Jeunesse – Récit autobiographique

JeunesseNouvelle

Jeunesse

Joseph Conrad

Traduit de l’anglais par Anne de Vogüé

Collection Rêves et Découvertes

Arcadia Éditions (2003 / vo 1898)

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Édition bilingue

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Cinq hommes sont attablés devant une bouteille. Il y a là un armateur, un agent comptable, un homme de loi, un dénommé Marlow et le narrateur. Celui-ci raconte avec nostalgie sa première expérience comme lieutenant sur un navire marchand, La Judée. Le bateau a quitté Londres pour Bangkok, les cales pleines de charbon. Mais de nombreuses avaries font que La Judée doit rentrer au port pour réparations et changer d’équipage, et cela à plusieurs reprises.

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Cette nouvelle m’a finalement bien plu. Pourtant, au départ, j’étais un peu rebutée par les nombreux termes techniques liés à la navigation et au navire. Même si toute la nouvelle se passe sur le bateau et sur la mer, c’est surtout une ode à la jeunesse. A sa naïveté, à son esprit romanesque, à l’intensité de ses sentiments, à sa force, à son regard.

C’est une belle histoire, même si je ne suis pas spécialement fascinée par les récits maritimes !

J’aimerai lire un autre écrit de cet auteur : Au cœur des ténèbres (sur le Congo).

Extrait p. 13 : La Judée était désarmée dans le bassin de Shadwell depuis des éternités. Je vous laisse imaginer son état. Un amas de crasse, de poussière et de rouille, les bas mâts noirs de suie, le pont couvert de boue. Pour moi, c’était comme quitter un palais pour aller vivre dans une chaumière délabrée. Elle jaugeait quatre cents tonneaux environ, était équipée d’un guindeau rudimentaire, de simples loquets de bois en guise de becs-de-cane, et à défaut de garnitures en cuivre, possédait une large poupe carrée…

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Une des nouvelles de Conrad (un sourire) adapté en BD avec d’autres : Hommes à la mer

Lire Jeunesse en pdf (traduction différente de la mienne)

Ci-dessous, Olivier Barrot donne une courte biographie de Joseph Conrad.

Une lecture qui participe à plusieurs challenges

2022 en Classiques sur ce blog et chez Blandine (Vivrelivre)

2022

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Le tour du monde en 80 livres (Royaume Uni) chez Bidib

monde

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Un paquebot dans les arbres

paquebotUn paquebot dans les arbres

Valentine Goby

Babel

Actes Sud (2016)

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Odile et Paulot tiennent un café à la Roche Guyon. Ils ont deux filles, Annie et Mathilde, et un garçon, Jacques. Entre Annie et Mathilde, ils ont perdu un fils, Pierre, alors âgé de 2 mois. Du coup, ils ont mis du temps pour se décider avant d’avoir Mathilde, puis Jacques.
D’Annie, on entendra peu de choses, on l’apercevra de loin en loin, elle vit sa vie, loin du reste de la famille, loin de la maladie et du malheur.
Mathilde est le « garçon manqué » de la famille. Elle court, saute, nage, escalade et n’a peur de rien. A 9 ans, elle se cache sous les tables du bistrot familial pour écouter son père jouer de l’harmonica. Son père, pour qui elle a une admiration sans bornes et un amour immense. Son père, pour qui elle est prête à tout. Cette histoire, c’est d’abord l’histoire de Mathilde. Son courage devant les problèmes qui s’accumulent, sa volonté de garder sa famille soudée, son obstination…

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Au début, j’ai eu du mal à accrocher à cause des nombreuses descriptions et juxtapositions. Mais très vite, j’ai oublié le style tellement le personnage est vivant, prenant, intéressant, « vrai ». Mathilde qui veut tout gérer, tout arranger, recoller tous les morceaux de sa vie que la maladie a éparpillé…

La sécurité sociale. Une chose banale de nos jours surtout quand on est salarié. Une chose normale, un droit, les soins gratuits ou presque. Et pourtant. Telle que nous la connaissons, elle n’existe que depuis 1945. Combien de gens, n’ayant pas cette fameuse sécu ne pouvaient se soigner ? Combien de gens aujourd’hui encore, n’ont pas accès aux soins ?

Un roman qui m’a beaucoup plu, beaucoup touché et un personnage que je ne suis pas près d’oublier.

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Un extrait : « Elle a garé sa voiture en lisière du bois. Elle a marché sous la pluie vers la façade griffée de branches, ne s’attendant à rien, je veux dire : à aucune image familière, à nulles retrouvailles.
C’est un saccage. Murs aux peintures dégradées du jaune pisse au noir. Béances noires des fenêtres et des portes. Parois défoncées criblées d’impacts. Couloirs jonchés de gravats, de cailloux, d’éclats de verre. Portes arrachées gonflées d’eau, tuyaux tordus, poutres affaissées. Mathilde Blanc parcourt la longueur du bâtiment, deux cent pas somnambules, elle les compte pour marcher droit, entre les canettes et les bouteilles aux tintements de mâts. (…) A un moment elle aperçoit l’escalier enroulé dans la tour. Elle avance, se place sous la spirale sans fin des rampes. Alors surgit de l’enfance la résille de verre qui habillait la tour, son éclat blanc à te fermer les yeux. C’est le premier mirage. Ils naissent un à un de fragments épars qui ouvrent le champ de la mémoire : un carrelage en damier – son père, sa mère, l’Amicale des malades vendent sur une table des bibelots faits main pour nourrir leurs gosses ; »

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Un article intéressant sur le paquebot, c’est à dire le sanatorium d’aincourt (avec photos)

De Valentine Goby, présenté sur ce blog : Kinderzimmer

La Passeuse d’histoires – Étapes indiennes

passeuseRomance indienne

La Passeuse d’histoires

Sejal Badani

Traduit de l’anglais par Ève Borelli

Charleston Poche (2021)

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Une lecture commune avec Blandine, Hilde et Rachel

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Dans la première partie de cette passeuse d’histoires, on fait connaissance avec Jaya. Elle est journaliste, mariée avec un homme qu’elle aime, Patrick et ils attendent un enfant. Sauf que l’on comprend rapidement qu’elle est en train de faire une fausse couche. La 3ème depuis qu’ils essaient d’avoir un enfant.

Suite à ce nouvel “échec”, apprenant que son grand-père paternel, qu’elle ne connait pas et qui vit en Inde, est en train de mourir, elle part. Elle va rencontrer Ravi, un intouchable, et il va lui raconter l’histoire de sa grand-mère Amisha et l’enfance de sa mère.

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Voici une histoire qui, sans être un coup de cœur,  m’a tout de même bien plu. Avec l’histoire de la grand-mère de Jaya, on découvre l’Inde rurale des années 30/40, alors colonie britannique. Avec ses traditions, ses fêtes, ses castes, il est notamment plusieurs fois question de celle des intouchables.

Ça parle de secrets de famille, des poids que l’on se transmet d’une génération à l’autre, bien souvent sans le vouloir… Du désir d’enfant aussi, qui peut, s’il ne devient pas réalité, briser un couple.

C’est une romance sur fond de culture indienne, mais c’est aussi une magnifique histoire d’amitié. C’est d’ailleurs la partie que j’ai préféré : l’amitié indéfectible et la confiance indestructible entre Amisha et Ravi.

Le désir d’écrire d’Amisha, les histoires qui lui trottent dans la tête, sa façon d’enseigner sont aussi des moments que j’ai trouvé intéressants.

Un roman à la fois facile à lire, émouvant et dépaysant.

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Voir toutes nos lectures indiennes

Challenge les Étapes Indiennes chez Hilde et Blandine

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Le tour du monde en 80 livres (États-Unis) chez Bidib

monde

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Et au Pavé de l’été chez Sur mes brizées

puisqu’il fait 573 pages dans cette version Charleston Poche

Déracinée – Roman enchanteur

DÉRACINÉEDéracinée

Naomi Novik

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Benjamin Kuntzer
J’ai lu

Éd. Pygmalion (2017/vo 2015)

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Déracinée : Le village de Dvernik est bordé d’un bois maléfique. Heureusement, il bénéficie de la protection d’un puissant magicien, le Dragon. Mais celui-ci fait payer très cher ses services…

Tous les 10 ans, il vient et emporte une des jeunes filles du village. En général, c’est celle qui a quelque chose de “plus”. La plus gentille, la plus belle, la plus douée ou la plus populaire.

En cette année du “choix”, tout le monde sait que c’est Kasia qui sera choisie. Elle s’y prépare d’ailleurs depuis plusieurs années. Sa meilleure amie, Agnieszka, n’en doute pas non plus. Pourtant, lorsqu’arrive ce fameux jour, tout le monde est surpris par le choix du dragon. Mais a-t-il réellement eu le choix ???

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Je ne sais plus où j’ai récupéré ce roman. Sa jolie couverture m’a fait tendre la main, le résumé et les mentions “Prix Nébula et prix Locus” ont achevé de me convaincre de le prendre. Et je n’ai pas regretté. Malgré ses 509 pages, je l’ai dévoré en deux jours, me plongeant corps et âme dans cette histoire envoûtante.

Une histoire qui ressemble un peu à un conte slave (nom des villages, des personnages). Le nom du personnage principal est d’ailleurs issu d’un conte que la mère de l’autrice lui lisait lorsqu’elle était enfant.

Une chouette lecture que je ne peux que vous conseiller !

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De la même autrice, paru cette année : Éducation meurtrière me tente beaucoup !

Un roman avec des thèmes communs, une tour, un sorcier et l’apprentissage de la magie : Chroniques de la tour 1 La vallée des loups

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Un roman qui participe à l’Objectif PAL chez Antigone

(en pause cet été)

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Et au tour du monde en 80 livres (États-Unis) chez Bidib

monde

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