Un si petit oiseau de Marie Pavlenko

Un si petit oiseau raconte l’histoire touchante d’Abi, qui a perdu son bras dans un accident de voiture. Au fil des pages on suit sa reconstruction mentale, sa vision nouvelle du monde.

Un si petit oiseauRoman pour adolescents,

Un si petit oiseau

de Marie Pavlenko

Flammarion jeunesse, 2019
9782081443846, 17,50€
Disponible en numérique epub et pdf

Thèmes : handicap, famille, reconstruction, amour

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Abi rentre chez elle manchote après un accident de voiture. Cette grande adolescente de 20 ans a qui la vie souriait n’arrive plus à avancer, elle reste terrer chez elle, a peur du regard des autres, n’arrive pas à apprivoiser cette nouvelle condition. Alors avec elle, on vit la douleur, la terreur, l’amertume. La peur qui l’enferme chez elle, loin des autres. Ces regards sur son passé envolé, son ex, ses anciens projets d’avenir. Enfermée dans sa douleur, elle est touchante, et ses mots semblent bien réels dans cette fiction.

Marie Pavlenko se livre à la fin de ce récit sur son inspiration, l’accident de sa mère, et ce livre bien que différent car mettant en scène une adolescente, résonne de cette réalité, de cette douleur et de ses répercussions. Car avec Abi c’est la vie de toute sa famille que l’on suit, une famille bouleversée, proche de l’explosion. La mère qui ne vit plus que pour aider sa fille, le père qui se réfugie derrière un humour douteux, et la petite sœur qui ne se reconnaît plus dans cette ambiance. Seule la tante apporte une touche d’oxygène avec sa joie de vivre et ses histoires d’amour.

Un livre va toucher Abi et commencer à la faire réfléchir, celui de Blaise Cendrars, qui raconte son expérience, suite lui aussi à la perte d’un bras. Ce livre est envoyé par un ami, anonymement d’abord, et puis peu à peu cet ami va prendre une place dans la vie d’Abi, faire son chemin dans son petit monde, et l’ouvrir à l’extérieur et notamment sur les oiseaux. Entre amitié et nature Abi va peu à peu s’ouvrir de nouveau, et prendre aussi conscience de la vie de sa famille.

Un si petit oiseau est un joli livre, à la fois touchant sans tomber dans le pathos, qui s’éclaire au fil des pages. C’est peut-être un peu facile parfois dans le cheminement, car Abi a la chance d’être très entourée, même quand elle est odieuse, mais c’est aussi un beau message d’amour familial et amical. On ne peut qu’être ému par l’histoire d’Abi, mais une émotion somme toute positive, avec les yeux brillants et le sourire aux lèvres !

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+ Challenge Petit Bac chez Enna – animal
+ Challenge Jeunesse chez Mutie #3

+ De Marie Pavlenko j’ai beaucoup aimé aussi Je suis ton soleil (que je n’ai présenté que sur Instagram) et Nathalie vous a présenté le Livre de Saskia
Saskia T1

Deux secondes en moins – Roman ado

secondes

Deux secondes pour une vie qui bascule…
Roman ado

Deux secondes en moins

Marie Colot & Nancy Guilbert

Magnard Jeunesse (2018)

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Une Lecture Commune avec Blandine, son avis par ici

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Rhéa et Igor ont un point commun : ils sont tous deux musiciens, tous deux pianistes.

Mais ils ont également autre chose en commun : une douleur intense et qui ne semble pas pouvoir s’éteindre. Rhéa ne se remet pas du suicide de son petit ami, elle ne comprend pas et pire encore, elle se sent coupable. Coupable de n’avoir rien vu venir, coupable de ne pas avoir été là à ce moment là… Sa tristesse lui semble impossible à surmonter.

Igor quant à lui, est totalement défiguré par un accident de voiture. Son père était au volant. Il lui en veut terriblement pour ces deux secondes d’inattention qui lui ont coûté la moitié de son visage. Il est en colère, se terre chez lui et pense que sa vie est foutue.

L’un comme l’autre, ils sont tristes et emmurés dans leur solitude… Un professeur de piano pas tout à fait comme les autres va venir ajouter un peu de “thé” à cette histoire…

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Comment continuer, comment se reconstruire quand on pense avoir tout perdu ? On est touché par la détresse de ces deux adolescents, mais il n’y a pas d’exagération. Ce roman m’a beaucoup touchée, mais sans me faire pleurer (j’ai même ri par moments !) J’ai aimé aussi la façon dont il est construit, cette alternance de chapitre Rhéa / Igor (Nancy Guilbert / Marie Colot).

J’avais un peu peur d’être gênée par deux écritures différentes au sein d’une même histoire, mais on ne s’en rend même pas compte, l’écriture est fluide et agréable tout au long du roman ! Une belle histoire de “renaissance” grâce à la musique.

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De Marie Colot

je n’avais encore rien lu. Mais j’ai acheté “Je ne sais pas” aux éd. Alice Jeunesse (2016) pour la bib et je compte bien le lire prochainement.

Et de Nancy Guilbert

je n’avais encore rien lu non plus ! Pourtant “Mission dinosaure” m’attendais dans ma Pal (il arrive la semaine prochaine) et j’ai noté depuis un petit moment d’acheter la série des “Cali” pour la bib… Sans parler des magnifiques albums parus chez Léon art & stories (feuilletés en librairie) ou encore de ceux découverts chez Blandine (Comme “Sous la pluie” malheureusement épuisé…)

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Pour lire les premières pages, c’est ici

Le site de Marie Colot

Celui de Nancy Guilbert (au passage, j’adore le nom de son blog “Rêve de plume” doux et léger à la fois !!)

1, rue des petits pas – Roman historique

Rue1, rue des petits-pas

Nathalie Hug

Calmann-Lévy (2014)

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1918-1919 : Dans un village de Lorraine, à quelques kilomètres du front, des rescapés, des femmes surtout occupent un village et s’organisent pour survivre. Louise n’a que 16 ans, mais elle a déjà vu et vécu beaucoup d’horreurs, comme tant d’autres à cette époque. Elle va être recueillie par deux sage-femmes, Anne et Vida, qui vont lui transmettre leurs connaissances.

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Des livres sur la guerre, la 1ère ou la 2nde, sur les camps, j’en ai déjà lu plusieurs. Mais celui-ci parle de la période qui suit immédiatement la fin de la guerre. Tout est détruit, les maisons comme les gens. Les Américains, nos libérateurs sont omniprésents et ne se conduisent pas tous bien. En lisant ce roman, on imagine aisément le terrible quotidien des populations juste après guerre…

Les hommes, qui rentrent à moitié fous, à cause de ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont dû faire… Et comme si la guerre n’avait pas suffit, il faudra faire face à la terrible épidémie de grippe espagnole.

Sans être un livre “féministe”, c’est un livre qui parle des femmes. De leurs vies, de leurs combats, de leur quotidien, de leurs petits bonheurs. De leur vie intime aussi, vous saurez tout. Les maladies de l’appareil uro-génital féminin , les différentes façons d’accoucher…

Un livre passionnant qui m’a beaucoup touché et beaucoup appris ! On sent que le tout a été sérieusement documenté…

* * * * *

Un extrait ? “Les gémissements de la fille qui s’agrippe à mon bras, le serrant jusqu’à l’os, son buste redressé, son visage grimaçant d’effort… J’ignorais tout de cette inconnue déposée devant notre maison. Des Poilus l’avaient ramassée dans un fossé, à côté d’une charrette renversée dont le contenu avait été pillé. Moribonde, elle était menottée au cadavre d’un gendarme fauché par la grippe. Probablement une voleuse ou une meurtrière en transfert, ou encore une folle. Depuis la guerre, les routes grouillaient de pauvres hères chassés des hôpitaux où les lits étaient réservés aux soldats.

Son identité nous importait peu. Chaque femme, chaque fille, chaque vieille, qu’elle soit coupable du pire ou innocente, prostituée ou sainte, trouvait notre porte ouverte.

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L’interview de Nathalie Hug qui m’avait donné envie de lire son livre.

D’autres avis : Celui d’Aline sur Anamor, celui d’Indira sur Livre et compagnie, celui du journal Page des libraires

Ce livre est ma 2ème participation au Challenge “Première Guerre Mondiale” chez Blandine.

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Tout près, le bout du monde de Maud Lethielleux

tout près, le bout du mondeTout près, le bout du monde

de  Maud Lethielleux

Roman adolescent / adulte

Flammarion (Tribal), – 17/11/2010
508 p., 10,00 €
ISBN
978-2-08-124850-2

Thèmes : Adolescence, Famille d’accueil, Reconstruction, Écriture

Avis

Attention coup de coeur !

J’avais aimé Dis oui Ninon, et je vous en ai parlé, mais ce livre est encore au dessus selon moi !coeur.gif Comme toujours ce n’est que mon avis , je suis sensible, et j’aime les livres qui le sont aussi. Comment un livre peut-il être sensible? En mettant en scène des personnages attachants, avec sensibilité à fleur de peau, sans pour autant tomber dans le pathos… Dans ce roman nous suivons Malo, 10 ans, Jul. et Solam 17 ans environ, 3 adolescents ou presque. Ils sont aussi différents que peuvent l’être un jeune garçon de 10 ans à l’autorité parentale extravagante, une jeune fille qui a vécu dans la rue avant de se retrouver à l’hôpital couverte de bleue, et un ado rebelle. Pourtant ils vont se reconstruire côte à côte dans la maison campagnarde de Marlène, “le bout du monde”. Marlène c’est un p’ti bout de femme qui semble bien différente des familles d’accueil habituelles. Elle les accueille avec deux projets : rénover la grange, et écrire, 1 page chaque jour.

Tous les 3 font plus ou moins facilement se plier à ce journal intime, chacun à sa façon.

Pour Malo, c’est un reflet de ce qui se passe autour de lui, avec ses hésitations :

” Moi j’aime bien l’idée du journal.
Il paraît que personne ne lira ce que j’écris alors je peux tout dire, c’est pratique, j’aime bien tout dire quand personne ne peut l’entendre.[…] Je sais pas si je peux parler de Jul et de Solam. Je sais pas si je dois expliquer pourquoi je suis là, toute façon, je suis pas sûr et certain de savoir.”

Jul. écrit d’elle même de toute façon, sous forme de lettre, à celui qu’elle aime :

“Ley.
Je vais partir cette nuit, je ne sais pas où exactement. La seule chose dont je suis sûre  c’est que tu n’auras pas mon adresse. Ils m’ont fait promettre de ne pas te chercher, ni de t’écrire, j’ai dit oui pour avoir la pais mais tu t’en doutes, je n’en pense pas un mot. […]
La ferme, je l’imaginais pleine de monde, une sorte de communauté avec des jeunes qui se passent les pelles à la chaîne. […] Je n’imaginais pas du tout ici ainsi. C’est calme et désert, je regarde par la fenêtre de ma petite chambre et je ne vois que des champs nus, des étendues immenses aux dégradés de vert.”

Quand à Solam, ce n’est pas pour rien un adolescent rebelle, blessé, et son écriture le montre clairement :

” […]Vieille meuf tu fais pitié à voir. T’es misérable dans ton pull de vioque, t’es moche à crever. Tu t’en fous des fautes d’orthographe ? Tu vas être gâtée, grognasse, fallait pas me la faire anti scolaire. Comment tu vas regretter ta décision ! […] Tu veux me connaître, eh ben tu vas me connaître ! Tes champs de bouseux, je vais te les labourer avec les dents tellement j’ai la haine.”

Et c’est la force de Tout près, le bout du monde, puisque que toute l’histoire ne va se dérouler sous nos yeux que grâce à ces trois témoignages de la vie quotidienne. Typo différentes pour chacun, mais aussi écritures différentes, mais qui racontent la même histoire, celle de leur vie, au quotidien ou presque, avec leurs secrets, leurs interrogations, leurs façons d’avancer et de se lier les uns aux autres. Ce sont les omissions qui font de ce livre une histoire aussi prenante,
car on ne découvre que ce que veulent bien nous en dire les personnages !

Ces trois destins liés (et un quatrième sous-jacent) forment un ensemble atypique mais poignant, qui évolue vite mais souvent de façon inattendue… et quelle fin ! Je ne peux vous en dire plus sur ce que j’ai aimé sans vous gâcher le plaisir de la découverte!

Pour ceux qui ont encore besoin d’être convaincu par Tout près, le bout du monde :

– Une histoire prenante

– On aimerait les suivre, les accompagner, les aider

– Ça donne envie d’écrire!

– Un petit prix pour un livre grand format, à la couverture et à l’écriture qui plairont à mon avis tout à fait aux adultes – mais aussi aux adolescents bien sûr –