Blaise Cyrano : le raté magnifique ❤

Blaise Cyrano le raté magnifique est un roman pour adolescents bourré d’humour, de poésie, mais aussi d’amour.

Blaise CyranoRoman à partir de 11 ans

Blaise Cyrano
le raté magnifique

d’Arthur Ténor

Oskar, Septembre 2017
9791021405912, 14,95
Collection La vie, 192 pages

Thèmes : amour, adolescence, poésie, adaptation, écriture

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Derrière cette couverture étrange -je ne suis pas fan des couvertures Oskar en général- se cache un roman truculent, et surtout un personnage magnifique : Blaise Cyrano !

Blaise Cyrano est un élève de 3ème un peu à part. Non seulement il maîtrise la langue française comme un pro, jouant avec les mots et parlant en rime, mais en plus, physiquement, il se démarque par un menton proéminent, qui fait beaucoup parler.

“Miroir, mon beau miroir, qui est le plus laid du royaume de Rostand ? […] il se répond d’une voix nasillarde :
– Mais c’est toi, Prince Cyrano. Puisque nul n’est affublé de plus disgracieuse difformité”

Blaise Cyrano n’est pas vraiment à l’écart pour autant, car sa langue aiguisée et son côté combatif en font un bon allié, il est tout de même complexé… alors avouer son amour à Roxane ? Impossible ! Encore moins quand Christian lui demande de l’aide pour écrire un mot doux à la même Roxane… Voilà notre Cyrano qui se transforme en poète de l’ombre… Les prénoms vous semblent familiers ? Ajouter Ragueneau et vous comprendrez qu’il s’agit véritablement ici d’une version moderne du Cyrano de Rostand !

Ce roman, qui met en scène un Cyrano moderne, est à la fois drôle et touchant. Outre les références à Cyrano de Bergerac, qui sont nombreuses, la prose en rime et les situations cocasses construisent une accumulation humoristique. Cet adolescent complexé dans la sa tête et complètement décomplexé dans ses mots cerne bien la personnalité de nombreux jeunes, et il oscille entre héros parfait et anti-héros que l’on aimerait secouer… Grâce à cet humour toujours sous-jacent, et cette verve attendrissante, qui en fait un chevalier un peu particulier, le lecteur s’attache à Cyrano.

Puisque ce jeune polisson ne sait comment décrire cet appendice qui me sert de menton, proposons-lui quelques formules sur différents… tons.
Il fait mine de réfléchir, en se caressant le menton. Puis soudain, il paraît trouver :
* Façon slameur : « Accepte-le tel qu’il est, accepte-toi comme t’es né. Faut pas croire que t’es seul, parce que t’as une drôle de gueule. Ton menton, c’est qu’un accident de naissance, pour les cons rien qu’une drôle de protubérance »…
* Façon patriote : « Il est sur tous les fronts, ce menton volontaire, car il ne laisse passer aucun affront. C’est un héros hors pair. »

Arthur Ténor réussi avec brio à conjuguer modernité et classique, dans une version résolument drôle, accessible, qui ne manque pourtant pas de poésie avec des tournures ampoulées et des rimes à gogo!

Une histoire d’amour, mais surtout d’adolescence, pleine d’humour, avec un héros inoubliable !


+ Le blog d’Arthur Ténor

+ Une participation hasardeuse au Challenge Je (re)lis des classiques – à ma façon ^^
+ Challenge Petit Bac – prénom

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A mort l’innocent et Le roman d’un non-mort

Tu vois, on pense à toi ! de Cathy Ytak

Tu vois, on pense à toi est un court roman épistolaire qui permet de partir sur les traces de deux copains en classe découverte sur une île.

tu vois, on pense à toiTu vois, on pense à toi

de Cathy Ytak

Syros, 2017
Tempo, 67 pages
9782748523126, 6,35 euros

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Amitié, île, correspondance, épistolaire, mail, mer, voyage scolaire

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Clément et Nolan partent en classe découverte sur l’île Scobier, laissant derrière eux leur amie Alwena, coincée à l’hopital. Ils décident alors de lui envoyer des mails pour lui faire vivre aussi leurs aventures… Alwena quant à elle est friande de ces nouvelles, et de savoir s’ils ont accomplis la mission demandée.

On oscille avec Tu vois, on pense à toi ! entre trois histoires, trois genres presque, et tout ça seulement en une soixantaine de pages.

Nous avons l’échange épistolaire d’une part, et uniquement cela, même si quand les garçons racontent leur journée, des dialogues sont présents. Ainsi pas de narrateur externe pour nous donner des informations sur les personnages ou la véracité de l’histoire, on est obligé de suivre le mouvement, de tourner les pages pour en savoir plus.

C’est Nolan qui y a pensé le premier, à t’écrire. Tu le connais : les bonnes idées, c’est toujours lui qui les a. Après, il faut qu’il trouve quelqu’un pour les mettre en pratique… Et là, c’est moi.

L’aventure, voire l’enquête menée par Clément et Nolan, est aussi un élément important de l’histoire, celui qui tient en haleine Alwena, qui lui permet d’être un peu avec eux sur l’île. Une histoire à la limite du merveilleux, qui étonne, questionne.

Enfin, il y a l’amitié, le secret d’Alwena, la boite bien lourde que Clément et Nolan transportent. Ce mystère ajoute encore une autre dimension au roman, le rendant doux et touchant. Une vraie ôde à l’amitié avec des mots très justes, des émotions simples, et des enfants touchants.

Un roman court mais très riche, avec les doux mots de Cathy Ytak et une imagination débordante d’enfants. Un texte court, facile à lire, mais très positif et intéressant dès 9 ans.


+ le site de Cathy Ytak

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LaSeuleFaçonDeTeParlerMains

La fille qui avait bu la lune – Roman ado

fille La fille qui avait bu la lune ♥

Kelly Barnhill

Éd. Anne Carrière (2017)

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Chaque année, dans le Protectorat, a lieu le Jour du Sacrifice. C’est le jour où les Grands Anciens prennent le dernier des nouveaux-nés arrivé pour aller l’offrir à la terrible Sorcière qui vit dans les bois autour du village afin qu’elle les laisse en paix. Antain a 13 ans, il est novice chez les Grands Anciens grâce à son oncle Gherland qui est lui même un des Grands Anciens du Conseil et c’est la première fois qu’il assiste au Jour du Sacrifice. Et ce qu’il va voir va lui faire se poser de nombreuses questions…

Xan, la sorcière qui habite la forêt, fait le voyage chaque année pour récupérer le bébé abandonné, une fille cette fois-ci, même si elle ne comprend vraiment pas pourquoi les mères du Protectorat abandonnent leurs nourrissons dans la forêt au risque qu’ils soient mangé par les bêtes sauvages ! Elle les récupère donc puis va les faire adopter par des familles aimantes de l’autre côté du marais. Mais cette année, à cause de la distraction, de la fatigue de Xan, celle-ci va être contrainte de garder le bébé avec elle.

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C’est presque un conte… Après tout, il y a une sorcière, un monstre des marais (très vieux et poète), un dragon (nain et très bavard) et beaucoup, beaucoup de magie. Les plus jeunes (il est indiqué à partir de 10 ans) le liront ainsi, comme un conte, une belle histoire qui fait peur par moments.

Les plus grands y verront sans doute d’autres choses : le côté cynique des Grands Anciens qui savent pertinemment que ce qu’ils font n’est pas bien, mais qui continuent, pour leur propre confort et tant pis pour la casse. Les plus méchants ne sont pas toujours ceux qu’on croit…

De nombreux thèmes sont abordés dans ce joli roman : autour de la famille (adoption, lien parental biologique ou non), du pouvoir (sous couvert de “protéger” les autres, on sème la crainte), sur la force du chagrin et sur celle de l’amitié ou de l’amour…

Le tout dans un univers très poétique mais également avec des personnages très amusants et très attachants (Dragonnus Minusculus par exemple). A priori c’est un tome unique, et c’est bien dommage, je serais bien restée un peu plus longtemps avec Luna, Antain et les autres…

Je trouve la couverture de ce roman très réussie, on retrouve ce côté poétique et j’espère qu’elle attirera de nombreux lecteurs !

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Il devrait être prochainement adapté au cinéma.

Le site de l’autrice (en anglais)

Celui des éditions Anne Carrière

Une autre histoire de sorcière : Miss Pook et les enfants de la lune

La plume de Marie – roman historique

plumeLa plume de Marie ♥

Clémentine Beauvais
Anaïs Bernabé (ill.)
Éd. Talents Hauts (2011)
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Nous sommes en 1650 au château du Baron de Rochecourt. La mère de Marie était servante au château. Après son décès, le baron et la baronne ont recueilli Marie et l’ont élevée avec leurs enfants, lui apprenant même à lire et à écrire (ce n’était pas le cas des domestiques à cette époque). Mais le jour où ils doivent recevoir Monsieur Pierre Corneille, le célèbre dramaturge, Marie, pourtant la plus enthousiaste (elle adore le théâtre et écrit de petites scènes), se voit rappeler son statut de fille de domestique et est priée de bien vouloir se faire toute petite. Pourtant, grâce à quelques ruses, et avec la complicité des autres enfants, elle réussira à parler à Mr Corneille…

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Un petit livre très original dans sa forme, car il est entrecoupé de petites scènes de théâtre pleines d’humour (écrites par Marie !)

C’est un texte très court (112 pages) et très rythmé qui se lit -non seulement facilement- mais avec beaucoup de plaisir. On ne peut s’empêcher de sourire aux ruses des enfants… “La plume de Marie” est un roman historique qui parle de théâtre mais aussi et surtout de la condition des domestiques ainsi que de celles des femmes à cette époque.

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Une histoire qui pourra permettre d’initier les plus jeunes au théâtre en leur proposant de jouer les actes écrits par Marie.

Ce roman a reçu le prix Unicef 2017

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Un extrait : “Monsieur Thomas souffle très fort en levant les yeux au ciel et claque la porte de la chambre. Vexée, Mademoiselle Margot se retient de respirer pendant au moins 2 ou 3 minutes, tandis que Mademoiselle Sophie continue tranquillement de vêtir sa poupée. Les joues déjà rubicondes de Mademoiselle Margot se gonflent de sang. Enfin elle abandonne la lutte et ses poumons se vident de leur air en un long et formidable sifflement. Quelques instants plus tard, le soulier manquant est déniché sous une armoire.

Nous sommes le 10 mais 1650, et ainsi commence une journée ordinaire au château de Rochecourt.”

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Du même auteur, nous vous avons déjà présenté : Les petites reines, Songe à la douceur, La louve

Le blog de Clémentine Beauvais

D’autres images sur le site des éditions Talents Hauts

D’autres que moi ont aimé : Noukette, Jérôme