Sally Jones – Roman d’aventure ado

SallySALLY JONES

Jakob Wegelius

Éditions Thierry Magnier (2016)

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Sally Jones, comme on l’apprend dès le 1er chapitre, est un singe anthropoïde. C’est à dire un grand singe. Un gorille. Elle vit depuis toujours au milieu des hommes dont elle commence à bien connaître les qualités et les défauts, et l’un d’entre eux lui a donné ce nom de “Sally Jones”. Au moment où débute cette histoire, Sally Jones travaille comme mécanicien sur un cargo, le Hudson Queen avec celui qu’elle appelle le “Chef”, mais qui est son ami, Henry Koskela.

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Sally Jones, c’est tout à la fois une histoire de marins, une enquête policière, l’histoire d’une belle amitié et un grand roman d’aventures…

“L’objet” livre déjà, est très beau. Sur la couverture sont représentés plusieurs objets qui ont une importance au cours de l’histoire, et les rabats cachent deux magnifiques cartes qui retracent les voyages. Jakob Wegelius est non seulement auteur, mais également illustrateur et il commence ce roman en dessinant pour nous les personnages principaux rencontrés au fil de l’histoire.

J’étais un peu sceptique au départ (toujours cet à priori sur l’anthropomorphisme je pense !) mais j’ai vite changé d’avis. C’est un roman tout à fait passionnant que j’ai lu en 3 jours ! On ne peut qu’être touché par ce singe intelligent (elle sait lire et écrire entre autres !) gentil et courageux qui cherche à aider son ami.

Et il ne faut surtout pas se laisser impressionner par le nombre de pages (561 p.) car une fois qu’on est dedans, on n’a vraiment plus envie de sortir de cette histoire pleines de péripéties ! Pour vous en convaincre, allez donc lire l’extrait proposé par l’éditeur (voir ci-dessous).

Un très beau roman qui va vous emporter dans une étonnante aventure autour du monde…

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Sally Jones a remporté le prix August en 2014, prix prestigieux en Suède, le Nordic Council Children and Young People’s Literature Prize en 2015, ainsi que le Prix Sorcières 2017, catégorie Roman Junior.

Lire un extrait sur le site de l’éditeur Thierry Magnier

Sally

♥ ♥ ♥

Gros coup de cœur !!

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La folle rencontre de Flora et Max

la folle rencontre de Flora et MaxRoman pour adolescents

La folle rencontre de Flora et Max

de Martin Page et Coline Pierré

Ecole des Loisirs, 2015
9782211223942, 14,50€
208 pages

La folle rencontre de Flora et Max est un roman épistolaire surprenant et touchant. Deux adolescents enfermés qui s’évadent grâce à leurs échanges de lettres. Flora est en prison, pour avoir violemment frappé une camarade. Max a quitté le lycée après une crise d’angoisse et vit depuis retranché chez lui. Ils ne se connaissent pas, ne se sont pas vus “IRL”, mais Max décide un jour d’envoyer une lettre à Flora.

A travers les lettres de ces deux adolescents, on découvre leur vie, mais surtout, en apprenant à les connaître, on comprend ce qui les a conduit à leur situation d‘enfermement. Pas d’apitoiement ou si peu, ils mettent en avant les petits bonheurs, les détails lumineux de la vie, pour s’aider mutuellement à avancer.

Dès la prise de contact entre Max et Flora, on devine deux personnalités magnifiques coincées entre des murs. Difficile pour Flora, en prison, de s’accrocher. Difficile pour Max, qui refuse de sortir, de continuer à vivre. Tous deux sont touchants de peurs, de mal-être, et étrangement d’humour. Étrangement, on passe beaucoup de temps à sourire dans ce livre !

Le coeur du problème, harcèlement, regard des autres, acceptation de soi, est finalement assez peu évoqué pour s’attacher à l’essentiel, le présent, le futur ! Car nos deux héros sont plein de ressources et de projets utopiques, des projets qui donnent envie de croire en l’avenir.

Flora et Max sont fragiles, sensibles, touchants, on les accompagne en douceur, au fil des lettres. Des lettres qui racontent le quotidien. La prison d’un côté, d’un point de vue posé, et la famille recomposé et la peur de l’extérieur de l’autre.

Martin Page et Coline Pierré nous offrent des personnages hauts en couleur, des êtres abîmés mais plein d’une rage de vivre; des adolescents, simplement, mais que leur rencontre transcende. Ces deux auteurs ont réellement échangé des lettres, pendant plusieurs mois, chacun dans la peau d’un personnage. “Une expérience passionnante et très fertile”, qui se ressent à la lecture, créant un roman qui sonne juste dans la découverte de l’autre. Le ton, l’écriture, l’histoire, tout est lumineux et offre au lecteur une expérience particulière. 

Une folle rencontre, une aventure sentimentale, un récit stimulant !

~

D’autres romans sur le harcèlement scolaire :
* du même auteur *
Les petites reinesjohnny-martine-pouchain.gifTreize raisonsM comme...banzaisakura

Et des mangas autour du harcèlement et de l’acceptation de soi :
a silent voiceKasane

+ Le site de Martin Page

+ Découvrez Monstrograph, un petit atelier de sérigraphie en désordre bricolé par Martin Page et Coline Pierré.

Les lecteurs sont arrivés en cherchant :

Rentrée littéraire 2015 – Mes lectures

Zéro. Je n’ai parlé d’aucun des romans adultes de la rentrée littéraire 2015 que j’ai lu cette année. Un record ! Alors que débute la rentrée littéraire de janvier 2016, il est temps de rattraper le retard, et d’en parler rapidement, avant d’oublier !

Afficher l'image d'origineLe plus libérateur : Otages Intimes de Jeanne Benameur

Repéré chez Noukette, j’ai lu ce livre sans conviction, et j’ai été surprise. Et je ne m’attendais pas à accrocher autant ! Otages intimes raconte, non pas la captivité, mais la libération et le retour à la vie. Je me suis laissée prendre à cette lecture, à ce destin torturé, à ces amis qui se sont éloignés. J’ai dévoré les pages, suivi Etienne et son entourage, espéré, pleuré… La plume de Jeanne Benameur a su faire vivre pour moi ces personnages, qui le temps du livre sont devenus mes meilleurs amis et ma famille. Cette mère fragile, avec ses secrets. Ce meilleur ami, ténu. Cette ex, torturée, et son compagnon. Cette soeur de coeur, si forte et fragile à la fois. Ce village d’enfance, sa tranquillité. L’abandon. La musique. Etienne est prisonnier de lui-même…

Un texte poignant, qui ma redonné goût à la littérature adulte après de nombreuses déceptions, et qui augurait une très belle rentrée littéraire !

Noukette en parle bien mieux que moi !

Le plus touchant : Camille, mon envolée de Sophie Daull Afficher l'image d'origine

Ce roman, repéré chez Stephie, est terriblement touchant.

L’histoire d’une perte, le décès de la fille de l’auteur. Quatre jours d’une fièvre étrange, personne ne semble s’inquiéter. Quatre jours et tout bascule. J’avais peur de passer mon temps à pleurer, et finalement ce beau roman m’a surtout beaucoup touché. J’ai eu les larmes aux yeux, souvent, bien sûr, mais j’ai surtout trouvé ce roman puissant. La façon dont cette mère évoque le tragique, nous fait partager l’horreur, l’errance… Journal intime qui tisse des liens avec le lecteur, Camille, mon envolée est un très beau texte, un cri déchirant, une réalité impossible à admettre.

Sophie Daull partage sa peine sans s’enfermer dans le pathos, elle écrit pour libérer, et c’est un magnifique hommage à sa fille.

“Je voulais écrire vite, jusqu’à ta mort, ton dernier souffle ;
puis, allez, faisons durer jusqu’à ton enterrement,
et puis voilà, ça ne s’arrête pas,
ça ne s’arrêtera jamais – toi disparue n’a pas de fin.”

Le plus vivant, et brut : La petite barbare d’Astrid Manfredi

Un style brut, abrupte même. Difficile d’accès dans les premières pages. Et puis, peu à peu, on s’attache à cette petite barbare. Cette jeune fille, derrière les barreaux, qui écrit comme un espoir de vie meilleure. Avec elle on va découvrir sa banlieue, sa violence. Les rêves vivent oubliés et l’argent facile, comme pour croire encore en quelque chose.

Un roman qui secoue, à travers les mots durs, les situations plus dures encore, et l’espoir qui fait trop souvent défaut. Un texte que j’ai délaissé d’abord… et que j’ai repris pour ne plus lâcher !

Des gens qu’on parque sans une thune dans des endroits sans un arbre, il ne peut pas leur pousser des ailes.

Céline a aimé aussi !

La déception de la rentrée : Le crime du comte Neville d’A. Nothomb

Alors que j’avais trouvé de belles choses dans les derniers romans d’Amélie Nothomb contre beaucoup d’avis, j’ai cette fois ci eu une belle déception. Belle tout de même, car j’ai aimé le personnage de Sérieuse. L’histoire est totalement farfelue, burlesque. Le comte Neville apprend par une diseuse de bonne aventure que lors de la grande fête qu’il a prévu, il va tuer un de ses invités ! Il en perd le sommeil, et l’esprit !

Inspirée d’une nouvelle d’Oscar Wilde que je n’ai pas lu, ce récit, très court, m’a pourtant régulièrement ennuyé. Ce comte est un personnage volontaire ridicule, mais l’humour noir de l’auteur n’a pas fonctionné sur moi. Seule Sérieuse, sa fille cadette persuadée qu’elle ne peut rien ressentir et qui veut mourir m’a interpellée.

Un récit court dont la fin a su susciter un peu d’intérêt… trop tard, c’était terminé !

“Tais-toi. Si tu continues de parler, je vais te haïr. Et si je te hais, je n’aurai pas le courage de te tuer.”

Afficher l'image d'origineLe plus bouleversant et révoltant : La maladroite d’Alexandre Seurat

Le roman s’ouvre sur le témoignage d’un professeur, qui reconnait dans un article de journal, une ancienne élève. Une élève qu’elle soupçonnait d’être maltraitée. Une élève qu’elle n’a pas pu sauver. C’est ainsi que se déroule le récit, à partir des témoignages de ceux qui ont côtoyé cette fillette de 8 ans. De ceux qui ont cru, pensé, alerté, mais qui n’ont rien pu faire. Chaque page est poignante car elle nous montre la souffrance de cette enfant, sans jamais lui donner la parole. Ces témoignages extérieurs sont terribles, bouleversant, et montre comme la lenteur du système peut être préjudiciable.

Un récit fort, qui nous vrille le coeur. L’auteur sait mettre une distance impressionnante, ne pas donner son avis, juger… Un premier roman vraiment réussi !

Le plus historique : La terre qui penche de Carole Martinez 

Vivre le Moyen-Age avec Blanche, c’est découvrir un univers à la fois réel et fantastique. D’autant plus que Blanche est morte à 12 ans, et que ce récit alterne entre sa voix d’enfant et celle de son âme, qui a vieillie. L’auteur manie avec brio la plume pour nous rendre compte de cette époque, et notamment de la condition des femmes, tout en y incorporant suffisant de magie pour qu’on soit envoûter ! Les chansons médiévales sont aussi de belles parenthèses.

Un très beau conte médiéval, qui invite à lire Du domaine des Murmures !

“Et peigne, peigne la toison,
Et tourne, tourne le fuseau
Et mouille, mouille la laine du bout des doigts,
Et le fil se fait sans y penser”

J’en ai commencé quelques autres, et j’en ai encore dans ma PAL… Je vous parlerai sans doute un jour… La variante chilienne, Les échoués, La source, Boussole, La logique de l’amanite, Un roman anglais, Deux messieurs sur la plage, les eaux troubles du Mojito…

Merci à la Librairie Dialogue et au Match de la rentrée littéraire 2015 Priceminister

Toute la rentrée littéraire chroniquée par les blogueurs, c’est sur le blog du challenge de la rentrée littéraire 2015 !

 

 

 

Mary Hooper (le retour)

♠ Mary Hooper ♠

Est une auteure de romans jeunesse britannique, qui a écrit une trentaine de romans (dont une dizaine traduits en français).

Ce sont souvent des romans avec un fond historique.

Son site (en anglais) et sa page Fb

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Je vous ai déjà parlé de “Waterloo Necropolis” et “La messagère de l’au-delàici. Sophie vous avait présenté la trilogie “Espionne de sa majesté“. Étant donné que j’aime vraiment beaucoup son style, et qu’en plus, on apprend des tas de trucs (bon ok, sur l’Angleterre victorienne, ça sert pas tous les jours, mais moi j’aime bien !) j’en ai emprunté deux autres à la bibliothèque : “Velvet” et “L’infortune de Kitty Grey“, que je vous présente maintenant.

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Velvet Mary HooperVelvet

Les Grandes Personnes (2012)

Orpheline dans le Londres des années 1900, Velvet survit tant bien que mal en travaillant dans l’enfer d’une blanchisserie. Lorsque l’occasion lui est donnée de s’occuper du linge de clients fortunés, la jeune fille saisit sa chance et attire l’attention de l’intrigante Madame Savoya, l’un des médiums les plus courus de la capitale. Emménageant à la Villa Darkling aux côtés de Madame et Georges, son séduisant assistant, Velvet ne va pas tarder à découvrir les usages et secrets de cet univers fascinant qu’est celui du spiritisme. Elle est pourtant loin de se douter que le danger qui la guette ne vient pas du royaume des morts…

Mon avis : Mary Hooper utilise toujours un peu les mêmes “ressorts” dramatiques : une jeune orpheline pour subvenir à ses besoins se retrouve en train de travailler pour des personnes peu recommandables… Mais les sujets sont variés et c’est toujours très intéressant !

Alors il ne faut pas bouder son plaisir, je vous recommanderais seulement de ne pas les lire à la suite, pour ne pas se lasser. “Waterloo Necropolis” parlait du commerce et du trafic fait autour du deuil, “La messagère de l’au-delà” nous parlait de la condition de la femme dans l’Angleterre du XVII ème siècle (pas génial, j’aurai pas aimé…)

Velvet nous parle donc du spiritisme et des médiums dans le Londres des années 1900. Dans une dizaine de pages plus “documentaires” à la fin du roman Mary Hooper nous explique sa propre expérience du spiritisme (elle n’est pas convaincue et j’avoue que moi non plus !) ainsi que quelques arnaques liées aux médiums. Comme d’habitude elle parle de la condition féminine à cette époque (pas brillante !) mais également des fermières de bébés (épouvantable !!!). Un roman agréable et intéressant.

 

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Linfortune De Kitty Grey Mary HooperL‘infortune de Kitty Grey

Les Grandes Personnes (2014)

1813. Kitty Grey mène une vie sans histoire dans la campagne anglaise en tant que fille de ferme. Elle y est bien traitée par la famille qui l’emploie et aime son travail à la laiterie. Et puis il y a Will, le jeune passeur de la rivière, dont elle espère qu’il lui fera bientôt sa demande. Jusqu’au jour où Will disparaît… Persuadée qu’il est parti chercher fortune à Londres, la naïve jeune fille saisit la première occasion de gagner la capitale, où elle ne tardera pas à se faire détrousser par d’habiles pickpockets. La voilà dans l’incapacité de retourner chez elle, et dans l’obligation de trouver urgemment un moyen de survivre dans cette ville hostile. Mais les choses tournent mal…

Mon avis : Ce roman-ci parle de la condition des pauvres en ville, à Londres, dans les années 1800. Les “aides sociales” n’étaient en effet versées que dans les paroisses d’origine des personnes, ce qui fait que les gens venus chercher du travail à la ville, s’ils n’en trouvaient pas, ne bénéficiaient d’aucunes aides et se retrouvaient très vite  à la rue.

Suite à une série de circonstances malheureuses, la jeune Kitty se retrouve enfermée avec Betsy une petite fille de 5 ans dont elle s’occupe, à la terrible prison de Newgate. La prison fait rarement rêver, mais à cette époque là, c’est vraiment l’horreur… La crasse, la puanteur, la promiscuité, rien ne leur/nous est épargné !

Encore une fois, Mary Hooper réussit son pari : Grâce à son roman, on apprend des tas de choses sur la vie quotidienne à cette époque et c’est passionnant ! Avec toujours, à la fin, quelques pages documentaires.

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