Inoubliables – Fabien Toulmé

inoubliablesRécits de vie / Témoignages
Ado / Adulte

Inoubliables T1

Fabien Toulmé

Dupuis (2023)

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Éditeur : Chacun d’entre nous vit, a vécu ou vivra des moments inoubliables, ces petits ou grands points de bascule qui dessinent le destin d’un être humain. Ces moments émouvants, révoltants, dramatiques ou inattendus, mais toujours précieux et émouvants, Fabien Toulmé est allé les chercher pour nous. En Europe, en Amérique latine ou en Afrique, dans de nombreuses couches sociales et autant de tranches d’âge, il a récolté des témoignages universels. De l’enfant gobée par une secte à un récit d’exfiltration du Rwanda, en passant par une histoire d’amour incroyablement compliquée ou le destin judiciaire surprenant d’un jeune de cité dunkerquoise, ces rencontres vous interpelleront, vous parleront.

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Pour ce recueil d’histoires “vraies”, premier volume d’une série, Fabien Toulmé a choisi 6 récits, 6 témoignages très différents. Leur seul point commun, c’est de rester comme des expériences inoubliables dans l’esprit de ceux qui les ont vécues.

Des gens ont accepté de témoigner, de raconter ce qui leur est arrivé. Ces histoires sont touchantes, émouvantes, dures, amusantes parfois. En un mot : humaines !

Côté mise en page, c’est très simple. 5 ou 6 cases par page. Les illustrations sont simples, avec peu d’arrière plan. Mais les visages sont expressifs et laissent passer les émotions.

J’ai découvert Fabien Toulmé avec “Ce n’est pas toi que j’attendais” récit autobiographique bouleversant. Puis j’ai dévoré les 3 tomes de l’Odyssée d’Hakim, témoignage poignant d’un réfugié syrien. Et enfin j’ai lu “Suzette ou le grand amour“.

Le point commun intéressant de toutes ces histoires, ce sont les gens. Je pense que Fabien Toulmé aime les gens. Il doit avoir beaucoup d’empathie et aimer écouter les autres, ça se sent !

Un bon moment de lecture !

J’ai tout particulièrement apprécié “La vie entre parenthèses” sur cette famille récupérée par les témoins de Jéhovah et “La confiance de la juge” sur le parcours d’un gamin paumé qui finit par devenir un vrai “voyou” et qui parle du fonctionnement de la justice.

Inoubliables, tome 1, tome 1 de la série de BD Inoubliables - Éditions Dupuis

Petite biographie chez l’éditeur

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BD de la semaine chez Moka, Au milieu des livres

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Le vagabond des étoiles – D’après J. London

vagabondLe Vagabond des Étoiles ♥

Première partie

Riff Reb’s

Librement adapté de Jack London

NoCtambule

Soleil (2019)

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La 2ème (et dernière) partie sort le 21/10/2020

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Darrell Standing vivait à Berkeley, Californie, en cette année 1906 quand il tua un de ses amis, le professeur Haskell. Pourquoi ? Suite à un simple différent qui mit Darrell dans un état de rage et de colère inexplicable. Pris sur le fait, les mains encore pleines de sang, il fut condamné à la prison à vie pour ce crime. Mais c’est pour une toute autre raison, nous dit-il au début de cette histoire, qu’il va être pendu…

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Je ne peux pas dire que j’ai “aimé” les illustrations ou que je les trouve “belles”. Mais elles vont très bien avec l’univers dépeint. Les personnages ont des trognes pas possibles (dignes de vieux films américains !). Les planches monochromes ont des couleurs différentes selon les cas : verdâtres ou grises pour la prison, marrons pour certains souvenirs ou violets pour d’autres. Ces teintes ajoutent à l’ambiance sinistre qui règne dans la prison.

Les prisonniers ne sont pas tendres entre eux et les gardiens ne sont pas en reste. Pourtant, malgré les brimades, les punitions, la torture et la mise au cachot, Darrel va survivre. Il a une façon bien à lui de s’évader, de passer le temps, il devint un vagabond des étoiles…

Encore une très belle découverte faite grâce aux comparses de la BD de la semaine. J’ai hâte de connaître la fin de cette histoire à la fois tragique et fascinante… ♥

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Lire les premières pages.

Du même auteur : Le loup des mers et Hommes à la mer

D’autres adaptations ou romans de Jack London : La piste des soleils / Construire un feu

Bio de l’auteur (qui est français contrairement à ce que pourrait laisser supposer ce nom !) sur le site du festival Quai des Bulles.

Si je ne vous ai pas convaincu, allez lire les avis de Mo’Sur mes brizées et Noukette

Cette semaine, c’est Noukette qui nous reçoit !

Pirate n°7 – Prix des Lectrices ELLE (25)

Pirate

Pirate n°7

Elise Arfi

Éditions Anne Carrière (2018)

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Présentation de l’éditeur : Un soir, au Palais, Elise Arfi, jeune avocate commise d’office, voit arriver sept Somaliens hagards et menottés. Ils sont accusés de piraterie, du meurtre d’un navigateur français et de la prise d’otage de sa femme. Le sort attribue à [avocate la défense de Fahran, le pirate n° 7. La gravité des faits est indiscutable. Mais tout, dans cet acte de justice, prend une tournure dérangeante. Bien que mineur, Fahran est jugé comme un adulte.

 

Il ne comprend pas un mot de français et ne peut pas se faire aux règles et aux codes de la prison. Bientôt, au déracinement culturel et affectif s’ajoutent de graves maltraitances qui font sombrer l’adolescent dans la folie. Jusqu’au procès aux assises, quatre ans plus tard, l’avocate s’efforce de garder Fahran en vie. L’objectif tourne à l’obsession, l’obligeant à affronter les autorités en charge du dossier.

Défendre le pirate n° 7 va changer la vision de son métier, la conduisant à interroger sa vocation.

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Le pire, dans cette histoire, c’est qu’on ne peut même pas en vouloir à ce pirate n°7, Fahran. Pourquoi ? Mais parce que, pauvre parmi les pauvres, il n’a pas le choix, s’il n’aide pas les autres, il est condamné. Fait prisonnier avec les autres pirates et amené en France, totalement déraciné, ne comprenant pas la langue, jugé non pas comme un être humain mais comme un vulgaire numéro puisqu’il n’a pas de papiers et jugé comme un adulte alors qu’il n’a que 16 ans

Comment ne pas le prendre en pitié ?

 

S’imaginer à sa place, perdu dans un endroit où on ne comprend rien, ni la langue, ni les codes, c’est abominable. Comment ne pas s’interroger, au fil des pages, sur la façon dont on traite les prisonniers ? Ils ont été jugés coupable, ok. Privé de leur liberté le temps de leur condamnation, ok. Mais faut-il pour autant les traiter de cette façon là ? Quand on entend parfois certaines personnes dirent que les prisonniers sont en vacances aux frais de l’état parce qu’ils ont la tv dans leur cellule, on a envie de leur dire de lire ce livre, pour comprendre, un peu, comment ça se passe…

Un témoignage véritablement poignant et que j’ai trouvé bouleversant.

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Extrait : C’est l’avocate qui parle : “J’ai regardé Fahran, hagard, bourré de médicaments, comme d’habitude. Indifférent à chacune de mes paroles. Le désignant comme la poupée de chiffon qu’il était devenu, somnolant au fond du box, j’ai pris la cour à témoin d’un système pénal qui fabrique des fous. Au moment de son interpellation, Fahran était un adolescent de 16 ans, décrit par tous les témoins comme gai, gentil, affectueux, travaillant dur pour aider sa famille. Il n’avait ni trouble du comportement, ni trouble psychiatrique. A 20 ans, on jugeait un pantin détruit par les psychotropes, un automate bouffi, craintif, incapable de soutenir son attention plus de quelques minutes.”

ELLE

25ème lecture / 28

Le Mars Club – Lectrices ELLE (3)

Mars

Prix Médicis étranger 2018

Le Mars Club

Rachel Kushner

La cosmopolite
Stock (2018)
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Rentrée littéraire – Sortie prévue le 16/08/2018
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Romy Leslie Hall, une ex strip-teaseuse de 29 ans originaire de San Francisco, nous raconte son quotidien. Elle doit purger deux peines de prison à perpétuité consécutives (+6 ans !) parce qu’elle a tué un homme. Un homme qui la poursuivait, la harcelait et qu’elle avait -en vain- essayé de fuir. Et elle nous raconte aussi son passé, son enfance, dans le San Francisco des années 80. On suit la longue chaîne des petits évènements qui ont fini par aboutir au moment présent…

Du coup, son fils, Jackson, âgé de 5 ans lors de son arrestation, est élevé par sa mère. Une mère acariâtre qui fut glaciale pour elle, mais qui montre de l’affection à Jackson.

Jusqu’au jour où Romy reçoit une terrible nouvelle…

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Une lecture passionnante, addictive, mais terrible. On découvre le monde sans pitié des prisons américaines (je ne suis pas sûre que les prisons françaises soient plus humaines cela dit…) et celui de la vie de pauvres gens à San Francisco dans les années 80.

Un portrait sans concessions des travers du système judiciaire des États-Unis à cette époque-là (est-il plus « juste » maintenant ?).

Le Mars Club est un beau roman, humain et plein de réflexions sur l’être humain, la justice, l’amour, la vie… Pas franchement un « Feel Good Book », mais un roman intéressant, prenant, et un personnage attachant, Romy, pour lequel on ressent de l’empathie et qu’on aurait vraiment envie d’aider !

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Extrait page 24 :

« Ce que j’ai fini par comprendre, à propos de San Francisco, c’est que j’étais immergée dans une beauté qu’il m’était interdit de voir. Pourtant, je ne suis jamais parvenue à partir de cette ville, du moins pas avant que mon client régulier, Kurt Kennedy, ne m’y oblige, mais la malédiction de la ville m’a poursuivie. (…)

Je n’ai pas l’intention de vivre longtemps. Ni brièvement non plus, d’ailleurs. Je n’ai aucun projet. Le problème, c’est qu’on continue d’exister, qu’on en ait l’intention ou pas, jusqu’à ce qu’on cesse d’exister, et alors, les projets ne riment plus à rien. Mais ne pas avoir de projets ne signifie pas que je n’ai pas de regrets.

Si seulement je n’avais pas travaillé au Mars Club. Si seulement je n’avais pas rencontré Kennedy le Pervers. Si seulement Kennedy le Pervers n’avait pas décidé de me traquer.

Mais il a décidé de le faire et il s’y est appliqué, implacablement. Si rien de tout cela n’était arrivé, je ne serais pas dans ce bus, en route vers une vie dans un trou en béton. »

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Bio de Rachel Kushner par l’éditeur :

Rachel Kushner est l’auteure des Lance-flammes (Stock, 2015), finaliste du National Book Award et du Folio Prize, et l’un des meilleurs livres de 2013 selon le New York Times. Son premier roman Télex de Cuba (Cherche-Midi, 2012) a été également finaliste du National Book Award. Ses livres ont été traduits dans dix-sept langues. Elle vit à Los Angeles.

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ELLE

3 ème lecture / 28

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C’est ma 3ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock