Vies volées – Buenos Aires place de Mai BD

placeQuand votre monde s’écroule…
BD Ado/Adulte

VIES VOLÉES

Buenos Aires

Place de Mai

Matz & Mayalen Goust

Rue de Sèvres (2018)

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Présentation de l’éditeur

En Argentine, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, 500 bébés ont été arrachés à leurs mères pour être placés dans des familles plus ou moins proches du régime. Plusieurs années après cette tragédie, les grands-mères de ces enfants ne cessent de se battre pour les retrouver.

Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans qui s’interroge sur sa filiation décide d’aller à la rencontre de ses grands-mères accompagné de son ami Santiago et décide de faire un test ADN, Les résultats bouleverseront les vies des deux jeunes gens et de leur entourage. À travers leur quête, on s’interroge sur l’identité, la filiation, la capacité de chacun à se confronter à ses propres bourreaux, à surmonter une trahison et parvenir à envisager un nouvel avenir.

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Ayant vu passer cet album chez les copines de la BD de la semaine, je l’avais emprunté à la médiathèque. Le sujet (la quête de ses origines) m’intéressait. Mais je l’ai rendu sans l’avoir lu, pas le moment sans doute et puis je n’aimais pas trop le dessin (un peu trop figé) et surtout les couleurs trop tristes, trop fades, un peu déprimantes.

Et puis je suis retombée dessus il y a quelques jours. Je l’ai repris. Et j’ai bien fait malgré tout pour le côté historique. Les grands-mères de la place de Mai, j’en ai entendu parler, sans plus.

Alors, sans que ce soit un coup de cœur – je me suis habituée aux illustrations, mais pas aux couleurs ! – j’ai trouvé l’histoire intéressante. Parce qu’elle présente plusieurs profils de personnes, plusieurs réactions. Et parce que toutes ces horreurs doivent être connues. Même si je trouve que beaucoup de choses vont trop vite, on n’a pas le “temps” de s’attacher aux personnages, il aurait fallu 40 pages de plus !

En fait, cela m’a surtout donné envie d’approfondir le sujet. A ce propos, merci à celles qui ont laissé des idées de lecture !

Sur un thème similaire (enfants volés à leur famille sous la dictature franquiste), mais une autre forme (roman policier) j’ai lu il y a quelques années “Mala Vida” de Marc Fernandez.

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Voir les premières pages sur le site de l’éditeur (les couleurs sont plus vives à l’écran que sur le papier !)

Les avis des copines : CaroMylèneMo’StephieKarineBlandineNatiora

L’association des Grands-mères de la place de Mai (merci Wiki)

Du même scénariste, Matz, j’avais adoré “Le travailleur de la nuit“.

De l’illustratrice, Sophie vous avait présenté un album : Le roi maladroit

est en congé pour la période estivale !

Mais je continuerai à vous présenter mes lectures de BD tous les mercredis (ou presque…)

Rivière tremblante – Lectrices ELLE (10)

Rivière

Un roman sombre, très sombre…

RIVIÈRE TREMBLANTE

Andrée A. Michaud

Rivages/noir (2018)

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On suit deux histoires en parallèle :

En 1979, celle de Marnie, 11 ans, dont le meilleur copain, le presque frère, Michaël Saint-Pierre, 12 ans, a mystérieusement disparu par un après midi d’orage.

Puis, en 2009,  on est confronté à la terrible douleur de Bill, auteur de livres pour enfants, dont la petite fille, Billie, 8 ans et 9 mois, a également disparu sans laisser de traces…

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On m’a présenté ce roman comme un roman policier. Certes, il y a des disparitions et des enquêtes sur ces disparitions. Mais alors que dans un polar on suivrait le détective, le policier, l’enquêteur ou à l’inverse le meurtrier ou le responsable de la dite disparition, ici nous sommes avec les proches des victimes.

Et c’est surtout d’eux dont il est question. De leur incommensurable tristesse bien sûr (l’une a perdu son meilleur ami, l’autre sa petite fille) mais aussi de leur incompréhension, de leurs doutes, de leurs déchirements, leur envie d’en finir, leur culpabilité même…

Et la question suprême : peut-on faire son deuil quand on ne sait pas ce qui s’est passé ? Quand il n’y a pas de corps à enterrer, de cercueil sur lequel pleurer ? Comment continuer à vivre dans ces conditions ?

Ce n’est pas un polar “page-turner” avec moults retournements de situations. Ceux qui, lisant ce roman, s’attendront à un suspense d’enfer, risquent d’être déçus.

Cela s’apparente beaucoup plus à un roman psychologique. Mais “Rivière tremblante” est tout de même un roman noir, très noir dont j’ai beaucoup aimé l’écriture ! Et qui m’a bien donné envie de lire les autres romans de cette auteure, dont “Bondrée” dont j’avais entendu beaucoup de bien !

Extrait :

“Accroupie près de la pierre tombale d’une inconnue faisant face au couchant pour l’éternité, j’ai demandé à mon père de me venir en aide, j’ai prié la mère que je n’avais pas connue, morte trop jeune, broyée en plein soleil, j’ai imploré le ciel de m’envoyer un signe, et c’est à ce moment là que le cri a retenti, un cri d’effroi pouvant aussi bien venir du creux de la terre que des profondeurs de ma mémoire. Michael, ai-je murmuré d’une voix enrouée par la pluie et le froid, c’est toi Michael ?”

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ELLE

10ème lecture / 28

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C’est ma 11ème participation au Challenge 1% de la Rentrée Littéraire

Logo Challenge 1% Rentrée Littéraire 2018 – Picos/Shutterstock

Le chuchoteur – Donato Carrisi

Le chuchoteur- Donato Carrisi-Liliba

Roman policier

Le Chuchoteur

de Donato Carrisi

traduit de l’italien par Anaïs Bokobza

Calmann Levy, 2010
Livre de Poche, 2011
576 pages
9782253157205, 7,90€

Voilà un livre qui traine depuis longtemps dans ma PAL. Depuis sa sortie en poche exactement, quand Monsieur l’a lu et à décréter que c’était son thriller préféré, lui qui n’aime pas les romans policiers. J’étais intriguée, et en même temps, il y avait un peu d’appréhension… je me demandais ce que j’allais bien pouvoir trouver dans ce livre… Il aura fallu l’annonce par Liliba d’une Lecture Commune pour me décider à le lire. Et encore, alors que cette LC est prévue pour aujourd’hui, j’ai commencé le livre dimanche, au dernier moment… Sauf que voilà, une fois lancée, j’ai aimé, moi aussi, et j’ai dévoré les dernières pages cette nuit !

Le chuchoteur, c’est avant tout l’histoire de Mila, une jeune policière spécialisée dans la recherche des enfants disparus. Elle travaille seule, avec ses intuitions, sa perception des monstres qu’elle traque… Alors quand elle se voit intégrée à une équipe de recherche de tueur en série, l’adaptation est d’abord difficile. Surtout que l’histoire est horrible, ils traquent “Albert”, ainsi qu’ils l’ont nommé, un tueur en série qui a enlevé et tué 5 fillettes, et qui en détient une 6ème.

La force de ce roman tient dans la qualité de ses personnages, dans leurs fêlures personnelles, que l’on découvre peu à peu. Si Mila est incontestablement le point central, d’autres points de vue, d’autres personnages sont mis en avant, nous permettant de rentrer au coeur de l’intrigue. C’est d’ailleurs cette alternance de point de vue qui m’a d’abord déconcertée. Cette dispersion est finalement habillement jouée, et principalement au début du roman, et cela permet d’ajouter à l’impression de noirceur. On a ici affaire à un roman sombre, à l’intrigue terrifiante. Étonnamment, c’est dans les scènes d’action que j’ai le moins aimé ce roman, tant le côté psychologique est important ici.

L’auteur ne prend pas le lecteur pour un idiot, il n’hésite pas à donner des détails techniques, et en même temps, sous couvert d’explication à Mila, il prend toujours le temps d’expliquer en détail. Ces informations, ajoutées aux descriptions très intéressantes des personnages, permettent de faire partie de l’enquête, et si quelques éléments sont faciles à deviner, on ne peut s’empêcher de finir le roman extrêmement surpris par les derniers événements.

Pour trouver un tueur en série, les enquêteurs en sont persuadés, il faut le considérer comme un homme normal, et non comme un monstre. Une assertion difficile à accepter…

Comme tous les criminologues qui travaillaient pour la police, il avait ses méthodes. Avant tout, attribuer des traits au criminel, afin d’humaniser une figure encore abstraite et indéfinie. En effet, devant un mal aussi féroce et gratuit, on tend à oublier que l’auteur, tout comme la victime, est une personne, avec une existence souvent normale, un travail et parfois aussi une famille.

Enfin, il me faut parler de quelques autres personnages. Goran Gavila, criminologue dépressif, véritable cerveau de l’équipe, qui pousse les autres à trouver par eux même, est un personnage surprenant, tant il est difficile à cerner. Boris, Stern, Sarah Rosa, le reste de l’équipe a aussi ses petits secrets, ses petits travers, que l’on découvre au fil de l’histoire. C’est sans doute cela d’ailleurs qui rend ce roman si prenant, la certitude que tout peut arriver, tant Donato Carrisi nous attache à ses personnages pour mieux les malmener. Enfin il y a cette petite fille, attachée sur un lit, droguée, qui tente de se comprendre ce qu’elle fait là, pourquoi on la retient prisonnière, ce qu’elle a fait de mal…

Albert, le monstre, celui qu’on devrait haïr, reste très secret tout au long des pages, mettant en avant d’autres monstres… Une accumulation qui rend ce roman sombre et glauque !

De nombreuses affaires citées dans ces pages sont réelles.

Comment dormir après cette annexe, en fin d’ouvrage. Après tout ce qu’on vient de lire et qui prend progressivement forme dans notre esprit. Les monstres existent, difficile d’en douter, et les percevoir ainsi fait froid dans le dos…

+ Lecture Commune avec LilibaMarjorie, et Alexielle

+ Prix du polar SNCF et prix des lecteurs du livre de poche

+ Challenge Thriller et polars

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