Laisse brûler

Laisse brulerLaisse brûler
d’Antoine Dole
Sarbacane, 
Collection Exprim’ (2010)

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Trois jeunes hommes. Noah, anéanti il y a 6 ans par Julien. Maxime, le petit ami de Noah, amoureux vite éconduit. Et Julien, animateur télé, qui se réveille nu, ligotté à une chaise, dans une cave.
Trois comme pour un triangle amoureux d’une mauvaise série, pourtant on est bien loin de ça.
Avec des mots crus, Noah, Maxime et Julien nous parlent à leur manière de l’amour : l’amour physique et l’Amour, mais surtout des ravages qu’il cause.
Les événements se bousculent, sans que l’on sache vraiment au début, sans que l’on comprenne. Noah traine un fardeau, celui d’une rupture dit-il à qui veut bien l’entendre, surtout aux psys qu’il va voir pour cumuler les traitements et les anti-dépresseurs. Avaler des cachets, boire, baiser, et passer des heures sur un banc, à côté de chez Julien.
Trois hommes, trois destins brulés, des chemins qui se croisent, qui se cherchent.
D’une voix intense, brutale, crue, Antoine Dole donne la parole à ces trois hommes. Ils se livrent en racontant leur vie, et l’on reconstitue peu à peu le puzzle de cette terrible histoire.
Des phrases courtes, souvent percutantes, qui accrochent le lecteur… ou le rebutent :
“Faut voir qu’il trouve ça bon, baiser l’imbaisable, bien esquinter.”
“Dans ma tête je ris, pleure, m’emporte et ressens, l’air de rien. Dans ma tête je vis.”

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Totalement dans le ton de la collection Exprim’, ce livre est bien construit, percutant, dérangeant… mais il faut apprécier le ton, l’oralité de l’auteur, qui sont un véritable obstacle pour moi.

Le blog de l’auteur ici

Le site des éditions Sarbacane

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Fleurs de dragon – Japon et moyen-âge

Fleurs

FLEURS DE DRAGON

Jérôme Noirez

Gulf Stream (2008)

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Avec Fleurs de Dragon, Jérôme Noirez nous emmène au Japon, en 1489. De mystérieux assassins tuent des samouraïs dans tout le pays. Ryôsaku est policier et il est chargé d’enquêter sur cette sinistre affaire. Pour le seconder dans son enquête, on lui confie 3 adolescents, qui devraient être en prison pour différents délits, mais, comme ce sont des fils de noble qui excellent dans l’art du sabre, il a été décidé de leur éviter le déshonneur de l’enfermement en leur confiant des travaux d’intérêt collectif. Pour se racheter, on leur propose donc d’accompagner Ryôsaku dans sa chasse à l’assassin.

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Je ne suis pas spécialement attirée par le Japon, mais j’ai lu il y a quelques années “le clan des Otori” de Lian Hearn, une saga (en 5 tomes) se déroulant au Japon, un Japon médiéval. Et j’avais beaucoup aimé. Voyant que cette histoire se déroulait également au Japon et au moyen-âge, je me suis laissée tenter.

Si je connais l’auteur de nom, Jérôme Noirez n’étant pas un auteur débutant, je n’avais encore rien lu de lui, mais je n’ai pas regretté.

Cette histoire est non seulement plaisante, mais aussi franchement dépaysante.

On traverse le Japon avec nos 4 compères, découvrant ainsi de nombreux endroits, monuments ou paysages. “Le sol est partout recouvert d’une mousse tendre qui brille sous la rosée. Au loin, l’officier aperçoit une cascade qui alimente un plan d’eau à la forme si naturelle que l’on peine à croire qu’il a été conçu par l’homme. Un petit pont fait de dalles de pierre brute conduit à un îlot couvert de massifs. Ryôsaku ne saurait dire vraiment où s’arrête le jardin et où commence la forêt tant les deux sont en parfaite harmonie.

C’est une enquête policière (recherche d’indices, de témoins et bien sûr des coupables), mais c’est aussi une aventure, parfois teintée de fantastique : “Kaoru dévale la pente sans demander son reste, entraînant derrière lui une avalanche de sable. Parvenu en bas de la dune, il ressent un vif soulagement, persuadé d’avoir échappé de peu à quelque maléfice. Il fait un pas. Et le sol se dérobe sous ses pieds. Il veut hurler “à l’aide !” mais le sable étouffe son cri. L’instant d’après, il n’y a plus trace du jeune samouraï. Seule une petite dépression indique l’endroit où il a disparu, comme avalé par la dune…

Même si ce n’est pas visible dans les deux extraits ci-dessus, il y a également beaucoup d’humour (voir le marteau de sagesse de Ryôsaku !!)

A la fin du roman, plusieurs pages d’annexes vous permettront d’en savoir plus sur la situation du Japon en 1489, sur les heures japonaises (l’heure du rat, du boeuf, du tigre…), sur les mille et une façon de tuer son prochain ou encore sur les huit millions de Dieux (Kami).

Aventure, fantastique, enquête, humour, que vous faut-il de plus ? En tous cas, moi, j’ai passé un bon moment !

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Lauréat du prix des Mordus du polar 2009 des bibliothèques de la ville de Paris pour Fleurs de dragon

Du même auteur, Sophie vous a récemment présenté “Brainless” (un coup de cœur pour elle !)

Dans le silence de ton coeur

Hier et aujourd’hui, deux romans autour de l’adolescence, avec deux jeunes héros qui vont mal… Un garçon, une fille. Un anglais, une italienne. Deux orphelins. Des thèmes universels. Deux romans qui se font écho.

dans le silence de ton coeurDans le silence de ton coeur

Alice Ranucci

traduit de l’italien par Camille Paul
Hachette, 2016
9782012040915, 16€

Claudia a 16 ans, et c’est une adolescente arrogante, qui ne vit que pour exister aux yeux des autres, et surtout de Rodrigo. Les relations avec sa mère sont très difficiles, surtout quand celle-ci tente de lui imposer de travailler dans un centre d’accueil pour jeunes immigrés. Pourtant un drame va obliger Claudia à changer.

Dans le silence de ton coeur est le récit de ce changement. Le lecteur va suivre Claudia et la voir grandir peu à peu. Elle va apprendre, bien malgré elle tout d’abord, que l’important n’est pas toujours là où l’on croit, et qu’il ne suffit pas de briller devant les autres et de les faire rire. Elle va surtout apprendre à penser par elle-même.

Le thème qui me parait réellement intéressant dans ce récit est celui de l’immigration en Italie, et surtout du racisme. Cette thématique est bien abordée, intéressante, et l’auteur ne tente pas de donner de leçons, juste de montrer des individus. Les autres thèmes, comme les relations familiales, amicales, amoureuses, sont plus basiques.

L’auteur n’a que 17 ans, mais ce roman sur l’adolescence, n’est pas mièvre pour autant. L’écriture est précise, manquant un peu de poésie (ou bien est-ce la traduction qui fait cet effet ?), mais l’ensemble est agréable à lire. La jeunesse de l’auteur se ressent plus dans le suspense qui n’en est pas un et ne surprend pas le lecteur. La multitude de thèmes abordées s’explique aussi peut-être ainsi.

Dans le silence de ton coeur et Nick’s Blues sont deux récits totalement différents, mais j’ai souhaité rapproché les deux car je trouve que les héros s’y ressemblent beaucoup, dans leurs pertes, mais surtout dans leur apprentissage, progressif, de la maturité, et de la liberté de pensée et d’expression ! Deux héros atypiques, meurtris, servis par des histoires noires, à découvrir.

+ Sur Lecture Academy

+ Challenge YA#5

Nick’s Blues

Aujourd’hui et demain, deux romans autour de l’adolescence, avec deux jeunes héros qui vont mal… Un garçon, une fille. Un anglais, une italienne. Deux orphelins. Des thèmes universels. Deux romans qui se font écho.

nicksbluesNick’s Blues

de John Harvey

traduit de l’anglais par Benjamin Guérif

Syros, 2005, 2015 (reéd.)
9782748503619, 14,50€

Nick vit avec sa mère dans un des quartiers Nord de Londres. Son père s’est suicidé, il y a déjà quelques années. Nick a du mal à lui pardonner, et en même temps, avec l’adolescence, il cherche ce lien. C’est dans les chansons de son père qu’il va puiser, peu à peu, sa force. Tenter de sortir de ce blues qui l’accapare, qui lui tombe dessus. D’autant plus que la police le garde à l’oeil, car il était au mauvais endroit au mauvais moment, mais n’a pas voulu dénoncer ceux de sa cité.

L’histoire de Nick est sombre, et seule la musique va alléger sa peine. Sur les trace de son père il va découvrir un peu plus sa propre histoire, mais il va surtout grandir, apprendre à choisir lui-même, à s’affirmer.

Les thèmes traités dans Nick’s Blues sont nombreux, entremêlés, voir totalement noués. On sombre, à travers les mots de John Harvey, nous aussi dans un spleen obscure. Certaines histoires, certains personnages marquent, touchent, et puis d’autres pas vraiment. Nick’s Blues, dans tous les cas, est un récit difficile. Des thèmes durs, des mots durs, un spleen général qui n’incite pas vraiment à la lecture… et pourtant on veut savoir ce que va devenir Nick, comment il va se sortir de cette mauvaise passe, s’il fera les bons choix.

Avec Nick’s Blues, difficile de livrer un avis. J’ai failli abandonner la lecture, je l’ai continué pourtant et certains passages sont vraiment magnifiques. L’exemple typique du livre dont je ne sais pas parler, et je ne sais même pas à qui le conseiller….

+ John Harvey est plus connu pour ses romans policiers, pour adultes.

+ Challenge YA#5
Challenge Petit Bac Prénom