années, les façons de travailler changent, et pas toujours dans le bon sens.

Un témoignage que j’ai trouvé très intéressant et instructif

Petit bonus : Livre à la couverture solide, pages cousues et collées, papier épais, bref, de la “belle ouvrage” ! (Label imprim’vert et livre imprimé et relié en France)

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De Claire Lecoeuvre, déjà présenté sur ce blog : Étonnants êtres vivants

Son site

Celui de l’illustrateur (je vous conseille vivement d’aller y faire un tour, il y a des dessins magnifiques !)

Plus d’infos et d’images sur le site de l’éditeur

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L’art de ne pas être des moutons – Roman ado

moutons
Savez-vous dire stop ?
Roman ado

L’art de ne pas être des moutons

Christophe Léon

Le Muscadier (2018)

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Yvon vit avec ses parents, exploitants agricoles et propriétaires terriens. Son père est fier sa terre, de ses engins agricoles et c’est aussi un chasseur. Un homme de traditions qui entend les léguer à son fils. La mère travaille avec le père.

P’tit Louis vit seul avec son père depuis le décès de sa mère. Son père est ouvrier à l’usine et travaille de nuit.

Leurs deux histoires vont avoir un point commun : Un centre de vacances doit se construire dans le village. Le père d’Yvon possède une partie des terres sur lesquelles doivent se construire ce centre. P’tit Louis, lui, va rencontrer des zadistes qui sont contre ce projet et occupent le terrain pour empêcher cette construction.

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Dans ce monde où on nous apprend à être obéissant dès notre plus jeune âge, comment ne pas devenir des moutons ? Ce n’est pas toujours facile de dire non, surtout à ses parents, à sa hierarchie… Et ce n’est pas toujours facile non plus de se faire ses propres idées, de ne pas être des moutons.

Nos deux ados vont être confrontés à des choses qui vont les faire réfléchir et qui peuvent se résumer à :

IL FAUT PROTÉGER LA NATURE, IL FAUT PROTÉGER LA TERRE !

Du moins, si nous (l’humanité) voulons survivre bien sûr…

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Le site de l’auteur

Éditions Le Muscadier

De cette maison d’édition, nous vous avons déjà présenté de nombreux titres : Bêtes de pensée et Badalona, Jours de neige, 40 jours d’automne, Station sous-paradis, les mains dans la terreVirée nomade, Phobie, Orient extrême, le 9E continent, l’aigle noir, le réveil de ZagapoïEmma, La peau noire des anges, Plastique apocalypse, Dysfférent, jours de soleil, Sur le dos de la main gauche, Les murs bleus, Trouver les mots , Pipriat Paradise et Faits d’hiver

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Ce livre participe à l’Objectif Pal chez Antigone

(Reçu en juin 2018...)

La petite Fadette – George, encore !

Fadette FadetteLa petite Fadette

George Sand

Éd. Michel Levy Frères (1849)
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Voici encore un roman très court, puisqu’il ne fait que 156 pages. Lu à la suite de “la mare au diable”, j’avoue que j’ai, et de beaucoup, préféré celui-ci.

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La mère Barbeau, après avoir donné 3 enfants à son mari, lui en donna encore deux d’un coup. Deux beaux bessons (jumeaux) qui, malgré toutes les mises en garde de la sage-femme (il ne fallait pas les laisser boire le même lait, ne pas les habiller de la même façon, ne pas leur faire faire les mêmes tâches au même moment, sous peine de graves ennuis…) grandirent sans problèmes.

La famille se développant et les années étant parfois mauvaises, il fallu un jour que l’un des bessons parte travailler dans une autre ferme… Et c’est là que l’histoire commence réellement.

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C’est avant tout une histoire de jalousie, un des deux frères jumeaux ne veut pas laisser vivre l’autre, ne veut pas vivre sans lui, c’est une jalousie similaire à celle que l’on pourrait trouver dans un couple ! Si les deux bessons m’ont parfois un peu agacée (Sylvinet surtout !), j’ai, par contre, beaucoup aimé le personnage de la petite Fadette, jeune fille libre, intelligente, tendre et curieuse. Comme pour “la mare au diable”, cette histoire “champêtre” se passe dans la campagne Berrichonne et au passage on apprend quelques mots de patois…

Une très jolie histoire qui m’a beaucoup plu malgré son style un peu désuet et un poil naïf !

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Adaptations :

  • Un opéra comique en 3 actes a été réalisé par Théodore Sémet (joué la 1ère fois en 1869).
  • Une version télévisée de Jean-Paul Carrère – 1963 (Dommage, il n’y a que les 10 premières minutes, j’aurai bien regardé la suite !) Voir ici pour plus de détails sur la distribution notamment.
  • Une autre adaptation télévisuelle a été réalisée en 2004 par Michaëla Watteaux avec Mélanie Bernier dans le rôle de Fadette.

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De George Sand nous vous avons déjà présenté “La mare au diable

Vous pouvez écouter le livre audio gratuitement ici

Lire la 1ère édition du roman en ligne, numérisée sur Gallica (portail de la Bibliothèque nationale de France) : volume 1  et volume 2 (Merci Wikipédia !)

classiques

C’est ma 2ème participation à notre challenge « Cette année, je (re)lis des classiques » !

Thème « L’amour à la page