Pirate n°7 – Prix des Lectrices ELLE (25)

Pirate

Pirate n°7

Elise Arfi

Éditions Anne Carrière (2018)

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Présentation de l’éditeur : Un soir, au Palais, Elise Arfi, jeune avocate commise d’office, voit arriver sept Somaliens hagards et menottés. Ils sont accusés de piraterie, du meurtre d’un navigateur français et de la prise d’otage de sa femme. Le sort attribue à [avocate la défense de Fahran, le pirate n° 7. La gravité des faits est indiscutable. Mais tout, dans cet acte de justice, prend une tournure dérangeante. Bien que mineur, Fahran est jugé comme un adulte.

 

Il ne comprend pas un mot de français et ne peut pas se faire aux règles et aux codes de la prison. Bientôt, au déracinement culturel et affectif s’ajoutent de graves maltraitances qui font sombrer l’adolescent dans la folie. Jusqu’au procès aux assises, quatre ans plus tard, l’avocate s’efforce de garder Fahran en vie. L’objectif tourne à l’obsession, l’obligeant à affronter les autorités en charge du dossier.

Défendre le pirate n° 7 va changer la vision de son métier, la conduisant à interroger sa vocation.

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Le pire, dans cette histoire, c’est qu’on ne peut même pas en vouloir à ce pirate n°7, Fahran. Pourquoi ? Mais parce que, pauvre parmi les pauvres, il n’a pas le choix, s’il n’aide pas les autres, il est condamné. Fait prisonnier avec les autres pirates et amené en France, totalement déraciné, ne comprenant pas la langue, jugé non pas comme un être humain mais comme un vulgaire numéro puisqu’il n’a pas de papiers et jugé comme un adulte alors qu’il n’a que 16 ans

Comment ne pas le prendre en pitié ?

 

S’imaginer à sa place, perdu dans un endroit où on ne comprend rien, ni la langue, ni les codes, c’est abominable. Comment ne pas s’interroger, au fil des pages, sur la façon dont on traite les prisonniers ? Ils ont été jugés coupable, ok. Privé de leur liberté le temps de leur condamnation, ok. Mais faut-il pour autant les traiter de cette façon là ? Quand on entend parfois certaines personnes dirent que les prisonniers sont en vacances aux frais de l’état parce qu’ils ont la tv dans leur cellule, on a envie de leur dire de lire ce livre, pour comprendre, un peu, comment ça se passe…

Un témoignage véritablement poignant et que j’ai trouvé bouleversant.

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Extrait : C’est l’avocate qui parle : “J’ai regardé Fahran, hagard, bourré de médicaments, comme d’habitude. Indifférent à chacune de mes paroles. Le désignant comme la poupée de chiffon qu’il était devenu, somnolant au fond du box, j’ai pris la cour à témoin d’un système pénal qui fabrique des fous. Au moment de son interpellation, Fahran était un adolescent de 16 ans, décrit par tous les témoins comme gai, gentil, affectueux, travaillant dur pour aider sa famille. Il n’avait ni trouble du comportement, ni trouble psychiatrique. A 20 ans, on jugeait un pantin détruit par les psychotropes, un automate bouffi, craintif, incapable de soutenir son attention plus de quelques minutes.”

ELLE

25ème lecture / 28

“Le sommeil, ami de l’homme. Pour en finir avec les mauvaises nuits” de Maryvonne Gasse

Des conseils adaptés pour chaque cause de dérèglement du sommeil, un vrai remèdes aux insomnies!

Ouvrage scientifique/ documentaire

Le sommeil, ami de l’homme.
Pour en finir avec les mauvaises nuits

de Maryvonne Gasse

 

Editions Salvator, 2019,
broché, 144 pages, 15 euros

Thèmes: insomnie, thérapie, homéopathie, hypnose

 

Présentation de l’éditeur: «Si «le sommeil est l’ami de l’homme », selon Péguy, comment se fait-il que l’homme le lui rende si peu? C’est particulièrement vrai en France où la consommation de somnifères et de tranquillisants atteint un niveau très élevé. On peut expliquer ce manque de sommeil par notre mode de vie et le stress de la société moderne. Mais on peut y voir plus profondément la conséquence d’une mentalité trop rationnelle qui favorise la surexcitation du cerveau.

Riche de son expérience d’insomniaque, Maryvonne Gasse explore les différentes thérapies possibles. Elle montre aussi combien une vision unifiée de l’homme, reliant esprit, psychisme et corps, peut permettre un meilleur sommeil, et donc un vrai repos.

 

J’étais curieuse de découvrir les méthodes de Maryvonne Gasse et je n’ai pas été déçue ! Loin des recettes miracles prônées parfois dans certains médias, l’auteur se base sur des études scientifiques lui permettant d’apporter des solutions concrètes adaptées à chaque catégorie de dormeurs. En effet, une personne n’est pas l’autre et chacun(e) à ses propres cycles.

Pour être bien dans son corps et dans sa tête, il faut dormir ! Cet ouvrage est divisé en quatre grandes parties pour nous aider à apprivoiser ce cadeau qu’est le sommeil. Toutes les techniques sont bonnes (à nous bien entendu de trouver celles qui nous correspondent le mieux): hypnose, thérapie, acupuncture, homéopathie, spiritualité… Cependant, Maryvonne Gasse est bien claire sur un point:la prise de médicaments, néfaste pour l’organisme, est donc proscrite.

Bien que certaines méthodes ne m’étaient pas étrangères, j’ai trouvé ce livre très intéressant, accessible et utile.

 

~Melissande~

 

+ Le site de l’éditeur

+ La chronique de RCF Radio

THE HATE U GIVE – La haine qu’on donne ♥

Hate

“Pour les Blancs, être noir c’est la classe jusqu’au jour où c’est la poisse”

Roman Jeunes Adultes

THE HATE U GIVE ♥

La haine qu’on donne

Angie Thomas

Nathan (2018)

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Starr a 16 ans, elle est noire et vit dans un quartier gangréné par la guerre des gangs, mais ses parents l’ont mise à l’école dans un lycée blanc d’une banlieue chic. Elle s’adapte chaque jour à ces deux mondes totalement différents.

Ce soir, Starr accompagne sa quasi-sœur Kenya à la soirée de Big D. La musique trop forte lui file mal au crâne, l’odeur de la beuh lui donne la nausée et il y a vraiment trop d’alcool dans le punch. Elle regrette d’être venue car elle ne se sent tout simplement pas à sa place au milieu de ces corps qui se trémoussent.

Soudain ça se gâte et plusieurs coups de feu sont tirés. Starr suit son ami d’enfance, Khalil, vers la sortie la plus proche. Il va la raccompagner chez elle en voiture. Enfin, ça c’était le programme d’origine… Car en fait, Khalil va se faire tuer de trois balles dans le dos par un policier, sous les yeux terrifiés et horrifiés de Starr.

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L’année de ses 12 ans, Starr a eu droit à deux explications de la part de ses parents. La première, c’était pour lui expliquer en gros, “comment on fait les bébés”. Et l’autre explication, moins “courante” : Comment réagir si tu es contrôlée par un “flic”…

Starr-Starr, tu fais tout ce qu’ils te disent de faire. Garde tes mains en évidence. Ne fais pas de mouvement brusque. Ne parle que si on te pose une question.”

J’avoue que ce petit passage m’a choquée.

J’essayais de m’imaginer disant la même chose à mon fils… Fais attention mon fils, ces personnes sont censées te protéger mais en fait elles peuvent te tuer ?? Et pourtant, aux États-Unis au moins, cela s’est produit de nombreuses fois (et à chaque fois des afro-américains…)

Il est difficile de rester indifférent en lisant ce roman. On est dans la peau d’une jeune fille noire, on ressent ce qu’elle ressent. Et on comprend comment certains propos, que l’on pourrait banaliser ou trouver amusants (le racisme ordinaire) peuvent être reçus/perçus de façon très violente.

Un roman qui parle certes de gangs, de drogue, de ghettos, mais aussi et surtout de jeunes, qui voudraient juste vivre une adolescence “normale”…

Pour les explications concernant le titre “THUGThe Hate U Give, Sophie vous en a déjà parlé, vous pouvez aussi voir le billet de Blandine (de Tupac, moi, je ne connais que le nom !) et pour les explications plus “politiques” voir celui d’Enna (qui vous parle du mouvement des Black Lives Matter).

Quand à moi, je vous conseille juste de le lire et de le faire lire aux jeunes (et aux moins jeunes) de votre entourage.

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Il a reçu le Prix Libr’à Nous Littérature Jeunesse 2019

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(Prix décerné par des libraires francophones)

 

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Le roman devient un film, sorti en France le 23 janvier 2019

Il participe (un peu hors délais…) au Challenge d’Enna

 

Retrouvez sur le blog un autre avis, celui de Sophie

Maîtres et esclaves – Prix des Lectrices ELLE (24)

Maîtres

MAÎTRES ET ESCLAVES

Paul Greveillac

Coll. Blanche
Gallimard (2018)

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Présentation de l’éditeur : Kewei naît en 1950 dans une famille de paysans chinois, au pied de l’Himalaya. Au marché de Ya’an, sur les sentes ombragées du Sichuan, aux champs et même à l’école, Kewei, en dépit des suppliques de sa mère, dessine du matin au soir. La collectivisation des terres bat son plein et la famine décime bientôt le village.
Repéré par un garde rouge, Kewei échappe au travail agricole et à la rééducation permanente. Sa vie bascule. Il part étudier aux Beaux-Arts de Pékin, laissant derrière lui sa mère, sa toute jeune épouse, leur fils et un village dont les traditions ancestrales sont en train de disparaître sous les coups de boutoir de la Révolution.
Dans la grande ville, Kewei côtoie les maîtres de la nouvelle Chine. Il obtient la carte du Parti. Devenu peintre du régime, il connaît une ascension sans limite. Mais l’Histoire va bientôt le rattraper.

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N’ayant pas vraiment l’habitude de lire de la littérature chinoise ou qui se passe en Chine, les noms chinois m’ont un peu gênés au départ… C’est bête, mais je perdais le fil et devait revenir en arrière dans l’histoire pour m’y retrouver.

Au final

Un roman que j’ai trouvé intéressant, mais un peu touffu, un peu trop lourd par moments et que j’aurai sans doute mieux apprécié si j’avais eu plus de connaissances sur la Chine de cette époque là, sur laquelle, je l’avoue, je ne connais pas grand-chose…

La première partie, qui raconte l’enfance de Kewei, est celle qui m’a le plus plu (soit les 150 premières pages). Ensuite j’avoue mettre un peu ennuyée au milieu des intrigues du parti, des histoires politiques… L’auteur saute parfois du coq à l’âne et j’ai vraiment eu du mal à lire ce roman jusqu’au bout !

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Extrait (p. 25) : La jeune femme sourit. Embarrassée par l’enfant à son sein, elle tourna brièvement le dos au chef du Parti. De ses baguettes, elle fouilla la carcasse de la carpe. Puis, triomphante, tenant entre ses doigts une arête énorme, elle fit face à  Jiang Jinsheng tout sourire.

-Ah ah ! Bravo ! Ce petit Kewei vous apportera décidément beaucoup de bonheur !

C’était, selon une vieille légende, l’épée que la déesse Nuwa avait fait tomber dans le fleuve Qingyi alors qu’elle étayait le ciel effondré. Signe distinctif, elle permettait d’assurer que la carpe était bien d’ici.”

Une interview de l’auteur, qui parle beaucoup plus simplement qu’il n’écrit !

ELLE

24ème lecture / 28