OUTRE MÈRES

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BD ado/adulte

OUTRE MÈRES

Le scandale des avortements forcés à La Réunion

Sophie Adriansen & Anjale (ill.)

Vuibert (2024)

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Éditeur : L’histoire vraie d’un scandale totalement oublié.

Début 1970, à La Réunion, Lucie est victime, comme des milliers d’autres femmes, d’une interruption de grossesse forcée, assortie d’une stérilisation. Sur l’île, les médecins blancs se croient tout permis, avec la complicité de la Sécurité sociale. Lucie prend son courage à deux mains et porte plainte.

Au même moment, dans l’Hexagone, Marie-Anne, élève de terminale, assiste à la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et aux premiers débats sur l’IVG. Elle a elle-même avorté clandestinement quelques mois auparavant.

Leurs destins croisés témoignent des difficultés et des paradoxes extrêmes de la lutte menée par les femmes, en France, pour disposer de leur corps.

Ce roman graphique, féministe et humaniste, revient sur une sombre page de l’histoire du droit des femmes, cinquante ans après la loi Veil sur le droit à l’avortement. Construit comme une enquête et parfaitement documenté, il rappelle à toutes et tous l’importance du devoir de mémoire.

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Comment ne pas être ébahi et outré par cette histoire (vraie !) ?

Ce scandale (avortements et stérilisations !! réalisés à la Réunion dans les années 70) est digne d’un film d’horreur…

Et le pire, c’est de ne jamais en avoir entendu parler… Ok, La Réunion, c’est loin (20h de vol depuis Rennes). Mais c’est un département français ! Comment une histoire aussi terrible a-t-elle pu rester aussi longtemps ignorée ? On pourrait aussi se dire que c’était il y a longtemps… Mais c’était il y a seulement 55 ans.

Plus j’avance en âge et plus je découvre d’horreurs… Il y a les disparus au Chili sous Pinochet (années 70). Les enfants de la Creuse (encore des Réunionnais – années 60/70). Les enfants volés en Espagne sous Franco (années 40 à 80)… Mais Pinochet et Franco, c’était des dictatures !

Ce scandale-ci, et celui des enfants de la Creuse, c’était en France et en démocratie !

Certains de ces faits, je les ai découvert en lisant des romans ou des BD ! La BD, que j’ai toujours appréciée, m’apporte aujourd’hui, en plus du plaisir de lecture, une grande source d’informations.

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Mais je n’ai pas encore parlé des illustrations d’Anjale.

Celles de couleur marron (style photos sépia) concernent les passages qui se déroulent à La Réunion. Et les autres chapitres, concernant les passages parisiens, sont en dégradé de bleu. Cela permet de bien séparer les deux histoires, même si les personnages et les décors sont déjà très  différents.

Le trait d’Anjale est assez rond et plutôt doux. Et ça permet de contrebalancer un peu le côté tragique de l’histoire.

J’ai préféré la partie qui se déroule à la Réunion parce que je ne la connaissais pas. Sur l’IVG et la lutte des femmes pour leurs droits, la loi Veil, j’avais quelques notions.

Une BD à lire, bien évidemment !

L’avis d’Antigone

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Une interview d’Anjale

De Sophie Adriansen déjà présenté sur ce blog :

La remplaçante (BD sur la maternité) / J’ai passé l’âge de la coloJe vous emmène au bout de la ligne (témoignage) / Quart de frère – Quart de sœurNina Simone, mélodie de la lutte / L’enveloppe à soucis

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Le  site de Sophie AdriansenSon blog – Sa page Facebook – Son Instagram

Le portfolio d’Anjaleson instagramSon blogUne petite bio

Les inséparables – Lectrices ELLE (14)

Simone

Les inséparables
Simone Veil et ses sœurs
Dominique Missika

Seuil (2018)

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Ce livre raconte la jeunesse des trois sœurs Jacob : Madeleine, Denise et Simone. Comment elles ont vécu l’arrivée de la guerre, la déportation et survécu aux camps de concentration. Puis, à leur retour, alors qu’elles auraient aimé parler, raconter leur terrible histoire, essayer sans doute d’évacuer toutes ces horreurs, elles ne vont rencontrer que gêne ou incompréhension. Une double punition finalement. Les gens voulaient fêter la fin de la guerre, célébrer les résistants et oublier le reste.

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L’ouvrage est découpé en 4 parties. Au départ, il y a l’enfance -heureuse- des enfants Jacob qui se termine avec le début de la guerre.

Dans la 2nde partie, on aborde le retour des camps, l’incompréhension, la gêne. La difficulté de trouver sa place. Avoir envie de parler de ce qu’elles ont vécu, mais à qui ?

La suite parle du mal qu’elles ont à recommencer à vivre “normalement”, tout en repartant de zéro parce qu’elles n’ont plus rien, même pas leurs vêtements.

Et la dernière partie parle du devoir de mémoire. Ce qu’ont vécu ces femmes a façonné toute leur vie. Elles n’ont jamais pu -et sans doute jamais voulu- oublier ce qu’elles avaient vécu et se sont battues chacune à leur manière pour que l’on n’oublie pas.

J’ai appris au moins une chose en lisant ce livre :

la façon dont s’est passé le “retour” des personnes déportées. Mes “connaissances” sur la seconde guerre mondiale s’arrêtent aux camps de concentration en fait. Je n’ai jamais étudié “l’après-guerre“, et du coup, certaines choses relatées ici sur la manière dont ont été traités les gens qui rentraient des camps m’ont beaucoup surprise… J’avais commencé à lire “Une vie” l’autobiographie de Simone Veil, il y a quelques années, et arrivé à la moitié, j’avais arrêté. Ce livre m’a donné envie de reprendre ma lecture !

Une seule chose m’a gênée dans ce livre. On sent par moment une sorte de vénération de l’auteur pour les sœurs Jacob (“elles étaient belles…”, “une jolie blonde”, “un teint de porcelaine”…) et ça m’a un peu agacée. Quand je pense à Simone Veil, je pense d’abord à une femme intelligente, déterminée, qui a fait avancer la cause des femmes.

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Dominique Missika est journaliste, éditrice et historienne. C’était une proche de Simone Veil et de Denise Vernay. Elle a réalisé ce livre à partir de souvenirs personnels et de ses rencontres avec les deux sœurs. Voir ici sa biographie sur France Culture.

ELLE

14ème lecture / 28

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C’est ma 18 ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

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